Sommet Italie-Afrique : faux départ d’un partenariat d’«égal à égal»
Présenté le 29 janvier dernier à Rome par la Première ministre italienne, le «Plan Mattei», a été conçu pour, mais sans les Africains. En véritables spectateurs, les dirigeants du continent noir l’ont aussi découvert.

Au-delà de reconfigurer ses relations avec les pays africains, l’Italie envisage de servir de courroie de transmission entre l’Europe et l’Afrique. On le retient de l’intervention de Giorgia Meloni, le 29 janvier dernier à l’hémicycle de Palazzo Madama. «Nous pensons qu’il est possible d’envisager et d’écrire un nouveau chapitre dans l’histoire de nos relations, une coopération entre égaux, loin de toute imposition prédatrice ou position charitable à l’égard de l’Afrique…. L’Italie est naturellement encline à être un pont entre l’Afrique et l’Europe. Le monde ne peut pas penser à l’avenir sans penser à l’Afrique», a déclaré la Première ministre Italienne.
À l’en croire, la coopération entre son pays et l’Afrique sera désormais guidée par le «Plan Mattei». Du nom de Enrico Mattei, fondateur de la société pétrolière et gazière publique Eni, il s’agit d’une «alternative sérieuse au phénomène de migration de masse», avait-elle indiqué à la tribune de l’Organisation des Nations unies (ONU) en septembre dernier. Axé sur les investissements dans le secteur énergétique et sur la lutte contre l’immigration clandestine, ce plan vise à sécuriser l’approvisionnement de l’Union européenne en produits énergétiques et à accélérer le développement des pays africains. En vue de freiner les flux migratoires vers le vieux continent. Le plan de développement italien en Afrique étend ses réformes sur des secteurs tels que l’éducation, l’agriculture, la santé et l’eau. Il est estimé à 5,5 milliards d’euros.
Pour, mais sans l’Afrique
Au nom des pays dont il porte fièrement la voix, Moussa Faki a pris la parole. Tout en saluant l’initiative italienne, qui selon lui s’aligne avec les priorités de l’Afrique, le président de la Commission de l’Union africaine (UA) n’a pas fait la fine bouche. Pour lui, les dirigeants africains n’ont pas été consultés lors de la confection dudit plan. Dit autrement, le Plan Mattei brandit a été conçu pour, mais sans les Africains eux-mêmes. Outre cette remarque très pointue, l’ancien Premier ministre Tchadien exhorte les initiateurs des projets de telle envergure à «passer des paroles aux actes». «Vous comprendrez que nous ne pouvons pas nous satisfaire de promesses qui, souvent, ne sont pas tenues» a-t-il déclaré, tel que le rapporte Euronews.
Erreur
L’étonnante remarque émise par le président de la Commission de l’UA, quant à la consultation des présidents africains, n’est pas passée inaperçue. Interpelée sur le sujet lors de la conférence de presse de clôture de ce forum, la Première ministre Italienne estime avoir commis une «erreur» en décrivant trop précisément les projets du nouveau plan de développement africain en assemblée. Elle n’affirme pas avoir consulté les pays africains, mais fait savoir que ce sommet aura permis aux dirigeants africains d’avoir un premier aperçu de la nouvelle philosophie italienne à l’égard du continent noir.
Joseph Julien Ondoua Owona