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Sommet des trois Bassins forestiers : banque mondiale et CEA pour couvrir les arrières de la sous-région

Le plaidoyer des deux institutions s’est appesanti à Brazzaville sur la valorisation du capital naturel du Bassin du Congo.

Cheick Fantamady Kanté, directeur des opérations de la Banque mondiale en zone Cemac

Proposer des solutions innovantes et réalistes pour convertir les ressources naturelles du Bassin du Congo en source de richesse. Telle est la principale motivation de la Banque mondiale et du Bureau sous-régional de la CEA pour l’Afrique centrale, au moment d’accepter l’invitation à prendre part au Sommet des trois Bassins forestiers à Brazzaville. L’événement s’est déroulé du 26 au 28 octobre 2023 au Congo. Son premier mérite, avoir réussi à mobiliser la sous-région et ses deux institutions en particulier, autour d’un double enjeu. Celui de la protection de l’environnement et de la valorisation du capital naturel.

La CEA et le consortium
La participation de la CEA aux travaux de Brazzaville était placée sous le signe de la sensibilisation «des experts, du secteur privé et de la société civile sur les enjeux et opportunités du consortium pour la mobilisation du capital naturel comme véhicule d’accélération de l’industrialisation et de la diversification économique en Afrique centrale».

Que fallait-il donc comprendre et en attendre? À en croire le BSR/CEA-AC, «le Consortium sur le capital naturel envisagé par les pays de l’Afrique centrale est un espace de coopération régionale qui permet d’opérer des réflexions stratégiques sur la transformation de l’ensemble du patrimoine naturel en richesse réelle, au-delà du marché carbone». D’où précisément la nécessité d’«une évaluation et d’une valorisation de ce patrimoine commun pour mobiliser des financements nécessaires aux projets industriels. Étant entendu qu’il a également pour but de favoriser l’unicité de la sous-région dans les négociations internationales sur le climat: l’Afrique centrale devrait parler d’une seule voie», explique l’institution dirigée dans la sous-région par Jean Luc Mastaki. La dernière dimension de compréhension du «Consortium sur le capital naturel étant qu’elle représente une opportunité de mener une réflexion approfondie sur la fixation des prix du marché carbone afin de déterminer les prix justes des autres richesses naturelles».

Deux considérations majeures rentrent de fait en ligne de compte. D’une part, «des possibilités de financement existent. Si le prix du carbone est fixé à 50 dollars américains par tonne, près de 30 milliards dollars américains peuvent être collectés par an. Avec une évaluation de 120 dollars américains la tonne, le continent engrangerait 82 milliards dollars sur la base de la seule valorisation et juste évaluation du carbone. En termes d’emplois potentiels, 5 millions pourraient être créés. Cette croissance sera verte car les émissions de carbone diminuerait de 9,7 millions de tonnes», apprend-on.

Cheick Fantamady Kanté, directeur des opérations de la Banque mondiale en zone Cemac

D’autre part, «avec ses 530 millions d’hectares de superficie totale et 227 millions d’hectares de forêt, le Bassin du Congo constitue un atout majeur pour la région d’Afrique centrale. C’est un levier névralgique pour la création d’un marché carbone dans la sous-région», explique l’économiste Adama Ekberg Coulibaly.

Banque mondiale
La position de la Banque mondiale à ces assises de Brazzaville est résumée par le directeur des opérations pour les pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac). Cheick Fantamady Kanté met en avant «trois priorités pour transformer le capital naturel en source de richesse pour les habitants du Bassin du Congo». Il s’agit pour la première de «la valorisation des forêts (menacées) pour mettre fin à la pauvreté sur une planète vivable». Les Rapports nationaux sur le climat et le développement (CCDR) de la Banque mondiale pour le Cameroun et le Congo font notamment état de ce que «la richesse des écosystèmes de ces pays ne s’était pas traduite en richesse économique et qu’elle se trouve menacée par le changement climatique et des pratiques non durables».

La deuxième priorité de la Banque mondiale tient à la nécessité de lancer un appel «pour mettre à profit la comptabilisation du capital naturel». Dit autrement, l’institution de Bretton Woods précise qu’il est «désormais nécessaire de mieux refléter l’apport du capital naturel des forêts et des services écosystémiques dans les systèmes de comptabilité nationaux. Il s’agit de la première étape pour améliorer la gestion, la protection et la conservation des forêts par le biais d’un financement climatique fondé sur les résultats, avant de réformer le secteur forestier et se préparer à entrer sur les marchés du carbone».

La Banque mondiale assure déjà collaborer dans ce sens «avec ses partenaires, dont l’Initiative pour la forêt de l’Afrique centrale (CAFI), les Fonds d’investissement climatiques (CIF), ainsi que les partenaires régionaux dont le Partenariat pour les forêts du Bassin du Congo entre autres, pour établir une plateforme et valoriser les actifs naturels des pays tout en mettant à profit un financement climatique durable permettant aux communautés locales de générer des revenus et contribuer à l’économie forestière», peut-on lire.

Théodore Ayissi Ayissi

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