COMMUNAUTÉSINTÉGRATION NATIONALE

Revalorisation des salaires des fonctionnaires au Cameroun Mesure d’accompagnement en demi-teinte

Ils trouvent insignifiants cette réévaluation des revenus mensuels qui ne couvrent pas tous les besoins existentiels, au regard de la cherté de la vie.

 

Les agents et fonctionnaires de l’État déchantent de la revalorisation des salaires, au lendemain de la hausse du prix du carburant à la pompe. Car à la vérité la hausse du prix du carburant, suivie du tarif du transport urbain et interurbain, provoque ipso facto une inflation généralisée sur les denrées alimentaires de première nécessité. « La révision à la hausse des salaires de 5% n’a aucun effet sur la vie quotidienne des Camerounais au regard de la vie chère actuelle. Il est impossible de subvenir aux besoins de la famille, malgré cette revalorisation», fulmine Moise Manbeur, vétérinaire au ministère de l’Élevage, des Pêches et de l’Industrie animale (Minepia). Mbia Monefong Enoch, fonctionnaire nuance ses propos. Il reconnait d’emblée que « le fait de revaloriser les revenus mensuels des fonctionnaires est un acte salutaire, mais cela ne peut suffire à amortir le coût de la vie dans le quotidien des agents publics». Pour s’en convaincre, il fait des calculs. « Lorsqu’on fait le ratio entre l’augmentation du prix du carburant et la flambée des produits dans les marchés, le coût de transport et au regard de la dernière baisse des salaires dans les années 1993 de 50% et l’augment des salaires cette année de 5%, l’on se rend compte que le gap est trop faible. C’est juste parce que les Camerounais font preuve de résilience, sachant que les revendications ne mènent à rien qu’ils supportent la situation. Ils sont habitués à la vie dure», observe-t-il.

Les bons de carburants

Notre interlocuteur déplore le comportement de certaines autorités en charge des questions financières qui « tronquent parfois les données transmises au président de le République. Au regard des conditions actuelles, il aurait fallu une revalorisation des salaires de 30% et cela ne devrait empêcher en rien le remboursement de la dette extérieure », explique l’agent de la Fonction publique camerounaise. Pour cela, précise-t-il, « il suffit juste qu’on réduise le train de vie de l’État. Tenez par exemple, le volume de dotation en bons de carburant doit être réduit de 25% à 30% dans chaque ministère. Certaines missions fantaisistes effectuées à l’étranger méritent également une attention particulière parce qu’elles sont couteuses. Je pense que des niches pour une revalorisation substantielle des salaires au Cameroun de 30% à 50% ne manquent pas. Mais c’est un problème de volonté de certaines autorités qui ont pour dessein de plonger les Camerounais dans la misère», regrette Mbia Monefong Enoch, fonctionnaire

Effets

Les agents publics peinent, suffoquent sous le poids de la misère vu le quotidien qui devient de plus en plus difficile. Pour tenir le coup ils essaient de réduire les dépenses. « Au regard des revenus mensuels, lorsqu’on est père d’une famille de trois enfants, mariés ou en concubinage et qu’il faut payer le loyer d’un studio de 50 000 FCFA à Yaoundé, on est contraint de réduire les dépenses. Il y a par exemple l’argent dédié à son petit déjeuner qu’on doit déduire pour l’injecter dans le transport le transport des enfants qui doivent aller à l’école. Pour ce qui est de l’alimentation on est obligé de consommer du riz (vrac) on ne peut pas se permettre le luxe de consommer les féculents comme du plantain, du manioc, etc. On vit au jour le jour, comme on le dit trivialement», explique Moise Manbeur. Quant à Mbia Monefong Enoch, pour subvenir aux besoins existentiels, il fait recours à l’agriculture. « J’ai fait un hectare de manioc l’année dernière dans le Dja et Lobo (Région du Sud Cameroun)», confie-t-il.

Olivier Mbessité

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *