Paris Peace Forum : le réveil de l’Afrique n’est pas pour demain!
Le monde serait en effondrement! Le multilatéralisme se meurt, l’unilatéralisme gagne en puissance. La France et l’Europe, pas moins innocentes, tentent de recoller les morceaux. Au moment où les tensions commerciales entre la Chine et les USA font rage, la France veut être le «tiers de confiance», indique Emmanuel Macron.
Face aux velléités américaines de repli (MAGA-Make America Great Again et KAG-Keep America Great), la France et l’Europe veulent prendre le flambeau du monde libre et ouvert. L’Afrique, elle, peine à affirmer une position à elle.
Faire valoir?
Il serait peut-être sévère ou populiste de qualifier l’Afrique de faire valoir dans les dynamiques mondiales actuelles. Mais il est tellement difficile de pencher pour autre chose. La plus belle femme du monde ne peut donner que ce qu’elle a, et rien d’autre. Eh bien, l’Afrique ne marchande qu’avec ce qu’elle estime comme étant monnaie d’échange.
Le Forum de la paix de Paris ou Paris Peace Forum se positionne comme une grand-messe pour raviver le multilatéralisme. Son géniteur, Emmanuel Macron, avait ce slogan lors de sa création: «Make our planet great again». Le président français était donc l’un des premiers dirigeants du monde à se dresser publiquement contre Donald Trump. Mais depuis les tensions américaines et chinoises, l’Europe a cessé d’exister. Le discours est inaudible, les positions peinent à saisir.
Rendu à sa seconde édition, le forum semble ne plus enthousiasmer comme à son départ. L’Afrique était quasiment à l’honneur à Paris. Mais quelle Afrique a-t-on écoutée? L’Union africaine n’était pas visible, certains leaders et dirigeants africains non plus. Peut-être est-ce dû au faible impact et à l’influence timide du patron à Paris, deux ans plus tard.
Un monde fissuré
«Le monde se fissure. Le statu quo n’est pas tenable. Quel État peut aujourd’hui, seul, réparer ces fissures, isolé du reste du monde? Aucun», a déclaré M. Guterres dans son discours d’ouverture.
Le chef de l’ONU a évoqué en particulier cinq risques globaux: le danger d’une fracture économique, technologique et géostratégique. «Une planète divisée en deux, qui verrait les deux plus grandes puissances économiques asseoir leur pouvoir sur deux mondes séparés en compétition», a-t-il dit en référence implicite aux États-Unis et à la Chine;
Une fissure du contrat social. «Nous assistons à une vague de manifestations dans le monde entier», a-t-il noté, relevant deux points communs entre tous ces mouvements de protestation: «une défiance de plus en plus grande des citoyens envers les institutions et dirigeants politiques» et «les effets négatifs d’une mondialisation associée aux progrès technologiques» qui accroissent «les inégalités au sein des sociétés»;
La fissure de la solidarité. «La peur de l’étranger est utilisée à des fins politiques. L’intolérance, la haine deviennent banales. Des personnes qui ont tout perdu se voient désignées comme la cause de tous les maux. Cette instrumentalisation accentue la polarisation de la vie politique et le risque de sociétés fracturées», a-t-il dit. La fissure entre la planète et ses habitants. «La crise climatique est une course contre la montre pour la survie de notre civilisation», a-t-il souligné. La fracture technologique. Les nouvelles technologies représentent un potentiel fantastique, mais elles peuvent également être «un facteur de risques et d’accélération des inégalités», a-t-il déclaré.
Zacharie Roger Mbarga