Mbankolo, Foumban, Bafoussam Aux oubliettes…
Après les éboulements de terrain survenus dans ces localités camerounaises, la mobilisation des autorités publiques et des organisations humanitaires est désormais ensablée.
L’énergie déployée par l’État, la longue suite de débats télévisés et la pluie de commentaires déversée sur les réseaux sociaux à la suite de ces catastrophes semblent avoir disparu. Fin de la compassion ? Signe que tout est rentré dans l’ordre à Mbankolo ? Ni l’un ni l’autre. Les traces de l’éboulement restent présentes, tant dans les esprits que dans la vie quotidienne des sinistrés: riverains traumatisés, familles sans toit (ou, pour les plus « chanceuses », casées dans des demeures de fortune mises à disposition par les pouvoirs publics, sans eau ni électricité). Tous sont condamnés à vivre dans l’incertitude, avec la promesse de lendemains meilleurs.
En fait, Mbankolo a tout simplement été oublié. De la même manière qu’ont été oubliés les glissements de terrains mortels survenus à Yaoundé en octobre et novembre 2022, ceux de Foumban (3 morts), en août 2021, et de Bafoussam (plus de 40 morts), en octobre 2019.
L’existence d’habitats insalubres n’est pas méconnue des pouvoirs publics. Mais ces derniers s’accommodent d’une situation, pour diverses raisons – rapports de force, enjeux fonciers, volonté d’entretenir l’illusion d’une paix sociale, etc.
Une approche de l’aménagement urbain qui procède d’un urbanisme de l’après-coup. Quand, après un drame, on découvre « soudainement » des constructions illégales, on organise des tournées administratives pour sensibiliser les populations sur le danger de leur construction (sans pour autant leur proposer une alternative durable), on établit des échelles de responsabilités: sanctions de fonctionnaires soupçonnés d’avoir délivré des titres fonciers sur des espaces non constructibles, dénonciation de la corruption qui entoure la délivrance des titres fonciers ou des permis de construire, accusations à l’encontre des populations « irresponsables » ou des autorités urbaines elles aussi « irresponsables », etc.
Cet urbanisme de l’après-coup va généralement de pair avec une logique du ponctuel, en vertu de laquelle les pouvoirs publics camerounais envisagent des solutions « cosmétiques » à l’approche d’une visite diplomatique ou de l’accueil d’un événement international. On fait alors procéder au « déguerpissement » d’habitations et de commerces qui sont « illégalement » construits le long des grands axes, on demande aux habitants d’embellir les façades ou de sarcler les bordures de chaussée, comme ce fut le cas, en janvier 2022, lors de l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) et, en juillet de la même année, à l’occasion de la visite du président français Emmanuel Macron.
Rappelons que ce glissement de terrain survenu à Mbankolo, dans la commune de Yaoundé II, a causé la mort de près de 30 personnes. Le drame a mobilisé le gouvernement, les autorités locales, les représentants de l’opposition, les internautes, et suscité beaucoup d’émoi et d’élans de solidarité. Ces derniers se sont cependant très vite épuisés.