Marché de bananes – plantains de Nkomo : les vendeuses aux abois

La réfection de la route d’Ekounou-Nkomo dans le 4e arrondissement de Yaoundé a mis en péril l’activité d’au moins quatorze vendeuses de bananes-plantains.

Le site de fortune des vendeuses de plantain à Nkomo

C’est un caveau familial et une maison en ruine qui servent actuellement de marché aux bayam-sellam du quartier Nkomo. Ces vendeuses de plantains squattent à contrecœur un espace d’à peine 500 m², faute de mieux. C’est leur seule possibilité actuellement d’avoir leur pain quotidien. Cette situation dure depuis qu’elles ont été chassées par la police, il y a quelques mois, pour faciliter les travaux de construction de la route. Ces laissées-pour-compte estiment vivre l’enfer sur terre. Ni la mairie de Yaoundé 4e, ni la Communauté urbaine de la Yaoundé ne songe à discuter ou bien à leur trouver un espace approprié. Ce qui fait dire à Catherine Tsimi, doyenne dans ce commerce, que «le maire de la commune d’arrondissement les a piégées en montrant un tout petit espace derrière Ekounou palais. Cette parcelle ne peut pas accueillir plus de trois vendeuses», s’alarme la dame. Les agents de la mairie, quant à eux, se justifient en brandissant l’espace montré derrière le palais de justice d’Ekounou. Or, «c’est avec ce commerce que je subviens aux charges de ma famille», fulmine Jeanne qui est actuellement sans espace.

Plutôt que de saluer la construction de la nouvelle route, ces dernières la maudissent. Elles estiment que l’infrastructure a fait vaciller leurs vies. Et papa Simon, patriarche du coin, de poser la question de savoir «pourquoi les avoir déguerpies alors que rien ne gênait la construction de la route»?
Cette situation inconfortable oblige ces dames à trouver des astuces très risquées, notamment la location des cours (espaces de vente) chez les particuliers. C’est à ces endroits que les déchargements de marchandises s’effectuent désormais, en attendant le transport dans les petites voitures. Plusieurs quartiers sont alors sollicités comme Nkoabang dans l’arrondissement de Nkolafamba, Ewankang à Yaoundé 4e, sans oublier Nkongoa sur la route de Mfou. Cela est illustré par ce déchargement étrange auquel nous assistons. Dame Céline Ngono a acheté un camion 10 roues d’une contenance de plus de 700 régimes de plantains depuis Abong-Mbang dans la région de l’Est. À cause du manque d’espace, non seulement pour garer le camion, mais aussi pour stocker la marchandise, cette dernière est obligée de détourner le camion pour Nkongoa en augmentant les frais de transport. Au lieu de 600 000 FCFA, elle paye dorénavant 615 000 FCFA au chauffeur de camion, afin qu’il dépose la marchandise dans sa cour au lieu-dit Man Assa. «Vous voyez comment il y a les tracasseries de livraisons. Pour gagner, mon plantain sera cher», prévient la dame. La quinquagénaire est obligée d’appeler les semi-grossistes à la retrouver à plus de 4 km du lieu habituel. Ce qui n’est pas sans conséquence, puisque l’une d’elles prévient qu’elle doit avoir un bonus du fait du désagrément subi.

Doléance
Les bayam-sellam rencontrées sur place ne souhaitent qu’une chose. Que les autorités municipales leurs trouvent un endroit approprié. Pour les aménagements, elles se disent prêtes à financer elles-mêmes les éventuels travaux. Puisque nombreuses parmi elles sont actuellement au chômage à cause du manque d’espace.

 

André Gromyko Balla

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