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Lutte contre le coronavirus : Orca se meurt

En ce lieu où a été improvisée l’une des plateformes de prise en charge médicale des patients atteints de Covid-19 à Yaoundé, le rythme faiblit chaque jour.

Son aura ne date pas d’hier, certes, mais celle-ci semble bien en baisse aujourd’hui. «Orca, maintenant n’est que le nom», s’amuse à raconter un vigile. Ce dernier, dans sa façon de décrire l’ambiance qui prévaut ici depuis plusieurs semaines déjà est aussi une façon d’en dire le moins possible. Au vrai, le sujet n’est ici saisi que par ce qui s’affiche devant le visiteur. Dès le perron de l’édifice, les vigiles n’arborent plus systématiquement de masque. Tout simplement, ils s’offrent comme des sentinelles préposées aux renseignements et non à l’observation des gestes barrières. «On est là, on fait notre travail», souffle l’un d’eux.

À l’extérieur de ce centre jadis voué à un fonctionnement sanitaire draconien, chacun semble avoir décrété sa marge de liberté. À l’observation, l’entrée à Orca ne s’ancre plus dans une approche de précaution consistant à appliquer tous les contrôles disponibles. «Puisqu’il n’y a plus de malades, on sait que le corona n’existe plus ici», témoigne un vendeur de fruits. Devant Orca, où il s’est auréolé du titre de «grand livreur d’ananas qui ne passe jamais au contrôle», notre interlocuteur met en exergue un autre fait. «Regardez, plus de voitures dans la cour», suggère-t-il, tout heureux de circuler sans encombrement majeur. Pour décrire le parking vide, un vigile (qui revendique près de 17 mois sur les lieux) se met à filer une métaphore. «Le trafic ici devant l’hôpital, ce n’est plus la marée haute», soupire-t-il. Sur le coup, il rappelle qu’au moment de la mise en service du centre anti-Covid-19 d’Orca, les personnels soignants et usagers étaient nombreux. «Les gens ont fui et son allés ailleurs», avance-t-il.

«Orca in»
Selon la fiche technique du ministère de la Santé publique (Minsanté), Orca c’est 283 lits. «À l’heure actuelle, le taux d’occupation passe parfois sous la barre de 10 par semaine», souffle une source interne. Opérationnelle depuis le 8 juin 2020, la salle funéraire est à l’arrêt, à en croire des informations concordantes. Les services de soins critiques (qui rassemblent réanimation, soins intensifs et surveillance continue) sont de moins en moins fréquentés malgré les chiffres (92 303 cas au 29 septembre 2021) en hausse depuis plusieurs semaines, avec une forte circulation du variant Delta. La situation actuelle laisse deviner que les près de 200 personnels (médecins, infirmiers, aides-soignants, agents d’entretien, personnels de laboratoire, accompagnateurs psycho-sociaux et ambulanciers) affectés ici ne sont plus fortement mobilisés. D’ailleurs, ce 28 septembre 2021, seuls quelques-uns sont en poste.

Si tous les regards se portent aujourd’hui sur cet état de choses, serait-ce parce qu’Orca a longtemps cristallisé de nombreux fantasmes? «Cela y est pour beaucoup», avoue un aide-soignant qui se tourne les pouces sous une tente déployée pour l’administration des vaccins. «Cette mégastructure vers laquelle ont convergé toutes les contradictions, les visées politiques et l’inconscience sociale fonctionne maintenant en dessous du niveau censé être le sien», assure Hilaire Manga Bihina, secrétaire exécutif de l’Ong «Vie d’Espoir».

Ongoung Zong Bella

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