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Ebolowa : le niveau de jeu des Lions A’ inquiète

Les populations vivent avec la peur au ventre en raison de la prestation insatisfaisante de l’équipe A’.

Ebolowa: le CHAN sous fond d’inquiétudes

À la commune d’Ebolowa I (région du Sud), sis à la rue du Lycée Le Blanc, des motos-taxis sillonnent la zone dans un modeste mouvement de va-et-vient. À 16h, ce quartier bondé d’habitations avec portails vit au rythme des populations riveraines. Certains préfèrent rester paisiblement chez eux, tandis que d’autres se désaltèrent dans les bars et restaurants de la place. Dans l’enceinte de Richard Tadum, ses clients visionnent un match de Série A (championnat italien) à l’écran. Les tubes musicaux de Lady Ponce, Locko ou encore de Happy «ô Tchapeu Tchapeu», figurent parmi les principaux de la playlist.

Cette ambiance décontractée cache pourtant une angoisse dans le cœur des supporters des Lions A’, au moment où ils reçoivent leur premier adversaire samedi prochain en match d’ouverture du CHAN 2021. Une partie des supporters interrogées ici disent ne pas attendre grand-chose de l’équipe de Martin Ndtoungou Mpilé. «Tout ça, c’est à cause de l’arrêt du championnat», croit savoir Douglas Kameni assis dans cette buvette située au carrefour Lycée Le Blanc. Pour cet ancien footballeur de Matelot de Douala, il sera difficile pour le Cameroun d’être compétitif sur le terrain. «Cela fait pratiquement un an que les gars ne jouent pas. C’est difficile. On ne peut rien attendre du Cameroun. Ces derniers temps, on a joué au moins 10 matchs amicaux, on en a gagné peut-être deux et on a eu du mal à inscrire des buts», raconte-t-il, visiblement mécontent.

Douglas n’est pas le seul à partager cet avis. Emmanuel Oscar Semé croit également que ce qui peut manquer à cette équipe, «c’est la compétition dans les jambes. Ils n’ont pas le rythme de la compétition parce que ça fait longtemps qu’ils n’ont plus joué. Ceux qui étaient aptes à jouer ont pensé à leur avenir en signant des contrats dans certains clubs étrangers», explique ce dernier en dégustant du vin.

Cependant, d’autres supporters des Lions A’ se veulent plutôt optimistes. Tadum Richard fait partie de ceux-là. Le gérant du bar dénommé «Ça va se savoir» juge que nos joueurs peuvent aller loin dans cette compétition qui se joue chez nous. «Nous sommes les rois de la forêt. Donc nous comptons sur eux (Lions A’, Ndlr) à tout moment. Le football est souvent plein de surprises. Il ne faut pas seulement se limiter à leurs matchs amicaux», dit-il, installé derrière son comptoir. Avant de rajouter que «nos joueurs ont parfois un état d’esprit différent pendant les compétitions continentales avec des surprises à l’appui. Dans ces conditions, nous devons toujours faire confiance aux Lions. Comme en 2017 où personne ne s’attendait à ce que leurs aînés remportent le Coupe d’Afrique. Je crois que nos enfants peuvent aussi nous ramener le trophée. Car ils sont jeunes, talentueux et ont un moral de fer», conclut Richard.

Par ailleurs, s’il y a une chose qui marquera les populations d’Ebolowa pendant le CHAN, c’est son caractère événementiel. Le Cameroun organise ce tournoi pour la toute première fois de son histoire. «Nous sommes contents que cette compétition ait lieu chez nous. Nous étions déjà trop habitués à aller jouer chez les autres. Sur le plan africain, la dernière compétition masculine de football que nous avons organisé remonte en 1972 (la CAN, Ndlr). C’est l’occasion pour nous de vendre notre pays malgré la pandémie. Nous souhaitons un bon séjour à tous les étrangers qui viendront visiter notre pays. Il y a plein de choses à découvrir au Cameroun en dehors du foot», confie Ernest, un mototaxi du quartier installé sur son engin à deux roues surmonté d’un toit métallique.

Landry Kamdem,
envoyé spécial à Ebolowa

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