PANORAMAPORTRAIT DÉCOUVERTE

Le 8 mars est là…

Cette année encore, le « Berceau de nos ancêtres » s’est montré fidèle à la commémoration de la Journée internationale de Femme (JIF). Inspiré par une analogie avec une époque qui est la nôtre, le thème de la 39e édition traite de mesures ou de politiques concrètes capables de résoudre des problèmes particuliers en rapport avec le quotidien de la gent féminine. «Investir en faveur des femmes : accélérer le rythme ». Le libellé a l’avantage de faire progresser la réflexion sur les remèdes qu’il convient d’apporter aux problèmes complexes des femmes. Et comme notre pays proclame son travail de promotion des femmes, on leur ouvre la porte ce 8 mars 2024. Courage, chère mademoiselle ou madame. Après ça, on ne pourra pas dire que l’on crée des obstacles à votre épanouissement. Et si obstacles il y a, regardez plutôt du côté de vos consœurs/congénères… toujours prêtes à commenter vos cernes, votre visage trop lisse, votre absence d’empathie, votre émotivité, votre prise de poids si disgracieuse, votre perte de poids suspecte, vos talons trop hauts, vos talons plats, votre maquillage, votre absence de maquillage, votre misère, votre fortune propre ou sale…

En tout cas, le 8 mars est là. Avec ses airs de vitrine appétissante, cette journée se présente souvent chez nous comme le premier boulevard opposé à tout horizon de changement. C’est que, souvent, au milieu d’une multiplicité vertigineuse des manifestations, certaines femmes oublient de domestiquer leur sauvagerie. Bref, le 8 mars s’est érigé en justaucorps si rigoureux des choses que, débordant du champ de l’extériorité qui lui est dévolu, il procède à une véritable intrusion qui les altère au plus intime. Tout se passe alors comme si la vocation du 8 mars s’enraye, ou plutôt comme si, une fois le soleil levé, ce jour ne peut plus s’arrêter de signifier ivrogneries, érotisme, immodestie, indécence, bagarres et beaucoup d’autres grands et petits drames. Au final, le 8 mars se décline sur un éventail allant de sa version minimale, où célébrer équivaut à marquer un temps d’arrêt et réfléchir, à sa version maximale, où célébrer c’est ingurgiter plus d’alcool que d’habitude.

 

Allons, ne faisons pas la fine bouche. Le 8 mars, le discours infini sur la méthode a définitivement supplanté la méditation. Voilà qui vient compliquer la chose. Car, il est souvent inutile d’essayer de faire comprendre que, de plus en plus, le 8 mars se déploie dans des scènes triviales, où le désordre apparaît dans toute son ampleur et sa démesure. À cette aune, la Femme camerounaise se met elle-même à l’écart. Elle refuse de faire la part des choses entre des exigences contradictoires voire inconciliables, parce que déchirée entre ses aspirations d’émancipation et la réalité captive des réjouissances. Elle a oublié qu’aucune identité ne peut se soustraire de la part d’idéal qui lui sert de souche, et ne peut être accessible si elle ne s’actualise pas dans des conduites ou des traits aisément repérables et reconnaissables.

Or, chez nous, le soleil du 8 mars se lève dans la récidive de toutes les déviances. Tous les traitements entrepris contre cet état de choses s’avèrent être des précipités de ce qui a été dit antérieurement, et qui est malheureusement dissipé ou balayé par la marée inaltérable et continue de femmes vouées à la fête.

 

Jean-René Meva’a Amougou

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