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Industrialisation du secteur forestier : les politiques de développement pour le bon fonctionnement

Selon des experts, l’émergence du secteur forestier dépend de la mise sur pied d’une politique efficace.

 

La mise en place d’une stratégie de développement de l’industrie forestière en Afrique centrale, suppose d’adopter «des dispositifs juridiques pertinents aux niveaux national et sous régional; des incitations à l’investissement industriel ont été appliquées dans plusieurs pays; de même que les codes d’investissement et une fiscalité différenciée en faveur des produits transformés ont été instaurés; mais, en l’absence de résultats concrets, les pays se sont orientés vers des mesures conditionnant l’attribution de concessions forestières par l’installation d’unités de transformation ou adoption de règles plus ou moins restrictives par rapport à l’exportation des grumes», explique Jean Hugues Nlom, économiste de l’environnement.

À en croire la même source, ces dispositifs ont pris la forme de hausse des taxes des sorties de grumes ou interdiction totales ou partielles d’exporter du bois en grumes. «La restriction des exportations de grume s’est traduit par l’arrêt total ou partiel des exportations ou par la fixation d’un taux de transformation locale des grumes en vue d’assurer l’approvisionnement de l’industrie». L’économiste de l’environnement déplore tout de même le fait que ces mesures restrictives n’aient pas eu pour effet que de booster la première, voire la 2ème transformation de bois. Elles n’ont malheureusement pas été à l’origine de la 3ème transformation, plus porteuse en termes de valeur ajoutée car liée à la fabrication de produits finis.

Certains pays d’Afrique centrale se sont lancés dans la révision ou la réforme de leur politique et législation forestière. Pour prévenir tout épuisement de la ressource, plusieurs pays ont convenu de coupler les mesures visant la transformation plus poussée du bois avec celles visant la gestion durable des forêts, au travers notamment du plan d’aménagement forestier.

Industrialisation inclusive et durable
Selon l’experte, l’industrialisation se fait de manière inclusive et durable. De manière inclusive il est question du «financement de petits exploitants et des Pme du secteur forestier; de la régularisation des acteurs opérant dans l’informel; du secteur privé aux activités industrielles; du renforcement des capacités et développement des compétences; accroissement de l’éligibilité aux financements; intégration des communautés locales souvent marginalisées aux activités de développement du secteur, sont quelques aspects du financement». L’industrialisation durable quant à lui est la prise en compte du long terme et des générations futures; le respect de l’environnement, la conservation de la biodiversité et la réduction des émissions; la séquestration de plus de carbone; de la circularité (reboisement, restauration des forets); la réutilisation et réintégration des déchets, exploitant des produits non ligneux) et recyclage des produits usagers; redistribution des bénéfices tirés des activités forestières.
Selon la FAO, les stratégies d’industrialisation du secteur forestier passe par des conditions telles que: rendre le marché intérieur attractif, développer l’industrie de transformation, moderniser l’outil de production, combler le déficit en qualifications, augmenter les possibilités de formation; renforcer la présence sur les marchés d’exportation. «Il est question de se conformer aux exigences des marchés traditionnels d’exportation. Faire également face à l’offre asiatique », explique l’expert.

Diane Kenfack

 

Ils ont dit

Jean Hugues Nlom, économiste de l’environnement

«Le développement de l’industrie forestière aura un impact sur la transformation structurelle des économies des pays de l’Afrique centrale»

Développer l’industrie forestière serait une réelle opportunité diversification économique dans les pays d’Afrique centrale fortement dépendant du pétrole. Sur le plan macroéconomique, la diversification est un processus de transformation structurelle d’une économie qui migre d’un tissu économique dominé par les secteurs d’activités primaires (bois brut) vers les secteurs secondaires (industrie de transformation du bois) et tertiaires (commerce , écotourisme). La diversification est considérée comme la voie du salut pour le développement de l’Afrique dont l’économie est fortement tributaire de l’exploitation et de l’exportation des produits de base (produits agricoles et matières premières). Elle implique une réallocation de ressources des secteurs et des activités moins productives à des secteurs et activités plus productifs, un accroissement de la contribution relative du secteur manufacturier au Produit intérieur brut (Pib) ainsi que l’essor d’une économie industrielle et des services modernes. Le développement de l’industrie forestière aura donc certainement un impact sur la transformation structurelle des économies des pays de l’Afrique centrale si le processus de transformation des matières premières issues des forêts permet de générer davantage de valeur ajoutée.


Serge Alain Lonang, chef du département économie du Groupement des entreprises du Cameroun (Gecam)

«Il faut de ce fait mettre en place les conditions favorables à la croissance économique et l’accumulation de richesse»

L’industrialisation du secteur forestier et les défis qui en découlent s’inscrivent dans la démarche de transformation structurelle de l’économie camerounaise, en l’occurrence la politique d’import-substitution. Il faut de ce fait mettre en place les conditions favorables à la croissance économique et l’accumulation de richesse, et veiller à obtenir les modifications structurelles indispensables pour l’industrialisation du pays. Également, renforcer les mesures d’adaptation et d’atténuation des effets des changements climatiques et la gestion environnementale pour garantir un développement social durable et inclusif.

Ivan Kabiena, directeur de l’industrie au ministère des industries des mines et du développement technologique du Cameroun (Minimidt)

«Les ressources forestières sont un levier susceptible de relever les défis de l’industrialisation»

La relance économique post Covid-19, la crise russo-ukrainienne, le conflit israélo-palestinien, sont tous des facteurs exogènes qui imposent aux économies du monde en général et celles l’Afrique en particulier, une diversification durable des économies en mettant à contribution les jeunes et les femmes. Les États de l’Afrique centrale ont identifié et compris que les ressources forestières sont un levier susceptible de relever les défis de l’industrialisation et apporter une plus-value aux économies à travers la chaîne de valeur.

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