Hôpitaux catholiques : en quête de perfusions
Pénurie de médicaments dans les formations sanitaires et dossiers en souffrance. D’après la Conférence épiscopale nationale du Cameroun, telles sont les deux gangrènes auxquelles le gouvernement doit administrer des soins intensifs au plus vite.

On se croirait revenu cent ans en arrière. Imaginez un hôpital qui manque de paracétamol. Voici le visage actuel des formations sanitaires catholiques disséminées à travers le pays. «Depuis la survenue de la pandémie du Covid-19, dans les hôpitaux relevant de notre compétence, nous éprouvons de sérieuses difficultés d’approvisionnement en multiples médicaments d’intérêt thérapeutique majeur, c’est-à-dire ceux dont l’indisponibilité est susceptible de mettre en jeu le pronostic vital des patients à court ou moyen terme, ou représente une perte de chance importante pour les patients», déplore Mgr Samuel Kleda. À en croire le prélat (qui officie également comme président de la Commission épiscopale pour la santé au sein de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun), plusieurs signalements de rupture de stock ou de tension d’approvisionnement viennent de partout.
Exposés
En marge de la 48e session de l’Assemblée plénière des évêques du Cameroun, une délégation composée de Mgrs Andrew Nkea (archevêque de Bamenda), Samuel Kleda (archevêque métropolitain de Douala), Barthélemy Yaouda (évêque Yagoua) et Aloysius Abangalo Fondong (évêque de Mamfé) est allé le dire au ministre de la Santé publique (Minsanté) le 20 avril dernier à Yaoundé. Chez Manaouda Malachie, ces prélats ont plaidé pour l’octroi d’une subvention, en vue du ravitaillement en médicaments dans les formations sanitaires catholiques.
Évoquant le Plan stratégique pour le renforcement de la chaîne d’approvisionnement public des produits de santé au Cameroun pour la période allant de 2022 à 2026, les dignitaires catholiques ont relevé que, jusqu’ici, cette initiative n’a apporté aucun changement significatif. «Cela en raison de l’absence d’un cadre de référence pour l’orientation stratégique et la coordination des interventions; par exemple, les procédures de quantification des besoins au niveau des régions ne sont pas harmonisées, ce qui conduit à des niveaux variables d’exactitude de la quantification, les données des stocks des médicaments essentiels en aval ne sont quasiment pas envoyées en amont», a fait constater Mgr Kleda.
Last but not the least
Autre point saillant relevé lors de cette rencontre, le non-aboutissement ou tout simplement le retard constaté pour plusieurs dossiers de demande d’ouverture de nouvelles formations sanitaires initiés par les autorités religieuses. En direction des autorités gouvernementales compétentes, la délégation des prélats catholiques a sollicité «un traitement rapide de toutes les demandes en instance». «Ça avance à pas de tortue», selon Mgr Barthélemy Yaouda. Si la métaphore utilisée par l’évêque de Yagoua suggère son ras-le-bol, elle formalise également sa critique vis-à-vis de la position ambivalente de certains agents publics, «pris entre l’obligation du traitement objectif et la transformation des demandes d’autorisations en cas».
Une doléance est également émise concernant la demande de fourniture en équipements pour la mise en fonction du nouveau centre de santé récemment créé dans le département du Lebialem, dans la Région du Sud-Ouest. Notons que ce projet est soutenu par le plan de reconstruction des régions confrontées, depuis plusieurs années déjà, à la crise sociopolitique dite du NoSo.
Au terme de la rencontre, le Minsante a promis de trouver des solutions favorables aux différents problèmes posés.
Jean-René Meva’a Amougou