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Gouvernement post-présidentielle : La grosse feinte de Paul Biya

Michel Roger Emvana avait prévenu: «le président Biya ne varie pas de stratégies et de techniques de gouvernance». L’auteur de «Paul Biya. Les secrets du pouvoir», publié en 2005 aux éditions Karthala, s’exprimait ainsi au cours d’un entretien accordé au journal Intégration à la veille de l’élection présidentielle du 7 octobre 2018. «Autant que Paul Biya ne cède pas aux pressions, il reste profondément secret, mesuré, discret, délicat, circonspect, indéchiffrable, insondable… imperturbable. Il aime prendre de court et adore les contre-pieds», ajoutait le portraitiste.  

Il a vu juste. Les Camerounais qui ont mis le bulletin du président sortant dans l’urne en espérant le voir changé ont commencé à déchanter. S’appuyant sur les urgences de l’heure, nombre de ses partisans attendaient une rupture. Après avoir feint d’aller dans ce sens, «l’homme lion» leur a servi ce 4 janvier 2019 un réaménagement du gouvernement douchant au passage nombre d’espoirs.

 

Citoyens, hommes politiques, ministres… Ils sont nombreux qui attendaient un grand chamboulement. Mais fidèle à son habitude, le président camerounais a pris ses partisans à contre-pied. 

Le discours du président de la République du Cameroun du 31 décembre 2018 a installé nombre de ses partisans dans une certitude : le gouvernement qui va conduire le septennat des «grandes opportunités», comme l’a baptisé Paul Biya, sera en rupture avec l’actuel! De l’avis de nombreux militants du Rassemblement démocratique du peuple Camerounais (RDPC, parti au pouvoir), une phrase a contribué à conforter cette position : «Le septennat qui vient de commencer devrait être décisif pour notre pays. Il pourrait même être l’un des moments les plus importants de notre histoire depuis notre indépendance», lâche, dès l’entame de son message de vœux, l’homme qui tient les rênes du pouvoir depuis 36 ans.

Dans les émissions de débriefing du discours présidentiel, certains cadres du parti se perdent en conjectures. «[Paul Biya] a voulu rester énigmatique et mystérieux tout en envoyant un message aux Camerounais : « attention le Cameroun va opérer sa forte mutation dès 2019 ». Et ça va être à notre avis une mutation à la fois institutionnelle et structurelle au niveau de gouvernance publique», se risque Gaston Komba sur un plateau de Canal 2 international.

Pour le député RDPC du Nkam, le temps inhabituellement long (les gouvernements post-présidentielles intervenant généralement en début décembre) pris par le chef de l’État camerounais pour former sa nouvelle équipe pourrait même s’expliquer par sa «volonté de tenir compte d’un environnement de changement beaucoup plus profond qui ne concerne pas seulement le gouvernement». Car explique-t-il, le septennat «peut être décisif du point de vue des hommes, de la configuration institutionnelle et même de la répartition nouvelle des cartes pour durablement refonder le vivre ensemble».

Inattendu
En plus, l’instruction formelle donnée aux membres du gouvernement de ne point commenter son discours dans les médias comme ils ont pris l’habitude a fini de convaincre qu’un tsunami se préparait. Mais c’était mal connaitre Paul Biya. Un président qui «gouverne avec une cagoule», qui «n’est pas celui qu’il parait être», selon la description de Michel Roger Emvana, l’un de ses portraitistes. Ce 4 janvier 2019, à la place du chamboulement attendu, ce fut plutôt pour les plus optimistes un remaniement. De toutes les façons, on a certes un nouveau Premier ministre mais pas de nouvel organigramme. Sur un cabinet d’une soixantaine de ministres, on compte douze nouveaux arrivants dont cinq seulement avec portefeuille. On enregistre aussi quelques changements de ministère et de promotion.

Cette option laisse plus d’un sur leur faim. Dans le cabinet d’un ministre en fonction, on soutient que «Paul Biya a surpris même les membres de son propre gouvernement». Présentant un «grand nettoyage», notamment après le fiasco qui a abouti au retrait de l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations, certains ministres se sont livrés à un jeu de massacre par média interposés. Un problème que Paul Biya a ignoré pour les uns et ajourné pour les autres. Toujours est-il que le secrétaire Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général de la présidence de la République, a été non seulement reconduit, mais conforté comme ministre d’État. Louis Paul Motaze reste au ministère de Finances et Pierre Ismaël Bidoung Mkpatt a été muté du ministère des Sports et de l’Éducation physique à celui de la culture. Seuls Abba Sadou, Jean Claude Mbwentchou et Mama Fouda respectivement en charge des Marchés publics, de la Santé publique et de l’Habitat et du Développement urbain ont été écartés.

Aboudi Ottou

Le gouvernement du 4 Janvier 2019 

Premier ministre, chef du gouvernement : Joseph Dion Ngute

Ministres d’Etat
Ministre d’Etat, ministre de la Justice, garde des sceaux : Laurent Esso
Ministre d’Etat, ministre du Tourisme et des Loisirs : Bello Bouba Maïgari
Ministre d’Etat, ministre de l’Enseignement supérieur : Jacques Fame Ndongo
Ministre d’Etat, ministre Secrétaire général de la présidence de la République : Ferdinand NgohNgoh

Secrétariat Général
de la Présidence
Secrétaire général-adjoint : Elung Paul Che
Secrétaire général-adjoint : Mohamadou Moustafa

Cabinet civil
Directeur : Samuel Mvondo Ayolo
Directeur-adjoint : Oswald Baboke

Ministres
Ministre délégué à la présidence de la République, chargé de la Défense : Joseph Beti Assomo
Ministre délégué à la présidence de la République, chargé des Relations avec les Assemblées : Francois Wakata Bolvine
Ministre délégué à la présidence de la République, chargé du Contrôle supérieur de l’Etat : Mme Mbah Acha Fomundang Rose Gwari

Ministre délégué à la présidence de la République, chargé des Marchés publics : Ibrahim Talba Malla
Ministre de l’Administration territoriale : Paul Atanga Nji
Ministre des Affaires sociales: Mme Kendeck Pauline Irène née Nguene.
Ministre de l’Agriculture et du Développement rural : Gabriel Mbairobé
Ministre des Arts et de la Culture : Bidoung Kpwatt Ismaël
Ministre du Commerce: Mbarga Atangana Luc Magloire
Ministre de la Communication: René Emmanuel Sadi
Ministre de la Décentralisation et du Développement local : Georges Elanga Obam
Ministre des Domaines du Cadastre et des Affaires foncières : Henri Eyebe Ayissi
Ministre de l’Eau et de l’Énergie: Gaston Eloundou Essomba
Ministre de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire: Alamine Ousmane Mey
Ministre de l’Éducation de base: Laurent Serge Etoundi Ngoa
Ministre de l’Élevage, des Pêches et des Industries animales: Dr Taiga.
Ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle : Issa Tchiroma Bakary
Ministre des Enseignements secondaires: Pauline Egbe Nalova Lyonga
Ministre de l’Environnement, de la Protection de la nature et du Développement durable: Helé Pierre
Ministre des Finances: Louis Paul Motaze
Ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative : Joseph Anderson LE
Ministre des Forêts et de la Faune : Jules Doret Ndongo
Ministre de l’Habitat et du Développement urbain : Mme Célestine Keutcha Courtès
Ministre de la Jeunesse et de l’Éducation civique : Mounouna Foutsou.
Ministre des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique : Gabriel Dodo Ndonke
Ministre des Petites et moyennes entreprises, de l’Économie sociale et de l’Artisanat : Achille Bassilikin III
Ministre des Postes et télécommunications : Minette Libong Li Likeng.
Ministre de la Promotion de la femme et de la famille : Mme Abena Ondoa née Obama Marie-Thérèse
Ministre de la Recherche scientifique et de l’Innovation : Mme Tchuinte Madeleine
Ministre des Relations extérieures : Lejeune Mbella Mbella
Ministre de la Santé publique : Manaouda Malachie
Ministre des Sports et de l’Éducation physique : Narcisse Mouelle Kombi
Ministre des Transports : Massena Ngallé Bibehe Jean Ernest
Ministre du Travail et de la Sécurité sociale : Owona Grégoire
Ministre des Travaux publics : Nganou Djoumessi Emmanuel

Ministres délégués
Ministre délégué auprès du ministre de l’Agriculture et du Développement rural chargé du Développement rural : Ananga Messina née Beyene Clémentines
Ministre délégué auprès du ministre de l’Environnement, de la Protection de la nature et du Développement durable : Nana Aboubakar Djalloh
Ministre délégué auprès du ministre de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire chargé de la Planification: Paul Tasong
Ministre délégué auprès du ministre des Finances : Yaouba Abdoulaye
Ministre délégué auprès du ministre de la Justice, garde des sceaux : Jean de Dieu Momo
Ministre délégué auprès du ministre des Relations extérieures chargé de la coopération avec le Commonwealth : Felix Mbayu
Ministre délégué auprès du ministre des Relations extérieures chargé de la coopération avec le monde islamique : Adoum Gargoum
Ministre délégué auprès du ministre des Transports : Njoya Zakariaou

Ministres chargés de mission à la présidence de la République
Ghogomu Paul Mingo
Ndong Soumhet Benoit
Hamidou Moustapha
Mengot Victor Arrey Nkongho.
Mbarga Mboa Philippe

Secrétaires d’Etat
Secrétaire d’État auprès du ministre de la Défense, chargé de la Gendarmerie nationale : Yves Landry Etoga
Secrétaire d’État auprès du ministre de la Défense, chargé des Anciens combattants et victimes de guerre : Koumpa Issa.
Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Éducation de base : Mme Kilo Viviane Asheri.
Secrétaire d’État auprès du ministre des Enseignements secondaires, chargé de l’Enseignement normal : Bayola Boniface
Secrétaire d’État auprès du ministre des Forêts et de la Faune : Mme Koulsoumi Alhadj ép. Boukar.
Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Habitat et du Développement urbain, chargé de l’Habitat: Dibong née Biyong Marie Rose
Secrétaire d’État auprès du ministre de la Justice, garde des sceaux, chargé de l’Administration pénitentiaire : Dooh Jérome Penbaga
Secrétaire d’État auprès du ministre des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique: Calistus Gentry
Secrétaire d’État auprès du ministre de la Santé publique chargé de la lutte contre les épidémies et les pandémies : Alim Hayatou
Secrétaire d’État auprès du Ministre des Travaux publics chargé des routes : Armand Ndjodom

Joseph Dion Ngute
Premier ministre du septennat «d’opportunités»
C’est un visage pour le moins inconnu du grand public qui va diriger le premier gouvernement du septennat des « Grandes opportunités » du président Paul Biya. Celui qui était depuis mars 2018, ministre chargé de mission à la présidence de la République à la charge aujourd’hui de conduire une équipe gouvernementale réaménagée, dans la foulée ; et dans laquelle les principaux barons du régime conservent leur poste. C’est dire si le nouveau chef du gouvernement aura fort à faire pour ce qui est de la cohésion gouvernementale mise à mal ces derniers mois. Joseph Dion Ngute n’est pour autant pas un novice dans les sphères politique et administrative du pays.

Ce membre du comité central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), au pouvoir, est originaire du département du Ndian dans la région du Sud-ouest. C’est en juin 1986 que le président Paul Biya le nomme pour la première fois. Il est fait directeur adjoint du Centre national d’administration et de magistrature, puis directeur de la prestigieuse École nationale d’administration et de magistrature. Il sera ensuite ministre délégué auprès du ministre de Relations extérieures, chargé du Commonwealth de 1997 à 2018…

À l’aube de ce septennat, Joseph Dion Ngute devra s’attaquer aux grands dossiers laissés par son prédécesseur : la poursuite des chantiers de la Can, la conduite du programme économique avec le Fonds monétaire international, la crise anglophone, etc. Mais également lutter contre la corruption et améliorer le service public.

Célestine Keutcha Courtès
La pasionaria récompensée
Elle est l’une des deux entrées féminines du premier gouvernement des «Grandes opportunités». Célestine Keutcha Courtès est la nouvelle ministre de l’Habitat et du Développement urbain. Elle remplace à ce poste Jean Claude Mbwentchou, avec qui les rapports n’ont pas toujours été des plus cordiaux dans leur Nde natal. Connue jusqu’alors comme la maire de la commune de Bangangté (département du Nde, région de l’Ouest), Célestine Keutcha Courtès s’est distinguée au fil des années par la qualité du management de cette municipalité. Management qui a permis à la ville de Bangangté de remporter plusieurs prix dans les catégories de la gouvernance locale et du respect de l’environnement. Née le 13 octobre 1964, cette nomination est également une victoire politique pour la femme d’affaires prospère, par ailleurs en conflit ouvert avec le président du Sénat Marcel Niat Njifenji, pour le leadership dans le Nde.

Ibrahim Talba Malla
Dans le bourbier des marchés publics
Le ministère des Marchés publics vient de décrocher la moins glorieuse première place des administrations les plus corrompues, selon l’indice de perception 2017 des usagers conduit par la Commission nationale anti-corruption (Conac). C’est ce département ministériel qui échoit désormais à Ibrahim Talba Malla, dépêché de Limbe (Sud-ouest) où il est encore Directeur général de la Société nationale de raffinage (Sonara). Originaire de Mora dans la région l’Extrême-nord, le nouveau ministre des Marchés publics aura fort à faire pour endiguer la corruption dans un ministère – ironie de l’histoire – qui a été créé pour juguler ce fléau dans la passation des marchés publics. Âgé de 65 ans, il est inspecteur principal des impôts diplômé de l’Enam (1992) et de l’Institut supérieur en management public (1986). Ibrahim Talba Malla est davantage connu pour avoir dirigé la Caisse de stabilisation des prix des hydrocarbures (CSPH) de 1988 à 2013.

Achille Bassilekin III
Un diplomate pour développer les PME
Le nouveau ministre des Petites et moyennes entreprises, de l’Économie sociale et de l’Artisanat (Minpmeesa) est un diplomate. Né le 20 mars 1969, Achille Bassilekin III est ministre plénipotentiaire de classe exceptionnelle. Avant sa nomination comme Minpmeesa, il était d’ailleurs secrétaire général du ministère des Relations extérieures (Minrex). Un poste qu’il occupe seulement depuis le 20 juillet 2018. De décembre 2015 à cette date, il était le secrétaire général du ministère du Commerce. Dans ce ministère, il initie certains chantiers pour permettre au Cameroun d’aller à l’assaut des marchés extérieurs. Il travaille notamment au renforcement des exportations du Cameroun vers l’Union européenne en tirant pleinement parti de l’Accord de partenariat économique (APE).

Ce sujet, le diplomate qui commence sa carrière en novembre 1993 à la Direction des Nations unies et de la coopération multilatérale au Minrex, le connait bien. En 2001, il rejoint en effet le secrétariat du groupe des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) comme conseiller économique à la représentation permanente de cette organisation internationale auprès de l’Organisation mondiale du commerce et de l’Office des Nations Unies à Genève. En 2008, il est promu adjoint au représentant permanent au sein de la même mission. En 2010, il deviendra sous-secrétaire général, chef du département du développement économique durable et du commerce au siège de cette institution à Bruxelles jusqu’en 2015. Pendant toutes ces années, il a contribué à la mise en place du processus des négociations des APE qui régissent les relations commerciales entre l’UE et certains pays ACP. Le nouveau Minpmeesa devrait donc mettre cette expérience à profit pour transformer l’APE en une opportunité pour les PME.

Gabriel Dodo Ndoke
Un inspecteur des impôts pour industrialiser le Cameroun
Le nouveau ministre des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique (Minmidt) a intégré l’administration camerounaise comme inspecteurs des Impôts le 08 juillet 2002. Marié, père de sept enfants, le nouveau Minmidt a été tour à tour, sous-directeur du budget, du matériel et de la maintenance au ministère de la Fonction publique et de la Réforme administrative, inspecteur-vérificateur au Centre spécialisé des impôts des professions libérales et de l’immobilier du Mfoundi, inspecteur en service au Centre régional des impôts du Centre, chef du Centre divisionnaire des impôts de Douala 14, chef du Centre spécialisé des impôts de l’Est et inspecteur-vérificateur à la Brigade provinciale de contrôle et de vérification des entreprises de l’Est.

Diplômé de l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (Enam) de Yaoundé, il était jusqu’à sa nomination secrétaire général du ministère des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières. Originaire de la Kadey (Est), l’ancien directeur administratif et financier de la chambre d’Agriculture devrait sa nomination au rôle joué dans cette ville pour la réélection de Paul Biya. Il remplace à ce poste Ernest Gwaboubou. Originaire lui aussi du même département, l’ancien ministre est accusé de s’être ménagé pendant la campagne. Né le 13 décembre 1971 à Mokolo dans l’Extrême-Nord du pays, Gabriel Dodo Ndoke est présenté comme le fils spirituel de l’influent Mongui Sossomba, maire de Dimako, décédé le 19 mai 2018. Beaucoup y voit d’ailleurs dans son accession, la main d’Oswald Baboke, fils naturel du feu président de la chambre d’Agriculture.

Jean de Dieu Momo
Bouche d’avocat, bouche d’enfer
Le nouveau ministre délégué auprès du ministre de la Justice est celui que l’on attendait le moins à ce poste. Jean De Dieu Momo, soutien de la 25e heure de Paul Biya, risée d’une partie de l’opinion pour son spectaculaire retournement de veste ; signe l’une des entrées les plus inattendues dans le gouvernement. L’avocat, candidat malheureux à la présidentielle de 2011 et en banqueroute selon certains, était devenu depuis septembre 2018 l’un des plus grands louangeurs du chef de l’État camerounais. Celui qui aurait volontiers remporté le prix du grand bêtisier de l’année 2018 voit son retournement de veste récompensé de la plus belle des manières. Jean de Dieu Momo, né le 24 janvier 1960 à Bassa, est ministre sans portefeuille d’un département ministériel de souveraineté. Aussi bien sous les lambris dorés de la République que dans les chaumières, Jean de Dieu Momo provoquait l’hilarité à chacune de ses prises de parole.

Manouada Malachie
Pour une philosophie de la Santé publique
L’ascension de Manouada Malachie se poursuit. Après avoir été secrétaire général des ministères de la Culture (2010-2012); de l’Eau et de l’Énergie (2012-2018) ; du Commerce (juillet 2018-janvier 2019) – ce titulaire d’un doctorat en philosophie est le nouveau ministre de la Santé publique. L’un des ministères les plus importants sur l’échiquier gouvernemental camerounais. Originaire de Mokolo, (département du Mayo Tsanaga, région de l’Extrême-Nord), Manouada Malachie est diplômé de l’École nationale d’administration et de magistrature (Enam), de l’Ena de Paris, et du Centre canadien de recherche et d’appui à la gouvernance des organisations publiques (CCRAGOP) du Canada. De 2003 à 2010, ce spécialiste des relations internationales – âgé aujourd’hui de 45 ans – était attaché des affaires organiques à la présidence de la République.

Njoya Zakariaou
Copilote aux transports
Originaire du département du Noum (région de l’Ouest), Njoya Zakariaou remplace numériquement Mefiro Oumarou «son frère du village» au poste de ministre délégué auprès du ministre des Transports. Titulaire d’une licence et d’une maîtrise en scoliotique politique obtenues à l’universitaire de Yaoundé I en 1997, Njoya Zakariaou est diplômé de l’Enam (2000), de l’Institut international de droit humanitaire de San Remo (Italie-2004), et de l’ENA de Paris (2018). Avant son entrée au gouvernement, celui qui a débuté sa carrière administrative comme cadre d’appui au ministère de la Fonction publique et de la Réforme administrative en novembre 2000 a été tour à tour : chef de cabinet du gouverneur de l’ex-province du Nord-ouest (2003-2004), premier adjoint préfectoral des Bamboutos à Mbouda ( 2004-2006), sous-préfet de l’arrondissement d’Isanguele – Bakassi (2006-2008), sous-préfet de l’arrondissement de Nkongsamba 3e (2008 -18 janvier 2011), sous-préfet de l’arrondissement de Douala 3e (18 janvier 2011-13 mars 2017) ; et préfet du département du Mayo-Louti depuis le 13 mars 2017. Il est âge de 49 ans et deux enfants.

Mohamadou Moustafa
La nouvelle redingote du diplomate
C’est une nouvelle vie pour celui qui était techniquement à la retraite depuis 2016. Mohamadou Moustafa
Est le nouveau secrétaire général adjoint (n°2) de la présidence de le République. Devenu ministre plénipotentiaire hors échelle en janvier 2014, il est d’abord reçu aux concours de l’Institut des relations internationales du Cameroun (Iric) et de l’École nationale d’administration et de magistrature (Enam) en 1985. Les premiers organisés après le coup d’État manqué du 6 avril 1984. Heures sombres durant lesquels Mohamadou Moustafa va préférer une carrière de diplomate à celle d’administrateur civil.

Sept ans plus tard, le natif de Banyo dans la région de l’Adamaoua, sort de l’Iric nanti d’un doctorat en relations internationales et fait son entrée dans la fonction publique en janvier 1990. Après un bref passage un ministère des Relations extérieures, Mohamadou Moustafa est nommé au Haut-commissariat du Cameroun à Lagos en qualité de deuxième secrétaire (1991-1997). Il sera plus tard premier secrétaire au Haut-commissariat du Cameroun à Londres (1997-2006). De retour au Cameroun, cet expert en finances et gouvernance va diriger la sous-direction des affaires politiques et juridiques avec le Commonwealth, puis la direction des Affaires d’Asie et des Relations avec l’Organisation de la coopération islamique au ministère des Relations extérieures. Après quoi, le diplomate âgé aujourd’hui de 59 ans a assuré l’intérim du secrétariat général du ministère des Relations extérieures dès décembre 2011, après le départ de Ferdinand Ngoh Ngoh depuis lors secrétaire général de la présidence de la République.

Gabriel Mbairobé
L’agronome prend la clef des champs
Le nouveau ministre de l’Agriculture et du Développement rural (Minader) est un ingénieur agronome, diplômé de l’École nationale polytechnique de Yaoundé, option électromécanique. Après des études primaires et secondaires à Garoua (où il naît le 3 février 1958), Gabriel Mbairobé débute sa carrière professionnelle à la Société de développement du coton (Sodecoton). Au sein de cette agro-industrie, ce père de quatre enfants va occuper divers postes de responsabilités jusqu’à sa retraite en décembre 2018. Toutefois, le conseil d’administration de cette société va lui accorder une rallonge de deux ans. Gabriel Mbairobé est aussi connu pour avoir dirigé le Coton sport de Garoua, le club de football de la Sodecoton. C’est pourtant sur le terrain de l’agriculture que ce féru de football est attendu. Il devra transformer en actes un discours maintes fois rabâché sur le développement de l’agriculture de 3e génération.

Kilo Viviane Asheri
Une dramaturge au chevet des instituteurs
L’ancienne conseillère technique numéro 1 du ministère des Arts et de la Culture est désormais secrétaire d’État de l’Enseignement de base. Elle remplace à ce poste Benoit Ndong Soumhet, muté à la présidence de la République comme ministre chargé de mission. Kilo Viviane Asheri devra mettre en valeur sa longue expérience d’enseignante pour dynamiser un poste dont les titulaires sont plus connus pour inaugurer les chrysanthèmes. Titulaire d’un Phd (doctorat) en art dramatique obtenu en Angleterre, Kilo Viviane Asheri est de son retour en 1992. Elle enseigne pendant une année à l’Université de Yaoundé. Puis, elle exercera pendant plus d’une quinzaine d’années à l’Université de Buea, ou elle occupe plusieurs postes de responsabilités comme celui de chef de la division des sports et des loisirs. La nouvelle secrétaire d’État cinquantenaire et originaire de la région du Nord-ouest.

François Wakata Bolvine
De l’ombre à la lumière
Pour des analystes, c’est la juste récompense d’un travailleur acharné et discret. François Wakata Bolvine est le nouveau ministre chargé des Relations avec les Assemblées. L’enseignant-maître de conférences à l’École Supérieure des Sciences et Techniques de la Communication (ESSTIC) a été porté à cette fonction à la faveur du réaménagement ministériel du 4 janvier dernier. Ancien chargé de mission au secrétariat général des Services du premier ministre, François Wakata Bolvine est également connu dans l’opinion pour être le coordonateur de l’unité technique opérationnel du Cameroon Digital télévision (CAM-DTV), le comité national de pilotage de la migration de l’analogique vers le numérique. Considéré comme l’une des imminences grises du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), c’est à l’ancien conseiller du Premier ministre qu’incombe désormais le devoir de servir de courroie de transmission entre le Parlement et l’Exécutif. Proche collaborateur de Joseph Charles Doumba, le charismatique secrétaire général du parti de Paul Biya aujourd’hui décédé, François Wakata Bolvine est quinquagénaire originaire de la région de l’Ouest.

 

Ils changent de portefeuille

Jeu de chaises musicales entre Ismaël Bidoung Kpwatt et Narcisse Mouelle Kombi. Au terme du réaménagement ministériel du 4 janvier 2019, Ismaël Bidoung Kpwatt quitte le ministère des Sports et de l’Éducation physique pour le ministère des Arts et de la Culture. Là-bas, il vient remplacer Narcisse Mouelle Kombi. Ce dernier laisse le chaudron de la gestion du droit d’auteur, pour remplacer son successeur comme patron des Sports. Les deux ministres ont chacun passé trois ans au poste qu’ils quittent.

Laurent Serge Etoundi Ngoa change lui aussi change de portefeuille, après plus de 12 ans passés au ministère des Petites et moyennes entreprises, de l’Économie sociale et de l’Artisanat. Il va désormais présider aux destinées du ministère de l’Éducation de base jusque-là dévolu à Youssouf Adidja Alim.

Henri Eyebe Ayissi part du ministère de l’Agriculture et du Développement rural, pour le ministère des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières.

René Emmanuel Sadi, après un passage de10 mois comme ministre chargé de mission à la présidence de la République, l’ancien ministre des l’Administration territoriale et de la Décentralisation retrouve un ministère avec portefeuille ; celui de la Communication. Il remplace à ainsi Issa Tchiroma Bakary.

Issa Tchiroma Bakary, 10 ans comme ministre de la Communication et voici l’« opposant » à Paul Biya qui hérite d’un nouveau ministère. Issa Tchiroma Bakary est depuis le 4 janvier, ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle.

 

ILS PRENNENT DU GALON

Jacques Fame Ndongo
Beaucoup le pensaient sur le départ, ou tout au moins à un autre poste ministériel, au regard du temps passé à la tête du ministère de l’Enseignement supérieur (Minesup). 15 ans après sa nomination comme Minesup, le professeur voit son bail prolongé et, bonus, il ajoute un grade à son CV déjà long comme le bras. Jacques Fame Ndongo est désormais ministre d’État.
Le membre du bureau politique – le saint des Saints – du Rdpc semble avoir bénéficié du climat apaisé dans les universités, mais aussi de la conduite plus ou moins réussie de l’opération «un étudiant, un ordinateur» de 2017 à 2018.
Il rejoint ainsi le club, ô combien sélect, des super-ministres où l’on retrouve déjà le ministre de la Justice Laurent Esso, le ministre du Tourisme Bello Bouba Maïgari. Il a été promu le 4 janvier dernier aux côtés de Ferdinand Ngoh Ngoh.

Ferdinand Ngoh Ngoh
Pour une partie de l’opinion, le ministre Secrétaire général de la présidence de la République ne survivrait pas un réaménagement gouvernemental. Et pour cause, l’un des plus proches collaborateurs du chef de l’État est pointé par certains comme l’artificier de l’échec de l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations (Can) 2019 au Cameroun.
Le président Paul Biya vient d’en décider autrement. Le chef de l’État a fait de Ferdinand Ngoh Ngoh un ministre d’État, secrétaire général de la présidence de la République. À charge pour le natif de la Haute-Sanaga (région du Centre), que l’on dit proche de la première Dame, de poursuivre la coordination des chantiers des infrastructures sportives en vue d’une éventuelle Can ; tout en assurant sa principale mission qui est celle de courroie de transmission entre la présidence de la République et le gouvernement.

Nommé secrétaire général de présidence de la République en octobre 2011, le diplomate de formation est en passe de battre le record de longévité à ce poste. Record de 8 ans jusqu’ici détenu par Paul Biya himself, lorsqu’il occupait cette responsabilité sous l’ancien président Ahmadou Ahidjo, de 1967 à 1975.

Elung Paul Che
Le secrétaire général adjoint à la présidence de la République n°1 va seconder le nouveau ministre d’Etat Ferdinand Ngoh Ngoh. Ancien ministre délégué auprès du ministre des Finances, il s’agit davantage d’une confirmation pour Elung Paul Che qui était depuis le 2 mars 2018, secrétaire général adjoint de la présidence de la République.

Ghogomu Paul Mingo
Très souvent présenté comme l’un des meilleurs spécialistes de thermodynamique du Cameroun, Ghogomu Paul Mingo est depuis le 4 janvier dernier, ministre chargé de mission à la présidence de la République. Une récompense pour ce fidèle de l’ancien Premier ministre Philemon Yang dont il a été le directeur de Cabinet depuis 2009. Fils d’un Fon (chef traditionnel en pays anglophone), natif de Bambalang-Ndop dans le département de Nkoketunja (région du Nord-Ouest) ; Ghogomu Paul Mingo a été enseignant à l’Université de Yaoundé 1. Ceci après avoir obtenu un doctorat de 3e cycle à Nancy en France. Ghogomu Paul Mingo a également occupé plusieurs postes à l’université, dont celui de codirecteur du laboratoire de physique et de chimie théorique de 2000 à 2010 et chef de département de chimie de 2009 à 2010 à l’université de Yaoundé 1. Âgé de 57 ans, l’ancien directeur de Cabinet du Pm s’est surtout révélé en conduisant plusieurs délégations gouvernementales dans le cadre de négociations relatives à la crise anglophone dès la fin 2016.

Benoit Ndong Soumhet
L’ancien directeur général de l’ENAM et ex-secrétaire d’État auprès du ministre de l’Enseignement de base, est désormais ministre chargé de mission à la présidence de la République, aux côtés de Ghogomu Paul Mingo, lui aussi promu à ce poste.

 

 

 

 

 

Admis à la réserve de la République 

Le réaménagement gouvernemental du 4 janvier dernier a vu le départ de 10 ministres. Dans leur nouvelle situation, les patrons d’hier sont appelés à vivre les affres du désert.

 

Le premier ministre remercié la semaine dernière

Ils n’auront pas droit aux youyous, aux groupes de danse, aux flashes de photographes et aux ronronnements des caméras. Ils devront cependant garder le sourire ce jour, le temps d’une cérémonie de passation de service avant de rentrer dans l’anonymat de simple citoyen. Ceux-là, ce sont désormais les dix ex-ministres, victimes du coup de tête présidentiel du vendredi 4 janvier 2019.

Paul Biya a en effet remercié quelques-uns de ses ministres dont certains battaient des records de longévité au sein du gouvernement. C’est le cas d’Amadou Ali, ministre d’État, ministre chargé des Relations avec les Assemblées depuis décembre 2011. Devenu quasi invisible de l’espace public et très affaibli par la maladie, celui qui a jadis occupé les hautes fonctions de secrétaire général de la Présidence de la République, de ministre de la Défense ou de ministre de la Justice sort aujourd’hui après 36 ans sans discontinuité au sein de gouvernements successifs.

André Mama Fouda, dont l’image a été fortement liée aux scandales financiers et à une gestion des plus décriées du ministère de la Santé, est le seul des «Princes du Mfoundi» à être bouté hors du gouvernement. Ernest Gwaboubou, ministre de Mines, n’aura survécu que trois ans aux intenses batailles de positionnement qui font rage dans sa région de l’Ouest natale. Jean Claude Mbwentchou fait aussi les frais des ambitions politiques clairement affichées de Célestine Keutcha Courtès qui le remplace au ministère de l’Habitat.

Zakary Perevet, connu pour avoir très souvent défendu (avec une logique douteuse) les chiffres de l’emploi avancés par le chef de l’État, ne va cependant pas garder son poste de ministre de l’Emploi. Remplacé par un Issa Tchiroma Bakary définitivement en état de grâce. Youssouf Adidja Alim, ci-devant ministre de l’Enseignement de base, sort également par la petite porte sans avoir pu régler l’intégration des instituteurs vacataires. Quant à Jacqueline Koung à Bessike du ministère des Domaines, elle quitte le gouvernement après avoir trôné sans panache à la tête d’une des administrations les plus corrompues.

De corruption, il est également question dans le départ d’Abba Sadou du ministère des Marchés publics. De l’avis de plusieurs analystes, le dernier rapport de la Commission nationale anticorruption qui épingle ce ministère n’est pas étranger au départ du ministre. Du côté du ministère des Transports, Mefiro Oumarou, après avoir résisté à pas moins de trois ministres, est finalement remplacé au ministère délégué par Njoya Zakiriaou ; tout comme Fogui cède sa place au ministère délégué auprès du ministère de la Justice au truculent Jean de Dieu Momo.

Quoi qu’il en soit, et en l’absence de cap défini, la sortie du gouvernement n’est généralement pas admise comme une déchéance, tant de nombreuses personnalités ont souvent été rappelées plus tard aux affaires. C’est la réserve de la République du président Paul Biya.

Ifeli Amara

Amadou Ali, la fin d’un mythe

 

36 ans dans le gouvernement… sans discontinuer

Comme Jean de la Fontaine, Charles Ateba Eyene, de son vivant, avait fait un choix : mettre en scène des animaux pour parler des qualités et des défauts des humains. «Dans le monde entier, vous trouverez toujours, dans chaque gouvernement, quelqu’un qui, comme un tigre, est chargé de dévorer des proies et qui ne se soucie pas de se curer les dents après un repas», dit-il un jour, parodiant le rôle de Amadou Ali au sein des «équipes Biya» depuis 1982. «Terminator», «bras droit du prince», «dresseur d’Epervier», le dignitaire de Kolofata a pris bien de pseudos avant sa sortie du gouvernement le 4 janvier 2019, à 76 ans. Ses proches le disent très affecté par la maladie et les remugles de l’enlèvement de son épouse par le Boko Haram dans sa résidence en 2014.

En cet ancien élève du lycée de Garoua, Paul Biya avait décelé la culture du silence et l’efficacité. A l’aide de ces «qualités», Amadou Ali s’est imposé comme l’inconditionnel lieutenant de son tuteur naturel. Pendant trois décennies, il a été l’éminence grise du président, celui qui donne son avis sur tout, celui qui a l’oreille du chef, celui qui est à la fois courtisé et redouté. De la gendarmerie nationale aux Relations avec les Assemblées, en passant par la Défense, le secrétariat général à la présidence de la République, la Justice, il a surtout donné une épaisseur narrative à son parcours. Des «affaires», il en a pilotées (Bakassi, catastrophe de Nsam, Opération Epervier). Ici comme là-bas, Amadou Ali a joué parfois des rôles clés. «Surtout pour conduire le rapace», écrit François Soudan.

En clair, du dépiautage de bestioles insuffisamment protégées de ses fringales par leur carapace jusqu’au rot final, l’ex-vice-premier ministre de la Justice, Garde des Sceaux a nourri des controverses. Bien sûr, sans offrir en spectacle ses ragoûtantes mastications. A ce sujet, certains comme Marafa Hamidou Yaya convoquent des récits dont l’énergie continue de déployer des frayeurs. «Au sein de chaque gouvernement, ce personnage attisait des peurs et distillait parfois le poison du mensonge», écrit l’ancien secrétaire général de la présidence de la République, incarcéré pour détournement de deniers publics.

A côté, et à sa décharge, d’autres vantent beaucoup d’atouts: les diplômes (Institut international de l’administration publique de France en 1959 et Ecole nationale de l’administration et la magistrature en 1971), l’amour de la République, le sens de l’État et une légendaire intuition. «Il misait sur sa capacité à lire de loin des situations», relate le Dr Lambidjeck, colonel à la retraite. A l’intersection des avis des uns et des autres, se présentent quelques handicaps sur le dos du désormais ancien ministre: sa raideur naturelle, une forme d’arrogance (éventuellement imputable à sa timidité naturelle) et le fait, peut-être, d’avoir un regard de braise.

Jean-René Meva’a Amougou

Jean Michel Nintcheu 

«Il n’y a vraiment pas de nouveauté» 

Bouillant député du SDF réagit au remaniement du gouvernement.

 

C’est l’épilogue d’un feuilleton ennuyeux, pathétique et pitoyable. Il n’y a vraiment pas de nouveauté en dehors du fait qu’on trouve, comme toujours, des gens qui acceptent de monter sur le Titanic. M. Biya nous a servi en réalité de petits arrangements de nature clanique. Même chef d’orchestre, même partition, même musique contrairement aux promesses faites aux compatriotes encore naïfs lors de son adresse à la Nation du 31 décembre dernier. Au finish, beaucoup de bruits pour rien. Des mois de suspens pour un réaménagement gouvernemental aussi insignifiant, il n’y a que M. Biya pour réaliser pareille contre-performance. Le moins que l’on puisse dire est qu’il est épuisé et asséché.

La décision de reconduire les mêmes aux postes les plus importants notamment aux postes de souveraineté signifie qu’il n’y aura aucun changement ni de politique, ni de cap ni de ligne et que M. Biya inscrit une fois de plus son action dans la continuité sur fond de bricolage et de rafistolage qui ont toujours été ses marques de fabrique trentenaires.

Le plus indigeste dans ce refus de prêter attention aux attentes des camerounais est la reconduction à leurs postes des ministres concernés par les marchés de gré à gré opérés dans le cadre des procédures d’urgence liées à la Can. C’est un mépris de trop à l’égard du peuple. Un véritable bras d’honneur adressé aux camerounais. La preuve manifeste que M. Biya est au centre de ces détournements de deniers publics.

Pour terminer, cette fin de non-recevoir immorale adressée par M. Biya aux compatriotes est une provocation. Après 36 ans de gouvernance régressive, cette indécence supplémentaire est la preuve du choix définitif de M. Biya de continuer à gouverner contre les camerounais. Ce qui est inacceptable. Il s’agit de l’argent du contribuable. Tant que la lumière n’est pas faite sur ce scandale financier du siècle à travers l’ouverture d’une information judiciaire par les parquets de la République ou la mise sur pied d’une commission d’enquête parlementaire, les manifestations prévues à partir du 20 janvier prochain sont maintenues. Même la monarchie absolue a des limites qu’elle ne franchit pas.

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