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Extrême-Nord : dans le nouveau format de la danse du sang

La région essuie de plus en plus les attaques de la secte Boko Haram. À l’ordre du jour, une énième mutation du contexte stratégique.

Mora

Omar Kidio n’était pas disponible au téléphone ce matin du 2 juin 2023. «Je dormais; je n’ai pas fermé l’œil toute la nuit», s’excuse l’ancien haut-fonctionnaire et élite de Kolofata. Sur les raisons de cette insomnie, le digne kanuri livre une information. «Vers 2 heures ce matin, Boko Haram a tué et décapité un de nos vaillants chefs de comité de vigilance à Amchidé. Ils l’ont demandé puis torturé avant de le couper en morceaux», apprend-on. L’épouvante est flagrante dans les images postées sur les réseaux sociaux. Selon des témoins et des sources sécuritaires contactés par Intégration, les rues d’Amchide étaient vidées de leurs habitants, terrés chez eux, et la plupart des commerces fermés. Entre-temps, le flux d’informations en provenance de Mokolo, Moskuta et Koza rapportent que des milliers de civils se cachent dans la brousse à la frontière avec le Nigeria et dans les villes voisines. Là-bas, au moins 400 magasins et maisons ont été détruits, environ 200 vaches, plus de 250 chèvres et moutons et une centaine de motos emportés par Boko Haram au cours des 2 dernières semaines.

En établissant vite le lien avec l’horreur vécue au petit matin du 30 mai dernier à Mora (où un policier et deux douaniers avaient été tués au cours d’une attaque perpétrée contre un poste de contrôle mixte à l’entrée de la ville) , un haut-gradé du Bataillon d’intervention rapide (Bir) est formel : « ce sont des signes avant-coureurs d’un retour en force dont on pressent qu’il pourrait culminer et exploser dans une spirale meurtrière à l’échelle du département du Mayo-Sava ». «La perspective d’une série d’incursions n’est plus à exclure», valide le stratège militaire camerounais en poste à Maroua.

Retrouver de la vitalité ?
Sur le coup, c’est sous angle que les choses sont prises par les autorités locales. Selon Midjiyawa Bakari, cela ne renvoie pas à une nouvelle forme de conflictualité. «En soi, ce qui se passe ces derniers jours n’a, rien de bien nouveau. Cela ne signifie, certes pas, que la question ne soit pas digne d’intérêt : au contraire, elle révèle en creux la persistance de Boko Haram dans la région », explique le gouverneur de la région de l’Extrême-Nord approché par CRTV -Extrême-Nord. Et au moment de porter plus avant une nouvelle stratégie, une autre explication de Midjiyawa Bakari permet de dégager dans l’immédiat des manœuvres militaires de grande envergure le long de la frontière Tchad-Nigéria-Cameroun. Dans le fond, le paradigme énonce implicitement le repos sur l’idée d’une mutation du contexte stratégique. Cela a déjà été approuvé par le haut-commandement de l’armée camerounaise, apprend-on. «Il s’agit d’une stratégie mobilisée pour aider à répondre aux enjeux présents ; il est bien vrai que sur le plan purement opérationnel, les stratégies d’aujourd’hui et celles d’hier diffèrent des ressemblances. Mais cette fois, c’est une approche qui doit systématiquement tenir compte des limites et des effets contre-productifs des approches précédentes», souffle un officier du Bir. Cela est d’autant plus urgent que, selon un rapport de l’ISS (Institute for Security Studies) publié en avril 2023, plusieurs anciens combattants et membres sont retournés à Boko Haram. les stratégies d’aujourd’hui et celles d’hier diffèrent des ressemblances. Mais cette fois, c’est une approche qui doit systématiquement tenir compte des limites et des effets contre-productifs des approches précédentes», souffle un officier du Bir. Cela est d’autant plus urgent que, selon un rapport de l’ISS (Institute for Security Studies) publié en avril 2023, plusieurs anciens combattants et membres sont retournés à Boko Haram. les stratégies d’aujourd’hui et celles d’hier diffèrent des ressemblances. Mais cette fois, c’est une approche qui doit systématiquement tenir compte des limites et des effets contre-productifs des approches précédentes», souffle un officier du Bir. Cela est d’autant plus urgent que, selon un rapport de l’ISS (Institute for Security Studies) publié en avril 2023, plusieurs anciens combattants et membres sont retournés à Boko Haram.

Jean-René Meva’a Amougou, envoyé spécial

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