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Diplomatie militaire : londres avance ses pions à Yaoundé

En reliant ses intentions à la lutte contre le terrorisme dans le Bassin du Lac Tchad, le Royaume-Uni masque sa volonté d’opérer à partir du Cameroun afin de rayonner en Afrique centrale.

L’audience au Minrex

En l’espace de deux ans, l’honorable James Heappey a foulé le sol de Yaoundé deux fois. Après avoir séjourné dans la capitale camerounaise le 31 mars 2021, le ministre d’État britannique chargé des Forces Armées y était encore le 24 août dernier. Vue des experts, comment ces allers et retours se présentent-ils? «Ce sont des manœuvres qui ne sont ni à sous-estimer, ni à sous-interpréter», avise Éloge Moungang. Pour l’internationaliste camerounais, «l’évolution stratégique de Londres, illustrée notamment par l’emploi de mesures actives et par un effort diplomatique accéléré et une disponibilité opérationnelle en Afrique centrale, montre bien que le Royaume-Uni veut influencer le géopolitique de la sous-région». Dans ce sens, au-delà de sa volonté à opérer et à rayonner à partir du Cameroun et de son voisinage, Londres relie ses intentions à la lutte contre le terrorisme dans le bassin du lac Tchad. C’est en tout cas ce qu’a clairement laissé entendre l’honorable James Heappey au sortir d’une audience accordée par le ministre délégué auprès du ministre des Relations extérieures chargé de la Coopération avec le Commonwealth, Félix Mbayu le 24 août 2023.

Mais pour Jeune Afrique (JA) du 7 février 2022, il y a plus. Citant une enquête réalisée en janvier 2022 par les journalistes de Declassified UK, le magazine panafricain évoque un appui militaire. «Rien qu’en 2021, six opérations antiterroristes auraient été menées sur le sol camerounais. Nom de code: Cylix, Bacchus ou encore Abbadide», écrit JA. D’après le même média, «documents du ministère britannique de la Défense à l’appui, ils expliquent que cette aide a aussi pris la forme d’entraînements et, plus généralement, d’un « renforcement des capacités » de l’armée combattant notamment Boko Haram et l’État islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap), groupe implanté au Nigeria voisin, mais dont la zone d’influence s’étend au-delà de ses frontières». «Dans le fond, commenteÉloge Moungang, reliée aux calculs et à l’expression des intérêts, c’est une version soft et intègre de projection de force et de puissance».

Ongoung Zong Bella

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