Diplomatie camerounaise : Biya réinvente les effectifs
Via des décrets nommant de nouveaux chefs de missions diplomatiques du Cameroun, le président de la République est en train de rendre obsolètes les habitudes et les dogmes qui sont les siens en la matière.

Depuis peu, un vent de révolution souffle sur la diplomatie camerounaise à l’étranger. On dirait un véritable changement de cap, celui que le chef de l’État veut mettre en pratique sur le long terme. Dernière actualité au moment où nous allions sous presse: la nomination de Madeleine Liguemoh Ondoua au poste d’ambassadeur du Cameroun auprès du Royaume des Pays-Bas. «Avec le mouvement observé, on a peut-être la chance de rompre avec la banalisation de la politique étrangère du Cameroun et essayer de peser avec les cartes qui sont les nôtres», espère Daniel Nkomba. L’internationaliste ajoute: «Depuis des années, garder longtemps et aux mêmes postes nos représentants à l’étranger, la tendance générale a pris la forme d’une institution».
Plan
Vu sous cet angle, il y a un soulagement de voir des personnalités comme Solomon Anu’a Gheyle Azoh-Mbi partir du Haut-commissariat de la République du Cameroun au Canada (où il s’était familiarisé avec le titre de doyen du corps diplomatique) pour l’Afrique du Sud. Selon des indiscrétions glanées au ministère des Relations extérieures (Minrex), le vent du changement pourrait souffler sur d’autres «gros postes» une fois que les gouvernements étrangers, auprès desquels les nouveaux ambassadeurs seront accrédités, auront donné leur agrément. C’est le cas de Pékin (Chine) où Eleih-Elle Etian est le doyen du corps diplomatique africain.
En attendant, Paul Biya n’a pas conclu son casting, même s’il a en tête un plan complet. Ce plan, décrypte Daniel Nkomba, est conçu pour se mettre en marche et occuper un espace diplomatique arrimé à la nouvelle structuration des relations internationales, née de la pandémie du Covid-19. «Dans ses choix, le président de la République fait référence à la crise sanitaire pour mettre en place et coordonner une nouvelle machine diplomatique camerounaise appelée à faire face à des dossiers géopolitiques importants», croit savoir l’internationaliste. Ceci est d’autant plus vrai que le ton employé par des institutions telles que l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) n’est guère engageant: «l’économie mondiale est en danger et s’apprête à affronter «le plus grave danger depuis la crise financière».
Jean-René Meva’a Amougou