Conseil de sécurité de l’ONU : L’Afrique s’oppose au droit de véto
Les chefs d’État africains ont adopté les termes d’une pleine représentation de l’Afrique dans cette institution.

La position commune africaine pour la pleine représentation de l’Afrique au Conseil de sécurité des Nations unies a été adoptée à Addis Abeba, lors du sommet de l’Union africaine (UA). L’Afrique sollicite deux (02) sièges permanents, avec toutes les prérogatives et tous privilèges des membres permanents, y compris le droit de veto ; cinq (05) sièges non permanents.
Cette position commune est conforme à la position commune africaine sur la réforme des Nations unies appelée « le Consensus d’Ezulwini ». Cette réforme a été adoptée à Addis Abeba, le 8 mars 2005, par le Conseil exécutif de l’UA, siégeant lors de sa 7e session extraordinaire.
Choix
Le choix des pays devant siéger sera du ressort de l’Union africaine, qui se réserve le droit de « choisir ses représentants pour l’élection au Conseil de sécurité des Nations Unies. Ces représentants agiront en son nom et procèderont à la sélection des représentants de l’Afrique au Conseil de sécurité. Les critères de sélection des membres africains du Conseil de sécurité sont des questions internes, qui sont du ressort de l’Union africaine.
Ces questions prendront en compte la nature et la capacité de représentation des pays choisis », conclut le rapport du comité des dix chefs d’État et de gouvernement sur la réforme du conseil de sécurité des Nations unies, présidé et présenté par Julius Maada Bio, président de la République de Sierra Leone.
Pour l’UA, l’Afrique s’oppose en principe au maintien du droit de veto, elle pense que c’est une question de justice pour tous et que, tant qu’il existera, il doit être accordé à tous les membres permanents, anciens et nouveaux. Si dès 1976, l’Afrique s’est prononcée pour l’élimination du droit de veto, elle considère néanmoins qu’aussi longtemps que les membres permanents actuels en disposeront, elle devrait pouvoir en faire de même.
L’Égypte s’est toujours montrée critique envers un Conseil à trois vitesses, avec des sièges permanents au rabais, incapables de peser sur le cours des évènements ni de modifier le rapport de force. L’objectif de l’Afrique c’est d’avoir une redistribution des sièges qui tient compte d’une meilleure représentativité des pays en développement, tout en reconnaissant le rôle des acteurs clefs et de leurs contributions aux buts et objectifs des Nations unies. La proposition postule de remédier aux déséquilibres fondamentaux de la composition du Conseil, et semble ménager l’ensemble des protagonistes.
Enjeux
L’Union africaine fait un plaidoyer pour un conseil de 26 membres, dont six nouveaux membres permanents dotés du droit de veto. Cette proposition est plus ambitieuse que celle du G4 (Allemagne, Brésil, Inde, Japon). Les 4 puissants proposent un Conseil de 25 membres, dont six nouveaux sièges permanents sans droit de veto avant au moins 15 ans.
Dans son projet de résolution, l’Union africaine se réserve deux sièges permanents et deux sièges non permanents supplémentaires. En même temps, elle attribue deux sièges permanents et un siège non permanent supplémentaire au Groupe des États d’Asie, ainsi qu’un autre siège non permanent au Groupe des États d’Europe orientale. Les États d’Amérique latine et des Caraïbes hériteraient d’un siège permanent et d’un nouveau siège non permanent, alors que le Groupe des États d’Europe occidentale et les autres États se verrait octroyer un autre siège permanent.
André Balla, Stagiaire
Gestion des refugiés
Yaoundé veut le siège de l’agence de l’UA
Le Cameroun estime avoir de l’expérience en la matière.
En vue de concrétiser sa qualification d’exemple en Afrique en matière de gestion des réfugiés et déplacés, le Cameroun postule à abriter sur son territoire la future Agence humanitaire de l’Union africaine. Sa création est une résolution de la dernière conférence des chefs d’État et de gouvernement de février dernier, et constitue l’une des activités au thème de l’UA pour cette année 2019. Au cours de cette rencontre, la gestion camerounaise, quoique loin des standards internationaux, a été identifiée comme parmi les plus «appréciables du continent».
L’agence aspire à pallier à la gestion deux poids deux mesures des déplacés en Afrique. «Quand on dit agence c’est qu’il y a des fonds et des moyens qui seront justement mis à disposition des États, à l’effet de venir à bout des situations critiques et urgentes telles que l’afflux des réfugiés, rapatriés et déplacés internes. Cette agence sera logée quelque part et le Cameroun ambitionne d’abriter ce siège. Nous estimons en effet avoir suffisamment d’expérience et d’expertise en la matière. C’est ouvert et je crois que tous les États sont candidats» nous précise Simon Omgba Mbida, sous-directeur de l’UA au ministère des Relations extérieures.
Riposte
Avec son million de personnes en situation de besoin humanitaire (au regard des 7 régions en proie à l’insécurité internes ou externes), le Cameroun tente de construire une prise en charge se rapprochant des normes humanitaires. L’année 2019 de l’UA a pour thème «l’année des réfugiés, des rapatriés et des déplacés internes : vers des solutions durables au déplacement forcé en Afrique». Le président équato-guinéen Théodoro Obiang Nguema Mbasogo a été choisi par ses pairs pour en assurer le leadership.
Les chiffres de l’Observatoire mondial des situations de déplacements internes indiquent que l’Afrique représente un tiers des populations déplacées. Cette population se compose comme suit : 6,3 millions de réfugiés et demandeurs d’asile politique et 14,5 millions de personnes déplacées à l’intérieur du continent. Le rapport intermédiaire 2018 dudit observatoire démontre que le continent africain représente plus de la moitié des 8,5 millions de nouveaux déplacés internes que compte la planète.
Zacharie Roger Mbarga
Financement de l’UA
Des incitations pour les États
Un nouveau barème, des plafonnements et des réductions ont été instaurés pour encourager les pays membres à tenir à leurs engagements.
Les 55 États membres de l’UA sont parvenus à un aménagement sur les contributions au budget. En collectant la taxe de 0,2%, les États voient leur contribution plafonnée entre 35 000 000 dollars US (20,2 milliards de francs CFA, pour les plus gros contributeurs) et 350 000 dollars US (202 millions de francs CFA pour les petits contributeurs).
Le nouveau baromètre de contribution se présente comme suit: le niveau 1 concerne les pays dont le PIB est supérieur à 4% ; le niveau 2 implique les pays dont le PIB est supérieur à 1%, mais inférieur à 4% ; le niveau 3 regroupe les pays au PIB inférieur ou égal à 1%. La représentativité des différentes échelles au budget de l’UA en valeurs relatives indique que le niveau 1 représentera 45, 1%, le niveau 2 est évalué à 32, 7% et le niveau 3 constituera 22,1%.
Fonds pour la paix
Au regard de la charge croissante qui pèse sur les États membres, le budget ordinaire pour 2020 sera réduit de 32 millions de dollars par rapport au budget ordinaire de 2019.
Depuis 2017, 89 millions de dollars US (51, 3 milliards francs CFA) ont été versés au Fonds pour la paix de l’UA par les États membres, sur prélèvement de la taxe de 0,2 %. Ces États sont : le Cameroun, le Kenya, le Rwanda, le Ghana, la Sierra Leone, la Côte-d’Ivoire, le Togo, le Mali, le Congo, le Gabon, le Tchad, la Gambie, le Soudan, Djibouti, le Benin et la Guinée.
Zacharie Roger Mbarga