Brigade mixte-Cemac : entrée en service en fin d’année 2024
Lesdites équipes sont chargées d’appliquer les textes relatifs à la libre circulation sur les principales routes transfrontalières de la sous-région.

La Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) se prépare à franchir un pas vers la libre-circulation des biens et des personnes de son ressort. C’est ce qu’augure l’entrée en service en fin 2024-début 2025 de la Brigade mixte-Cemac, appelée à assurer l’effectivité de cette ambition de longue date. A charge pour chaque Etat-membre de constituer sa propre équipe pour la sécurité le long de ses corridors. «La brigade a également pour mission de lutter contre toutes formes d’entraves susceptibles d’être observées sur ces axes-là. Cela se fera à l’aide d’un numéro vert. Les usagers pourront appeler et signaler toutes formes d’abus et là, la brigade pourra se déployer pour des actions», révèle Robert Hilson, commissaire divisionnaire au Comité des chefs de police d’Afrique centrale (CCPAC).
Fonctionnement
Chaque brigade est constituée de cinquante personnes. Cet effectif, soulignait le commissaire à l’occasion des conférences-débats de la Cemac le 19 février 2024, peut être revu à la hausse suivant la longueur du corridor. Ces routes transfrontalières sont à sécuriser. La raison en est que «s’il n’y a pas libre circulation, il ne peut y avoir de transformation structurelle. Or la Cemac œuvre à l’intégration physique, économique et financière de la sous-région. Car comme la théorie économique l’a montré, pour pouvoir mieux se diversifier, il faut nécessairement renforcer l’intégration économique», explique, le Professeur Bienvenue Etienne Akono, conseiller économique principal au Programme des réformes économiques et financières de la Cemac (PREF-Cemac).
Libre circulation
C’est tout dire sur la place qu’occupe la libre circulation dans la dynamisation du marché sous régional. Pourtant malgré la mise en place d’un cadre réglementaire dynamique et d’un dispositif sécuritaire, la mobilité des biens est encore entravée de divers obstacles en Afrique centrale. Dans l’ordre le commissaire divisionnaire cite l’existence de barrières non conventionnelles sur les corridors, faisant intervenir une multiplicité d’acteurs dont la Police, la Gendarmerie, la Douane, les Eaux et forêts, les agents de santé, les administrations locales. «Sur l’axe Douala-Ndjamena estimé à 1800 kilomètres environ, on a comptabilisé 124 postes de contrôles. Pourtant la convention signée entre le Cameroun et le Tchad présente seulement 7 postes de contrôle officiels, dont 4 côté camerounais et 3 côté tchadien. Sur l’Axe Douala-Bangui, nous avons dénombré plus de 30 postes de contrôle alors que normalement il ne devait en exister que 8», Indique Robert Hilson. Dans le tableau que dresse l’officier de policier, ce fait n’est pas l’apanage seul du Cameroun. Le Congo porte aussi son lot de contrôle illégaux. L’axe Ndende-Doussala enregistre 22 points de contrôle; la route Yaoundé-Sangmélima-Ouesso enregistre 25 postes non conventionnels.
Interpol Cemac
L’insécurité constitue elle aussi une entrave à la liberté de déplacements en Afrique centrale. Elle offre un argument suffisant pour justifier les restrictions d’accès à certaines frontières dans un contexte où les conflits tendent à se déporter d’un pays de la sous-région à l’autre; constituant de ce fait un obstacle à l’atteinte des visées liées aux échanges intracommunautaires. A l’occurrence, «la diversification de la base collective de l’économie de la zone. Au-delà du pétrole et des hydrocarbures, aller vers la valorisation d’autres produits de base et d’autres produits du cru», explique Pierre Guillaume Boum Bissaï, représentant-résident de la Cemac. C’est dans cette optique que le projet Interpol Cemac sera mis en œuvre à partir de juillet 2024. Pour l’interconnexion de 40 postes frontières. «Il s’agit d’installer dans ces postes-là un dispositif de contrôle qui permet à l’agent qui effectue le contrôle de connaitre exactement le statut de la personne qu’il a en face. Ce qui veut dire qu’on a la possibilité de connaitre le passé criminel des personnes qui se présentent au poste de frontière». Le projet Interpol-Cemac, vieux d’une dizaine d’années, se concentre sur l’ouverture du système de communication policière sécurisée d’Interpol aux postes de contrôles frontaliers des six pays de la zone. La Brigade mixte Cemac se chargera de la protection des équipements et des postes dans le cadre de ce projet.
Louise Nsana
La Cemac fait le point
S’il est vrai que le Salon international de l’Entreprise, de la PME et du partenariat de Yaoundé (PROMOTE) est un espace de communication, la Commission économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) a su en saisir l’opportunité. L’institution y a fait le point des avancées enregistrées pour permettre au secteur privé de mener ses activités facilement et en toute sécurité. Au chapitre de mesures mises en exergue figurent le réajustement de la politique communautaire d’import substitution, avec un point d’honneur sur les produits du cru et l’adoption du Plan d’industrialisation et de diversification de l’économie. Des points, a-t-on noté au fil de trois jours de conférence-débats avec le secteur privé (les 20, 21 et 23 février 2024), qui concourent au développement des chaines de valeur à fort potentiel d’impact des produits du cru, (à l’instar du manioc) de la filière bois-foret, de l’élevage, la pêche et l’aquaculture; ainsi que dans les domaines fluviaux et maritimes. Tout résultat qui, atteint, donnerait sens au changement de paradigmes amorcés dans la Communauté à l’aube d’une industrialisation de l’Afrique centrale moins centrée sur les mines et les hydrocarbures.
Le secteur privé est plus que jamais convié à jouer sa partition par le biais de la transformation locale des matières premières, le renforcement des échanges intracommunautaires. «Le secteur privé est le moteur de la croissance parce que c’est lui qui tire la croissance. C’est lui qui anime l’économie et qui créé des usines. Il se trouve qu’il y a encore des choses à faire. Il faut des infrastructures, des routes, des chemins de fer, des voies aériennes, le numérique, l’énergie. Ça veut dire que le secteur privé est le moteur de la croissance mais l’Etat doit lui apporter les incitations, l’accompagnement nécessaire pour qu’il puise se déployer. Le défi du secteur privé est de développer de véritables compétences dans la production, dans la transformation, dans les recherches, innovation… pour que le secteur privé joue réellement son rôle lorsque l’Etat aura satisfait aux conditions requises», indique Charles Assamba Ongodo, vice-président de la Commission de la Cemac.
Louise Nsana
2e génération des projets intégrateurs
Certitude sur la disponibilité des financements
La Cemac enregistre déjà les premières confirmations des engagements financiers pris par des partenaires à paris, courant novembre 2023, pour un montant total de 9,2 milliards FCFA.
Chaque fait et geste du Professeur Bienvenue Etienne Akono trahit un sentiment de fierté alors que ce dernier fait le point de l’évolution du 2e programme des projets intégrateurs de l’Afrique centrale. Les émotions du conseiller économique principal au Programme des réformes économiques et financières de la Cemac (PREF-Cemac) sont liées aux aspects financiers de cette actualité. Car chaque pan de son propos tenu le 23 février 2024, nous rapproche on ne peut plus de la concrétisation des engagements financiers des parties prenantes à la table ronde de paris, en novembre dernier. A l’occurrence la Banque européenne de développement (BEI) et de la Banque nordique d’investissement. «Au moment où je vous parle il y a déjà une lettre de confirmation. Ils ont eu du temps pour encore bien pénétré les dossiers techniques que l’on leur avait présentés. Après avoir réexaminé tous ces dossiers techniques, il y a eu une lettre de confirmation qui nous a été envoyée», souligne l’économiste.
Dynamisme
L’on apprend ainsi que la cagnotte de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) à cette table s’élève à 9,2 milliards d’euros. Ce montant est nettement supérieur aux 8,835 milliards d’euros requis pour l’exécution des 13 projets intégrateurs de cette deuxième vague. Soit un gap de 374 millions d’euros. «Si la sous-région parvient à obtenir une telle mobilisation des financements des bailleurs, des investisseurs internationaux publics et privés et même des fonds de pension nordiques, auquel les pays développés font recours pour financer leur développement, ça prouve le dynamisme économique de la communauté. Ça prouve également que les projets qui leur ont été soumis sont de qualité», déclare le Pr Bienvenue Etienne Akono. Pour le prouver, la Communauté peut brandir en toute bonne fois l’expérience de la première génération de projets intégrateurs. Lesquels sont financés par le même mécanisme de collecte à hauteur de 3,8 milliards d’euros. 80% des projets inhérent à cette vague ont démarré en ce jour.
Résultats attendus
Il y a notamment: la mise en place des infrastructures de base propices au développement (transport, électricité, télécommunications), la résilience des économies nationales, le développement des échanges intracommunautaires et l’appui technique et financier aux industries de transformation. Ces visées ont suffi à délier les bourses des partenaires techniques et financiers de la Cemac. À savoir: la Banque de développement des Etats de l’Afrique centrale, BDEAC, (10 projets), la Banque africaine de développement, BAD (4 projets pour 389 millions d’euros); Arise IIP (2 projets pour 300,5 millions d’euros en partenariat public-privé); la Banque mondiale (2 projets); Blend finance (5,6 milliards en partenariat public-privé); la Banque européenne d’investissement, BEI (4 projets), la Banque nordique (3 projets).
La liste des projets à réaliser comprend: la 2e phase du corridor Pointe-Noire-Brazzaville-Ouesso-Bangui-N’Djamena (Congo-RCA-Tchad); l’aménagement et le bitumage de la route Kélo-Pala-Léré-Frontière Cameroun (Tchad-Cameroun); l’aménagement et le bitumage de la route Kougouleu-Medouneu-Akurenam, tronçon Kougouleu-Medouneu sur un linéaire de 168 km (Gabon-Guinée-Equatoriale); l’aménagement et le bitumage de la route Garoua-Boulaï-Baboua sur le Corridor 2 (Cameroun-RCA); le prolongement du chemin de fer entre NGaoundéré et Ndjamena (Cameroun-Tchad); la dernière phase de la construction de la route Ndende-Dolisie sur le corridor Libreville-Brazzaville (Gabon-Congo); la construction des voies d’accès routier au pont route-rail (Congo-RDC); l’aménagement fluvial et portuaire sur le fleuve Congo et ses affluents (Congo-RCA); la connexion électrique Grand Poubara et Imboulou (580 km) (Gabon-Congo); l’interconnexion électrique entre le Cameroun (Bertoua) et la RCA (Boali). La construction d’un port sec à Ebebiyin (Cameroun-Guinée-Équatoriale-Gabon); la construction du port sec de Ngueli (Tchad-Cameroun). Enfin l’appui au développement de la filière bois dans le bassin du Congo (Cameroun-Congo-Gabon-RCA-Guinée-Équatoriale).
Louise Nsana