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Blanchisseries artisanales à Yaoundé : les bonnes affaires des Maliens et Nigériens

Dans les quartiers latins du 4e arrondissement de Yaoundé, ces blanchisseurs sont sollicités à la fois par les étudiants et les habitants.

 

Le manque de temps lié aux activités qui mènent de nombreuses personnes laissent prospérer une activité à Yaoundé, surtout dans les milieux estudiantins. Ajouter à cela le manque de moyens pour faire laver les vêtements dans les pressages : on parle de blanchisseurs qui font du porte à porte. Ce métier de blanchisseur consiste à laver, repasser et déposer les habitudes là où le propriétaire le décide. Les Maliens et Nigériens sont les pionniers de cette façon de faire. «Depuis 15 ans, je fais laver mes habitudes par les ressortissants de l’Afrique de l’ouest. Ils sont très souvent sénégalais et nigériens. Bref, mes habitudes du quotidien sont lavés par eux», explique Jacques Mani, technicien en bâtiment et résident au quartier deux chevaux à Yaoundé 4e.

Bilali, Malien de 35 ans et habitant Ayéné a fait du lavage manuel de vêtements son gagne-pain. À en croire ses dires, il fait un choix stratégique en venant rester dans un quartier latin. La proximité avec les universités lui donne beaucoup de clients. Même si son talent et sa réputation d’excellent laveur de vêtements comptent aussi beaucoup. Bilali est particulièrement sollicité par les étudiants de l’Université catholique d’Afrique centrale et de l’Institut Siantou de coron. «Je lave au moins 200 vêtements par jour. Je commence dès le matin et j’arrête vers 14 heures. J’ai deux heures pour le repassage», explique t-il. Le reste du temps, il le consacre « à la distribution dans les mini-cités ».
Son ami Malik est un Nigérien. Tous les deux habitent le même quartier. Le jeudi 24 août est jour de réfection de sa buanderie artisanale qui est déjà selon lui en piteuse état. Concrètement, il remplace les trois troncs de bois déjà inutilisables par des troncs qu’il a achetés à l’Institut universitaire Siantou en pleine construction. Il veut que cet endroit de travail soit fin prêt parce que la rentrée académique approche à grand pas. «Les étudiants ont commencé à me contacter. Donc, je dois être prêt pour laver les vêtements dès septembre», espère-t-il.
Côté revenus, les deux blanchisseurs nous disent simplement que «c’est un métier qui nourrit son homme, puisque je fais des économies et j’envoie aussi à ma famille», avoue Malik. Mais ceux-là qui sollicitent leurs services disent payer 200 FCFA le vêtement. Il n’y a pas de distinction entre chemises, t-shirt, pantalon ou robe. «Bilali lave tout à 200 FCFA. Toutes les deux semaines, je lui donne 4 000 FCFA pour moi et ma femme», renseigne Amougou Manga, un abonné auprès d’eux. C’est le même discours que tient Hervé étudiant à l’UCAC. La différence est que «les habitudes de marques sont lavés au pressage».

Avantages
Contrairement aux pressings où il faut aller chercher soi-même ses vêtements ou alors donner les coordonnées à une personne pour les prendre à votre place, les blanchisseurs des quartiers, surtout étrangers, font le service après-vente. C’est-à-dire la livraison auprès du propriétaire. Pour Yannick Edang, ingénieur automobile à Continental, «avec eux, le client est roi parce qu’il peut apprécier et donner les orientations sur comment les vêtements doivent être traités».

Risques
Parriche, les étudiants tchadien à l’Université catholique d’Afrique centrale au campus d’Ayéné perdent ses vêtements. Il explique qu’Oumarou, blanchisseur malien, s’est évaporé avec ses habitudes. «J’avais 11 chemises de marque et deux vestes complètes. Je voyage pour le stage à N’Djamena. Je reviens et j’apprends qu’il n’habite plus le quartier». Ce manque de stabilité est un vrai handicap pour eux. Certaines personnes hésitent ou refusent même de leur confier les vêtements. «Je ne peux pas donner mes habitudes aux Ouest-Africains, ils sont très instables. Aujourd’hui celui-là te dit qu’il habite dans le quartier. Demain tu apprends qu’il a déplacé et un autre se présente déjà. Je ne peux pas faire confiance à des personnes pareilles», ajoute Pedro, étudiant équato-guinéen résident à l’ancienne Cami Toyota. C’est le même reproche émis par papa Emma,

André Gromyko Balla

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