LIBRE-PROPOSPANORAMA

Autels, hôtels, motels : comment célébrer la femme dans un contexte de vente du sommeil ?

Par le Père Ngimbus.

Le 15 août est une date mémoire. Elle structure l’imaginaire des peuples. Cette fête participe d’un des grands mystères à travers lesquels l’Église catholique romaine donne à travers La Vierge Marie, l’idée de la femme et sa vision du monde. Loin d’entrer dans l’histoire ayant conduit à la solennisation de ce mystère, il est important de porter l’attention sur Sa signification et le sens qu’il fait circuler dans le monde à partir des Avenues Kennedy, du Carrefour Nkolbisson, du carrefour Ndokotti, Lele à Nkongsamba ou de Mandjack. C’est donc au cœur du monde de la vie que ce mystère doit être compris. Qu’est la virginité dans son immaculée dans une société à l’économie des auberges ? Quelle assomption de la femme dans une société pimentière, entendons, une société des bouffeurs du sexe ?

Toute compréhension n’est féconde que si elle entretient de lancinantes interrogations. Si le mystère de l’Assomption exalte la femme en tant qu’elle est la source qui abreuve l’humanité du salut, la femme n’assume son essence qu’en étant ce ventre dont la capacité de conception donne au monde la parole qui sauve l’homme en faisant de son existence, le lieu de commencements des rêves. Tout porte à croire que femme et salut sont exactement la même chose. La grandeur des peuples, la croissance des hommes sont fonction du majestueux des poésies que la femme introduit au monde. N’est-ce pas en face d’elle que le premier homme naît à l’humanité à travers des grandes imaginations heureuses : « tu es l’os de mes os, la chair de ma chair ». La femme, réalité du salut, ne peut alors être sur la terre que le symbole de ce qui est exalté. En d’autres mots, la présence de la femme ne peut faire et construire l’histoire que parce qu’elle offre à l’humanité la faculté de pouvoir lever les yeux afin de s’engager à construire des assises qui font l’histoire. L’autel dressé ne l’est qu’en tant qu’il est mémoire de la virginité, rappel aux hommes de ce que la femme étant, ne saurait, faute de se rompre dans son essence, renoncer.

La vocation de la femme devient la vocation de toute l’humanité. Il ne serait pas exagéré de dire que le monde est la volonté et la représentation surgissant des imaginations heureuses bourgeonnant à partir des têtes de la femme. Etant cela, la femme est non pas tant le lieu du sommeil de l’humanité mais, le sein qui offre à l’homme les occasions pour marcher. Le sein éveille au sens. La femme-autel est le sanctuaire de création de la dignité et de la fierté d’être. Respirer le parfum de la femme, ce qui est à communier à sa source, consiste à être monde et produire le monde. La femme est la case des rêves ayant la totalité du monde. La femme est femme-monde, voilà le salut, voilà l’assomption de l’humanité. Par elle, l’Assomption signifie pour le monde la capacité d’habité sa mondanéité. Le rêve de la femme-autel enfante toujours le monde dans la vérité des premiers jours. En cette vérité, le beau, le juste et le bon sont en alliance. En la vérité-autel, toutes les vertus, toutes les forces d’être se donnent rendez-vous ! Au rêve de la femme, correspond l’humanité aux premières aubes.

Il n’y a de signification pour un peuple que si elle porte ce peuple à la parole et la parole est l’éveil des peuples. La parole donne donc à naître au neuf. Le champ socio-économique prospère certainement. La certitude de cette prospérité nous conduit à cette évidence : la prolifération des hôtels, des motels et des appartenant meublés. Hôtels, motels et appartements meublés ne sont-ils pas les lieux de sommeil ? Ils le sont en effet. La spécificité de ce sommeil est qu’il est monnayé. Il ne serait donc pas exagéré de dire que la prospérité de ces nouvelles entreprises a désormais l’objet qui les meuble : la vente du sommeil. Les hôtels, les motels comme les appartements meublés sont donc ces boulangeries de vente du pain des assoupissements. Un sommeil vendu est radicalement nourri par les intérêts du sommeil.

Dès lors, les intérêts du sommeil, le sortent du régime du repos, c’est-à-dire de la capacité de renouveler sa marche dans le monde. Les intérêts du sommeil sont ceux d’un divertissement existentiellement décréateur. Tout se passe alors comme si un peuple qui ignore ce qu’est l’effort, ce qu’est la fatigue, fruit d’une option radicale à être et désormais vidé de toute possibilité de choisir, n’a désormais que l’assoupissement comme paradis de construction de son monde. Se coucher sans pouvoir dormir est le tissu existentiel des hommes et des femmes dont le quotidien est privé d’horizons.

L’essor des sociétés par la prolifération des industries de la vente du sommeil, est la trace du stérile. Sans rêves, pas d’enfantement d’hommes travaillant au changement et au progrès du monde. Le commerce du sommeil me semble être le fait des sociétés frappées par une incapacité de passer vers les ailleurs. Les ailleurs enfantent des nouveaux horizons donnant à l’homme l’occasion de se reposer. Le repos n’est tel que s’il est l’instant à partir duquel, un peuple jette un regard neuf sur lui et sur le monde. Ainsi, si la femme ne donne pas à se reposer, elle inféconde l’histoire et stérilise l’histoire. Le propre d’une culture de la vente du sommeil n’est pas seulement dans son incapacité à enfanter un nouvel ordre de l’agir social, il y a encore plus, elle brouille les horizons.

Une société aux horizons brouillés se caractérise par un chômage massif qui fait de la débrouillardise, l’action sociale par excellence. Notre destinée sociale est inséparable de la qualité de gestion de notre capacité à dormir et à se reposer. Faire de la virginité, le lit de fécondation des rêves dans le monde, c’est repenser la femme dans son essence. La société des hôtels, des motels, des appartements meublés, société des assoupissements ne peut que sanctifier les femelles à défaut de célébrer la femme. Dans une culture à l’économie des hôtels, des motels et des appartements meublés, la femme est réduite à un objet de divertissement et non en sanctuaire de contemplation. Un univers truffé d’hôtels, de motels et d’appartements meublés, est un univers sans beauté. La consommation du laid existentiel évacue la capacité de se re-poser, de rêver à partir des nouveaux horizons nés de la contemplation du grand mystère qu’est la femme.

Si la virginité est beauté des choses à l’origine, la femme en est l’œuvre d’art, c’est-à-dire le sanctuaire des nouvelles organisations de sens dans le monde. Orientaliser la vision de l’homme consiste donc à faire de son monde, le monde de la vie. Ce monde est alors la demeure de la rencontre entre le tressaillement et l’exultation des ventres. Les hôtels, les motels et les appartements meublés peuvent-ils se donner comme des lieux qui portent des peuples à l’étonnement devant l’épiphanie du beau ? Que nenni ! La stratégie du ciel enfermé entre quatre murs, liquide en nous la passion pour l’adoration et la contemplation.

La prolifération des industries de vente du sommeil ne peut qu’enfanter les Cynthia FIANGAN. Celle-ci n’est que la proie d’un vaste syndicat des bouffeurs de l’immaculée virginité. Un peuple prédateur de son sanctuaire qu’est la femme, est un peuple qui a pour politique existentielle, le grand appétit de se mentir à soi-même. C’est le trafic de l’immaculée virginité qui produit une société du laid mental qu’incarne une géographie du désordre urbain. Sans appétit esthétique, les chambres closes font des faux idéaux, de la frelation des imaginaires, la marche du sens construisant une histoire sans histoire.

La libération de l’Afrique pose une exigence : sortir des intelligences du jouissif et faire du rêve, le champ d’organisation du jouissif intellectuel. À ce défaut, nous serons ces peuples dont le faire fête ne sera pour nous qu’une défête existentielle. Partout où prospèrent l’économie de la vente du sommeil, la virginité est violée. L’industrie du commerce du sommeil est la carte d’identité d’une société de bouffeurs de sexe. Ici, l’assomption ne peut pas assumer la femme.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *