Augmentation du prix du carburant : ce sont des choses comme ça…
Les Syndicats et Associations de défense des droits des consommateurs ne décolèrent pas après l’annonce d’une augmentation de 15% des prix de certains produits pétroliers.
Valery Ntendi n’aura pas attendu la fin de la concertation entre le gouvernement et la société civile le 02 janvier 2024 pour manifester son mécontentement contre la mesure d’augmentation des prix du carburant. Le représentant du secteur brassicole aux assises de vendredi a quitté la salle des travaux, animé d’un grand courroux. « Il y a un an, nous avions déjà assisté à une première augmentation du prix du carburant. Elle était de l’ordre de 16%. Aujourd’hui on augmente encore le prix de 15% environ. Ce qui veut dire qu’en 1 an on connait une augmentation de l’ordre de 31%. Ce sont des choses comme ça qui énervent !», martèle-t-il. À bien écouter, ce dernier reprend le procès de l’inflation, maintes fois instruit par d’autres opérateurs économiques du pays. Simon Kaldjob, président de l’Association des consommateurs des produits des boulangeries, en donne un aperçu. «Avec cela le prix de la farine, et donc du pain, va augmenter. Nous sommes déçus, lors de la concertation de novembre dernier, nous avions dit que nous devions commencer l’année 2024 avec le prix de 125 FCFA. Nous sommes déjà au deuxième mois et les prix sont toujours à 135 FCFA dans la théorie. Dans la pratique, le pain coûte toujours 150 FCFA. Il y aura un problème, car le prix du carburant impacte tous les autres domaines d’activité», explique-t-il.
Situation
Le Cameroun vient de progresser vers une nouvelle augmentation du prix du Super et du gazoil. Lesquels passent respectivement de 731 FCFA et 720 FCFA à 840 FCFA et 828 FCFA ; nonobstant la demande de la société civile de ne pas excéder la marge de 10%. Les ministres camerounais du Commerce, de l’Eau et de l’Énergie, des Transports, et du Travail et de la Sécurité sociale ont de ce fait rencontré les syndicats et les associations de défense des droits des consommateurs dans le cadre d’une session d’informations. Laquelle pose par ailleurs les jalons d’une longue série de négociations sur la question à travers le pays. «C’était important que les partenaires sociaux manifestent leur patriotisme en adhérant au message du chef de l’État qui expliquait la difficulté pour l’État de continuer à soutenir le poids des subventions de carburant. Les partenaires sociaux demandent que des mesures d’accompagnement soient proposées et que le gouvernement soit disposé à tenir les échanges nécessaires et nous le ferons dès demain. Mais le plus important est que chacun admette qu’il faut que quelque chose soit fait. Faute de quoi demain il n’y aura plus de carburant. Il faut que les taxis circulent. Il faut que l’activité économique continue», a déclaré le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana.
Avis
Le réaménagement des prix des carburants répond à des nécessités d’ordre pécuniaires. Suivant le discours du président de la République le 31 décembre 2023, il est question de faire des économies. « De 2022-2023, on a dépassé la barre du milliard de FCFA en subventions. C’est de l’argent en moins pour la réalisation des infrastructures, pour les investissements visés à préparer le Cameroun de demain. Il est question de réduire les subventions à un niveau acceptable», a indiqué Luc Magloire Mbarga Atangana. Cette situation n’est pas pour rassurer les défenseurs des droits des consommateurs. «Quand on parle de subvention de carburant, ce n’est pas un argent que l’État injecte, mais c’est un ensemble de procédés fiscaux qui sont entrepris pour amortir le prix final à la pompe. De sorte que le prix principal peut être de 300 FCFA par exemple. Et l’État allège les impôts et taxes de façon à ce que le consommateur paie 600 FCFA au lieu de 1000 FCFA par exemple. Nous nous disons que c’est sur le principal que tout devrait se jouer», soutient Valéry Ntendi. Et celui-ci de dénoncer une bifurcation évidente à ses yeux : nous disons «qu’une augmentation de 31% en un an va entraîner une inflation sans nom. Ce qui aura des répercussions sur tous les autres pans de l’activité économique et par ricochet sur les conditions de vie des Camerounais. On pense qu’on aurait dû étaler cette augmentation de 31% sur six ans environ».
La société civile a émis une série de mesures accompagnatrices pour minimiser l’impact de cette revalorisation du prix des hydrocarbures. Ces dernières, apprend-on, touchent « les salaires, le transport urbain et interurbain, et le transport le long des corridors. Ils ont aussi promis de voir ce qu’il ya lieu de faire dans les secteurs fluvial et maritime», liste de manière non exhaustive André Kademogne, représentant de l’Association 12 millions de consommateurs. Conséquence de la hausse du prix du carburant, le gouvernement envisage une revalorisation des salaires de 5%. D’autres mesures sont attendues incessamment.
Louise Nsana