Audrey Valery Voula: «Nos variétés sont adaptées aux besoins des pays du Bassin du Congo»
Le superviseur de la station de l’Irad d’Ébolowa révèle la portée sous-régionale des activités de son institution
Quelles sont les activités de la station Irad d’Ebolowa?
À Nkoémvone, nous faisons principalement dans le cacao, en termes de production, de sélection de nouvelles variétés de cacao, de nouvelles variétés de semences et d’hybridations. Tout le cacao du Cameroun part de Nkoémvone et même de la sous-région Gabon et Guinée Equatoriale. L’histoire du cacao du Cameroun commence à Nkoémvone. Toutes les autres stations le font parce que cela a pris de l’ampleur.
À ce jour, combien de variétés de cacao sont développés ici?
Il y a plus d’une cinquantaine de variétés produites et d’autres sont en pleine expérimentation.
Quelle est la production annuelle des plants?
La station de Nkoémvone en termes de plants de semences de cacao au minimum par an en fonction des capacités et des moyens financiers qui sont mis à notre disposition au moins 300 à 400 mille plants par an. Et nous faisons également dans la distribution des cabosses et là, c’est en moyenne 100 à 200 mille cabosses par campagne. On a deux grandes campagnes par année, la grande campagne et ce nombre de cabosses c’est un minimum. Ce sont les agriculteurs qui n’ont pas les moyens d’acheter les plants qui sont orientés vers cette option et on les accompagne. En leur apportant un accompagnement technique pour ceux qui sont disposés, on leur apprend comment monter une pépinière et dès qu’ils ont les plants, ils font le reste.
Quelles sont les prix des plants et des cabosses?
Une cabosse à l’Irad coûte 400 FCFA actuellement et le plant est à 300 FCFA. Mais une cabosse produit en moyenne 40 plans, Celui qui prend la cabosse est nettement mieux. On produit les plants tous les jours parce qu’il y en a qui n’ont pas d’expertise pour mettre sur pied des pépinières et qui ne veulent pas perde leur temps.
Quels sont les pays qui se ravitaillent ici et le prix?
Essentiellement le Gabon et la Guinée Équatoriale, et la demande est importante. L’année dernière, je n’étais pas encore là, mais, quand je regarde les archives des deux précédentes années, en termes de cabosses, le Gabon a pris 60 milles et la Guinée Équatoriale 40 à 50 milles.
Au Cameroun, les jeunes sont-ils demandeurs des semences?
Depuis un certain temps, les jeunes sont de plus en plus demandeurs, ce d’autant plus que le Grand Sud est une région cacaoyère.
Comment fait-on pour avoir les plants ou les cabosses?
Vous devez émettre le besoin, cela s’exprime sous forme de commande. On vous enregistre et le moment venu, on vous livre. En ce moment, nous avons une demande de 8000 cabosses pour les environs, plus 25 mille pour le Sud-Ouest, sans oublier 8000 plants greffés toujours pour cette région. Ce cacao greffé a une particularité qui est que l’on est sûr de la variété du génotype qui est mise en place et il produit très rapidement par rapport à la graine. Le greffon même en pépinière commence déjà à produire.
Si vous distribuer les cabosses cela signifie que vous avez des champs?
La station Irad de Nkoémvone dispose de 20 champs sur une superficie de 650 ha.
Quelles sont les variétés de cacaos qu’on retrouve à Nkoémvone?
Il y a tellement de variétés depuis les années 60. On compte une cinquantaine, je peux citer le SNK, des clones NO20, IMC60, AMAZ15, IMC67, T60/887, ICS89, SNK109.
Comment les variétés sont-elles choisies? Est-ce le hasard ou bien c’est spécifique aux régions?
Les variétés que nous développons ici peuvent s’adapter dans tout le Bassin du Congo. Mais ce sont celles qui résistent le mieux aux maladies qu’on diffuse. Tu peux avoir une variété qui produit beaucoup, mais si elle est attaquée par les maladies, le rendement sera faible. Pour le choix des cabosses, nous distribuons celles qui sont morphologiquement saines, c’est-à-dire des cabosses qui ne sont pas attaquées par les capsides.
Peut-on s’attendre au développement de nouvelles variétés?
C’est le travail que nous faisons au quotidien. Actuellement, nous avons un nouveau chercheur dont les travaux portent sur l’hybridation du cacao pour sa thèse qui aboutira à la création de nouvelles variétés. Il présentera 6 ou 8 variétés dans trois ou quatre ans.
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Interview menée par André Gromyko Balla