À l’occasion de la fête nationale suisse à Yaoundé : L’ambassade refait l’actu présidentielle
Sans le dire, Pietro Lazzeri a prêté main-forte à la com’ du palais de l’Unité sur les antennes de la télévision nationale.

«Paul Biya, chassé de Suisse». Voilà un peu plus de deux semaines que l’affiche, un rien sentencieuse, tapisse les couloirs de l’opinion publique nationale. Pour qui a suivi la chronique du récent séjour genevois du chef de l’État camerounais, c’est un fait inédit. Ce 19 juillet 2019, Pietro Lazzeri a décidé de «refaire» cette actualité. À Yaoundé, à la faveur de la célébration du 728e anniversaire de la Confédération suisse, l’ambassadeur helvétique accrédité au Cameroun a choisi le verbe haut pour taire cette version abondamment relayée par la presse et les réseaux sociaux. Pour cela, il fallait prendre la parole face aux caméras de la CRTV. Jolie tribune pour dire qu’un Paul Biya, déclaré persona non grata en Suisse relève des fantasmes alimentés par des personnages d’arrière-garde. «Nous avons environ 65 chefs d’État qui viennent en Suisse chaque année. On ne chasse pas les chefs d’État. Quand nous avons des troubles de l’ordre public, des problèmes, nous gardons l’ordre. On ne chasse pas les présidents en Suisse», a-t-il déclaré, comme pour conjurer toutes les interprétations unilatérales, en équilibrant les symboles, en réajustant les faits.
Interrogé sur le fait de savoir si le président Paul Biya est toujours le bienvenu en Suisse et sur l’avenir des relations entre Yaoundé et Berne, l’ambassadeur Lazzeri a été sans équivoque. «Je ne suis pas en mesure de décider où le chef de l’État peut voyager, va voyager ou ne va pas voyager. Je ne travaille pas pour la présidence du Cameroun ni pour le Conseil fédéral en Suisse. Il ne m’appartient pas d’en décider. En ce qui concerne les relations bilatérales, je pense que nous avons des relations très profondes, amicales, intenses. Bien sûr, vous pouvez toujours faire plus dans la vie. Nous avons plusieurs secteurs où nous avons une grande réussite et nous avons d’autres secteurs, par exemple les relations économiques, où nous pouvons faire encore plus», a détaillé Pietro Lazzeri.
On l’aura compris, pour qui sait voir au-delà des apparences communicantes : la Suisse, à travers son ambassadeur à Yaoundé, fait de l’amour de son image le ressort de son mouvement. À grand renfort de symboles, l’ambassadeur helvétique a redonné de l’épaisseur à son pays.
Bobo Ousmanou