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Gouvernement-MRC : Le bras de fer continue

Hors du champ judiciaire, le feuilleton se joue sur d’autres arènes.

«Si les dirigeants du MRC, pour qui défier l’autorité de l’État est devenu le sport favori, persistent à créer des troubles à l’ordre public en organisant des manifestations non autorisées […] le ministre de l’Administration territoriale se verra dans l’obligation d’appliquer les dispositions de la loi N° 90/56 du 19 décembre 1990». En quelques mots, Paul Atanga Nji vient de rappeler, sans ambages, qu’il tient entre ses doigts le destin des partis politiques existant au Cameroun. En surlignant verbalement et explicitement sa primauté sur toute formation politique, le Minat donne chair et sens au pugilat qui continue de mettre en scène le gouvernement d’une part, et le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) d’autre part.

Après l’escalade de défiance animée ces derniers temps par quelques têtes pensantes de cette formation politique, Paul Atanga Nji menace de cracher le pastiche résumé en la suppression du MRC. Toute proportion gardée, il s’agit de cela. Les actualités autour des coulisses de ce bras de fer entre le pouvoir de Yaoundé et ce parti révèlent un Éric Dupond-Moretti très actif. Dépité par « l’inefficacité de tout recours interne et de l’opposition des autorités camerounaises à toute forme de dialogue », l’avocat de Maurice Kamto et de ses partisans incarcérés a décidé de se passer des juridictions camerounaises pour plaider la cause de son client. Il entend saisir le Groupe de travail sur les détentions arbitraires des Nations unies, pour «constater les graves manquements à leurs droits les plus élémentaires». L’avocat français et son assistant, Me Vey, sont convaincus d’un fait : leurs clients sont détenus «de manière totalement illégale», dans des conditions «également illégales et gravement attentatoires à leurs droits fondamentaux».

Selon certaines sources, Maurice Kamto aurait menacé de ne plus se présenter devant le juge si les audiences n’étaient pas publiques. On l’a pressenti le 2 avril dernier, lorsque Mohamadou Mota rapportait la dernière audience des accusés du MRC. Le 1er vice-président du parti décriait notamment «les audiences tenues, une fois encore, dans un bureau exigu, le public et la presse gardés à l’écart par une escouade lourdement armée, l’absence des avocats de la défense».

Chaque fois qu’il s’exprime sur le sujet, René Emmanuel Sadi, le ministre de la Communication, rappelle que celui-ci n’est pas incarcéré pour ses activités politiques, mais «pour des faits de droits communs».

Ifeli Amara

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