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Franc-maçonnerie : La crise anglophone divise la Grande loge unie du Cameroun

À Douala, le 20 avril dernier, les tensions sociopolitiques dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest ont été le sujet segmentant lors de la réunion des « frères » du pays.

Le Grand chancelier de la GLUC, Jean Ernest Massena Ngallè Bibehè

Parce que certains roulent soit pour une sécession, d’autres pour un fédéralisme ou encore pour une décentralisation plus appuyée, les « frères maçons » de la Grande loge unie du Cameroun (GLUC) sont divisés. Ils sont bien loin des amabilités échangées à la fin de leur réunion du 20 avril 2019 à l’hôtel Akwa Palace de Douala. Des indiscrétions bien informées, l’on apprend que ladite rencontre n’a permis ni une discussion saine, ni une délibération sereine autour de deux sujets : ce qui se passe dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest du pays d’une part, et la forme de l’État d’autre part. Du haut de son rang de Grand chancelier de la GLUC, Jean Ernest Massena Ngallè Bibehè a dû se rendre compte de l’incrustation de certaines coteries au sein de ce cénacle feutré.

C’est que, rapportent nos sources, au milieu du fouillis de lectures se rapportant à la crise anglophone, deux groupes s’affrontent dans les allées de la confrérie. Les uns (chefs d’entreprises, avocats, militaires et policiers) veulent d’un débat politique en interne. Les autres, quant à eux, estiment que la GLUC se consacre exclusivement aux recherches philosophiques, ésotériques et symboliques, en même temps qu’elle «travaille» à l’élévation spirituelle de ses membres. Portant la voix des premiers pendant les assises de Douala, Norbert Kesseng pense que «la loge devrait aider le Cameroun, qui semble passer à l’écart de la lumière et est marqué par des mois d’affrontements au Nord-ouest et au Sud-ouest, à s’en sortir et de se replacer dans le concert des nations développées».

Le membre de la loge N°11 de Yaoundé ajoute : «Vu la montée des extrêmes, nous voulons faire des propositions sur la crise que traverse notre pays». L’homme d’affaires camerounais indique que son «groupe» évolue dans l’esprit et la lettre des 24e Rencontres humanistes et fraternelles africaines et malgaches (REHFRAM) du 1er au 7 février 2016 à Douala. Lors de cette édition, les maçons du Cameroun avaient été exhortés à agir davantage et à se prononcer sur les grands problèmes de leur pays.
En face, quelques «frères» aux profils bigarrés. Les coulisses de la réunion du 20 avril à Douala bruissent de leur mobilisation contre le projet de réfléchir sur la crise anglophone. Piqués au vif par certaines attaques, ils brandissent que «la politique politicienne ne se discute pas en loge».

Lobbying
En est-on à voir des indices ou des indicateurs susceptibles d’apparaître comme les marques d’une rupture d’époque ? Pas vraiment. Bien qu’officiellement apolitiques, les loges camerounaises sont paradoxalement des structures politiques. À ce sujet, l’hebdomadaire Jeune Afrique du 2 mars 2016 tient des exemples. En mars 2013, précise le journal, Pierre Moukoko Mbonjo, alors ministre des Relations extérieures et grand dignitaire maçon, a œuvré à l’accueil à Yaoundé de François Bozizé, ex-président centrafricain, chassé par les milices de la Séléka. Dans les mêmes colonnes, il est mentionné que le lobbying des maçons «a parfois joué un rôle qui a permis d’atténuer la violence des conflits».

Dans son ouvrage : «Le Cameroun sous la dictature des loges, des sectes, du magico-anal et des réseaux mafieux : De véritables freins contre l’émergence 2035 (la logique au cœur de la performance)», publié aux Éditions Saint-Paul en 2012, Charles Ateba Eyene (de regrettée mémoire) montre bien qu’au Cameroun, des clubs et laboratoires ésotériques, animés par des hommes de secret et de réseaux, exercent leur influence dans toutes les sphères de la société.

Jean-René Meva’a Amougou

Après son enlèvement et sa libération par les séparatistes

Fru Ndi enverra une correspondance au chef de l’Etat

Le leader du Social Democratic Front est de retour à Bamenda. Après avoir connu des moments difficiles sur la route de Kumbo, où il allait assister à l’inhumation du député Banadzem Joseph Lukong.

 

John Fru Ndi, chairman du Sdf a recouvré sa liberté au environ de 18h34mn samedi 27 avril 2019. A la tête d’une délégation des responsables de son parti, le leader du Social Democratic Front accompagnait la dépouille de l’honorable Banadzem Joseph Lukong en sa dernière demeure à Kumbo, chef – lieu du département du Bui dans la région du Nord-ouest. Chemin faisant, des séparatistes armés de la république fantôme d’Ambazonie ont intercepté le convoi. Après avoir tiré deux coups feu en l’air, ils ont contraint Fru Ndi de les suivre pour un échange avec leur commandant. Les séparatistes ont passé le chairman à l’interrogatoire.

En effet, le supposé commandant a ordonné au leader du Sdf de rappeler ses députés et sénateurs du parlement. Ceci afin de conforter leur logique (des séparatistes Ndlr) à la partition du Cameroun. Le leader du parti du 26 mai 1990 leur a opposé un refus catégorique, insinuant que la présence de ses élus au parlement est le seul forum qui lui donne l’opportunité de parler au président de la République Paul Biya. Malgré les menaces de ses ravisseurs, John Fru Ndi est resté de marbre. Autour de 18h34mn, il a été élargi. Déterminé, le leader du Sdf s’est rendu à la tombe du président du groupe parlementaire Sdf à l’Assemblée nationale.

Cet enlèvement du chairman intervient une semaine après le kidnapping de son frère et de ses deux employés. Ces derniers sont toujours en captivité. Les ravisseurs exigent 6 millions pour leur libération.

A sa résidence de Ntarikon par Bamenda ce matin de dimanche 28 avril 2019, le Chairman a annoncé aux journalistes qu’il enverra une lettre au chef de l’Etat Paul Biya. Certainement pour lui faire part de ce qui s’est passé et proposer des voies et moyens pour sortir de cette crise inextricable.

Zéphirin Fotso Kamga

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