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Affaire Mebe Ngo’o : plus de 270 millions francs CFA de pots-de-vin versés à de hauts responsables

Les rétros commissions concernent un marché de plus de 64 milliards de francs CFA destinés à équiper les armées en matériel militaire.

Edgard Alain Mebe Ngo’o.

Chaque jour qui passe apporte son lot de révélations dans l’affaire de détournement de fonds qui a conduit l’ancien ministre Edgard Alain Mebe Ngo’o et son épouse derrière les barreaux début mars.

Dans son édition en kiosque cette semaine, le magazine panafricain Jeune Afrique complète la liste des personnes en cheville avec l’ancien ministre de la Défense au moment où celui-ci conduisait des marchés pour la livraison et l’entretien de matériel militaire, entre 2006 et 2013, avec Defex, une entreprise espagnole spécialisée dans le domaine.

Manuel Iglesias Sarria, le directeur commercial de cette entreprise au moment des faits est soupçonné par la justice espagnole de crimes économiques. Les soupçons portent sur un contrat de plus de 64 milliards de francs CFA passé avec Defex en faveur du Cameroun.

Ce contrat aurait produit des rétros commissions versées à diverses personnalités camerounaises et étrangères, à l’instar du contre-amiral camerounais Pierre Njine Djonkam et de Philippe Bourcier, un homme d’affaires français.

À travers des comptes offshore, Philippe Bourcier a selon Jeune Afrique, arrosé un certain nombre de hauts responsables camerounais. L’on peut citer Essomba Abanda, cadre au ministère du Travail et de la sécurité sociale. Ce dernier aurait perçu plus de 43 millions de francs CFA. Le colonel Gervais Evengane Foumane, alors attaché militaire du du l’ambassade Cameroun à Paris (France) aurait lui encaissé 22 millions de francs. Le contre-amiral Pierre Njine Djonkam s’en serait tiré avec plus de 9 millions francs CFA. Le contre-amiral était le chargé du suivi de la maintenance des matériels militaires. Son épouse aurait perçu de son côté plus de 3 millions de francs CFA. Quant au général de brigade aérienne Jean Calvin Momha, actuellement chef d’État-major de l’armée de l’air, c’est plus de 17 millions de francs CFA qui lui auraient été versés.

D’autres civils sont également soupçonnés de s’être nourris sur le dos de la bête. Romain Ngongang, haut cadre au ministère de l’Urbanisme et de l’Habitat aurait ainsi encaissé plus de 120 millions de francs CFA.

Blaise Essomba Ngoula, lui aussi responsable central au ministère de l’Économie et de la Planification, plus de 15 millions de francs CFA.

L’affaire implique par ailleurs un ex-conseiller de l’actuel président du Gabon, Ali Bongo Ondimba. Ambassadeur de son pays en Turquie, il aurait déchargé plus de 11 millions de francs CFA. Au Sénégal, l’affaire touche Oumar Gueye, ministre de la pêche, soupçonné d’avoir perçu 6 millions de francs CFA.

Defex n’est pas la seule entreprise dans laquelle le nom de l’ancien ministre Mebe Ngo’o est cité. En France, MagForce, une entreprise française tout aussi spécialisée dans la fourniture d’équipements militaires est sous le coup d’une enquête. Elle est soupçonnée d’avoir versé des rétros commissions à Edgard Alain Mebe Ngo’o, au colonel Mboutou son directeur de cabinet, à Maxime Mbangue et au directeur adjoint de la banque SCB. Toutes ces personnalités sont depuis le 8 mars en détention à la prison centrale de Kondengui.

Bernadette Mebe Ngo’o, l’épouse de l’ancien tout puissant ministre de la Défense est également en détention depuis le 11 mars. Son rôle n’a pas été clairement révélé par la justice. Tout comme le degré d’implication des deux fils de Mebe Ngo’o qui font l’objet d’auditions par les enquêteurs du Tribunal criminel spécial.

Zéphyrin Fotso Kamga

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