Dérèglements climatiques : Ce qui attend le Cameroun dès 2019

Perte de repères liés aux saisons, baisse de la production des fruits, assèchement des vergers et fort taux de mortalité des personnes pauvres; sont à craindre sont à craindre cette année selon les prévisions. 

Certains signes ne trompent pas. «Quand il fait chaud, c’est la fournaise. Quand il pleut, c’est à torrents !», constate Clarence, une habitante de Ngoumou dans la Mefou-et-Akono. Sur le sujet, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) affirme que cette année, des vagues de chaleur et des inondations devraient se multiplier à travers le pays. Selon Ernest Dippah Njoh, consultant dans cette instance, les premières projections révèlent un scénario combinant des jours moins froids, mais pluvieux dans la zone forestière, une accentuation du contraste dans les Grassfields et des courants d’air violents en provenance de l’océan Atlantique.

Conséquences
La plus marquante est sans doute la perte de repères liés aux saisons. «Face à cet effacement des nuances, des anomalies comme celle que nous avons connue au mois de janvier à Yaoundé, des intermittences pourraient perturber un peu plus le cours du temps. Des chaleurs lourdes et des perturbations orageuses violentes, voilà ce qui nous attend» alerte Ernest Dippah Njoh.

De son côté, Martin Awoumou, enseignant à l’École pratique d’agriculture de Binguela (EPAB), dans la Mefou-et-Akono, établit que plusieurs facteurs rendent crédible l’hypothèse de cette modification profonde du caractère spécifique de nos saisons. Selon une étude qu’il dit avoir menée, une quantité impressionnante de plantes ou d’arbres voient leurs feuilles, leurs fleurs ou leurs fruits arriver plus tôt cette année. «Soit une évolution de deux jours et demi depuis 2010, avec moins de fruits qui arriveront à maturité», évalue-t-il.

Même raisonnement à l’Institut de recherche agricole pour le développement (IRAD), antenne de Nkolbisson (Yaoundé 7). Là-bas, l’on atteste que partout dans le pays, les arbres fruitiers fleurissent deux semaines plus tôt qu’il y a vingt-cinq ans. Plus alarmiste, une source au sein de cet institut indique que, dans le Moungo (région du Littoral), 39 à 59 % des zones actuelles de culture du café pourraient subir des changements climatiques assez importants pour les rendre impropres à cette culture d’ici à la fin 2020.

Sur le même vent alarmiste, Ernest Dippah Njoh prévient: «Dans les grandes agglomérations, cela aura aussi des répercussions sanitaires : recrudescence de maladies propagées par les parasites, et allergies en forte croissance conjuguées au fort taux de mortalité des personnes pauvres», précise-t-il.

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