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Discours du 10 février 2019 : Paul Biya, trois en un

Au cours de son message à la jeunesse, le chef de l’État se taille une image d’homme d’une triple époque. 

Paul Biya.

«Pour nos pères fondateurs, ce fut l’indépendance, indissociable de l’unité nationale. Pour leurs successeurs, la mise en place et la consolidation des institutions du nouvel État. Pour la génération suivante, l’avènement de la démocratie et du progrès social. Pour celle d’aujourd’hui, la modernisation de l’économie et la justice sociale». Paul Biya l’a dit sans étaler en grosses lettres son nom dans ce segment de son discours à la jeunesse le 10 février dernier. «Dans ce propos, les années remontent à la surface et portent un chevalier servant qui est l’actuel président de la République», soutient Olivier Otele, militant du RDPC (Rassemblement démocratique du peuple camerounais), le parti proche du pouvoir d’Etoudi.

Dans une analyse inspirée de la psychologie politique, Michel Dooh Priso n’éprouve aucune surprise. «À un stade de sa carrière, dit l’universitaire, il est normal qu’un acteur politique commence à se percevoir comme membre particulier de l’Histoire». Plus fin encore, il souligne que «cette partie du discours présidentiel à la jeunesse montre bien que Paul Biya n’appartient pas à la génération des Um Nyobé et autres». Tout au plus, elle remet au goût du jour une vieille revendication. Décliné dans les années 80 sur les ondes de Radio Monte-Carlo, devant le journaliste Yves Mourousi, son libellé reste clair: «Je voudrais qu’on retienne de moi l’image de l’homme qui a apporté la démocratie et la prospérité au Cameroun».

Évaluation
En clair, pour l’auteur de cette boutade, il y a un intérêt à apparaître comme un étalon générationnel à partir duquel seraient évaluées les autres expériences sociales, politiques. «À la fois, il reste parmi ceux qu’il appelle successeurs des pères fondateurs. Depuis son entrée au gouvernement, il participe à la mise en place et à la consolidation des institutions du nouvel État, à l’avènement de la démocratie et du progrès social, à la modernisation de l’économie et la justice sociale. Cela fait bien trois générations», tranche Michel Dooh Priso, tenant pour preuve le discours présidentiel de fin d’année 2018.

À cette occasion-là, le chef de l’État déclarait alors: «Au cours du demi-siècle qui vient de s’écouler, nous avons édifié progressivement des institutions démocratiques. Nous nous sommes efforcés d’établir la sécurité sur l’ensemble de notre territoire. Nous avons tout fait pour passer d’un modèle économique obsolète à un système plus moderne et plus conforme à notre intérêt national…»

Jean-René Meva’a Amougou

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