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Infrastructure en Afrique : Raila Ondinga pour interconnecter l’Afrique !

L’ex Premier ministre kenyan et candidat déchu à la dernière élection présidentielle a été nommé Haut Représentant pour le développement des infrastructures en Afrique par le président de la Commission. 

Après le Raila Ondinga, président alternatif ou du peuple, préparez-vous au Raila Ondinga conciliateur. Pour l’Union africaine, l’opposant devra s’employer à «soutenir et à renforcer les efforts déployés par les départements compétents de la Commission, et par le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) et ceci, dans le cadre du Programme pour le développement des infrastructures en Afrique (PIDA)» précise le communiqué de l’UA. De manière précise, Ondinga a pour mandat de «mobiliser davantage de soutiens politiques de la part des États membres et des Communautés économiques régionales (Cer), et de favoriser une plus grande appropriation des projets en cours par toutes les parties prenantes concernées sur le continent. Il est également chargé de soutenir les initiatives de la Commission et du NEPAD, visant à encourager un engagement accru de la part des partenaires au développement». C’est un véritable brand ambassador que vient de s’offrir l’UA.

Projets
Raila Odinga a la titanesque mission de faire converger les actions du Nepad (transformé en agence de développement), le Programme pour le développement des infrastructures en Afrique (PIDA), l’Initiative présidentielle pour la promotion des infrastructures… Dans cette perspective, il a aura fort à faire avec l’incompatibilité des programmes économiques des communautés économiques régionales, les stratégies d’émergences des États, et surtout l’agenda d’infrastructure de l’Union africaine.

La conjoncture en Afrique est à la mise en œuvre du plan décennal de l’Agenda 2063, qui contient les projets de dynamisation de la mobilité à l’intérieur du continent. Il s’agit de la Zone de libre-échange continentale africaine, du protocole sur la libre circulation des personnes,du passeport africain, du projet Open sky du Marché unique sur le transport aérien en Afrique, et du train continental à grande vitesse. L’un des dossiers dormants dans ce sillage demeure le retard du corridor transcontinental.

Pour l’Union africaine, M. Infrastructure Afrique jouit d’une «riche expérience politique,d’un engagement soutenu en faveur des idéaux du panafricanisme et de l’intégration africaine, ainsi qu’une connaissance approfondie des questions liées au développement des infrastructures». L’honorable Odinga a occupé nombre de postes cruciaux au cours de sa carrière, notamment le portefeuille de l’Énergie, des Routes, des Travaux publics et du Logement. Il a ensuite officié comme Premier ministre du Kenya entre 2008 et 2013.

Inquiétudes
En pleine réforme de l’Union africaine, et notamment le besoin d’une division du travail entre les États, les Cer et l’UA (Commission, agences d’exécution, organes spécialisés), il se dégage un parfum de récompense politique dans la nomination de Raila Ondinga. Après les élections présidentielles de septembre 2017, Raila Ondinga avait prêté serment comme président du peuple. Le perdant de l’élection présidentielle avait finalement enterré la hache de guerre, après une entrevue avec le président réélu Uhuru Kenyatta.

Autre crainte, à la veille d’un sommet extraordinaire devant plancher sur la réforme de l’Union africaine, des diplomates africains ont indexé la tentation dépensière de la Commission Mahamat. La multiplication des voyages, la taille des délégations et la multiplication des nominations font craindre une boulimie financière, au moment où l’organisation est engagée dans une discipline financière et budgétaire. A-t-on obtenu la voix du Kenya au sommet extraordinaire contre la nomination de l’opposant ? Nothing to know.

Zacharie Roger Mbarga

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