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Lobbying : le Canada dans le Sud-Ouest et le Nord-Ouest

Pistes de compréhension des échanges de Lorraine Anderson avec les gratins traditionnel, religieux et administratif locaux.

Lorraine Anderson avec quelques chefs traditionnels

«Le Canada à Buea». Gravés sur son tweet du 28 avril dernier, ces mots de Lorraine Anderson ne disent pas grand-chose, à priori. Seulement, ce qui intéresse de nombreux observateurs, ce sont des détails exposés (dans l’ordre de son choix) par le haut-Commissaire du Canada au Cameroun. «Conversations importantes entre le Révérend Fonki Samuel Forba, modérateur de la Presbyterian Church in Cameroon – PCC, son équipe; une belle rencontre avec l’imam Alhaji Mohammed Aboubakar; les chefs religieux jouent un rôle si important dans les communautés, en particulier celles qui sont confrontées à des défis liés à des conflits; une visite de courtoisie avec le Gouverneur du Sud-Ouest, M. Bernard Okalia Bilaï», écrit Lorraine Anderson.

«D’un point de vue théorique, l’arrivée de cette dame dans la capitale régionale du Sud-Ouest ne suggère pas autre chose que de simples contacts avec les autorités religieuses et administratives locales», postule Kenneth Njongwen Kume. «Mais d’un point de vue problématique, poursuit l’expert camerounais en médiations internationales, il est intéressant de s’arrêter sur le tempo choisi et le profil des personnes rencontrées par le haut-Commissaire du Canada dans les deux régions anglophones du Cameroun».

Méthode
Pour qui veut bien comprendre, Lorraine Anderson a débarqué dans le Sud-Ouest et dans le Nord-Ouest à l’heure où le besoin de mettre en mots et en pensées est brûlant dans cette partie du Cameroun. Bien plus, la Canadienne ne s’y est pas rendue sans méthode. «Elle a mobilisé un schéma bien classique en matière de négociation dans un conflit. Car toute négociation politique internationale, depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours, comporte à peu près les mêmes phases: une première que l’on pourrait appeler celle des pré-négociations, ou des contacts préliminaires officieux; une deuxième qui constituerait le cœur de la négociation: les pourparlers officiels; et une troisième relative à la conclusion et à l’application d’un accord», explique Pr Belinga Zambo. D’après le politologue camerounais, «il faut, de ce point de vue, partir d’un premier constat, d’une première évidence: le Canada a présenté une offre de médiation entre le gouvernement camerounais et les activistes sécessionnistes anglophones. La seconde évidence, c’est que, après les mésententes avec Yaoundé, le haut-Commissaire du Canada au Cameroun est actuellement dans une approche cognitive qui, sans rejeter les acquis précédents, propose d’explorer d’autres dimensions afin de construire un univers de sens qui sera accepté et légitimé par un certain nombre d’acteurs engagés directement ou non dans la crise anglophone depuis 2016».

Ongoung Zong Bella

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