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Retour de la Commission de la Cemac à Bangui : l’épreuve de feu pour Daniel Ona Ondo

Le président de la Commission de la Cemac fait certainement face à la première crise violente de son mandant. Notamment avec l’épineux dossier du retour de la Commission de la Cemac à son siège initial de Bangui.

 

Daniel Ona Ondo est depuis quelques semaines en froid avec les autorités du pays d’accueil du siège de la Commission de la Cemac. Qui l’accusent ouvertement de manœuvrer pour retarder -à défaut de reléguer aux calendes grecques- la réinstallation de la Commission de la Cemac à Bangui. Une décision de la conférence des chefs d’Etat de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale au cours de leur sommet extraordinaire de Ndjamena en octobre dernier. L’escalade verbale entre les autorités centrafricaines et le patron de la Commission de la Cemac touche son pic ce 27 mars 2018, au cours d’un comité des ministres de l’Union monétaire d’Afrique centrale (Umac), au siège de la Béac à Yaoundé. Le ministre centrafricain des Finances et du budget sonne la charge contre Daniel Ona Ondo. «Le président de la Commission n’a qu’à démissionner s’il ne veut pas venir travailler à Bangui… Un autre gabonais peut occuper le poste», rapporte le CNC citant le premier argentier centrafricain. Pour le ministre Henri-Marie Dondra, en décidant au mois de mars 2018 de la relocalisation provisoire du siège de la Cemac à Malabo, le président en exercice de la Cemac, Idriss Déby Itno, a été induit en erreur par Daniel Ona Ondo.

 

Politique de l’autruche

Les accusations des autorités centrafricaines appellent néanmoins à un questionnement fondamental : les conditions sont-elles réunies pour un retour effectif de la Commission de la Cemac à Bangui ? Les engagements (logistiques et sécuritaires) pris par les autorités centrafricaines pour faciliter l’installation des dirigeants et cadres de la Commission sont-ils respectés ? Où travaillent actuellement Daniel Ona Ondo et son équipe ? Voici des éléments de réponses, à la suite de nos investigations journalistiques. 1-La Commission de la Cemac ne quitte pas Bangui. Où son travail se poursuit. Chaque mois, le président Daniel Ona Ondo y tient une réunion du collège des commissaires. Les réunions de cabinet du président de la Commission de la Cémanc se tiennent également dans la capitale centrafricaine. Selon nos informations, Bangui accueille de plus en plus des séminaires et ateliers de la Cemac. 2-Ce déploiement est toutefois limité par des conditions logistiques et sécuritaires encore très en dessous des standards établis pour les commissaires et les hauts cadres de la Cemac. De fait, les infrastructures d’accueil fiables sont prises d’assaut par les hauts fonctionnaires de l’Onu et de la Minusca. Qui paient deux à trois fois plus cher le prix pratiqués habituellement. Ce qui fragilise l’accès au logement des cadres de la Commission de la Cemac appelés à travailler à Bangui, dont les salaires n’ont pas connu d’augmentation depuis au moins cinq ans. 3-D’où l’option d’une délocalisation partielle et provisoire de la Cemac à Malabo. Après validation de sa proposition par le président en exercice de la Cemac, Daniel Ona Ondo a commis une équipe pour évaluer les possibilités d’une délocalisation provisoire de la Commission dans la capitale de Guinée Equatoriale. Celle-ci présente l’avantage d’avoir déjà accueilli la délocalisation de la Commission de la Cemac les trois dernières années. Les conclusions de cette évaluation sont attendues. Elles seront étudiées. Et permettront de prendre les bonnes décisions dans l’intérêt de la Communauté. 4-En attendant, le budget 2018 de la Commission prévoit une ligne financière qui servira à la réhabilitation des logements de la cité de la Cemac à Bangui. Ce qui permettra à moyen terme d’offrir aux personnels non résidents de la Commission des meilleures conditions et facilités de travail. Autant d’initiatives et bien d’autres qui confirment la bonne volonté du patron de la Cemac à s’installer définitivement à Bangui. Ce que son prédécesseur (M. Pierre Moussa) n’a pas pu faire à cause des contraintes sécuritaires et logistiques mentionnées supra. Et c’est le lieu de souligner que les seules bonnes intentions ne suffisent pas. Chaque partie prenante doit respecter ses engagements, en posant des actes concrets. A bon entendeur, salut !

 

Thierry Ndong Owona

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