CONTRE-ENQUÊTEPANORAMA

Crise dans le NOSO : Les zones d’ombre de la restriction de visa aux USA

Des questions importantes subsistent sur la décision du gouvernement américain d’imposer des restrictions de voyage aux États-Unis aux personnes suspectées de saper la résolution du conflit.

Antony J. Blinken, secrétaire d’État américain.

L’administration américaine a décidé d’imposer des restrictions de voyage aux États-Unis aux personnes soupçonnées de compromettre la résolution pacifique de la crise dans les régions anglophones du Cameroun, rapporte Antony J. Blinken, secrétaire d’État dans un communiqué. «Cette décision reflète notre engagement à faire avancer un dialogue pour résoudre pacifiquement la crise anglophone et soutenir le respect des droits humains. Les États-Unis soutiennent fermement le peuple camerounais et nous restons déterminés à travailler ensemble pour faire progresser la démocratie et la prospérité mutuelle pour nos deux pays», a-t-il déclaré dans un communiqué.

Antony Blinken a également déclaré que les États-Unis continuent d’appeler le gouvernement camerounais et les groupes armés séparatistes à mettre fin à la violence et à engager un dialogue sans conditions préalables pour résoudre pacifiquement la crise. «Il est important que les enfants puissent aller à l’école et que l’aide humanitaire puisse être fournie. Nous exhortons toutes les parties prenantes concernées au Cameroun et dans la diaspora à s’engager de manière constructive et à rechercher une résolution pacifique de la crise».

Cependant, il n’a pas précisé quelles personnes pourraient être concernées par les restrictions de visa. Dans un entretien avec le journal américain Crux, l’évêque George Nkuo de Kumbo a remis en question la pertinence des restrictions de visa. «Ils imposent des interdictions de visa : des interdictions de visa pour qui? Est-ce seulement pour les gens qui sont au Cameroun ou les gens qui sont hors du Cameroun, car il y a des gens au Cameroun qui sont impliqués et il y a des gens hors du Cameroun qui attisent cette crise», a-t-il déclaré. «Il y a des gens aux États-Unis qui, au quotidien, non seulement attisent cette crise, mais la parrainent également. Donc, si l’interdiction concerne les personnes qui sont au Cameroun, comment cela affecte-t-il les personnes qui sont aux États-Unis et qui parrainent cette crise?», s’est interrogé Monseigneur Nkuo. De nombreux membres de la direction ambazonienne sont basés aux États-Unis, où est produite une grande partie de la propagande soutenant les rebelles anglophones.

L’évêque a également souligné que l’appel de Blinken à un dialogue sans conditions préalables était insuffisant. «Quelles mesures prenons-nous pour nous assurer que ce dialogue a lieu? Je suis préoccupé. Nous qui sommes sur le terrain voulons que ce problème soit résolu. C’est un cri de désespoir du peuple. Nous en avons plus qu’assez», a-t-il déclaré. «Les superpuissances peuvent inviter les parties en guerre. Ils ont le pouvoir de le faire. Ils peuvent augmenter la pression, peut-être les sanctions. S’ils sont vraiment intéressés à résoudre ce problème, ce sera fait», a poursuivi Monseigneur Nkuo. «Si la communauté internationale veut vraiment nous aider, qu’elle trouve un moyen par lequel elle peut mettre cartes sur table et dire que c’est là où nous en sommes au Cameroun avec la violence, avec les tueries afin que nous puissions chercher un moyen d’aller vers l’avant», a-t-il déclaré à Crux.

Landry Kamdem

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *