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Gouvernance forestière : Autopsie d’un système

En 226 pages, André Jules Eloundou étale une vaste clairière et y expose les défis du secteur.  Son ouvrage publié chez l’Harmattan Cameroun invite le public à mettre à profit la dynamique  de  préservation des ressources forestières de manière économiquement, écologiquement et socialement durable.

Réfléchir sur ce que les autres savent plus ou moins confusément aurait probablement un arrière-goût de déjà-entendu. Aussi, pour mieux repenser le sujet sur la gouvernance forestière au Cameroun, André Jules Eloundou a décidé de ne pas centrer le contenu de son ouvrage sur les controverses. L’enseignant de l’Université de Maroua (Extrême-nord) place le cadre de son travail dans l’analyse des défis et du rôle des acteurs. « Défis de la politique de régénération et d’aménagement forestiers au Cameroun », le livre qu’il met à la disposition de tous les publics, est une grille d’analyse utilisée pour réfléchir à l’exercice de l’autorité publique et à son évolution, à ses différents niveaux d’intervention. En cinq chapitres, l’universitaire traite des transformations récentes ou actuelles du contexte de production des biens forestiers, qu’il s’agisse des biens privés ou des biens publics, de l’évolution des outils de gouvernance et leurs insuffisances, et de la place actuelle des différents acteurs de la gouvernance.

Selon André Jules Eloundou, au Cameroun, jusqu’au début des années 1990, la gouvernance forestière a pris une place très significative, avec une politique de décentralisation de la gestion des ressources naturelles et forestières. Le choix, explique l’auteur, est justifiée d’un côté par un constat d’échec de la gestion publique centralisée et une prise de conscience collective de la nécessité d’un développement durable.

Hics

Malgré tout, le spécialiste d’histoire économique  et sociale révèle quelques failles : l’insuffisance de la capacité d’exécution est souvent due aux faiblesses institutionnelles couplées à un manque de transparence et de responsabilité dans la mise en œuvre de la politique et des cadres juridiques ; la corruption au niveau du secteur privé, des institutions gouvernementales et des décideurs locaux est liée au manque de transparence dans la mise en œuvre de la politique, la marginalisation des populations rurales, et l’absence decontrôle public  et les distorsions du marché des produits ligneux se produisent sur les marchés intérieurs et d’exportation où l’on trouve facilement des débouchés pour les produits à bas prix illégalement récoltés. De même, ajoute-t-il, les populations locales ne possèdent pas toujours de titres fonciers justifiant leurs droits de propriété ou de bail sur le terrain sur lequel elles vivent.

Sous sa plume, André Jules Eloundou ressort en majuscules les différents conflits d’intérêts entre les divers acteurs économiques tels que l’exploitation forestière et l’exploitation minière d’une part et les intérêts sociaux et environnementaux de l’autre. Chemin faisant, il insiste sur la nécessité de développer et de renforcer les économies locales afin de réduire la pression sur les ressources forestières et de se concentrer sur les communautés locales elles-mêmes afin de créer des conditions de vie durables. IL identifie les opportunités des systèmes standards dans le secteur forestier, spécialement comme un instrument destiné à lutter contre les pratiques illégales et de répondre à de nouvelles perspectives de développement local.

Ongoung Zong Bella

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