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ZLECAF : Adhésion du Nigéria : le lobbying de l’UA

Afin d’éviter l’entrée en vigueur de la Zlecaf sans la première économie du continent, la Commission de l’UA se lance dans une opération de persuasion.

African continental free trade

La dernière action en date c’est l’entretien, dans le Financial Time, du commissaire de l’UA au commerce et à l’industrie, Albert Muchanga. Dans le quotidien britannique, il affirme : «nous encourageons le Nigéria à figurer parmi les membres fondateurs de la ZLEC en ratifiant l’accord avant le 30 mai. La part de l’Afrique dans le commerce mondial augmente grâce à la croissance du marché intérieur. C’est dans leur intérêt de ratifier».

Bien plus, la Commission de l’UA et ses partenaires de la CEA, du CAPC et autres ont mené des fora de sensibilisation, des consultations et bien d’autres. Le quart de ces actions s’est fait sur le continent, à Abuja, dans l’objectif de procéder aux échanges commerciaux sur le continent. C’est dans le but de toucher une plus large palette d’acteurs. Déjà, le Nigéria a repris sa place dans les négociations de la Zlecaf après l’avoir quitté en 2018.

L’UA veut à tout prix éviter le message que renverrait une entrée en vigueur de la Zlecaf sans le Nigéria. Les hésitations du Nigéria tendent à légitimer les tergiversations d’autres États qui y trouvent une justification évidente.

Prudence nigériane
Du côté du Nigéria (plus grande économie d’Afrique et pays le plus peuplé), l’enthousiasme demeure mesuré. On craint que le libre-échange nuise à l’industrie locale, qui bénéficie déjà d’un marché intérieur de plus de 190 millions de personnes.
«Je peux comprendre la préférence de l’UA selon laquelle le Nigéria est un signataire fondateur. Je le comprends tout à fait, car le Nigéria est un point d’ancrage important pour l’Afrique dans son ensemble», a déclaré Mansur Ahmed, président de l’Association des industriels du Nigéria, puissant groupe de pression du commerce. C’est l’organisation ayant appelé le Nigéria à la prudence. Elle mène un bras de fer contre l’Association nigériane des chambres de commerce, de l’industrie, des mines et de l’agriculture qui soutient le projet.

Le président Buhari a mis en place une commission chargée d’étudier les effets de la zone de libre-échange et MAN a déclaré qu’il souhaitait que le rapport soit rendu public avant la signature de l’accord par le Nigéria.

Dans une étude au profit de l’office nigérian des négociations commerciales, l’adhésion du Nigériaà la Zlecaf sera «très avantageuse pour les entrepreneurs nigérians» affirme Muda Yusuf, directeur de la Chambre de commerce et d’industrie de Lagos (LCCI). L’étude a été réalisée par un consortium d’universitaires et d’instituts de recherche. Le rapport liste les nombreux bénéfices que le pays pourrait tirer. Il assure que les objectifs économiques du Nigéria sont les mêmes que ceux établis par la ZLEC.

 

Zacharie Roger Mbarga

Secrétariat de la Zlecaf

7 pays en lice pour abriter le siège

Madagascar, le Ghana, le Sénégal, Eswatini, l’Égypte, le Kenya et l’Éthiopie sont tous candidats pour accueillir le secrétariat de la zone de libre-échange continentale. Depuis deux mois, le département du commerce et de l’industrie de l’UA évalue les aptitudes de chaque pays.

 

L’article 13 de l’accord portant création de la Zone de libre-échange continentale africaine énonce que «la Conférence crée le Secrétariat, décide de sa nature, sa localisation, et approuve sa structure ainsi que son budget. Le Secrétariat est un organe institutionnel du système de l’Union africaine ayant une autonomie fonctionnelle et dotée d’une personnalité juridique indépendante. Le Secrétariat est autonome vis-à-vis de la Commission de l’Union africaine. Les fonds du Secrétariat proviennent du budget annuel global de l’Union africaine. Les pouvoirs et les fonctions du Secrétariat sont déterminés par le Conseil des ministres du Commerce».

C’est le 7 juillet 2019, à Niamey au Niger, au cours du sommet extraordinaire de l’Union africaine que le pays devant accueillir le secrétariat sera connu.

Enjeux
Le secrétariat de la Zlecaf est l’organe de suivi/évaluation de la mise en œuvre de ce projet intégrateur. Au regard de l’envergure de la Zlecaf, c’est une opportunité de visibilité pour le tourisme, l’attrait des investissements, mais aussi la spécialisation professionnelle pour les métiers en rapport avec son objet.

Le Ghana est un candidat déterminé. Pays à la fibre panafricaniste reconnu, il est de notoriété publique qu’il n’abrite aucun organe de l’UA. Le pays a lancé un lobbying offensif à l’échelle sous-régional, régional et continental, en vue d’obtenir le siège. Reçu en audience le 10 mai dernier par le président burkinabé Roch Marc Kaboré, le ministre ghanéen du Développement des chemins de fers, Joe Ghartey, émissaire spécial du président ghanéen, a déclaré : «le Ghana est stable sur les plans politique et économique, et dispose des infrastructures nécessaires en termes de santé, d’éducation pour accueillir un tel organe. Plus encore, le Ghana est très engagé depuis le début pour la mise en place de la zone».

Zacharie Roger Mbarga

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