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2022 - Page 38 sur 48 - Journal Intégration

Journal Intégration

Année : 2022

  • Coupe du monde Qatar 2022: les Lions indomptables ennoblis par les supporters

    Coupe du monde Qatar 2022: les Lions indomptables ennoblis par les supporters

    La nouvelle remontada des poulains du coach Rigobert Song Bahanag face aux Fennecs d’Algérie a été saluée par leurs fans. L’équipe nationale a été auréolée pour sa brillante qualification au mondial qatari.

    Le dicton «impossible n’est pas Camerounais» a pris tout son sens le soir du 29 mars 2022 au lieu-dit  fan zone des anciens Lions indomptables. C’est à la suite de la qualification du Cameroun au mondial 2022. Un résultat obtenu grâce au but salvateur du Lyonnais Karl Toko Ekambi survenu dans les dernières secondes des prolongations. Le coup de griffe ayant porté le score final de la partie à 2-1 en faveur des Lions indomptables du Cameroun. Une victoire acquise à l’issue d’un match épique.

    Ils étaient hommes et femmes venus des différentes banlieues de Yaoundé pour vivre en direct ce match retour des barrages opposant la sélection camerounaise aux poulains de Djamel Belmadi au stade Blida en Algérie. Et ils sont rentrés ivres de joie, malgré le doute après l’égalisation de l’Algérie par Ahmed Touba à la 118ème minute de jeu. «Quel miracle! Je n’en reviens pas, c’est vraiment impensable que nous soyons qualifiés», s’étonne Mélanie Ngah, supportrice des Lions indomptables. «En toute franchise, après l’égalisation des Fennecs, je n’y croyais plus, je n’avais plus espoir en une quelconque qualification du Cameroun pour la Coupe du monde au Qatar. Étant donné que les Algériens ont eu l’ascendance sur notre équipe. Vraiment, je dis bravo à nos valeureux Lions», ajoute  Frank Balemaken.

    En revanche, certains optimistes ont cru jusqu’au bout en la qualification des Lions Indomptables. «Je croyais fermement que le Cameroun pouvait remporter cette victoire, et finalement c’est fait. À travers ce résultat les Lions indomptables ont montré une fois de plus leur force et enseigné au monde et à l’Afrique que face à la difficulté ou danger, impossible n’est pas Camerounais, bravo aux Lions, vous faites la fierté du Cameroun, on est fier d’être Camerounais», se réjouit Frank Ngono, également fan de la sélection nationale camerounaise.

    Un autre supporter pense que la victoire des Lions indomptables est une remontada. Il en veut pour preuve qu’ils ont pu «en deux rencontres, renverser la vapeur. Ils ont été menés au match aller 1-0 à Japoma, ont réussi à égaliser à la première mi-temps au match retour, ont mené par 2-1 et ont réussi à renverser la vapeur. Ces garçons reviennent de loin», explique Jean Baptiste Biayé. Et de poursuivre: «j’adresse mes sincères félicitations à l’équipe nationale qui a su puiser dans ses dernières ressources pour pouvoir se qualifier pour la Coupe du monde Qatar 2022. Parce que les joueurs ont fait preuve de fighting spirit, qu’on leur a certainement inculqué, c’est aussi cela le mental des Camerounais. Aller chercher la victoire loin, ce n’était pas donné, ça passait ou ça cassait. Nous sommes heureux en tant que Camerounais, cela démontre à souhait que le Cameroun est un pays debout, qu’il est dirigé par le président de la République Son Excellence Paul Biya, car le football n’est pas que sportif, c’est un outil diplomatique».

    Management

    La qualification du Cameroun est également le résultat d’un bon management qu’il faut saluer. «120 minutes de suspens, et de haute intensité de match, nous avons rêvé beaucoup de cette équipe, nous avons certes observé des manquements, mais les remplacements du team management géré par le professionnel Rigobert Song nous a montré que nous avons encore du potentiel, et que nous pouvons compter sur son management et sur le nouveau staff technique», conclut Serge Alain Tepa, fan des Lions indomptables.

    Olivier Mbessité

  • Les Africains doivent-ils encore composer  avec des gens qui les méprisent?

    Les Africains doivent-ils encore composer avec des gens qui les méprisent?

    Le littéraire panafricaniste pense que l’Afrique devrait cesser de faire allégeance à l’Occident qui ne lui rend pas la pareille.

    Personnellement, je ne demande pas aux Africains de faire allégeance à Poutine pour la simple raison que ce dernier n’a jamais souhaité pareille chose. Ça, c’est le premier point. Le second point, c’est que les Russes n’ont colonisé aucun pays en Afrique. Au contraire, ils ont soutenu et aidé certains mouvements de libération dans leur lutte contre la colonisation. Il s’agit, entre autres, du Frelimo (Mozambique), du MPLA (Angola), du FLN (Algérie), de la SWAPO (Namibie), de l’ANC (Afrique du Sud), du PAIGC (Guinée-Bissau).

    D’après Africa24monde.com et d’autres sources, Ursula Von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, aurait demandé que l’Europe châtie les 27 pays africains qui se sont abstenus ou ont voté contre la résolution présentée à l’ONU pour condamner la Russie en les privant de l’aide au développement. Pour l’ancienne ministre allemande de la Défense, si l’Afrique n’est pas avec l’Europe, c’est qu’elle est contre elle.
    Je ne voudrais pas parler de la fameuse aide et du développement que les Africains attendent toujours comme Estragon attendait Godot dans la pièce de théâtre de Samuel Beckett. Je voudrais plutôt m’intéresser à la réaction des Africains qui ont lu cette déclaration surréaliste. La plupart d’entre eux ont dit que l’Europe était devenue un État totalitaire aux ordres des États-Unis. Le verbe «devenir» ne me semble pas exact car l’Europe a toujours été totalitaire, antidémocratique, arrogante et condescendante dans son rapport à l’Afrique. Pour s’en convaincre, il suffit d’ouvrir la charte de l’impérialisme dont l’article 3 affirme ceci : «Tout pouvoir dans les pays du tiers-monde émane de nous, qui l’exerçons par la pression sur les dirigeants qui ne sont que nos marionnettes. Aucun organe du tiers-monde ne peut s’en attribuer l’exercice». L’article 7 ajoute : «Tout pouvoir qui oppose la moindre résistance à nos injonctions perd par le fait même sa légalité, sa légitimité et sa crédibilité. Il doit disparaître». Le meilleur se trouve sans doute dans l’article 12 selon lequel «les peuples du tiers-monde n’ont pas d’opinion ni de droit, ils subissent notre loi et notre droit».

    L’aventure ambiguë
    De bonne foi, nos ancêtres et nous-mêmes avons suivi ces gens-là, avons été à leur école pour «apprendre l’art de vaincre sans avoir raison et celui de lier le bois au bois» (La grande Royale dans ‘L’Aventure ambiguë’ de Cheikh Hamidou Kane), avons abandonné nos religions pour adopter les leurs, combattu et perdu la vie pour eux parce que nous croyions que nous étions des frères et des égaux mais le temps nous a montré qu’ils voyaient les choses autrement, que, pour eux, nous n’étions que de la chair à canon, des pourvoyeurs de matières premières et des peuples corvéables et exploitables à merci.

    Hitler
    Le massacre des «tirailleurs» africains au camp de Thiaroye le 1er décembre 1944, la répression des mouvements anticolonialistes, l’assassinat des résistants africains, la mort de Khadafi, etc., malgré le fait que nous fûmes à leurs côtés lorsqu’Adolf Hitler les malmemait et les humiliait, tous ces faits ont conduit Fanon à publier en 1961 ‘Les Damnés de la Terre’ dont voici un extrait : “Il nous faut quitter nos rêves, abandonner nos vieilles croyances et nos amitiés d’avant la vie. Ne perdons pas de temps en stériles litanies ou en mimétismes nauséabonds. Quittons cette Europe qui n’en finit pas de parler de l’homme tout en le massacrant partout où elle le rencontre, à tous les coins de ses propres rues, à tous les coins du monde. Voici des siècles que l’Europe a stoppé la progression des autres hommes et les a asservis à ses desseins et à sa gloire; des siècles au nom d’une prétendue « aventure spirituelle», elle étouffe la quasi-totalité de l’humanité». Certains ont pensé que le Martiniquais exagérait, qu’il avait succombé à la tentation d’un racisme à rebours ; ils ont vu en lui un prophète de malheur et un militant excessif. Les derniers propos de la présidente de la Commission européenne ne lui donnent-ils pas raison ? L’Europe qui ignora Fanon hier fera-t-elle attention à son message aujourd’hui ? J’en doute fort car les peuples totalitaires et impérialistes font rarement leur mea culpa, se remettent difficilement en cause. On ne voit chez eux «qu’entêtement dans l’erreur, persévérance dans le mensonge, absurde prétention de ne s’être jamais trompé, bref une incapacité sénile à se déprendre de soi-même pour se hausser au niveau de l’événement et toutes les ruses puériles d’un orgueil sacerdotal aux abois» (cf. Aimé Césaire, ‘Lettre à Maurice Thorez’, 24 octobre 1956). Le poète martiniquais avait démissionné du Parti communiste français (PCF) parce qu’il ne tolérait pas le silence du PCF sur les crimes de Staline après les révélations de Khrouchtchev. Or un peuple qui refuse de reconnaître ses crimes et de s’en détourner est condamné à perdre son influence. Michel Onfray parle même de décadence : «Je nomme décadence ce qui advient après la pleine puissance et qui conduit vers la fin de cette même puissance. La puissance d’une civilisation épouse toujours la puissance de la religion qui la légitime. Quand la religion se trouve dans une phase ascendante, la civilisation l’est également; quand elle se trouve dans une phase descendante, la civilisation déchoit; quand la religion meurt, la civilisation trépasse avec elle. (cf. ‘Décadence. De Jésus à Ben Laden, vie et mort de l’Occident’, Paris, Flammarion, 2017). Onfray, qui est un homme cultivé, avait probablement lu le texte de la conférence d’Alexandre Soljenitsyne (1918-2018) sur «Le déclin du courage» à Havard en 1978, conférence au cours de laquelle le philosophe-écrivain russe faisait la mise en garde suivante : «Vous, en Europe, vous êtes dans une éclipse de l’intelligence. Vous allez souffrir. Le gouffre est profond. Vous êtes malades. Vous avez la maladie du vide. […] Le système occidental va vers son état ultime d’épuisement spirituel : le juridisme sans âme, l’humanisme rationaliste, l’abolition de la vie intérieure… Toutes vos élites ont perdu le sens des valeurs supérieures».
    La décadence de l’Occident prouve que «l’histoire du monde n’est pas finie»et qu’il nous faut croire avec la Guadeloupéenne Maryse Condé que viendra un jour «où les hommes se rappelleront qu’ils sont des frères et seront plus tolérants. Ils n’auront plus peur les uns des autres, de celui-ci à cause de sa religion ou de celui-là à cause de la couleur de sa peau, de cet autre à cause de son parler» (cf. ‘Le Nouvel Obs’ du 9 juin 2017).

    Russie
    La présence de la Russie en Centrafrique et au Mali ne rassure pas certains Africains qui font remarquer à juste titre qu’il ne s’agit pas de déshabiller Pierre pour habiller Paul, que l’Afrique doit tracer sa propre voie. Personnellement, je ne demande pas aux Africains de faire allégeance à Poutine pour la simple raison que ce dernier n’a jamais souhaité pareille chose. Ça, c’est le premier point. Le second point, c’est que les Russes n’ont colonisé aucun pays en Afrique. Au contraire, ils ont soutenu et aidé certains mouvements de libération dans leur lutte contre la colonisation. Il s’agit, entre autres, du Frelimo (Mozambique), du MPLA (Angola), du FLN (Algérie), de la SWAPO (Namibie), de l’ANC (Afrique du Sud), du PAIGC (Guinée-Bissau). Troisièmement, la Russie possède plus de ressources naturelles que les pays européens et, donc, sera moins gourmande en Afrique. Le quatrième point, c’est que la Russie est militairement supérieure à plusieurs pays européens comme cela a été démontré en Syrie en 2015. Enfin, le respect de la parole donnée et la fidélité ne sont pas des mots creux avec les Russes. Ces derniers n’ont ni la réputation, ni l’habitude d’abandonner leurs alliés en rase campagne. Il est clair que l’Occident aurait eu la peau de Bashar Al-Assad et de Nicolas Maduro (Venezuela) si Vladimir Poutine n’avait pas été là. Se mettre sous la coupe de la Russie et lui demander de nous aider à devenir militairement forts et à nous affranchir progressivement de l’Europe prédatrice et criminelle sont deux choses différentes. Ceux qui critiquent la coopération avec la Russie ne disent pas comment il faudrait faire pour que la France ne puisse plus s’ingérer dans nos affaires. Ils estiment que la Russie ne devrait pas envahir l’Ukraine mais savent-ils que c’est de ce pays que partaient les armes pour attaquer la Syrie, la Libye et le Mali si l’on en croit Charles Gave, entrepreneur et fondateur de l’Institut des libertés ? Trouvent-ils normal que la France, après avoir interdit les médias russes sur son sol, se plaigne de la suspension de RFI et de France 24 par le gouvernement malien pour diffusion d’informations visant à discréditer les autorités de la transition et à monter la population contre elles?
    Certes, «l’heure de nous-mêmes a sonné» (Césaire) mais avec qui pouvons-nous mieux défendre nos intérêts aujourd’hui? Qui peut nous aider à progresser tout en respectant notre vision du monde et notre manière d’être ? Voilà la vraie question.

  • Je m’insurge ! Une crise, plusieurs effets

    Je m’insurge ! Une crise, plusieurs effets

    Paul Ella, président du mouvement panafricain African Revival  revient sur le conflit armé qui oppose la Russie à l’Ukraine. Il dénonce les violations de procédures dans les sanctions prises contre la Russie.

    En marge de la violation flagrante des procédures qui sous-tendent ces décisions, il se trouve bien que les instances occidentales en matière de propagande mensongère sont plutôt mal placées pour donner des leçons en la matière. On se souvient du grotesque mensonge du Général Américain Colin Powell le 5 février 2003 en pleine tribune de l’Onu, brandissant un tube de poudre, soi-disant comme preuve «sûre et fiable» des manœuvres de dissimulation par l’Irak de Saddam Hussein, d’armes de destruction massive et autres activités interdites par la Résolution 1441 du Conseil de Sécurité des Nations unies.

    Dans la crise qui oppose l’Ukraine et la Russie, ou plus justement l’OTan à la Russie, des sanctions d’une certaine «communauté internationale» ont été prononcées par l’Occident, obsédé par sa bonne conscience, avec, entre autres sujets à controverse, l’exclusion de la Russie de la prochaine coupe du monde de football au Qatar, dans un communiqué conjoint des instances faîtières européenne et mondiale, l’UEFA et la FIFA. Il s’agit bien là d’une violation pure et simple des textes législatifs qui sous-tendent ces instances internationales. Le tout premier article des statuts de l’UEFA dans sa version de 2017 stipule en effet que «L’Union des Associations Européennes de Football (…) est neutre sur le plan politique et religieux». Ceux de la Fédération Internationale de Football, dans le même ton, précisent dans leurs articles 13 (Droits des associations membres) et 14 (Devoirs des associations membres), en leurs alinéas respectifs « e » et « b », que chaque membre doit «participer aux compétitions organisées par la FIFA». Mieux, l’article 23-a, exige aux confédérations membres de «rester neutre en matière de politique et de religion» et d’»interdire toute forme de discrimination» (aliéna b). Enfin, la Fifa dans ces mêmes textes fait état de ce que «Le Congrès peut exclure une association membre uniquement à la demande du Conseil si : « a) » elle n’honore pas ses engagements financiers à l’égard de la FIFA, « b) » elle est coupable de violation grave des Statuts, des règlements ou des décisions de la FIFA, « c) » elle n’a plus qualité d’association représentant le football dans son pays.». A l’observation, le cas de la Russie ne correspond à aucun des critères de suspension ni d’exclusion, ni de l’UEFA, ni de la Fifa.
    Dans la même veine, on a entendu la France, par le biais de son ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, prononcer des mesures de proscription de certains médias russes et russophiles, en l’occurrence Sputnik et RT (Russian Today), confirmées par la Présidente de la Commission Européenne, Ursula Von Der Leyen. L’argument avancé étant que ces canaux de communication «plantent la graine de la division» et constituent des instruments de «propagande» de la guerre. En marge de la violation flagrante des procédures qui sous-tendent ces décisions, il se trouve bien que les instances occidentales en matière de propagande mensongère sont plutôt mal placées pour donner des leçons en la matière. On se souvient du grotesque mensonge du Général Américain Colin Powell le 5 février 2003 en pleine tribune de l’Onu, brandissant un tube de poudre, soi-disant comme preuve «sûre et fiable» des manœuvres de dissimulation par l’Irak de Saddam Hussein, d’armes de destruction massive et autres activités interdites par la Résolution 1441 du Conseil de Sécurité des Nations unies. Suite à ces «révélations», Saddam Hussein sera sauvagement et publiquement pendu, et son pays dévasté par les bombes américaines, avec un bilan de près d’un million de morts civils. Le même scénario mensonger sera servi pour éliminer Mouammar Kadhafi en 2011 (sous le fallacieux prétexte d’un génocide programmé contre sa population) en mondovision pour qu’on se rende ensuite à l’évidence qu’il s’agissait d’une autre arnaque médiatico-géopolitique.
    Dans des cas similaires souvent bien plus affligeants, on n’a pas vu une telle détermination à punir les responsables. Les sanglantes agressions occidentales en Afghanistan, en Irak ou encore en Lybie, en Syrie, en Serbie… orchestrées par les Etats-Unis et l’OTAN, n’ont jamais inquiété aucun des pays impliqués quant à une quelconque sanction sportive, ni aucun média occidental censuré pour propagande mensongère de guerre. En revanche, on se souvient qu’en 2017, à la demande de la Palestine à la FIFA d’infliger des sanctions à l’encontre de six équipes du championnat israélien basées dans les colonies de Cisjordanie, le même Président actuel de la plus haute instance du football international, Gianni Infantino, qui vient de prononcer la privation de la Russie à la Coupe du monde 2022, avait rétorqué que la Fifa était tenue au «devoir de rester neutre dans les questions politiques». Des sanctions lourdes ont même souvent été prononcées à l’encontre de sportifs ou publics sportifs arborant des insignes politiques dans les stades ou en dehors, par ces mêmes instances aujourd’hui si promptes à exclure les Russes. Les occidentaux y vont même jusqu’à se saisir des biens et fortunes des Russes respectablement installés dans leurs pays respectifs, ou des artistes et autres intellectuels, sous la seule faute de leur appartenance à l’Etat russe. Il y a désormais en occident, auto-proclamé terre des droits de l’homme et de la liberté d’opinion, un crime de citoyenneté russe, sans loi ni procès…

    Et l’Afrique alors ?
    Le bon sens suggère que, si vous regardez brûler la maison du voisin sans rien faire, la prochaine sera la vôtre, car comme le disait à juste titre Albert Einstein, «Le monde ne sera pas détruit, non par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire». C’est avec un certain étonnement mêlé d’affliction qu’il m’est fait écho de la posture de certains leaders d’opinion africains faisant état de ce que, dans cette crise en Ukraine, les africains ne sont en rien concernés, ni de près ni de loin, et ne devraient, de ce fait, pas s’en préoccuper. J’observe alors avec tristesse que les africains n’ont jusqu’ici pas encore tiré les leçons du passé, faute de convoquer les faits historiques éloquents qui témoignent à suffisance des dommages collatéraux structurels multiformes sur l’Afrique, des situations mondiales qui, en apparence, ne nous concernaient pas. Je note que, le 2 mars dernier, lors du vote à l’Onu de la résolution sur l’action en Ukraine de la Russie, sur les 193 pays membres, 35 pays se sont abstenus de condamner l’«agression contre l’Ukraine», parmi lesquels 17 pays africains dont le Cameroun, l’Erythrée étant le seul pays africain sur les cinq ayant voté contre. A saluer donc, cette sagesse de certains dirigeants africains qui ont refusé de mimer aveuglement les postures occidentales. Face à la nuée de critiques et la mise au ban de ceux qui ont refusé de se soumettre au diktat de la pensée unique universelle, chaque esprit libre et défenseur des libertés se doit de dénoncer ces manœuvres d’influence de l’occident.
    Dans cette crise comme dans d’autres, l’alibi de la démocratie et des droits humains dans la mobilisation occidentale à grands renforts médiatiques est une insulte de trop à nos intelligences. Il n’est plus pardonnable de retomber indéfiniment dans les mêmes pièges dont l’Afrique a maintes fois été victime tout au long de son histoire. Les seuls enjeux pour l’Occident dans cette crise comme dans toutes les autres sont géostratégiques. Il n’est donc pas acceptable que l’Afrique continue de passer pour un faire-valoir dans cette situation au regard de la reconfiguration conséquente de la géopolitique mondiale.

    La nécessité de l’action
    Je dénonce avec force la répugnante vision manichéenne du monde qui consiste, par la christique rhétorique des droits de l’Homme et de la démocratie, à assimiler les fantasmes impérialistes occidentaux à des nécessités vitales pour l’humanité entière.
    Je m’indigne face aux silences coupables en Afrique de la Société Civile, des intellectuels, des leaders d’opinion, des partis politiques, sur cette prise en otage manifeste de nos droits et libertés dans des décisions aussi graves sans consultation préalable des Etats-membres des différentes instances internationales qui font le jeu d’un seul camp auquel elles semblent tout acquises.
    Je déplore l’instrumentalisation honteuse du sport et des médias par les détenteurs exclusifs de la vérité officielle dont l’arrogance et la condescendance constituent un réel danger pour l’avenir du monde.
    Je m’offusque de ce qu’aucun pays africain ne prenne des mesures appropriées pour dénoncer les abus répétitifs de l’Occident dans ses délires de préservation de ses seuls intérêts au mépris ostentatoire des droits humains et des libertés. Les pays africains devraient boycotter la coupe du monde prochaine et toutes les compétitions internationales, non pas en soutien de la Russie, mais en exigence du respect des textes et procédures, car nul ne peut jurer de qui sera la prochaine victime des obsessions et lubies occidentales.
    Je fustige l’écœurante hypocrisie des médias occidentaux qui ne font écho que très partiellement et partialement d’une situation de conflit, avec une omission délibérée de la réalité dans son intégralité temporelle et factuelle ; d’autant plus que cette crise ukrainienne tient son origine de la malfaisance, de l’arrogance et du mépris des occidentaux vis-à-vis de la Russie, comme d’ailleurs des autres peuples du monde, dans leur volonté séculaire d’imposer à tous leurs vues, non sans s’exonérer du respect eux-mêmes des règles du droit international ou de la démocratie qu’ils brandissent à tous vents comme l’étendard de leur civilisation et la justification de leurs crimes à travers la planète.
    Cette autre situation de crise aux impacts géostratégiques importants pour l’Afrique appelle un certain nombre de réflexions et d’actions conséquentes à portée structurelle. Il est urgent de s’organiser pour sortir de la dépendance préjudiciable des systèmes financiers et médiatiques occidentaux. Hormis l’orientation subjective avérée des médias occidentaux aux ordres de la puissance tutélaire américaine, la partialité affichée des réseaux sociaux les plus connus et les plus utilisés qui censurent à tour de bras tous ceux qui ne se soumettent pas aux injonctions de leurs mandants, appelle des alternatives sans délais. De plus, sur le plan économique, l’exemple de la Russie exclue du système de paiement international SWIFT, mais tout récemment celui du Mali avec le blocus de la BCEAO, doivent nous interpeller. Lorsque des sanctions vont jusqu’à toucher les systèmes et mécanismes financiers pour paralyser des économies, il est certainement naïf de ne pas songer à des solutions alternatives et autonomes pour l’Afrique et par les africains eux-mêmes. La crise sanitaire du Covid d’abord, et maintenant la crise ukrainienne, offrent à l’Afrique l’occasion idoine de s’organiser à l’intérieur du continent pour briser cette dépendance nocive à quelque puissance extérieure. L’Afrique ne peut plus se contenter d’être une simple caisse de résonance des caprices et desideratas d’un Occident de plus en plus égocentrique et égotique. La jeunesse africaine, principale concernée par les dramatiques conséquences à venir d’une Afrique méprisée, a l’impérieux devoir de se mobiliser pour une Afrique forte, qui impose le respect et ne se laisse plus dicter des lois venues d’ailleurs, mais choisit de tracer son propre chemin.

  • Recensement à la DGSN : Enfin, il se passe un truc !

    Recensement à la DGSN : Enfin, il se passe un truc !

    Au cœur des enjeux de l’opération de comptage physique et numérique des personnels policiers.

    En application des directives contenues dans le message radio-porté daté du 21 mars 2022, toutes les listes numérique et physique des fonctionnaires de police devraient déjà être mises à la disposition de la Direction des ressources humaines de la Délégation générale à la Sureté nationale (DGSN). Sur ordre de Martin Mbarga Nguélé, le patron de cette administration publique, le casting a mis au travail inspecteurs généraux, inspecteurs de la Sûreté nationale, directeurs et assimilés, délégués régionaux et chefs de division et de cellules. Tous ont mené l’opération de comptage physique des policiers sous leurs ordres, dans leurs unités ou services. Les objectifs affichés sont grandioses et dignes d’être appréciés, confient plusieurs sources astreintes au dit exercice. D’un côté, apprend-on, il y a l’amélioration de continue de l’action collective et professionnelle dans le sens de la qualité; et de l’autre la confection d’un fichier actualisé des personnels de la DGSN.

    Tout voir, tout contrôler
    De façon plus pratique, dans le dispositif de recensement construit à des fins de contrôle, Martin Mbarga Nguele, le DGSN, a insisté sur les informations personnelles et professionnelles de base (nom et prénoms, date et lieu de naissance, grade, référence de l’acte de promotion audit grade, ancienneté et position actuelle du fonctionnaire de police). Au cœur des enjeux, la maîtrise des effectifs du corps. Au demeurant, assure un haut-gradé, «l’opération ne tient pas à une quelconque fantaisie du moment; elle prend place dans le processus de modernisation en cours au sein de la police camerounaise et vise à aider le gouvernement à élaborer ses politiques sécuritaires ainsi qu’à budgétiser les dépenses y relatives». La suite rappelle que «sans chiffres, on ne peut ni fixer des objectifs quantifiés, ni définir des indicateurs de performance, ni exercer de contrôle sur le résultat, ni évaluer le degré de réussite d’une politique publique. Bref, sans chiffres, il n’est possible ni de justifier ni de concrétiser l’idée que l’action publique peut être soumise au principe d’efficacité».

    «Pluralisme managérial»
    Prises par ce bout, la vérité de l’opération ne s’offre pas si aisément à découvert. Selon nos informations, l’initiative coordonnée par Martin Mbarga Nguele a été ordonnée (dans l’urgence) à partir de la présidence de la République. À la DGSN, signale-t-on à Étoudi, la tricherie ne manque pas, surtout lorsqu’il s’agit de profiter de l’aide de l’État, des avancements et promotions. Nos sources révèlent que le cœur du problème s’exprime sous la forme d’accumulation de plaintes dénonçant diverses iniquités. L’on soupçonne celles-ci d’avoir bon dos grâce à une architecture institutionnelle servant de terrain d’affrontement à des clans. «Pour les affectations, avancements, matériels roulants et bons de carburant, chaque noyau a ses propres méthodes de sélection, ses propres quotas de bénéficiaires; c’est ce pluralisme managérial avec toutes ses incohérences que l’on veut démanteler en réalité», dénonce par exemple un flic. Avance-t-on vers une redistribution des cartes à la DGSN dans les brefs délais, rien n’est moins sûr en tout cas.

    Jean-René Meva’a Amougou

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  • Cameroun : Des pavés écologiques pour donner une nouvelle existence aux plastiques

    Cameroun : Des pavés écologiques pour donner une nouvelle existence aux plastiques

    C’est la seconde vie donnée par la Fondation Albert Roger Milla aux emballages plastiques pour être utiles aux travaux routiers des Collectivités territoriales et décentralisées. Une activité qui porte de plus en plus des fruits en dépit des difficultés.

    Assainir l’environnement des matières plastiques, est le crédo de la Fondation Albert Roger Milla. Au regard des déchets plastiques qui jonchent les artères de la capitale politique et les égouts avec pour conséquence immédiate les inondations, et les maladies. Elle n’entend pas rester indifférente, voire insensible et marque au quotidien ses empreintes pour restaurer dame nature. Pour ce faire elle recycle les emballages plastiques en vue de leur donner une seconde vie». Notre travail consiste à valoriser les déchets plastiques en pavés écologiques, c’est notre spécialité, on ne fait uniquement que dans la fabrique cette matière ici à la fondation», explique Patrick Ndombo Chef de département du Développement Communautaire et Suivi Evaluation des Projets. Il faut noter que pour avoir cette matière finie «On envoie nos équipes dans les ménages, dans la rue et dans les égouts pour la collecte des emballages plastiques qu’on traite, après mélange avec du sable pour avoir un pavé écologique qu’on utilise pour les travaux routiers, au sein des Collectivités Territoriales Décentralisées, qui sont d’ailleurs nos partenaires avec qui nous travaillons au quotidien», ajoute Patrick Ndombo. Ces pavés écologiques sont moins connus du public, raison pour laquelle «Seules les Collectivités Territoriales et Décentralisées, nous sollicitent pour des raisons d’utilité publique et certaines Organisations Non Gouvernementales qui souhaitent nous apporter le soutien.

    Source d’emplois
    Le recyclage des emballages plastiques, génère des emplois. Etant donné qu’à la Fondation Albert Roger Milla au terme « des formations que nous donnons aux jeunes, il y a ceux qui finissent par se mettre à leur compte personnel, en ouvrant leur atelier et se lance également dans le recyclage des plastiques pour enfin produire des pavés écologiques», se réjouit le Chef de Département du Développement Communautaire et Suivi Evaluation des Projets. «Et de poursuivre à partir du moment où l’on dépollue l’environnement et que cela génère des emplois nous trouvons cela bien, et cela nous permet d’accompagner les pouvoirs publics dans la lutte contre le chômage et la pauvreté en milieu jeunes.

    Difficultés
    Déjà mentionné supra les pavés écologiques restent inconnus du grand public «Les gens ne sont pas suffisamment sensibilisés sur le produit, du coup la demande reste faible. Les ménages ne sont pas sensibilisés sur la manière de se débarrasser des emballages plastiques. Comme c’est le cas en Europe où les ordures sont compartimentées, il y a un sac pour les plastiques, un sac pour les bouteilles cassables et un sac pour les déchets organiques, lorsque les déchets sont classés ainsi, il est plus facile de faire le tri. En revanche au Cameroun tout est mélangé matière organique, bouteille et autres c’est une grande difficulté pour la collecte. La tache devient ardue», regrette Patrick Ndombo. «Et de reconnaitre que pour le moment le prix du pavé écologique reste encore très élevé le prix est de 10000 FCFA contrairement au pavé en ciment c’est ce qui justifie la réticence au sein des populations».

    Olivier Mbessité

  • Transport interurbain: Du miel aux lèvres pour les opérateurs

    Transport interurbain: Du miel aux lèvres pour les opérateurs

    Les mesures prises pour faire face au coronavirus, ont permis d’augmenter le tarif du transport dans le pays et de réduire le nombre de passagers. Après l’accalmie, les transporteurs des villes voisines de la capitale ont repris leur surcharge en maintenant les prix-dits Covid. Les passagers paient le prix.

    S’il y’a une corporation qui se délecte de l’après Covid-19, c’est bien les transporteurs interurbains qui opèrent dans les périphéries de Yaoundé. Notamment ceux qui desservent les localités comme Mfou Obala, AWAE, Akono bref là où l’on ne trouve pas d’agences. Selon les passagers comme Mr Kounou enseignant au lycée de Mfou, mais résident à Yaoundé, cette situation existe depuis la rentrée : «Nous subissons les abus de tout genre surtout à la gare d’Awae», nous confie le professeur d’histoire de géographie.

    Awae escalier
    Nous sommes dans le 4e arrondissement de Yaoundé ce vendredi 25 mars, il est 7h 10 minutes, nous assistons à un spectacle : une querelle entre les chauffeurs et les passagers au carrefour Awae escaliers qui dessert la ville de Mfou. « Comment vous mettez 4 personnes derrière et deux devant », déclare une dame « si tu veux, tu descends de ma voiture madame ne me dérangez pas » rétorque le chauffeur, « pourtant vous prenez 500 f ; ce n’est pas normal avant on payait 400 f pour le même nombre de place», réplique la dame. Ce cas est loin d’être le seul dans cette partie de la ville.

    Mvog-Mbi
    Dans cette partie de la ville l’on retrouve plusieurs stationnements dont celle qui dessert la ville d’Awae et ses environs en face de l’institut supérieur Siantou. Papa jean, sexagénaire, un chargeur et censeur, nous dis qu’ils n’ont pas le choix pour pouvoir tenir le cout de la rentabilité» les policiers, les gendarmes et la prévention routière ne nous laissent pas dont nous surchargeant», il poursuit en nous révélant que « nous payons par jour 500 f comme frais de passage aux hommes en tenu et 500 aux différentes préventions que nous voyons sur la route ». Pour andré Andjongo habitué ressortissant de cette localité «le corona les enrichis, mais sur le dos des passagers».

    Ahala
    Au lieu-dit barrière dans le sur la nationale numéro 3 dans le troisième arrondissement de la ville de Yaoundé, pour échapper aux blâmes de leurs présidents, les chauffeurs qui font le clando pour Mbankomo et ses environs dans le département de la Mefou et Afamba , ont une autre astuce», ils préfèrent normalement charger : 3 et 1 avant. Mais en route, ils complètent les places et à l’arrivée la voiture est surchargée», résultat des courses PLUS 800 f dans leurs portes monnaies.
    Les autorités sont ce sur qui les populations se réfèrent chaque fois, et toute tentative de discuter avec les autorités régionales chargées des transports n’a pas abouti. Entre temps les populations de Mfou ou d’Obala payent le prix fort.

    André Balla Onana

  • La farine locale s’empare des fours et des moulins

    La farine locale s’empare des fours et des moulins

    Avec la flambée des prix des céréales dans le monde, la résilience alimentaire camerounaise s’exprime par une consommation en augmentation du made in Cameroun.

    «Pain Kumba» fait à base de patate, beignets de maïs, les vendeurs de ces produits voient leurs demandes en hausse. Cette situation est lie en partie à la situation géopolitique internationale, notamment la guerre en Ukraine. Du coup, les produits locaux retrouve une certaine résurrection. «Depuis le mois de janvier, l’huile de palme a baissé sans oublier le manioc, seul la banane coute chère. Mais depuis quelque temps, je vends plus rapidement que d’habitude», affirme Ndemba, vendeuse de beignet de manioc depuis le mois de janvier 2022. Il est 7 h30 nous sommes à Ekounou, lieu-dit «Deux Chevaux», Matilde Mengue, une vendeuse est assailli par les personnes se trouvant au carrefour et en 10 minutes le seau est vide. Vivianne Mendouga «mami makala» comme elle se fait appeler, affirme avoir adopté une nouvelle stratégie: «Je suis obligé d’utiliser les plastique noires et un sac backo et je fais le tour chez les clients, afin de dissimuler les beignets et ne pas être dérangée en route».

    Maïs et patate
    Les beignets de maïs sont aussi de la partie, pour les vendeuses, la plupart se ravitaillent chez les producteurs locaux et le sourire est aussi sur leurs visages. «J’ai même baissé la grosseur des beignets je ne te mens pas. Nous sommes aussi le pain», confirme la cinquantenaire qui a son comptoir à Bonas au quartier Ngoa Ekele.
    Le pain de Kumba n’est pas en reste. Okafor, fabricant originaire du Sud-ouest, nous confirme qu’il était basé à Obili. À cause la forte demande, il se retrouve aujourd’hui à Coron. «Je suis un vendeur mobile mais depuis un certain temps je suis ici au Carrefour Coron et je vent bien. Mon bénéfice est à presque 10 000 F», avoue le jeune trentenaire. Ce produit dont la farine est fait principalement par la patate douce produite au Cameroun.

    Inquiétude
    Mama Mado, vendeuse de beignets au carrefour à Mvog-Mbi a un souci: l’approvisionnement à long terme. «La livreuse est déjà en train de nous dire que si les frontières de la Guinée Equatoriale et que les Gabonais proposent mieux on va subir», nous confie la dame. Plus encore, le projet manioc lancé dans la fin des années 2010 par le centre technique de coopération agricole et rurale n’a pas connu une évaluation et la communication à ce sujet n’est pas active. Du coup, «seuls les petits producteurs et les exploitations familiales ravitaillent les vendeuses de beignets.

    Lire aussi: Farine de blé : L’État au four, les meuniers au moulin

        André Balla Onana 

  • Ramadan 2022: Allier la foi au contexte

    Ramadan 2022: Allier la foi au contexte

    La poussée inflationniste façonne un autre rapport entre les fidèles musulmans et leur pratique religieuse. Incursion chez les ressortissants ouest-africains basés à Yaoundé.

    Dans quelques jours la communauté musulmane entame son mois de ramadan. Un moment important. «Le ramadan débute le 2 avril prochain. Il symbolise un moment de piété et de mortification charnelle. C’est un mois sacré pour tout musulman, c’est un mois spécial», rappelle Niambele Bako responsable de la communauté malienne. En prélude au mois de jeûne, bon nombre de fidèles musulmans se préparent en conséquence. Surtout qu’à l’heure actuelle, les denrées alimentaires sont en hausse, la vie devient de plus en plus difficile. «On fait avec le peu qu’on a. Chacun tient compte de ses revenus journaliers et mensuels, il faut éviter d’être dispendieux», ajoute Niambele Bako. S’il est vrai que la charité bien ordonnée commence par soi-même, il n’est pas exclu d’aider ceux qui sont dans le besoin «Il existe l’entraide entre nous les Maliens et les autres communautés au Cameroun. Pour ce faire ceux qui ont les moyens peuvent acheter cartons de sucre et autres denrées alimentaires et partager aux nécessiteux de notre communauté, aux Camerounais, et aux autres fidèles musulmans ou non musulmans. Puisque derrière ce geste solidarité agissante il faut préciser on obtient assez de bénédiction. Si tu fais le bien il est récompensé. Selon les écritures dans le Coran il est recommandé aux musulman de partager pendant le mois de carême», Confie Ibrahim Alassane Sénégalais.

    Ravitaillement
    Le Ramadan se vit en communauté au sein des Burkinabés. Le nombre de personnes varie entre 20 et plus. «Dans un contexte de vie chère, comme c’est le cas maintenant à Yaoundé les leaders sont en train de se mobiliser pour nous ravitailler en denrées alimentaires commandées au Nord du Cameroun à Garoua pour être plus précis. Surtout le maïs pour la bouillie, le mil pour le jus ou le blé. C’est cher mais ce sont des denrées alimentaires nourrissantes qui permettent de tenir bon pendant la journée. Les dattes quant à elles viennent du Tchad et du Niger», fait savoir Yannick Compaoré. Selon ce fidèle musulman «c’est un devoir et c’est obligé pour tout musulman de jeûner. Après le jeûne, en soirée généralement, nous nous retrouvons ensemble les Sénégalais, les Camerounais, Sénégalais, Nigériens islamisés sont parmi nous et sans distinction de race nous communions ce que nous avons, puisque nous sommes tous les enfants de Allah, et on profite pour faire des prières pour le remercier».
    Contrairement aux années précédentes, ce mois de ramadan va connaitre certaines modifications. Si jadis les fidèles faisaient de commandes de beignets de maïs, la bouillie auprès des commerçantes à la briqueterie «pour cette année, ce sont nos femmes qui vont pour faire tous ces menus, les beignets de riz, la bouillie la vie est très chère nous sommes obligés de revoir les dépenses à la baisse», conclut Yannick Compaoré.

    Olivier Mbessité

  • Budget de l’Etat: Révision à pas forcés

    Budget de l’Etat: Révision à pas forcés

    L’épurement de la dette due aux enseignants a fini par imposer un nouveau paradigme financier à l’exécutif.

    Apurer, à compter du mois de mars 2022 des rappels relatifs à l’indemnité de non-logement et au complément salarial dû aux enseignants; paiement échelonné, à compter du mois de juin 2022, des rappels relatifs aux avancements et reclassements des enseignants; paiement, à partir du mois de mars 2022, du complément salarial mensuel à verser aux enseignants (titulaires ou non du décret d’intégration) qui ne perçoivent actuellement que les 2/3 de leur salaire et de l’indemnité de non-logement due aux enseignants qui n’en perçoivent pas. C’est du lourd, avec une facture qui avoisine pas moins de 180 milliards FCFA. C’est surtout dépenses qui n’ont tout simplement… pas été inscrites dans le budget 2022. Et à cause de cela, l’exécutif est contraint de procéder à un «réajustement du cadrage budgétaire de l’exercice en cours», selon la formule contenue dans note du 21 mars 2022 et signé Ferdinand Ngoh Ngoh (secrétaire général de la présidence de la République).
    Pour aider à bien comprendre, Professeur Emmanuel Ongo explique: «Il est clair que le gouvernement a décidé de prioriser certaines lignes de dépenses. En incluant celle liée au paiement de la dette due aux enseignants, il est face au gonflement de la masse salariale fixée dans la loi de finances 2022 à 1 138,49 milliards FCFA, soit plus de 1/5 du budget global du pays arrêté à 5 599,7 milliards FCFA». «Cette situation contrarie bien évidemment tous ses plans et c’est la raison pour laquelle l’État est obligé de réviser son budget», éclaire encore l’agrégé d’économie.
    Parmi ses homologues, il y en a qui estiment que l’exécutif est rattrapé par son indolence et frappé par son insincérité, «celle consistant à esquiver une dette longtemps accumulée». «L’art de la dissimulation. Je veux parler ici des engagements hors bilan, que l’on peut définir comme les obligations de financement public à l’égard de tiers dont l’existence ne sera confirmée que par la survenance d’événements incertains et hors du contrôle de l’État comme l’actuelle grève des enseignants. Et là, il n’y a malheureusement pas d’autre choix que de repasser au parlement pour réviser le budget», croit savoir Jean-Marc Bikoko.

  • Dépendance alimentaire: L’aveu camerounais à Paris

    Dépendance alimentaire: L’aveu camerounais à Paris

    Au milieu de ses homologues ambassadeurs africains, S.E. André-Magnus Ekoumou, l’ambassadeur du Cameroun en France, s’est attaché à donner son étendue au paradoxe que vit son pays en matière d’alimentation.

    «La souveraineté alimentaire est au centre de nos préoccupations, en ce qui concerne particulièrement le Cameroun, qui importe pour près de 800 milliards FCFA de denrées alimentaires, particulièrement le riz. Je crois que 60% du blé consommé au Cameroun provient de l’Ukraine. (…) Nous sommes très dépendants de l’extérieur». Ce 23 mars à Paris, S.E. André-Magnus Ekoumou ne fait pas seulement le récit d’une expérience. Lors de la conférence mensuelle des ambassadeurs d’Afrique tenue dans la capitale française (organisé par le Club Afrique de la Presse), la prise de parole de l’ambassadeur du Cameroun en France a également été un témoignage aux fins de confession. «Le secteur agricole au Cameroun occupe une place essentielle dans la Stratégie Nationale de Développement et, qui est le plus gros employeur avec 62% de la population active, pour une contribution de plus de 17% au PIB en 2021. L’agriculture représente la véritable richesse de notre pays», a situé le diplomate camerounais.

    «Grenier»
    Au revers de ces mots, S.E. André-Magnus Ekoumou ne manque pas de relever le contexte actuel de la crise en Ukraine qui oblige le Cameroun à s’interroger sur sa dépendance alimentaire vis-à-vis de l’extérieur. En effet, le pays réputé être le «grenier d’Afrique centrale» importe beaucoup de nourriture. Selon le magazine Jeune Afrique (édition du 6 avril 2021), il a «importé plus de 894 000 tonnes de riz en 2019, alors que la production locale plafonnait à 334 000 t, représentant à peine 27% de la demande nationale. Pourtant, il produisait 80% de ce qu’il consommait en 1975, et s’était fixé l’objectif de 750 000 t en 2020». «La facture des importations alimentaires s’est alourdie, déséquilibrant structurellement la balance commerciale. C’est le cas du poisson dont la facture des 185 000 t importées il y a deux ans a représenté plus 132,8 milliards F CFA, tandis que le pays produisait 335 000 t, pour une demande annuelle de produits halieutiques évaluée à 500 000 t», déplorait alors le journal panafricain.

    Lire aussi Extrême-Nord: l’insécurité alimentaire agite son sceptre

  • 50 FCFA

    50 FCFA

     

    C’est le surplus qui risque faire mousser le prix des produits brassicoles fabriqués au Cameroun. C’est en tout cas la proposition faite aux pouvoirs publics par le Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam). Cette organisation dit vouloir « atténuer les effets de la conjoncture internationale ‘hausse des prix des matières premières, du fret, du fuel et des engrais) dans certaines filières de production ». « L’industrie brassicole utilise massivement des matières premières, des emballages, des équipements et des pièces de rechange majoritairement importés, l’offre locale étant soit insuffisante soit inexistante (…). Sa dépendance aux importations pour environ 50% de son coût de production fait qu’elle est exposée aux facteurs exogènes », explique le Gicam.

     

     

  • Rigobert Song Bahanag

    Rigobert Song Bahanag

    A cause de lui seul, le public camerounais était plein d’assurance, de gaieté et d’ambition face aux Fennecs d’Algérie. Au banc de touche d’une équipe des Lions indomptables confrontée à l’affaiblissement de sa puissance d’antan, « Magnan » semblait tenir la corde. Et puis, il y a eu le 1-0 infligé aux locaux par les Algériens à Japoma le 25 mars dernier et du coup, d’aucuns estiment que le choix porté sur l’enfant de Nkenlikok est un bouleversement stratégique raté. D’autres l’accusent d’avoir livré une performance indigne de son rang. Au milieu, il y a ceux qui le croient capable d’une historique remontada à Bilda le 29 mars 2022. En tout cas, la présence de l’ancien défenseur central sur le banc de touche de l’équipe  du Cameroun a rallié quelques suffrages; lesquels sont vite devenus le premier motif de haine à l’endroit de son « sélectionneur ».

     

     

  • Et de 500 pour le journal Intégration

    Et de 500 pour le journal Intégration

    Thierry Ndong, Directeur de publication de l’hebdomadaire Intégration.

    La performance impose un arrêt, fût- il symbolique, j’allais dire sans faste. Votre journal est à son 500ème numéro. Un chiffre respectable pour une publication bimensuelle, puis hebdomadaire. En effet, il a fallu 15 années de parution régulière dans la périodicité indiquée supra pour atteindre la borne 500. Que d’eau a coulé sous le pont depuis notre premier numéro en mi- année 2008.

    La première vie de votre journal reste à jamais cet encart bimensuel de quatre pages en format tabloïd dans le journal Repères. Dans la foulée, un hors – série trimestriel est aussi publié. C’étaient les premiers pas enthousiastes d’un bébé apprenant à marcher avec le soutien d’un ainé. Une année et demie d’apprentissage et de rodage des mécaniques auront suffi.

    La deuxième vie de votre journal commence en janvier 2010, avec une publication bimensuelle autonome en format tabloïd. La mue est risquée dans un environnement médiatique et économique très difficile. Le positionnement éditorial innovant (promotion et valorisation de l’intégration), l’abnégation au travail et la baraka permettent au journal de se faire progressivement une place dans le tout-venant de la presse écrite au Cameroun.

    Le passage à la parution hebdomadaire entre 2013 et 2014 marque la troisième vie de votre journal. Cette nouvelle évolution se complète avec l’ouverture aux (nouvelles) technologies de l’information de la communication, notamment la création d’un journal en ligne et ses succédanés sur les réseaux sociaux.  Le fond du journal, tout en gardant son ADN (les problématiques d’intégration), confirme son ancrage à l’actualité générale, avec un accent sur l’actualité camerounaise. Ce qui va de pair avec de nouveaux habits sur le plan de la forme.

    Le quatrième cycle de vie de votre journal est lancé depuis 2020, avec une adaptation des contenus aux besoins de l’heure et aux attentes des différents publics – cibles. Le concept baptisé « LA CAN DE L’INTEGRATION » symbolise assez cette nouvelle donne. De fait, le temps d’une Coupe d’Afrique des nations de football au Cameroun, votre journal est devenu un quotidien de la CAN, en couvrant le plus grand événement sportif du continent africain sous le prisme de l’intégration, sa thématique initiale. Une flexibilité qui a tiré le meilleur de la digitalisation pour mettre en valeur une publication finalement prisée, parce que sortant des sentiers battus.

    L’avenir de notre journal et partant de notre métier est à coup sûr dans cette approche basée sur le triptyque : créativité, flexibilité et professionnalisme.

    En quinze années d’activité et 500 numéros produits, force est de constater que le pari (osé au départ) est finalement tenu, avec à la clé une entreprise de presse viable et des produits devenus parmi les références du microcosme médiatique au Cameroun et en Afrique centrale. Votre journal a réussi à rendre digeste et accessible l’information sur les problématiques d’intégration. Celle-ci était jadis cantonnée aux faits divers. Bien plus, grâce à nous, d’autres médias ont commencé à traiter et diffuser l’actualité sur l’intégration. Autant d’acquis qui montrent la pertinence de notre positionnement éditorial initial.

    En simplicité et humilité, sans tambour ni trompette, nous mettons en kiosque ce 500ème numéro, tout en restant ouverts aux critiques constructives qui permettent de s’améliorer en solidifiant l’édifice. L’occasion de remercier tous ceux qui, de près ou de loin, nous soutiennent. Sans vous, notre entreprise de presse aurait longtemps fermé boutique. Continuons ENSEMBLE pour que vive le plus longtemps possible cette entreprise éditoriale à l’utilité avérée.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                  

     

                                                                                                                                                                                                                                                                                                Thierry Ndong Owona

     

  • «Les effets de chaînes de la guerre vont souffler sur les économies fragiles de la Cemac»

    «Les effets de chaînes de la guerre vont souffler sur les économies fragiles de la Cemac»

    Barnabé Okouda

    La France, le Royaume Uni et l’UE en général, qui est notre premier partenaire commercial, seront impactés… Les gains éventuels sur une flambée des cours du pétrole pour les pays exportateurs de la Cemac, ne vont pas compenser les pertes dues à la contraction de la demande, notamment en Europe et en Amérique du Nord, qui va se répercuter sur les pays de la sous-région.

     Le directeur exécutif du Camercap a procédé à la compilation d’un ensemble de données et de paramètres sur la guerre en Ukraine. L’économiste et statisticien livre au final son analyse sur l’impact que ce conflit de portée internationale aura sur les prévisions de la Beac telles que présentées dans le Test prévisionnel de conjoncture de la Cemac au premier trimestre 2022.

      

    La Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) a rendu public en début février 2022, les résultats du Test prévisionnel de conjoncture de la Cemac au premier trimestre. Entre-temps, la guerre en Ukraine est survenue. Et on se demande d’emblée si ce seul fait ne fausse pas les prévisions et les anticipations des institutions et des chefs d’entreprise de la sous-région?

    Dans la pratique des sciences sociales (en Économie notamment), les prévisions ne sont pas faites pour être réalisées, sinon cela devient de la prestidigitation. Elles vous indiquent que si rien ne change dans les conditions observées à l’instant «t», voilà comment le phénomène observé devrait se comporter. Les anticipations ne sont donc pas faussées parce que le contexte n’est plus le même. La chose à faire en ce moment est d’intégrer les nouveaux paramètres dans le modèle et simuler la réactivité des économies avec des incertitudes à très court terme, puisque personne ne peut prédire avec exactitude le comportement des acteurs dans la situation de guerre (et donc d’instabilité) actuelle.

    L’invite est donc à un ajustement à très court terme et à une adaptation pour ne pas dire s’inventer au jour au le jour.

    Les prévisions disent en gros que le secteur primaire devrait connaître une dynamique assez favorable, avec de bonnes performances dans l’agriculture et l’activité minière. Les hydrocarbures devraient également porter le secteur au premier trimestre 2022, en dépit du ralentissement de la production sylvicole. Le secteur secondaire serait le moins performant, avec en particulier une branche des BTP atone, faisant face à une demande publique en berne. Enfin, dans le tertiaire, l’activité devrait maintenir ses bonnes performances, avec des télécommunications toujours sur un trend haussier, un transport ferroviaire en regain de performance et l’hôtellerie restauration dopée par une demande étrangère plus importante. Qu’est-ce qui va changer pour la Cemac?

     Sans vouloir contredire les hypothèses des auteurs du rapport, si le Pref-Cemac par exemple était déroulé selon ce qui est projeté avec le lancement des projets intégrateurs dans la sous-région, la mise en œuvre effective de la SND-30 et la finalisation des chantiers de la CAN 2021 au Cameroun, avec tous les autres projets annoncés, en principe, le secteur des BTP ne devrait pas être sans relief.

    Avec la situation internationale en crise, il est évident que la demande mondiale va se rétrécir et par conséquent, avoir un impact sur les exportations des matières premières de la zone, ainsi qu’un renchérissement des importations. Ce qui peut provoquer une inflation dans les pays, où les cris se sont fait entendre bien avant la guerre au sujet des produits de consommation courante et des matériaux de construction.

    Tenez, du fait de l’embargo sur le gaz et le pétrole, ainsi que d’autres matières russes par les pays occidentaux, l’effet boomerang sur les entreprises européennes commence à se ressentir avec des fermetures pour l’instant temporaires de certaines entreprises et du chômage technique en conséquence. L’Italie avoue par exemple que si la situation perdure au-delà du mois de mars 2022, le pays n’aura plus assez d’énergie pour ses usines qui seront amenées à fermer. La France, le Royaume Uni et l’UE en général, qui est notre premier partenaire commercial, seront impactés et les effets de chaînes et en cascades ne vont pas manquer de souffler sur les économies fragiles comme celle de la zone Cemac.

    De manière directe dans échanges avec la Russie et l’Ukraine, il est évident que le prix du blé va avoir des conséquences énormes sur un produit de grande consommation qui est la farine et ses produits dérivés. 

    Quelles autres dimensions de la guerre en Ukraine doit-on également prendre en compte et qui auront un impact économique direct sur la sous-région?

    En plus de ce que nous venons de signaler plus haut, il y aura certainement les effets de transfert dans les engagements financiers au titre des partenariats divers et de la coopération bilatérale et multilatérale. On peut citer notamment les décaissements en provenance de l’UE, qui est engagée en tant qu’entité politique (elle fournit des armes et de l’aide financière à l’Ukraine), des pays membres de l’UE, ainsi que ceux d’Amérique du Nord. Il est évident aujourd’hui que la priorité de ces pays va désormais à l’Ukraine et par une logique de discrimination, il pourrait y avoir une éviction des flux financiers, toutes natures confondues, vers l’Afrique au profit de l’Ukraine. Nous pensons aux IDE (quand il faudra reconstruire le pays après la guerre), aux prêts et flux d’aide au développement, dons et transferts divers.

    À cela, on ne saurait passer par pertes et profits ou sous silence, l’impact psychologique et social des traitements parfois inhumains subis par les ressortissants des pays africains et de la Cemac en particulier dans les pays en guerre et les pays d’accueils des réfugiés. Cette situation sociale des émigrés va forcément impacter par exemple les transferts monétaires en provenance de cette diaspora vers les pays de la zone. Beaucoup de ressortissants africains vont se retrouver en situation précaire et de perte d’emplois. La Beac nous le dira certainement dans les prochains mois. 

    Le prix du pétrole et du gaz a déjà justement atteint des niveaux record sur le marché international. Et l’embargo américain sur les hydrocarbures russes vient encore en rajouter aux craintes d’une plus grosse volatilité. D’abord, peut-on imaginer que cette situation profite finalement à la Cemac dont les pays sont presque tous, à des degrés divers, exportateurs de pétrole?

    Je ne pense pas, parce que cette situation n’est pas un cas de hausse conjoncturelle souvent appelée «win-fall» qui peut se produire dans un climat mondial apaisé n’impliquant pas nos partenaires majeurs. Or dans ce cas, il s’agit d’une situation de guerre avec un horizon incertain quant à la durée et à son ampleur géographique. Les gains éventuels sur une flambée des cours du pétrole pour les pays exportateurs de la Cemac, ne vont pas compenser les pertes dues à la contraction de la demande, notamment en Europe et en Amérique du Nord, qui va se répercuter sur les pays de la sous-région.

    Ensuite, comment de façon concrète, la hausse du prix du pétrole brut sur le marché international, peut-elle affecter négativement les secteurs primaire, secondaire et tertiaire de la sous-région et contribuer au contraire au ralentissement de l’activité économique en zone Cemac?

    Nos économies sont essentiellement extraverties et ce sont nos partenaires qui sont concernées et/ou impactés: l’UE et ses États membres, la Russie et l’Amérique du Nord. La seule issue qui nous reste c’est les pays d’Asie, du Moyen- Orient et d’Amérique Latine. Il nous faut donc explorer et intensifier nos échanges avec ces régions pour ne pas sombrer totalement.

    Au niveau national, elle peut entrainer une augmentation des prix à la pompe pour les produits pétroliers, ce qui est une menace forte et une source d’inflation. Au niveau international, le pétrole est un produit très sensible pour les industries et le transport/fret international. Toutes choses qui vont avoir un impact fort sur les prix des importations. Et c’est la balance commerciale qui continuera à se creuser dans le sens du déficit.

    Les pays de la Cemac n’ont pas eu à l’Assemblée générale de l’Onu, la même position vis-à-vis l’opération russe en Ukraine. Et la Russie ne pèse pas non plus du même poids dans les échanges commerciaux avec ces six pays. Les Russes sont par exemple présents dans le secteur pétrolier et énergétique au Cameroun. Ils se déploient au plan sécuritaire en RCA avec un impact bénéfique sur l’économie de ce pays. Peut-on craindre que ces divergences n’affectent la coopération entre les pays de la sous-région au point de ruiner la bonne dynamique économique retrouvée?

    L’intégration dans la sous-région souffre du déséquilibre des économies situées à des niveaux très hétéroclites. Une position commune de la Cemac n’est donc pas possible (pour l’instant comme l’UE l’a démontré). Ce qui fragilise le Commission en tant qu’exécutif politique, chaque pays regardant à priori ses intérêts. Le président de la Commission de la Cemac n’étant en réalité qu’un haut fonctionnaire communautaire et non une autorité politique, à l’instar de la Dame de l’UE qui prend des décisions supranationales. La solution à notre humble avis viendra du relèvement économique de chaque État, lorsque les besoins prioritaires de sécurité et de pauvreté seront atténués. Une union et une coordination des politiques est fragile entre les pauvres.

    L’appropriation de la Zlecaf n’est encore qu’à un stade embryonnaire. Mais est-ce qu’une fois de plus, après la pandémie de Covid-19 et toutes les crises qui en ont résulté, il n’est pas temps de renforcer les échanges commerciaux intra africains et partant intracommunautaires? Et quel peut être le déclencheur?

    On ne peut vendre que ce dont les autres ont besoin et qui satisfait leurs attentes. Il faut donc sortir des discours et des stratégies sur papier pour aller dans l’action. Être sur le terrain, produire, transformer selon les normes requises et créer des couloirs de commercialisation.

    Le déclencheur, c’est l’action. Faire, puis évaluer. Corriger pour améliorer et avancer. C’est comme cela que l’on innove. From imitation to innovation. That’s the way to follow (De l’imitation à l’innovation, c’est la voie à suivre, Ndlr)!

     La Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale (BVMAC) est-elle également exposée aux aléas du marché international? Sinon, en quoi peut-elle être aussi une solution pour surmonter la nouvelle crise déjà à nos portes?

    Combien d’entreprises de la sous-région sont-elles cotées à la BVMAC?

     

    Interview menée par Théodore Ayissi Ayissi

  • Stat-Cemac 2021-2030 : Le programme en chiffres et en lettres

    Stat-Cemac 2021-2030 : Le programme en chiffres et en lettres

    Sa présentation a constitué l’un des moments clés de la 8ème session du Comité sous-régional de la statistique tenue à Douala les 7 et 8 mars dernier.

    Photo de famille à l’issue de la session

    Les directeurs généraux des instituts nationaux de la statistique des pays de la Cemac étaient réunis les 7 et 8 mars 2022 au siège de la Beac à Douala. Cette 8ème session du Comité sous-régional de la statistique était consacrée au lancement officiel du programme statistique de la Cemac (Stat-Cemac 2021-2030) et à la mise en œuvre du plan triennal dudit programme sur la période 2022-2024.  Pendant deux jours dans la capitale économique du Cameroun, les experts ont échangé sur l’importance des données statistiques prises comme une ressource vitale et indispensable. Étant entendu que «l’information statistique touche tous les aspects de la vie moderne et sous-tend de nombreuses décisions des pouvoirs publics» a fait valoir le président de la Commission de la Cemac. Le Pr Daniel Ona Ondo a en même temps relevé que «la mise en œuvre de ce premier programme n’a pas donné tous les résultats escomptés. Le manque de données statistiques dans presque tous les secteurs d’activité est toujours présent. Quand bien même certaines données sont disponibles, elles sont le plus souvent éparses, non cohérentes et disparates».

    Aussi, «on ne peut pas faire une bonne analyse si les chiffres sont erronés, puisque les conclusions seront erronées. C’est pour cela que nous devons avoir le même chiffre au niveau de la sous-région sur les productions. Pour que nos chefs d’État aient les bons résultats, y compris au niveau de la communauté internationale», laisse entendre Clément Belibanga. Le commissaire à la Cemac en charge du département des politiques économiques, monétaires et financières s’est alors évertué à mettre en perspective ce qui a été fait au cours de la session. On retient de sa présentation qu’il a été «mis en place aujourd’hui une commission qui va suivre le programme qui s’étend entre 2021 et 2030. Il s’agit des statistiques dans tous les domaines de la vie: l’économie, les finances, l’environnement», a enfin souligné le représentant du président de la Commission Cemac à ces travaux.

     

    Obstacles

    «Les principaux obstacles à la mise en œuvre de ce premier programme statistique sous-régional ont été entre autres l’insuffisance  des ressources humaines et financières et la faible mobilisation de l’accompagnement par les partenaires techniques et financiers», commence d’abord par déplorer le Pr Daniel Ona Ondo. Le président de la Commission de la Cemac ajoute ensuite que ce sont «les difficultés rencontrées par certains de nos États dans la remontée d’informations fiables, qui ont conduit nos chefs d’État lors de leur Conférence ordinaire tenue à Ndjamena en mars 2019, à réaffirmer le nécessité de la mise en place d’un système plus performant en matière de traitement de l’information statistique. Ceci pour le renforcement de la coordination des politiques économique, budgétaire et sectorielle». Et avec la survenue de la pandémie de Covid-19, mais également l’éclatement d’une guerre en Ukraine, le recours à ce système s’avère encore plus nécessaire. Puisque les États de la sous-région en auront besoin pour avoir une bonne lecture prévisionnelle de l’impact de ces crises sur l’activité économique dans la sous-région. Ils pourront ainsi procéder plus facilement aux ajustements budgétaires qui s’imposent.

    Seulement, les statistiques ont la particularité d’être coûteuses.  «Le dernier recensement de la population date par exemple de dix ans au Cameroun et on se base dessus pour faire des projections. Le gros problème dans les statistiques c’est les ressources. Une opération comme le recensement demande énormément de ressources. Au Cameroun, c’est des milliards FCFA», souligne Roland Marc Lontchi  Tchoffo, directeur de la statistique à la Commission de la Cemac.

    En tout état de cause, les directeurs généraux des instituts nationaux des statistiques, le directeur général de l’ISSEA et les directeurs généraux d’autres institutions communautaires étaient appelés à procéder à la validation de ce Programme. Il sera ensuite présenté au Conseil des ministres de l’UEAC.

    Diane Kenfack

     

    63,611 milliards FCFA pour sa réalisation

    40% de ce coût sera mobilisé par les États membres et la Commission de la Cemac sur la durée du programme. Le reste le sera par les partenaires financiers.

     

    L’opération 2008-2012 n’a pas porté ses fruits à cause du manque de données statistiques dans presque tous les secteurs. Et la Cemac compte rectifier le tir en mettant en place son programme décennal 2021-2030 établi sur quatre axes majeurs et 11 objectifs opérationnels. À savoir, «l’amélioration de la production  des statistiques  de qualité sous-régionale, la coordination de la production des statistiques de qualité de la sous-région, le développement des capacités institutionnelles durables du système statistique  et la promotion d’une culture de politique et de prise de décisions de qualité», apprend-on.  Le coût total du plan d’action décennal du programme Stat-Cemac est estimé à 63,611 milliards FCFA soit 96,974 millions d’euros répartis sur dix ans. «40% de ce coût sera mobilisé par les États membres et la Commission de la Cemac sur la durée du programme. Et celui complémentaire se fera auprès des partenaires techniques et financiers. Le programme statistique décennal 2021-2030 participe au renforcement de la coopération avec tous les partenaires traditionnels», a expliqué le Pr Daniel Ona Ondo, président de la Commission de la Cemac.

    Le nouveau Programme Stat-Cemac couvre la période 2021-2030 et est arrimé à la stratégie pour l’harmonisation de la statistique en Afrique (SHaSA 2) de l’union africaine et à la Charte africaine de la statistique. Il se donne pour vision de mettre en place « un système statistique performant qui génère des informations statistiques fiables, harmonisées, disponibles à temps, couvrant toutes les dimensions du développement et de l’intégration politique, économique, sociale, environnementale et culturelle de la Cemac», dixit le  président de l’institution sous-régionale.

    Les chefs d’État de la Cemac, lors de leur Sommet extraordinaire du 18 août 2021, ont adopté ce programme par décision n-01/21-Cemac-CCE-15. Stat-Cemac constitue ainsi le cadre de référence des activités statistiques de la Communauté sur la période 2021-2030. D’où la mise sur pied par la Commission de la Cemac du Comité sous-régional de la statistique en 2001, ainsi que l’adoption du premier programme statistique sous-régional en 2007 et qui couvrait la période 2008-2012.

    Diane Kenfack

  • Rationalisation des CERs: horizon 2023 pour  la Cemac et l’Unoca

    Rationalisation des CERs: horizon 2023 pour la Cemac et l’Unoca

    Le processus de rationalisation des Communautés économiques régionales d’Afrique centrale (CERs) était à l’ordre du jour d’une audience le 9 mars dernier.

    Elle a réuni au siège provisoire de la Commission de la Cemac à Malabo, le président de l’institution sous-régionale et une délégation du Bureau régional des Nations unies pour l’Afrique centrale (Brenuac/Unoca). «Pour nous qui sommes engagés dans les volets paix et sécurité et prévention des crises et droits de l’homme, cette réforme a des implications dans notre mandat… et je souhaitais pouvoir m’enrichir de vos vues sur cette question», a indiqué d’emblée Samuel Gahigi, directeur des Affaires politiques à l’Unoca. La sollicitation a obligé le Pr Daniel Ona à se livrer à un exercice d’explication. On en retient pour l’essentiel qu’«il y a une réforme des CER. Celle qui est confiée au président dédié, S.E Paul Biya. En principe les deux CER doivent se mettre ensemble en 2023, ça doit être une fusion-constitution, c’est-à-dire une nouvelle CER qui devra naître des cendres de la CEEAC et de la Cemac», renseigne la Commission de la Cemac.

    Les échanges entre les deux institutions s’inscrivaient dans la continuité de ceux plus réguliers existants entre l’Unoca et la CEEAC. À en croire justement le chef de la délégation de l’Unoca, ceux-ci s’imposaient d’autant plus que «la CEEAC et la nouvelle Commission se cherchent encore». Une vision partagée par le président de la Commission de la Cemac. Puisque selon le Pr Daniel Ona Ondo, «la CEEAC était un peu en eau dormante. Elle s’est réveillée grâce au président Ali Bongo, mais malheureusement, ils ont fait à la Commission de la CEEAC un peu exactement ce que nous faisons ici à la Cemac. On a la même configuration et les mêmes institutions».

     

    TAA

  • Avoir le courage de rompre avec ceux qui nous ont mis dans des problèmes

    Avoir le courage de rompre avec ceux qui nous ont mis dans des problèmes

    Le 27 août 2019, quand Emmanuel Macron disait aux ambassadeurs français réunis à l’Élysée que « l’on assiste à la fin de l’hégémonie occidentale sur le monde et à l’émergence de nouvelles puissances dont nous avons longtemps sous-estimé l’impact », il faisait un constat lucide et objectif.

    Car la Chine, la Russie, l’Inde, la Turquie, l’Afrique du Sud, etc. sont devenues des puissances qui « viennent bousculer notre ordre international et peser dans l’ordre économique ». Par contre, le conseil selon lequel les Européens ne devraient pas « seulement s’adapter au changement mais tenter de rebâtir un ordre mondial nouveau, ordre dans lequel l’Europe doit s’affirmer davantage si elle ne veut pas tout simplement disparaître » nous laisse perplexe. Pourquoi ?

    La première raison, c’est que Macron continue de penser que l’Europe devrait « s’affirmer davantage ». Or, en regardant les siècles passés, on se rend compte que cette Europe s’est trop souvent affirmée contre et au détriment des autres peuples, c’est-à-dire en les massacrant, en pillant leurs richesses, en saccageant leurs cultures, en faisant d’eux des esclaves, en envahissant et en occupant leurs terres (lire, entre autres, Aimé Césaire, ‘Discours sur le colonialisme’, Paris, Présence Africaine, 1955 et Frantz Fanon, ‘Les Damnés de la Terre’, Paris, François Maspero, 1961).

    Pour certains, cette façon de se comporter résulterait d’une volonté de puissance. Chez Nietzsche, cette expression ne signifie pas envie de dominer autrui mais surpassement de soi-même. Pour le philosophe allemand, en effet, en chacun de nous, sommeillent des passions heureuses et des démons et « le Surhomme » est précisément l’homme qui, au lieu de se laisser submerger par ses démons, se contrôle afin de devenir la meilleure version de lui-même (cf. « Ainsi parlait Zarathoustra »). Affirmer que les Occidentaux se sont toujours employés, non pas à dominer les démons qui les habitent, mais à dominer, à contrôler et à soumettre ceux qui sont différents d’eux, ce n’est point porter un jugement de valeur mais faire un simple constat. Si les relations entre la France et ses ex-colonies sont devenues on ne peut plus exécrables, c’est en grande partie à cause de la volonté des Gaulois d’exercer leur puissance sur les Africains.

    Secundo, Macron estime que « Paris peut et doit aussi jouer le rôle de puissance d’équilibre, nous devons en quelque sorte avoir la liberté de jeu, la mobilité, la souplesse. Nous avons des alliés dans chaque région du monde mais nous ne sommes pas une puissance qui considère que les ennemis de nos amis sont forcément les nôtres, ou qu’on s’interdit de leur parler ». Ce non-alignement de la France sur la position des États-Unis, on ne l’a pas vu quand la Russie a envahi l’Ukraine. Hormis des souverainistes comme Mélenchon, Dupont-Aignan, Marine Le Pen, Zemmour et Asselineau qui souhaitent que leur pays sorte de l’Otan, les dirigeants français ont rarement démontré qu’ils pouvaient faire autre chose que suivre bêtement les présidents américains, même quand ceux-ci prenaient des décisions contraires aux intérêts économiques de la France.

    Tertio, Macron présente l’Afrique comme une « indispensable alliée » de la France. Mais peut-on le croire quand on pense à la manière dont le continent noir a été traité par son pays depuis le temps de la colonisation ? Celui dont on achète les matières premières à vil prix, celui qu’on empêche de s’industrialiser, celui dans les affaires internes de qui on s’ingère à tout moment, celui pour qui on écrit les résolutions à l’Onu, celui-là est-il un allié ? Non. C’est un inférieur car ce sont des égaux qui font alliance ou se mettent en alliance. La suite des propos de Macron permet de comprendre que l’Afrique n’est pas une alliée mais un instrument dont l’Europe compte se servir « pour continuer de jouer tout son rôle dans les affaires du monde ». Les alliés cherchent à grandir et à avancer ensemble. Lorsque les uns s’enrichissent pendant que les autres s’appauvrissent, il ne s’agit plus d’alliance mais d’un marché de dupes.

    Que le déclin de l’Europe ait commencé est un fait indiscutable, chose que très peu d’Africains regretteraient. Les moyens qu’elle veut prendre pour entrer dans le nouvel ordre mondial, eux, sont discutables. Ces moyens sont la tromperie, l’arrogance, la manie de donner des leçons aux autres, le fait de croire que l’on est détenteur de la vérité et des meilleures solutions, etc. L’empire romain a dominé le monde pendant plus de 600 ans. S’il s’est effondré en 476 après J.-C., c’est, entre autres, parce que les autorités romaines se croyaient supérieures aux “Barbares” habitant aux frontières de l’Empire (https://www.futura-sciences.com/sciences/questions-reponses/histoire-chute-empire-romain-sont-causes-5410/

    On peut ne pas approuver l’invasion de l’Ukraine par la Russie mais que sait-on des antécédents (le bombardement de Belgrade et la destruction de la Serbie par l’Otan en 1999, la guerre du Kosovo) qui l’ont rendue possible ? Sait-on que Poutine proposa son aide aux États-Unis après l’attaque terroriste du 11 septembre 2001, que George Bush opposa une fin de non-recevoir à sa demande d’adhérer à l’Otan et qu’il perçut l’assassinat de Kadhafi et la destruction de la Libye comme la volonté des Occidentaux d’imposer leur vision du monde au reste de la planète ?

    L’hégémonie occidentale a atteint ses limites. Lentement mais sûrement, un nouveau monde se met en place. Le multilatéralisme est en train de succéder à l’unilatéralisme. La preuve en est que tout le monde n’a pas voté en faveur de la résolution de l’Assemblée générale de l’Onu du 2 mars 2022 condamnant l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Parmi les pays qui se sont abstenus, il y avait la Chine, l’Inde, les Émirats arabes unis, le Brésil, l’Argentine, la Bolivie, mais aussi l’Algérie, l’Afrique du Sud, l’Angola, le Burundi, le Congo-Brazzaville, l’Éthiopie, la République Centrafricaine, le Mali, Madagascar, le Sénégal, le Soudan, la Guinée, le Burkina Faso, le Togo, le Cameroun et le Maroc.

    L’abstention d’un pays comme le Sénégal est une agréable surprise quand on connaît les liens très étroits qu’entretiennent Paris et Dakar. Le Sénégal aurait-il découvert enfin que l’amitié avec la France est un leurre ? L’Afrique francophone serait-elle fatiguée de cheminer avec un partenaire dont de plus en plus de jeunes africains dénoncent la duplicité et l’ingratitude ? En tout état de cause, j’aurais souhaité que les pays africains fassent comme l’Erythrée, aurement dit qu’ils soutiennent ouvertement la Russie.

    Pourquoi ? Parce que les Soviétiques ont aidé de façon significative les mouvements de libération nationale de l’Angola, du Mozambique, de la Guinée-Bissau, du Cap-Vert, de l’Afrique du Sud, de la Namibie à chasser le colonisateur portugais ou anglais. Combien de pays de l’Afrique subsaharienne l’Europe a-t-elle industrialisés depuis 1960, année des pseudo-indépendances ? Combien d’universités, d’usines et de routes bitumées a-t-elle laissées sur le continent ? N’est-elle pas impliquée dans la mort des Patrice Lumumba, Ruben Um Nyobè, Félix Moumié, Sylvanus Olympio, Thomas Sankara et Mouammar Kadhafi ? N’est-ce pas la France qui faillit tuer Laurent et Simone Gbagbo en avril 2011 ? Grâce à la Russie, la République centrafricaine et le Mali s’éloignent peu à peu de la violence et de l’instabilité. Voici une puissance qui, en plus de ne pas affectionner les discours creux, sait se faire respecter et milite pour que l’Afrique puisse se gérer elle-même. À moins d’être maudit, peut-on raisonnablement se passer d’une telle puissance ?

     

    Jean-Claude Djereke

  • Bac 2021 : Au miroir des résultats

    Bac 2021 : Au miroir des résultats

    Pour une autre lecture de l’examen, l’OBC propose des détails sur la session de l’année dernière.  

    Etienne Roger Minkoulou, le directeur de l’OBC, face à la presse

    Il peut sembler surprenant d’aborder l’examen du baccalauréat en l’observant par l’amont et l’aval, des mois après une session. C’est à cet exercice que se livre l’OBC ce 9 mars 2022. En conférence de presse, Etienne Roger Minkoulou se justifie ; « Le grand public s’arrête toujours sur le premier au classement sans avoir un œil sur des subtilités. C’est de celles-ci que parle l’OBC ce jour ».

    La suite que déploie le directeur de l’OBC dénonce  « une campagne de presse très dure postulant que le bac au Cameroun est décerné aux candidats ayant obtenu 06/20 ». « Il n’en est rien ! Seuls les candidats ayant obtenu 10/20 sont admis», martèle l’orateur.  Il souligne que  le palmarès du bac session 2021 au Cameroun intègre un éventail de facteurs explicatifs  appréhendant la réussite ou l’échec dans une perspective large. « Taux de réussite de 73,33% contre 47,22% en 2020, et 60,50% en 2019. Sur le plan national, les établissements qui ont brillé par leur rendement aux examens de la session 2021 se recrutent dans toutes les régions », assure Etienne Roger Minkoulou. « Le top 5 des meilleurs établissements de ces dernières années, baptisés les locomotives du sous-secteur des enseignements secondaires, a une fois de plus été respecté.

    Le Collège Jean Tabi garde la dragée haute, avec un taux de réussite de 100%, suivi de près par le Collège François-Xavier Vogt, 99,75%. Viennent ensuite les Challengers qui essayent de bousculer cette hiérarchie, les suiveurs ayant un potentiel pour faire la différence, et ceux du dernier quart du tableau, qui cherchent encore leurs marques. Hormis les établissements, le classement a aussi mis les pleins feux sur les meilleurs candidats, champions sur le plan global ou alors champions dans des catégories spécifiques. 50 meilleurs ayant produit un taux de réussite supérieur à 80 % se répartissent par types d’examens ainsi qu’il suit : établissements publics (03) ;  établissements privés laïcs (23) ;  établissements privés confessionnels catholiques (24) », ajoute-t-il. D’autres détails présentent les bénéfices de la suppression de la note éliminatoire. « Ce principe était l’une des causes de plusieurs échecs aux examens officiels », dévoile Etienne Roger Minkoulou.

    Originalité

    « Le Palmarès 2021 porte en substance des données résultant d’épreuves des Baccalauréats qui se sont déroulées dans le contexte particulier d’implémentation de l’Approche par les Compétences, APC, encore nouvelle pour les candidats », situe le directeur de l’OBC. En conférence de presse ce jour, il relève surtout que « ce palmarès permet l’identification des disciplines scolaires pour lesquelles les candidats éprouvent des difficultés au regard des taux de réussite affichés ; elle permet de questionner, outre le niveau réel des élèves, la qualité des enseignements et le système d’évaluation ». Il est donc fondé, comme le propose Etienne Roger Minkoulou, de parler du baccalauréat afin d’en évaluer plus précisément tous les pans. « Car, dit le patron de l’OBC, à la nécessité d’allier les résultats globaux, les différents acteurs  se réclamant de la complémentarité avec l’OBC, les performances des candidats et des établissements scolaires, correspond la stratégie de l’accompagnement scolaire ».

    Jean-René Meva’a Amougou

     

    Sciences et techniques : Géométrie analytique des mauvaises performances

     

    Aucun candidat au bac session 2021 (toutes séries confondues) n’a pas fait d’étincelles en mathématiques. Il y a même pire : 00/20 a été la note la plus apposée sur les copies des candidats ayant composé en « Procédés pétroliers », « Construction Mécanique » ou en « Procédés de Fabrication ». 

     

    Interrogé sur cet état de choses, Etienne Roger Minkoulou refuse de croire ouvertement qu’un tour de vis a été donné aux épreuves proposées aux candidats. «Le sujet est tout à fait conforme au programme. Mais, il  y a un problème de fond qu’il faut résoudre au plus vite », lance-t-il subtilement, tout en validant que « les épreuves font aujourd’hui l’objet d’interrogations multiples et contradictoires liées aux nouvelles exigences d’une société tournée vers le numérique ».

    Puisant dans son expérience, le directeur de l’OBC affirme : «le mauvais rendement de certains candidats dans quelques disciplines interpelle sur la qualité des sujets proposés aux apprenants, mais également sur celle des enseignements dispensés et sur le niveau réel de nos élèves. Les candidats sont parfois en avance par rapport aux enseignants. On doit faire en sorte que l’épreuve réponde à des critères dits  de compétences par opposition à ceux  de  savoirs  ou de  connaissances ».

    À écouter Etienne Roger Minkoulou, il existe une impasse qui compromet aujourd’hui les capacités  des candidats, avec des sujets conçus avec des questions posées de façon déroutante. D’où son appel en direction de l’Inspection générale des enseignements (IGE). « Car, soutient-il, parler de réussite éducative, avec la connotation globalisante délibérément inscrite dans le terme, c’est aussi prendre en compte diverses dimensions ou facettes de ladite réussite ».

    JRMA

     

    LAURIERS ET LAURÉATS

    Bacc session 2021 au Cameroun, c’est encore un excellent cru pour le Collège Jean Tabi de Yaoundé. Parmi les 1 871 établisse-
    ments tous ordres d’enseignement confondus, cet établissement privé confessionnel catholique enfourche une nouvelle fois son  slogan de 100% de taux de réussite. En parallèle à cet honneur, est dévoilé le nom du dernier de la classe: le Centre d’Enseignement Général Technique et Normal la Perle. Avec 7,14 % d’admis, cet établissement de Yaoundé est la lanterne rouge au classement produit cette année par l’Office du baccalauréat du Cameroun (OBC). D’après cette institution, c’est à Fred Aurel Jiagho Tsabou (18 ans) que revient la palme de major national chez les garçons.

    Pensionnaire du Collège François Xavier Vogt de Yaoundé, le jeune élève a décroché son bac C avec une moyenne de 17,27/20. Chez les filles, Ingrid Maeva Chekam (17 ans) qui postule comme meilleure lauréate nationale. Élève au Lycée de Soa (Centre), elle a obtenu 17,43/20 de moyenne au bac C. Aux dires de l’OBC, Yann Brandon Mbouebe Siewe est le jouvenceau de la foule d’amis à la session 2021 du bac au Cameroun. Produit du Lycée Bilingue de Mbanga (Littoral), il n’a que 12 ans et a obtenu son diplôme (série TI) avec une moyenne de 10/20. Au rang de jouvencelle, il y a Judith Audrey Obam (13 ans). Elle vient du Lycée Technique de Sangmélima (Sud) et a été admise au Brevet de Technicien industriel spécialité MISE avec une moyenne de 10,12/20. À 59 ans, Sylvie Renée Nkenlifack est la doyenne des lauréats. Candidate libre, elle a obtenu son baccalauréat série A4 Allemand avec 10,14/20 de moyenne au sous-centre du Lycée Bilingue de Dschang (Ouest).

    Toujours selon l’OBC, c’est à Georgette Mylena Sandeau Akamba (19 ans) que revient le titre de Meilleur lauréat déficient. Élève au Collège Teerenstra (Est), elle a obtenu le baccalauréat série A4 Espagnol, avec une moyenne de 12,69/20. Michèle Lauraine Ditchieu Kamande (17 ans) est consacrée Meilleur lauréat aux examens de l’enseignement secondaire général. Élève au Collège Saint Cœur de Marie de Mbalmayo (Centre), elle a passé le Probatoire ESG, série C avec 17,75/20 (rendement supérieur à celui du meilleur lauréat national au baccalauréat ESG, en croire l’OBC). Inès Manuela Mendo Engamba est la meilleure lauréate aux examens de l’Enseignement Secondaire Technique et Professionnel.

    Elle a obtenu le BT ST avec une moyenne de 15,83/20 au sous-centre du Lycée Technique Industriel et Commercial Bilingue de Yaoundé. Elle est âgée de 18 ans. Apparemment rien d’anormal… À ceci près qu’il s’agit là de performances noyées dans plusieurs paramètres. En effet, pour l’OBC, l’observation régulière et raisonnée des notes de différents candidats débouche sur des informations fiables et rationnellement construites. À l’OBC où l’on vante le sérieux des procédures statistiques, on croit aussi que les intentions les plus louables n’empêchent en rien de questionner certains indicateurs.

     

     

  • Internet haut débit : Un an gratis pour 35 startups de la Silicon Mountain

    Internet haut débit : Un an gratis pour 35 startups de la Silicon Mountain

    Quand, quelque part, paraît le nom Silicon Mountain, l’on pense immédiatement  à la communauté des jeunes startuppeurs du numérique de Buea (région du Sud-Ouest).

    35 parmi eux viennent de bénéficier d’un an de connexion Internet haut débit gratuite. Selon le ministère des Postes et Télécommunications (Minpostel), le package englobe soit une connexion à la fibre optique (Fibre to the Office, FTTO) composé de l’Internet illimité avec une vitesse 06 Mbps, des appels vers des téléphones fixes et mobiles et des chaînes de télévision numérique, tous les mois pendant un an ; soit un modem Internet Camtel LTE Broadband comportant 135 Gigabits d’internet haut débit chaque mois pendant une période d’un an.

    Les modems configurés ont été remis aux bénéficiaires le 15 mars dernier au cours d’une cérémonie servant d’entame à la  Semaine de l’innovation numérique. Celle-ci s’achève ce 18 mars 2022 avec une cérémonie  relayée en live streaming sur la page Facebook du Minpostel afin d’être vécue par les citoyens camerounais des dix régions et ceux du monde. L’objectif général étant de récompenser les projets les plus innovants présentés par des jeunes au courant de l’année.

     

    Jean-René Meva’a Amougou

  • Kribi Conteneurs Terminal : La Femme célébrée dans son 8 mars

    Kribi Conteneurs Terminal : La Femme célébrée dans son 8 mars

    L’effet de la vague féminine s’est donné à voir au sein de cette structure du groupe Bolloré.

    Le 8 mars 2022, les collaborateurs de KCT ont organisé une Journée portes ouvertes. Ils ont accueilli 30 élèves et étudiantes issues des communautés environnantes. Ils ont également offert des dons à 5 écoles primaires et participé à la parade organisée par la Délégation départementale du ministère de la Promotion de la femme et de la famille de l’Océan.

    En 2021, en témoignage de leur engagement en faveur de l’égalité femmes-homme, Kribi Conteneurs Terminal avait déjà organisé une journée Portes Ouvertes pour 15 élèves et étudiantes, offert des dons à deux orphelinats et organisé une session de formation du personnel féminin sur le leadership. « Les femmes possèdent des qualités et des valeurs que nous recherchons avec un engagement qui dépasse souvent l’aspect professionnel.

    Nous sommes conscients de leur potentiel et des atouts qu’elles ont à offrir et veillons à respecter le principe d’équité pour qu’elles puissent se sentir pleinement épanouies au sein de notre entreprise», souligne Étienne Bakondon, directeur des ressources humaines. L’égalité hommes-femmes fait partie des enjeux prioritaires de Bolloré Transport & Logistics qui l’a intégrée depuis plusieurs années dans sa politique RH et dans une charte dédiée à la diversité. Au quotidien, l’entreprise s’attache à promouvoir les femmes à toutes les échelles de son organisation et tend à augmenter leur part en leur confiant autant que possible des emplois traditionnellement occupés par des hommes. Aujourd’hui, elles représentent plus de 30 % de ses effectifs.

    Source : Groupe Bolloré

  • 8 mars 2022 : Camrail  embarque la Femme dans son train

    8 mars 2022 : Camrail embarque la Femme dans son train

    Au sein de l’entreprise, l’approche genre est érigée en valeur.

    Comme chaque année, à l’occasion de la journée internationale des femmes1 qui a lieu le 8 mars, Camrail se mobilise pour promouvoir auprès de ses collaborateurs l’égalité femmes-hommes. En cette journée de mobilisation, plusieurs actions ont ainsi été menées conjointement avec les collaboratrices de Camrail. Un atelier de formation dédié à la fabrication de savons et de produits cosmétiques a été organisé.

    Un don constitué d’une centaine de tables-bancs et d’un ordinateur a également été remis à l’école primaire d’application de Mabanga dans la ville de Ngaoundéré. « En tant que femme et cheminote, nous apprécions les mesures prises par Camrail pour valoriser et promouvoir la femme au sein de la société. Aujourd’hui, les femmes sont de plus en plus nombreuses à choisir de travailler dans les métiers ferroviaires.

    Certaines sont aujourd’hui présentes au Comité de Direction ; d’autres occupent des postes administratifs importants », souligne Emilienne Florence Epeti Koum, Coordonnatrice des activités relatives à la Journée de la femme à Camrail L’égalité hommes-femmes fait partie des enjeux prioritaires de Bolloré Transport & Logistics qui l’a intégrée depuis plusieurs années dans sa politique RH et dans une charte dédiée à la diversité. Au quotidien, l’entreprise s’attache à promouvoir les femmes à toutes les échelles de son organisation et tend à augmenter leur part en leur confiant autant que possible des emplois traditionnellement occupés par des hommes. Aujourd’hui, elles représentent plus de 30 % de ses effectifs.

     

  • Concours national du meilleur projet :TIC 2021 15 projets présélectionnés

    Concours national du meilleur projet :TIC 2021 15 projets présélectionnés

    Portés par des jeunes staruppers camerounais, ils s’appliquent à la santé, le transport, l’agriculture, la protection de l’environnement  et le digital. 

    À pied d’œuvre depuis le 7 mars 2022, le jury présidé par Joseph Nsongan Etung a rendu sa copie le 11 mars dernier à Yaoundé.  Au terme d’un travail minutieux coordonné par l’inspecteur général chargé des questions techniques au ministère des Postes et Télécommunications (Minpostel), 15 candidats ont été retenus (voir tableau). À l’observation, ces présélectionnés se recrutent dans 7 régions du Cameroun (Centre, Nord-Ouest, Ouest, Sud-Ouest, Nord, Extrême-Nord et Littoral). Une communiqué qu’a signé la Minpostel Mme Minette Libom Li Likeng  invite intéressés sont priés de se présenter au Ministère des Postes et Télécommunications, 1er étage, Porte 138 (Service du Budget et du Matériel), le lundi, 14 mars 2022 à partir de 12 heures. Ils seront reçus par une Cellule d’accueil chargée de leur accompagnement, en vue de la phase finale de la compétition.

    À décrypter ces signes, le décor se plante dans la perspective de la cérémonie solennelle de proclamation des résultats le 18 mars  2022 à Yaoundé. Ce jour, indique-t-on au Minpostel marque la fin de la 3e édition de la Semaine de l’Innovation numérique. Placé sous le thème « Cybersécurité et Innovation numérique : quels défis pour la jeunesse camerounaise », l’événement bénéficie du « Très Haut Patronage du Président de la République ».Deux points phares  le structurent : Le concours national du meilleur projet TIC (qui débouche sur le prix spécial du président de la République) et le challenge numérique pour l’admission en incubation interne au centre de développement de l’économie numérique. Tous les deux sont escortés par des multiples enjeux (détecter les meilleurs projets d’innovation numérique de l’année  et les accompagner, stimuler la créativité et la saine émulation parmi les acteurs de l’écosystème numérique, dans un contexte de lutte contre la cybercriminalité et en même temps, favoriser l’esprit de compétition parmi les jeunes ainsi que leurs projections à l’échelle internationale, capaciter les jeunes porteurs d’idées ou de projets TIC à travers des sessions de formation, coaching, counselling),

    Jean-René Meva’a Amougou

  • Côte d’Ivoire : Vers la fin des années cauchemardesques?

    Côte d’Ivoire : Vers la fin des années cauchemardesques?

    La question prend tout son sens sous la plume de Jean-Claude Djéréké. Elle constitue pour le sociologue et écrivain ivoirien, la quintessence de son essai récemment paru à Paris, publié aux Éditions L’Harmattan et qui retrace depuis 1999, les crises successives traversées par ce pays.

    Est-on arrivé en «Côte d’ivoire: vers la fin des années cauchemardesques?» La question mérite au moins d’être posée et Jean-Claude Djéréké n’a pas manqué de le faire. Elle sert en effet de trame au dernier ouvrage commis par le sociologue et écrivain ivoirien. L’essai récemment paru à Paris est publié aux éditions L’Afrique qui se bat et L’Harmattan. Il part du constat que «la Côte d’Ivoire a perdu sa sérénité et sa stabilité depuis le 24 décembre 1999». Et que depuis lors, ce pays a connu une succession de coups d’État «dont les conséquences ont secrété des pratiques amorales et immorales qui se manifestent par la mauvaise gouvernance, les violences gratuites assorties d’arrestations et d’emprisonnements arbitraires», résume la quatrième de couverture.

    Tout au long de l’essai, l’auteur se pose donc avec obstination la question de savoir si «les Ivoiriens doivent s’attendre à affronter d’autres souffrances ou bien verront-ils bientôt le bout du tunnel». En lisant cependant entre les lignes, l’heure n’est pas à l’optimisme pour l’enseignant de littérature et des cultures africaines à Bryn Mawr College à Philadelphie aux États-Unis d’Amérique. Puisque «Côte d’ivoire: vers la fin des années cauchemardesques?» se veut être aussi un réquisitoire contre l’actuel régime ivoirien et ses soutiens, en Occident notamment. L’auteur de «L’Afrique francophone est-elle condamnée?», pense en effet savoir que «jamais l’image du pays n’a autant été ternie que sous Ouattara installé et soutenu par ‘‘La patrie des droits de l’Homme’’». Il se propose alors au fil des pages de recenser, «en les dénonçant», tous les faits dignes d’intérêt ayant conduit à la situation actuelle. L’écrivain et sociologue ivoirien est ainsi parvenu à les condenser dans son essai désormais disponible. Il peut s’acquérir en librairie au prix de 15,50 euros, soit 10 075 FCFA.

     

    Théodore Ayissi Ayissi

  • Renforcement du commerce transfrontalier à l’ère de la Zlecaf : La Fotrac 2022 déjà dans les starting-blocks

    Renforcement du commerce transfrontalier à l’ère de la Zlecaf : La Fotrac 2022 déjà dans les starting-blocks

    L’événement va se tenir du 28 juillet au 6 août prochain dans la Zone des trois frontières et compte déjà de nombreux partenaires. Une première réunion préparatoire s’est tenue au ministère du Commerce en présence de la promotrice, Jeanne Danielle Nlaté.

    Les choses se mettent progressivement en place pour la Foire transfrontalière annuelle d’Afrique centrale (Fotrac). La 13ème édition va se tenir du 28 juillet au 6 août prochain à Kyé-Ossi au Cameroun, Bitam au Gabon et à Ébébiyin en Guinée Équatoriale. Et elle mobilise déjà toutes les énergies du Comité d’organisation, du Réseau des femmes actives d’Afrique centrale (Refac) et de sa présidente. Jeanne Danielle Nlaté a en effet pris part le 2 mars dernier au ministère du Commerce à Yaoundé, à la première réunion préparatoire de l’événement. On retient notamment de la promotrice que la Fotrac 2022 compte «de plus en plus de grands partenaires comme la GIZ pour son appui au Projet frontières, la CEEAC et les Nations unies pour l’Afrique centrale (Unoca, Ndlr)». En outre, la présidente du Refac sait déjà pouvoir compter sur «tous les pays d’Afrique centrale comme de coutume, et même de la Cedeao». Ceci en plus du haut patronage du gouvernement du Cameroun et du parrainage du ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana.

    Le Mincommerce et le Refac entendent ainsi proposer aux populations de la sous-région une série d’activités. Elles vont pour l’essentiel tourner autour des ateliers thématiques, des formations, de la sensibilisation, des expositions-ventes, et du tourisme et loisirs. À en croire Jeanne Daniel Nlaté, il est en plus prévu «l’élection de Miss intégration régionale».

    L’édition 2022 est en outre placée sous le signe de l’«Intégration régionale et la Zlecaf: résilience des acteurs du développement socio-économique en Afrique face aux crises sécuritaires et la pandémie de Covid-19». Ce thème a vocation à rendre compte de l’ambition du Comité d’organisation. Il justifie d’autant plus la participation de tous les représentants des administrations sectorielles et parties prenantes de cet événement, à la première réunion préparatoire. Les travaux ont connu deux temps forts. À savoir les préparatifs et conditions de participation à l’édition 2022, mais aussi le compte rendu de la dernière édition. Jeanne Danielle Nlaté confie justement sur ce dernier point que «la 12ème édition de la Fotrac était couronnée de succès. C’est l’avis du Mincommerce, parrain de l’événement. C’est également celui des femmes, même si toujours, nous voulons aller un peu plus loin».

    Théodore Ayissi Ayissi

  • Mission de réconciliation : La crise sociale à l’OAPI dans le rétroviseur

    Mission de réconciliation : La crise sociale à l’OAPI dans le rétroviseur

    Les vertus du dialogue social ont prévalu au bout de trois jours d’échanges entre les membres du Conseil d’administration mandatés par leurs pairs, la direction générale de l’Organisation africaine de la Propriété intellectuelle et l’ensemble des parties prenantes.

    «Je peux le dire, la crise est finie, elle est terminée». Anacleto Olo Mibuy tient ces propos ce 11 mars 2022 en sa qualité de membre du Conseil d’administration de l’Organisation africaine de la Propriété intellectuelle (OAPI). Le président du Conseil de la Recherche scientifique et technologique en Guinée Équatoriale achevait à Yaoundé une mission de réconciliation dans le cadre d’un Comité ad hoc. L’instance a été mise en place en décembre dernier par le Conseil d’administration. Son mandat était «d’accompagner la direction générale de l’OAPI pour la recherche de solutions à la crise en cours au sein de l’institution», rappelle Gourouza Magagi, ministre nigérienne de l’Industrie et de l’Entrepreneuriat des jeunes. Et à en croire Anacleto Olo Mibuy, «les différentes parties» ont pris conscience au bout de trois jours d’échanges que «seule l’institution, seule l’OAPI doit compter et gagner, parce que tous les autres passent».

    Pas de crise majeure

    Les trois membres du Comité ad hoc étaient tous en d’accord à l’issue de leur mission pour dire que la situation vécue depuis plusieurs mois à l’OAPI, «n’est pas une crise majeure». «Il y a une situation de crise normale qu’il faut de temps en temps avoir pour essayer de redresser le fonctionnement de l’institution, parce que nous sommes des humains, et nous commettons tous des erreurs», a relevé d’emblée le chef de la mission de réconciliation.

    Anacleto Olo Mibuy pense dès lors qu’«on ne peut plus nier qu’il y a eu une crise, et c’était une crise au sommet de l’institution. Mais cette organisation a acquis depuis 60 ans la crédibilité, la transparence et la confiance de nos partenaires». Le membre du Conseil d’administration a alors appelé à «laver notre linge, à conserver nos acquis et à faire que l’Afrique au moins dans cette organisation, donne l’exemple de crédibilité internationale». Car selon lui, «on ne peut pas laisser tomber ces acquis pour les 17 États membres pour des questions de querelles intestines».

    C’est aussi pourquoi après la visite de courtoisie au ministre camerounais des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique, Gabriel Dodo Ndoké, des échanges ont eu lieu avec toutes les parties prenantes. À savoir «la direction de l’OAPI, ce que l’on appelle communément le personnel hors-catégorie, composé du directeur général, Denis Loukou Bohoussou, de son adjoint et du contrôleur financier; les délégués du personnel; et le personnel», a fait savoir Gourouza Magagi. La ministre nigérienne observe par ailleurs que la crise sociale à l’OAPI «est peut-être un problème de positionnement». Elle relève à ce sujet que «c’est récurrent à chaque veille de renouvellement du personnel dirigeant». D’où le conseil au personnel «de ne pas envenimer la situation en prenant partie, mais de rester souder, de prôner le vivre ensemble et d’accompagner leurs responsables».

    Situation financière enviable

    L’autre grand enseignement de la mission de réconciliation est que la gestion financière de l’institution est saine. «Les comptes sont bien tenus. C’est une des institutions en Afrique qui depuis sa création, n’a pas connu beaucoup de problèmes en termes de management», ont convenu les membres du Comité ad hoc. Avant d’ajouter par la voix de la ministre nigérienne que «nous sommes allés en détail dans les comptes de l’OAPI pendant le dernier Conseil d’administration et il n’y a rien qui puisse nous inquiéter, bien au contraire. Les finances de l’OAPI se portent bien».

     

    Théodore Ayissi Ayissi

  • Rationalisation des CERs: la société civile s’invite à la table des décideurs

    Rationalisation des CERs: la société civile s’invite à la table des décideurs

    L’observatoire sous-régional d’intégration communautaire en Afrique centrale était le 15 mars dernier à l’initiative d’une conférence visant à avoir une approche plus participative du processus.

    La célébration de la 13ème édition de la Journée de la Cemac a été pour l’Observatoire sous-régional d’intégration communautaire en Afrique centrale (Obsic-AC), un grand moment de réflexion. L’association dirigée par le Dr Idriss Amine Amoa a en effet organisé le 15 mars dernier à Yaoundé une conférence. L’organisation de la société civile a ainsi permis de mettre sur la table la question de «L’impact de la rationalisation des Communautés économiques régionales (CERs) dans la vie des populations de l’Afrique centrale, cas de la fusion Cemac-CEEAC».

    L’objectif était de «renforcer l’intérêt des populations africaines sur les enjeux et impacts des processus d’intégration en cours en Afrique centrale, et ainsi promouvoir le rôle des institutions communautaires dans la vie des populations concernées; de favoriser un dialogue qui encourage l’échange des idées et la réflexion innovante et dynamique entre décideurs, chercheurs, société civile et praticiens; et encourager et rechercher une meilleure harmonie entre les décideurs et les populations d’Afrique centrale, afin d’atténuer le désintérêt, voire, la défiance qu’ont ces derniers à l’égard des premiers», a fait valoir le leader d’association.

    La conférence visait cependant aussi «à réfléchir sur l’importance du capital humain et de la jeunesse d’Afrique centrale pour une meilleure intégration communautaire; et à servir de plateforme pour que les décideurs, les chercheurs, les acteurs de la société civile et du secteur privé, les communautés autochtones ou religieuses, se rencontrent et parviennent à un consensus sur les modalités de l’intégration régionale comme moyen d’accélérer le développement inclusif et durable de l’Afrique centrale», a également fait savoir le Dr Idriss Amine Amoa.

    Thématiques

    Plusieurs thématiques ont été abordées au cours de la conférence. Le président de l’Obsic-AC s’est attelé à exposer sur «la légitimité pour une réforme du Parlement communautaire sans la participation des populations d’Afrique centrale au processus de rationalisation». Il a ainsi donné le ton aux nombreux échanges entre les différents orateurs et les autres participants. Les uns portaient sur «l’érection d’une CER en Afrique centrale : un enjeu de facilitation pour la libre circulation?». Les autres reposaient entre autres sur «l’hypothèse d’une monnaie unique en Afrique centrale à la suite de la rationalisation des CER : un gage d’épanouissement des populations».

    Théodore Ayissi Ayissi

  • Dépositaire central unique de la Bvmac : prorogation de mandat pour la Beac

    Dépositaire central unique de la Bvmac : prorogation de mandat pour la Beac

    Le gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale l’a affirmé ce 17 mars lors d’une conférence de presse au siège de son institution à Yaoundé. La Banque centrale est appelée à jouer ce rôle jusqu’à la fin de la période transitoire.

    La deuxième phase du processus d’unification des marchés financiers de la sous-région Afrique centrale suit son cours. Elle s’appuie en particulier sur un certain nombre d’actions arrêtées depuis juillet 2019 dans le cadre de la restructuration et de l’accompagnement des structures de la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale (Bvmac). Il est notamment encore attendu la création du Dépositaire central unique (DCU) de la Cemac. La Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) vient précisément d’être confirmée dans ce rôle en attendant la réalisation d’un business plan. «Nous détenons ce rôle de façon provisoire. Normalement, c’était pour une période de deux ans. Mais au vu de l’état embryonnaire de nos structures, nous avons sollicité que celle-ci soit encore prorogée pour au moins quelque temps», a laissé entendre ce 17 mars 2022 le gouverneur de la Beac.

    Abbas Mahamat Tolli faisait face aux hommes des médias au siège de son institution à Yaoundé. Le directeur général de la Bvmac, Louis Banga-Tolo, et le directeur général de la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS), Alain Noël Olivier Mekulu Mvondo Akame, se trouvaient à ses côtés. En résumé, la prorogation du mandat de la Banque centrale vise trois objectifs. Il est ainsi question de veiller à ce «que la nouvelle bourse se consolide, que la transition prenne fin et que le business plan du dépositaire central unique à créer soit disponible». À en croire d’ailleurs le gouverneur de la Beac, «le business plan du DCU est un document qui vise à terme à faire en sorte que ce rôle sorte de la Banque centrale et que toutes ces entités puissent apprécier justement l’approfondissement des compartiments de notre société financière et puissent fonctionner de façon autonome».

    S’agissant cependant de la forme juridique du DCU en cours de création, des précisions restent encore attendues. Elles permettront notamment d’être fixé sur quelques-unes des options envisagées. À savoir «une filialisation au sein de la Banque centrale ou une création en dehors de l’institution bancaire sous-régionale», se sont interrogés les journalistes.

    Partenariat

    La Banque centrale n’assure pas toute seule ce rôle de dépositaire central unique. L’institution bancaire sous-régionale bénéficie en effet depuis sa désignation en 2017 par les chefs d’État comme DCU à titre transitoire, de plusieurs partenariats. «Je tiens d’ailleurs au passage à les saluer tous, puisqu’il y a la Banque mondiale, le FMI, la Banque africaine de développement (Bad) et évidemment le dépositaire marocain, Maroclear». D’après Abbas Mahamat Tolli, ce sont eux qui «nous ont aidé dans la phase du début et qui continuent toujours à la faire, pour créer les différentes structures qui se consolident».

    Autres points

    La conférence de presse était aussi l’occasion pour le gouverneur de la Beac, mais également pour le directeur général de la Bvmac d’éclairer la lanterne des journalistes sur plusieurs autres problématiques d’importance liées au processus d’unification des marchés financiers. Abbas Mahamat Tolli et Louis Banga-Tolo se sont notamment appesantis sur la refonte générale des textes du marché financier unifié, sur la liste que les États se doivent de remettre à la Banque centrale pour l’introduction des sociétés en bourse en vue de la cession des actions détenues par lesdits États, ou encore sur les mesures incitatives en direction du secteur privé.

    Théodore Ayissi Ayissi

  • Guerre russo-ukrainienne : les incidences économiques et politiques sur l’Afrique

    Guerre russo-ukrainienne : les incidences économiques et politiques sur l’Afrique

    Pour Mbandomane oyono Paul, analyste des relations internationales, même si l’éloignement géographique du conflit crée une certaine distance émotionnelle chez plusieurs Africains, cette guerre produit des incidences directes et indirectes qu’il faut adresser.

    Alors que l’Assemblée générale des Nations unies (ONU) a adopté, mercredi 2 mars, à une écrasante majorité (141 Etats sur 193), une résolution condamnant l’invasion de l’Ukraine par la Russie, dix-sept Etats africains se sont abstenus et sept autres, absents, n’ont pas pris part au vote. 28 pays africains ont voté en faveur de la résolution condamnant l’invasion russe. Quelque 17 pays africains se sont abstenus lors du vote à l’Assemblée générale de l’ONU. Il s’agit de l’Afrique du Sud, de l’Algérie, de l’Ouganda, du Burundi, du Sénégal, du Sud-Soudan, du Mali et du Mozambique.

    Les autres pays étaient le Soudan, la Namibie, l’Angola, le Zimbabwe, la Guinée équatoriale, la République centrafricaine, Madagascar, la Tanzanie et le Congo. L’Érythrée est le seul pays africain à avoir voté contre la résolution. 8 pays africains n’ont pas voté, dont le Maroc.

    L’Afrique serait-elle indifférente ?

    Même si l’éloignement géographique du conflit crée une certaine distance émotionnelle chez plusieurs Africains, cette guerre produit des incidences directes et indirectes qu’il faut adresser. Elle met aux prises de grandes puissances, ce qui, comme souvent en Afrique, provoque un réflexe de non-alignement. Mais plus que ces abstentions ou le vote isolé de l’Erythrée contre la résolution, ce qu’il faut retenir, c’est la condamnation massive par des pays africains de l’invasion russe qui montre qu’une majorité de pays africains tiennent au principe d’intangibilité des frontières et au respect, par les grands pays, de l’intégrité territoriale des petits Etats.

    Le conflit Russo-Ukrainien survient alors que l’Afrique s’efforce de mettre son économie sur la voie de la reprise, dans un contexte de pressions inflationnistes mondiales et de volatilité des marchés financiers et des matières premières. Alors que les exportateurs d’énergie vont pouvoir profiter de la crise, d’autres, comme le Maroc, seront durement touchés par la flambée des prix de l’énergie et des denrées alimentaires, ce qui va accentuer leurs déséquilibres extérieurs et leurs inquiétudes à propos de la hausse des prix et de l’évolution de la dette publique. L’invasion de grande ampleur de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022 aura donc des répercussions politiques et économiques majeures sur le reste de la planète qui se feront sentir au cours des mois et des années à venir.

    États des lieux

    Selon Policy Brief – N° 11/22 – Février 2022, les perspectives économiques de l’Afrique n’étaient déjà pas favorables avant l’invasion. L’Afrique reste très exposée à la pandémie et, selon la BM (2022), le revenu par habitant dans la plupart des pays africains restera inférieur aux niveaux pré-pandémiques, au moins jusqu’en 2023. L’inflation médiane a été annoncée à 5,1 % en glissement annuel à la fin de l’année 2021. L’Afrique, et notamment du Nord, est particulièrement touchée par les prix élevés des denrées alimentaires qui représentent près de 40 % du budget des ménages dans de nombreux pays. Les niveaux de pauvreté, mesurés à 1,90 dollar par jour, sont passés de 34 % avant la pandémie à 39 % (Perspectives économiques en Afrique 2021). Selon la classification de la Banque africaine de développement (BAD), les 43 pays africains importateurs d’énergie souffrent aussi indirectement des prix élevés du charbon, du gaz et du pétrole, car ils augmentent les coûts de production des engrais et des denrées alimentaires qui sont tous deux à forte intensité énergétique.

    Les incidences sur le continent Africain

    Du point de vue économique :

    Sur les 54 pays que compte l’Afrique, 11 sont de grands exportateurs d’énergie et les autres sont des importateurs nets d’énergie, ou en quasi-autosuffisance. Pour illustrer les effets de la guerre sur l’Afrique, nous nous concentrerons sur six grandes économies. Trois sont des exportateurs d’énergie : l’Algérie, l’Angola et le Nigeria. Deux sont proches de l’autosuffisance énergétique : l’Égypte et l’Afrique du Sud. Le Maroc, pour sa part, est fortement tributaire des importations d’énergie et de denrées alimentaires. Ces six économies représentent ensemble plus de 60 % du PIB africain. Les exportateurs de pétrole tireront de gros bénéfices de la hausse des cours du pétrole et du gaz de ces dernières semaines, sachant que les exportations de pétrole de l’Algérie représentent 18,9 % de son PIB, celles de l’Angola 36,5 % et celles du Nigeria 10,3 %. Ainsi, une augmentation de 20 à 30 % des cours du pétrole et du gaz, correspondant à ce qui a été observé ces derniers mois, si elle se maintient, entraînera une hausse de 4 à 6 % du revenu national de l’Algérie. Si ces pays sont également dépendants, à des degrés divers, d’importations de denrées alimentaires (le Nigeria étant le moins dépendant), le coût supplémentaire de la hausse des prix des denrées alimentaires serait éclipsé par les gains réalisés sur les exportations d’énergie.

    Les effets de la guerre sur les importateurs d’énergie africains, qui ont également tendance à être des importateurs de produits alimentaires, sont fortement négatifs. Le Maroc est la plus grande économie africaine la plus susceptible de subir un choc négatif important du fait de la guerre, car ses importations de pétrole, de gaz et de charbon représentaient 6,4 % du PIB en 2019, soit environ le double de celles de l’Égypte et de l’Afrique du Sud, qui réalisent également d’importantes exportations d’énergie. Le Maroc est également un gros importateur de céréales. Le coût des céréales importées en tant que part du PIB s’élevait à 1,4 % en 2019, mais en raison d’une mauvaise récolte attendue en 2022, les importations pourraient être deux fois plus importantes, soit trois fois plus importantes que celles de 2021. Cela signifie que l’effet combiné de la hausse des cours du pétrole et des céréales, s’il se maintient, pourrait coûter au Maroc entre 1 et 2 % du revenu national cette année.

    Du point de vue politique :

    Moscou et l’Afrique ont déjà entretenu par le passé, au moment de la Guerre froide, des relations d’influence très fortes. En 2019, un grand sommet « Russie-Afrique » à Sotchi en octobre était co-présidé par Vladimir Poutine et son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi réunissant une trentaine de Chefs d’Etat Africains. La présence russe en Afrique se traduit aussi sur le plan militaire voire paramilitaire avec la société de sécurité privée Wagner.

    Le président en exercice de l’Union Africaine et le président de la Commission de l’Union Africaine exhortent les deux parties à l’instauration d’un cessez le feu et à l’ouverture de négociations politiques sous l’égide des Nations Unies, afin de préserver le monde des conséquences d’un conflit planétaire, pour la paix et la stabilité dans les relations internationales au service de tous les peuples du monde. L’Union africaine s’est également déclarée préoccupée par les informations selon lesquelles des Africains en Ukraine se verraient refuser le droit de traverser la frontière pour se mettre en sécurité. Toutefois, la réaction du Continent semble mitigée, car cette réticence pourrait s’expliquer par l’intensification de la « cour que la Russie fait aux dirigeants africains » ces dernières années, y compris le renforcement du soutien militaire et du renseignement par la Russie. Les dirigeants africains mettent donc peut-être en balance leur engagement individualiste en faveur de la souveraineté et de l’intégrité territoriale et le soutien matériel et militaire concret d’un dirigeant dont ils soupçonnent les intentions, mais dont le soutien sans conditions s’est avéré utile.

  • Journée de la Cemac : sous le signe de la relance économique, de l’industrialisation et du renforcement de l’intégration

    Journée de la Cemac : sous le signe de la relance économique, de l’industrialisation et du renforcement de l’intégration

    Le président en exercice de la Cemac, le président camerounais Paul Biya, en a fait les maîtres-mots de son adresse à la Communauté à l’occasion de cette 13ème édition. Voici en intégralité le discours lu ce 15 mars 2022 en son nom, par Ayang Luc, président du Conseil économique et social.

    Cette Journée est un moment important de réflexion autour des grandes problématiques de développement et d’intégration de notre espace communautaire.

    Le contexte de l’édition de cette année reste toujours marqué par des crises sanitaires, sécuritaires, économiques et financières. Leurs répercussions sur l’économie mondiale n’épargnent pas notre sous-région.

    Alors que notre communauté retrouvait progressivement la vitalité de son économie, cette tendance a été freinée par la survenance de la pandémie du coronavirus (COVID-19). Cependant, notre sous-région a su faire preuve de résilience.

    Les résultats obtenus dans la mise en œuvre de nos plans de riposte, soutenus par nos Partenaires au Développement, en sont le témoignage. Nos efforts doivent se poursuivre. Le retour à de meilleures conditions pour une croissance économique forte, durable et inclusive en dépend. Nos populations doivent rester mobilisées face à la pandémie. La vaccination nous permettra d’atteindre le plus rapidement l’immunité collective recherchée.

    Alors, notre combat pour l’éradication de l’extrême pauvreté pourra vigoureusement reprendre et conduire notre espace sous-régional vers l’atteinte des Objectifs de Développement Durable (ODD) à l’horizon 2030.

    Mais, nous devons constater la timidité de la reprise économique en zone Cemac et les menaces qui pèsent sur le pouvoir d’achat. Nos équilibres macro-économiques intérieurs et extérieurs demeurent encore fragiles malgré une orientation favorable. Cette situation découle de la faible vitesse imprimée au processus de redressement économique et social dans la sous-région. Il nous faudra accélérer la mise en œuvre des réformes structurelles contenues dans notre Programme Régional de Réformes Economiques et Financières. C’est la voie que nous recommandent les experts pour la consolidation de la vitalité économique de notre sous-région afin de gagner le pari de l’Emergence.

    Peuples de la Cemac, 

    Les chocs exogènes auxquels nos pays continuent de faire face n’ont point altéré la pertinence de l’objectif d’une croissance économique forte, durable, inclusive et créatrice d’emplois en zone Cemac.

    C’est ce qui justifie le choix du thème de la présente édition, intitulé « Renforcer les échanges commerciaux entre les pays de la Cemac, pour une relance économique post-COVID, forte, durable, inclusive et créatrice d’emplois à l’orée d’une vision d’industrialisation de la sous-région ».

    En effet, la relance économique post-COVID est notre principale préoccupation. Cette relance souhaitée doit reposer sur le renforcement des échanges économiques entre nos Etats. Notre prospérité et notre résilience économique ne peuvent être assurées par le volume actuel du commerce au sein de notre sous-région. Celui-ci ne dépasse guère 3% de l’ensemble des échanges avec le reste du monde.

    De même, notre croissance a été jusqu’ici largement tirée par nos exportations de matières premières non transformées. Une faiblesse structurelle à la base de nos vulnérabilités récurrentes. C’est pourquoi nous devons renforcer les échanges commerciaux sous-régionaux. Car seule une dynamique de relance économique post-COVID endogène est susceptible d’engendrer une croissance robuste, verte et riche en emplois.

    L’approfondissement de notre intégration reste un levier essentiel. Notre objectif est la libre circulation transfrontalière des personnes et des biens. Nos textes communautaires l’ont clairement consacré. Des efforts additionnels sont tout de même nécessaires pour en assurer une mise en application réussie à la satisfaction de nos peuples.

    Notre capacité à promouvoir l’industrialisation de notre communauté est également tributaire de notre degré d’intégration. Nos projets intégrateurs doivent aboutir à des infrastructures facilitant la circulation des personnes et des biens, tout en améliorant les conditions de compétitivité de nos économies. La Cemac doit devenir un marché attractif pour    les investisseurs.

    Une Cemac consolidée dans une Zone de Libre Echange Continentale Africaine (ZLECAF), est le meilleur gage de réussite de la transformation structurelle de nos économies vers l’industrialisation.

    Cette dynamique d’industrialisation et d’intégration des chaînes de valeur est un vecteur de création d’emplois décents pour notre jeunesse.

    • Messieurs les Chefs d’Etat de la Cemac,
    • Peuples de la Cemac,

    Les crises que connait le monde actuellement ont besoin de solidarité pour        être résolues.  Notre communauté la Cemac, a dès sa création fait le choix de la solidarité.

    Plus d’un demi-siècle après, l’ambition pour une intégration harmonieuse, une solidarité agissante et une complémentarité des peuples doit continuer de mobiliser toutes les filles et tous les fils de la Cemac.

    Tachons de garder vive la flamme qui illumine le chemin de l’intégration sous-régionale. Elle a besoin du concours de tous les citoyens de notre Communauté. Nous devons renforcer notre attachement aux vertus de l’intégration.

    Avec le soutien précieux de nos Partenaires Techniques et Financiers, nos efforts communs autour des plans de riposte à la COVID-19 et à la relance en zone Cemac, nous conduiront vers la prospérité partagée, le développement durable et inclusif.

    Plus que par le passé, notre engagement et notre détermination en faveur du renforcement de l’intégration de la Cemac, apporteront le rayonnement économique et social à notre espace communautaire pour le bien et le bien-être de nos populations.

    Je souhaite plein succès aux activités marquant la commémoration de la 13ème édition de la Journée de la Cemac.

    Vive l’intégration sous-régionale!

    Vive la Cemac

  • BDEAC : 88 milliards FCFA pour renforcer les échanges commerciaux

    BDEAC : 88 milliards FCFA pour renforcer les échanges commerciaux

    La Banque de développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC) s’était engagée à Paris en novembre 2020, à accompagner la mise en œuvre de six projets intégrateurs de la Cemac.

    Le président de la BDEAC (àg) et le Ministre équatoguinéen des Finances, de l’Economie et du Budget

    L’institution bancaire vient à nouveau de renouveler cet engagement en apportant un appui financier de 88,3 milliards FCFA à l’un de ces projets. Les fonds sont pour l’essentiel destinés à l’aménagement de 111 km de route entre Akurenam et Minang sur le corridor Nsok-Akurenam-Minang. Et à en croire le président de l’institution sous-régionale, «le projet s’inscrit en parfaite cohérence avec la stratégie de la BDEAC en vue du renforcement des échanges intracommunautaires».

    Fortunato-Ofa Mbo Nchama a en effet insisté au cours de la cérémonie de signature à Malabo sur les nombreux avantages socio-économiques du projet bénéficiaire. Le dirigeant communautaire a notamment relevé dans ce chapitre, «le désenclavement de la zone d’influence directe du projet, la promotion des activités commerciales dans la zone du projet, la facilitation et la réduction du coût de transport des personnes et des biens, et l’amélioration des conditions de santé des populations par la facilitation des évacuations sanitaires».

    Un communiqué récemment publié par la BDEAC affiche en outre l’ambition de l’«accroissement des échanges internationaux et notamment avec le Gabon». L’idée pour l’institution bancaire sous-régionale est alors d’aller au bout de sa logique et de contribuer ainsi à «l’accompagnement de la mise en œuvre du processus d’intégration régionale».

    Dans le détail, les 88,3 milliards FCFA de la BDEAC vont servir à «réaliser les travaux de terrassement, de bitumage de la chaussée, d’assainissement et de signalisation verticale et horizontale, ainsi que quelques aménagements connexes pour amplifier ses impacts socioéconomiques».

    La Banque de développement précise que «l’aménagement de cette route fait partie des 11 projets intégrateurs prioritaires du Programme économique régional (PER) de la Cemac et permettra de relier la République de Guinée Équatoriale à la République Gabonaise».  Son président indique par ailleurs que le projet «s’intègre également dans les visions de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et contribuera ainsi à réduire significativement le désenclavement de la sous-région».

    Théodore Ayissi Ayissi