INSTITUTIONSINTÉGRATION RÉGIONALE

Zone Cemac : retour de croissance et risque de récession en 2021 et 2022

Bulletin de santé

Après avoir été frappée de plein fouet par la crise sanitaire en 2020, la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) semble mieux se porter en 2021. C’est ce qu’il ressort du rapport de Surveillance multilatérale 2019 et perspectives pour 2020 et 2021 récemment rendu public. En s’appuyant en effet sur différents indicateurs, le document évalue les paramètres économiques vitaux de la sous-région et arrive à une conclusion encourageante, mais prudente. À savoir que «les perspectives macroéconomiques de la Cemac pour 2021 et 2022 sont toujours sujettes à des risques assez conséquents portées en majeure partie par la persistance de la crise sanitaire couplée avec ses répercussions sur les plans économique et social. Nonobstant, la croissance repartirait à la hausse pour atteindre 1,3% en 2021 et 2,7% en 2022», indique le rapport.

Autrement dit, la sous-région n’est pas encore à l’abri d’un retournement de situation. Plusieurs risques existent et font encore planer le spectre de la récession économique. Au rang de ceux-ci, le rapport de Surveillance multilatérale relève notamment «un retard dans la mise en place des programmes économiques et financiers de deuxième génération avec le FMI dans certains États membres, qui pourrait engendrer un relâchement des efforts consentis dans la consolidation budgétaire et entrainer ainsi une détérioration accrue du solde budgétaire et plus de tensions sur la masse salariale et le service de la dette». L’heure est donc à la vigilance pour l’ensemble de la sous-région. Mais, elle l’est davantage pour le Congo et la République centrafricaine clairement identifiés comme les pays présentant le plus fort risque de récession en 2021. Voici l’intégralité des conclusions dudit rapport.

Théodore Ayissi Ayissi

Ministre de la zone Cemac

En zone Cemac, l’environnement économique a été fortement impacté en 2020 par la crise sanitaire engendrée par la pandémie de Covid-19 couplée avec ses répercussions sur les plans économique et social. Il a aussi été caractérisé par la contreperformance de la production pétrolière au Congo, Gabon et Tchad, ainsi que des activités gazières au Cameroun et en Guinée Équatoriale, et un léger relâchement dans la consolidation budgétaire par tous les États membres de la Cemac, sur fond de la pandémie de Covid-19 et de la persistance des menaces sécuritaires dans le Bassin du Lac Tchad et en Centrafrique, ainsi que de la crise socio-politique dans les Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun.
Dans ce contexte, la Cemac a connu une nouvelle récession en 2020 après celle de 2016. La croissance économique s’est établie à -1,7% en 2020 contre 2,1% en 2019. Par pays, sauf le Cameroun et la Centrafrique ont évité une récession en 2020.

Centrafrique
La Centrafrique a connu une croissance du PIB réel positive en 2020 en lien avec le dynamisme des investissements publics, la vigueur du secteur sylvicole, des industries extractives, des BTP et des services non marchands. Ce dynamisme a résulté du côté de l’offre de l’augmentation des exportations du bois et de l’or, qui a joué son rôle de valeur de refuge durant la pandémie de Covid-19, induisant une progression de ses cours. La croissance s’est établie à 1,0% en 2020, bien qu’en net ralentissement par rapport à son niveau de 2,8% en 2019.

Cameroun
Au Cameroun, la récession a été évitée en 2020 en liaison avec la bonne tenue du secteur pétrolier, des productions du coton et du caoutchouc, ainsi que le regain d’activités dans l’industrie agroalimentaire, les services financiers et les services d’information et de télécommunication. Toutefois, la croissance a nettement ralenti pour revenir à 0,7% en 2020 après 3,7% en 2019, en liaison avec la forte contraction de la demande intérieure dans un contexte de crise sanitaire mondiale.

Congo
Au Congo, la récession s’est poursuivie en 2020, comme c’est le cas depuis pratiquement 2015, et s’est amplifiée avec l’avènement de la pandémie de Covid-19. La croissance a plombé pour s’établir à -6,0% en 2020 après -0,2% en 2019, en lien avec les contreperformances du secteur pétrolier couplée avec une aggravation de l’atonie de l’activité économique non pétrolière. Le secteur pétrolier a enregistré une croissance de -8,8% en 2020 contre 1,4% en 2019. De même, le secteur hors pétrole a été en récession avec une croissance revenue à -3,9% en 2020 après -1,4% en 2019.

Gabon
Au Gabon, l’activité économique, après avoir été fortement soutenue en 2019 sous l’impulsion de la bonne tenue des productions pétrolière et minière, s’est rétrécie en 2020, en relation avec la crise sanitaire engendrée par la pandémie de Covid-19. La croissance s’est située à -1,8% en 2020 contre 3,9% en 2019, en lien avec la baisse de l’activité économique tant dans le secteur pétrolier que le secteur non pétrolier.

Guinée Équatoriale
En Guinée Équatoriale, l’activité économique a continué en 2020 de pâtir du déclin de la production pétrolière couplée avec la persistance de l’atonie de l’activité économique non pétrolière. La récession s’est ainsi poursuivie comme c’est le cas depuis 2013, avec une croissance qui est revenue à -4,9% en 2020 après -4,5% en 2019.

Tchad
Au Tchad, la récession n’a pas été évitée en 2020 en dépit d’une redynamisation de la filière coton impulsée avec le début de mise en œuvre du plan de relance de la Coton Tchad SN par OLAM International. La récession de 2,4% enregistrée en 2020 après une croissance de 2,6% en 2019 est en liaison avec la baisse de la production pétrolière de 3,6% essentiellement du fait de la cessation d’activités de l’opérateur Glencore depuis mai 2020, couplée avec la contraction de la demande intérieure suite à la mise en place des mesures de confinement et de distanciation sociale pour la riposte à la pandémie de Covid-19.

Critères de convergence
Pour ce qui est de l’état de conformité aux critères de convergence, il s’est dégradé en 2020 en relation avec la crise engendrée par la pandémie de Covid-19. La Communauté a observé en 2020 deux critères de convergence sur quatre, ceux afférents à l’inflation et l’endettement.

Par pays, le Cameroun, la Centrafrique, le Congo, la Guinée Équatoriale et le Tchad ont respecté deux critères de convergence sur quatre, ceux relatifs à l’endettement et l’inflation pour le Cameroun et la Centrafrique, ceux afférents au solde budgétaire de référence et l’inflation pour le Congo et les critères portant sur le solde budgétaire de référence et l’endettement pour la Guinée Equatoriale et le Tchad. Le Gabon a observé juste un seul critère, celui relatif à l’inflation.

Dette publique
Se focalisant spécifiquement sur la dette publique, déjà à des niveaux particulièrement préoccupants avant la pandémie de Covid-19, elle s’est davantage accrue avec l’avènement de la pandémie. Le stock de la dette publique a atteint 55,6% du PIB en 2020 après 49,1% du PIB en 2019.

Par pays, ce stock a cru en 2020 dans l’ensemble des États membres à l’exception de la Centrafrique. Le Gabon a franchi en 2020 le plafond de 70% du stock de la dette publique rapporté au PIB. Cette situation a été en majeure partie la résultante de l’émission par le Gabon d’un eurobond en début d’année 2020 pour le paiement par anticipation de son eurobond arrivant à échéance en 2024 – 2025, ainsi que l’élargissement du champ de couverture de la dette publique prenant désormais en compte la dette non conventionnelle et les arriérés des instances de paiements au Trésor. Le stock de la dette publique de ce pays s’est établi à 74,8% du PIB en 2020 contre 57,4% du PIB en 2019.

S’agissant du Congo, il reste toujours en situation de surendettement, avec un stock de la dette publique dépassant le plafond de 70% du PIB depuis la survenue du choc pétrolier. Ce stock s’est hissé à 99,8% du PIB en 2020 après 83,0% du PIB en 2019.

Concernant les autres pays de la Cemac, même s’ils ne connaissent pas encore une situation de dette publique avec un stock dépassant les 70% du PIB, au vu du service de la dette davantage élevé, ils font face de même que les deux autres pays à un problème soit de refinancement, de reprofilage ou de restructuration de leurs dettes.

S’agissant de l’état d’observation des normes requises pour les divers indicateurs de la surveillance multilatérale, il s’est nettement dégradé avec l’avènement de la pandémie de Covid-19, portées en majeure partie par les mesures d’exonération fiscale et de report de paiement de certains impôts prises pour atténuer les effets néfastes de la crise engendrée par la pandémie de Covid-19 sur les entreprises et les ménages. Contrairement à 2019 où le Gabon a observé la norme se rapportant au taux de pression fiscale et le Cameroun et la Guinée Equatoriale celle relative à la masse salariale, aucun Etat membre n’a respecté en 2020 les normes se rapportant au taux de pression fiscale et à la masse salariale.

Pression fiscale
Pour ce qui est du taux de pression fiscale , le Gabon enregistre depuis 2018 le plus fort taux dans la sous-région. Ce taux est revenu dans ce pays à 16,7% en 2020 après 18,4% en 2019. La Guinée Équatoriale, quant à elle, enregistre sans discontinuité depuis 2017 le plus faible taux de pression fiscale dans la Cemac. Ce taux a baissé en 2020 dans ce pays pour s’établir à 3,3% après 4,0% en 2019.

En ce qui concerne la masse salariale rapportée aux recettes fiscales totales , le Cameroun et la Guinée Équatoriale ont enregistré en 2020 comme en 2018 et 2019 les plus faibles taux dans la Sous-Région. Cependant, ils sont répartis au-delà de la norme communautaire pour atteindre respectivement dans ces deux pays 39,4% et 40,3% en 2020 après 35,0% et 34,5% en 2019. En lien avec la contreperformance observée dans la mobilisation des recettes fiscales, le Congo a enregistré la plus grande valeur se rapportant à ce ratio en 2020 dans la Cemac après la RCA et le Tchad en 2019. Ce ratio a cru substantiellement en 2020 au Congo pour se hisser à 71,4% contre 53,4% en 2019.

Secteur bancaire
Pour ce qui est du secteur bancaire, il s’est davantage affaibli avec la survenue de la pandémie de Covid-19, le volume des crédits impactés par ladite pandémie ayant atteint 472 milliards de Francs CFA au 31 décembre 2020 dont 61% d’entre eux faisant déjà l’objet de restructuration. Le taux de créances en souffrance, en quasi-augmentation continue depuis l’avènement du choc pétrolier, aurait atteint plus de 25% au 31 décembre 2020 en cas de prise en compte des crédits impactés par la Covid-19, après 20,9% à fin décembre 2019.

En outre, l’état d’observation des normes prudentielles s’est légèrement amélioré en 2020 avec les mesures d’assouplissement prudentiel temporaires prises pour juguler les effets néfastes de la pandémie de Covid-19 dans le secteur bancaire. Prenant en compte les bons résultats obtenus au niveau de la profitabilité des banques en 2020 et les perspectives pour 2021 et soucieux de la stabilité financière de la Sous-Région, ces mesures d’assouplissement prudentiel temporaires devraient être rapidement levées aussitôt que la crise sanitaire se serait nettement résolue.

Par contre, le traitement des banques en difficulté demeure lent et difficile du fait de la non mise en œuvre stricte des résolutions de la COBAC par certaines Autorités nationales concernées.

Les perspectives macroéconomiques
Les perspectives macroéconomiques de la Cemac pour 2021 et 2022 sont toujours sujettes à des risques assez conséquents portées en majeure partie par la persistance de la crise sanitaire engendrée par la pandémie de Covid-19 couplée avec ses répercussions sur les plans économique et social. Nonobstant, la croissance repartirait à la hausse pour atteindre 1,3% en 2021 et 2,7% en 2022.

Centrafrique
Par pays, la Centrafrique et le Congo connaîtraient une récession en 2021. La croissance pâtirait en Centrafrique des effets de la crise sécuritaire ayant secoué le pays au cours des périodes préélectorales et post-électorales de la présidentielle tenue en fin d’année 2020. Le blocus du corridor Beloko–Bangui pendant une bonne période par des groupes armés a impacté significativement l’activité dans l’exploitation forestière, le secteur manufacturier et le commerce. La croissance ressortirait dans ce pays à -0,1% en 2021 contre 1,0% en 2020.

Congo
Au Congo, l’activité économique continuerait en 2021 à être ralentie par le déclin de la production pétrolière en dépit d’une progression de l’activité dans le secteur non pétrolier pour la première fois depuis le pic du choc pétrolier en 2016. La production pétrolière pâtirait du déclin progressif des champs du Plateau de Moho Nord et d’un ralentissement du rythme de production des champs de Banga Kayo et Néné Phase 2 en lien avec la pandémie de Covid-19. La croissance s’établirait à -3,8% en 2021 avant une progression à 1,0% en 2022 portée par une embellie dans la production pétrolière.

Cameroun
Au Cameroun, la croissance s’accélèrerait pour atteindre 2,5% en 2021 et 3,4% en 2022. Elle profiterait du relâchement des contraintes pesant sur la demande globale à la faveur des mesures de déconfinement. Cette dynamique serait atténuée par le secteur pétrolier qui connaîtrait tout d’abord un ralentissement de sa croissance en 2021 avant une baisse d’activité en 2022. Le secteur pétrolier serait impacté par l’atteinte par la plateforme offshore de production de gaz de sa vitesse de croisière ainsi que la pandémie de Covid-19 ayant ralenti substantiellement l’activité de forage dans un contexte de maturité de la plupart des champs pétroliers.

Gabon
Au Gabon, la croissance remonterait à 1,4% en 2021 et 3,9% en 2022. Elle profiterait en 2021 de la bonne tenue de l’agriculture industrielle et d’exportation ainsi que de la production de manganèse à la faveur de la mise en œuvre du projet Comilog 2020. Toutefois, la croissance serait atténuée en 2021 par la baisse de la production pétrolière en liaison avec le repli des investissements visant à améliorer les champs matures dans un contexte de pandémie mondiale. Contrairement à 2021, la croissance serait tirée en 2022 par la production pétrolière qui connaîtrait une hausse conséquente avec l’entrée en plein régime du Champ de Simba et des effets induits des activités de forage des puits pétroliers. Le secteur non pétrolier verrait une diminution du rythme de sa progression en lien avec un ralentissement de l’activité dans l’Agriculture industrielle et d’exportation ainsi que dans la production de manganèse.

Guinée Équatoriale
En Guinée Équatoriale, la croissance redeviendrait positive en 2021, après une série de récessions enregistrées depuis 2013 en lien avec le déclin de la production pétrolière. À la faveur d’une hausse conséquente de la production gazière estimée à 21,9% ainsi que d’une bonne tenue du secteur non pétrolier profitant des effets induits de la levée progressive des mesures de confinement, la croissance connaîtrait un rebond pour se hisser à 2,0% en 2021. Elle redeviendrait à nouveau négative en 2022 pour s’établir à -1,4% en lien avec la poursuite du déclin de la production pétrolière non compensée cette fois-ci par la légère hausse de la production gazière.

Tchad
Au Tchad, la croissance progresserait pour atteindre 1,8% en 2021 en dépit d’un nouveau recul de la production pétrolière. L’activité pétrolière resterait impactée par la cessation de la production par l’Opérateur Glencore en mai 2020 ainsi que par l’insuffisance avec l’avènement de la pandémie de Covid-19 des investissements pour le forage des puits pétroliers dans un contexte de maturité de la plupart des champs pétroliers. La croissance profiterait néanmoins de la poursuite de la mise en œuvre du plan de relance de Coton Tchad SN par OLAM International. En 2022, la croissance s’accélèrerait davantage pour atteindre 3,8% portée par la bonne tenue tant du secteur pétrolier que de l’activité économique non pétrolière.

Inflation
Au plan de l’évolution des prix à la consommation, l’inflation repartirait à la hausse dans la Cemac pour s’établir à 2,7% en 2021 après 2,4% en 2020, en liaison essentiellement avec les mesures de confinement engendrant des perturbations dans l’approvisionnement de certaines denrées alimentaires ainsi que les comportements déviants de certains opérateurs provoquants des pénuries artificielles. Toutefois, l’inflation est projetée revenir à la baisse pour s’établir à 2,5% en 2022 en lien avec un rebond de la production.

Finances publiques
Dans le domaine des finances publiques, à la faveur d’une orientation budgétaire particulièrement expansionniste avec l’avènement de la pandémie de Covid-19, le solde budgétaire global, base engagements, dons compris resterait déficitaire en 2021 et 2022 comme c’est le cas depuis 2012. Son déficit repartirait légèrement à la hausse pour atteindre 2,1% du PIB en 2021 après 2,0% du PIB en 2020 avant de revenir à 1,7% du PIB en 2022. Cette légère remontée du déficit budgétaire global serait la résultante d’une hausse plus prononcée des dépenses budgétaires comparée avec la progression des recettes totales. La mobilisation des recettes fiscales profiterait de l’informatisation accrue des systèmes d’administration et de paiement des impôts dans la plupart des pays de la Cemac et de l’avènement de la nouvelle Réglementation des changes ayant favorisé la migration d’un nombre considérable d’entreprises informelles vers l’économie formelle.

En outre, confirmant l’orientation pro cyclique de la politique budgétaire, le solde budgétaire de référence se détériorerait substantiellement en 2021 avec un déficit qui remonterait à 3,3% du PIB après 2,0% du PIB en 2020. Toutefois, le déficit de ce solde se contracterait en 2022 pour revenir à 1,9% du PIB en liaison avec une nette maîtrise des dépenses publiques combinée avec la poursuite des efforts consentis dans la mobilisation des recettes hors pétrole.

Transactions avec l’extérieur
Concernant les transactions avec l’extérieur, le déficit de la balance courante, transferts publics inclus, se stabiliserait à 4,8% du PIB en 2021 avant de progresser pour atteindre 5,0% du PIB en 2022. La stabilisation du déficit de la balance courante, transferts publics inclus, serait en lien avec l’amélioration de l’excédent de la balance commerciale en raison principalement de l’amélioration des termes de l’échange, induite par les diverses campagnes de vaccination contre la Covid-19 à travers le monde ayant permis une amélioration significative des cours des principales matières premières exportées.
Par ailleurs, les entrées nettes de capitaux baisseraient substantiellement en 2021 en dépit d’une nette progression des investissements directs étrangers à la faveur de la levée progressive des mesures de confinement prises pour la riposte à la propagation de la pandémie de Covid-19. Elles seraient impactées significativement par une forte demande en devises pour faire face à la reprise des importations et la baisse des appuis budgétaires suite à l’arrêt des programmes de première génération avec le FMI dans bon nombre de pays de la Cemac. Cependant, les entrées nettes de capitaux repartiraient fortement à la hausse en 2022 en liaison avec le retour progressif à une situation normale et la perspective de la mise en place des programmes de deuxième génération avec le FMI dans la quasi-totalité des pays de la Cemac.

Balance des paiements
Comme résultante des évolutions sus décrites, le solde global de la balance des paiements resterait déficitaire en 2021 comme en 2020 avant de revenir excédentaire en 2022. Il serait financé en 2021 par la variation des réserves officielles (y compris les premiers décaissements qui seraient obtenus suite à la mise en place des programmes de deuxième génération avec le FMI) ainsi que par les allègements et annulations de la dette de 283,4 milliards de Francs CFA espérés en l’occurrence dans le cadre du traitement des dettes du Congo, du Tchad et du Cameroun.

Situation monétaire
Pour ce qui est de la situation monétaire, elle se raffermirait en 2021 et 2022 après une détérioration en 2020, en lien avec la bonne tenue de l’activité économique. Néanmoins, les réserves extérieures en termes de couverture des importations et du service de la dette extérieure reviendraient à 3,1 mois à fin décembre 2021 après 3,2 mois au 31 décembre 2020, avant de remonter à 3,7 mois à fin décembre 2022 en lien avec la dynamique attendue dans l’évolution de la balance des paiements.
Ces perspectives se fondent principalement sur les deux hypothèses ci-après : (i) une atténuation de la pandémie de Covid-19 portée par les diverses campagnes de vaccination à travers le monde et, (ii) une mobilisation suffisamment élevée de financements extérieurs exceptionnels, avec à la clef de nouveaux programmes soutenus par le FMI et un élan de réformes structurelles dans l’optique de promouvoir une croissance forte, inclusive et durable, susceptible de renforcer la résilience aux chocs extérieurs et remédier aux problèmes de viabilité de la dette.

Risques
Quelques risques majeurs pèsent sur ces perspectives, en l’occurrence :
Ø La persistance de la crise sanitaire engendrée par la pandémie de Covid-19 ainsi que le déclenchement d’une énième vague de contamination chez les principaux partenaires commerciaux de la Cemac qui pourraient conduire à la restauration des mesures de confinement et un nouvel affaiblissement des cours du pétrole brut;

Ø Un retard dans la mise en place des programmes économiques et financiers de deuxième génération avec le FMI dans certains Etats membres, qui pourrait engendrer un relâchement des efforts consentis dans la consolidation budgétaire et entrainer ainsi une détérioration accrue du solde budgétaire et plus de tensions sur la masse salariale et le service de la dette ;

Ø La persistance des tensions sécuritaires dans le Bassin du Lac Tchad et en Centrafrique ainsi que de la crise socio-politique dans les Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun qui pourrait impacter très négativement la production et la mobilisation des recettes fiscales et douanières, ainsi qu’engendrer une augmentation accrue des dépenses militaires de sécurité avec effet d’éviction sur les dépenses publiques d’investissements.

Du fait de l’accentuation des risques majeurs pesant sur les perspectives macroéconomiques de la Cemac à court terme, les orientations générales de mesures de politique économique portent sur les mesures visant à contenir l’impact de la crise engendrée par la pandémie de Covid-19 sur la détérioration du cadre macroéconomique, augmenter l’inclusion économique, stimuler la croissance potentielle et renforcer les effets multiplicateurs des politiques budgétaires et monétaire.

Prioritairement, les États membres devraient poursuivre la mise en place des mesures de riposte à la crise engendrée par la pandémie de Covid-19, conclure de nouveaux programmes économiques et financiers avec le FMI, et continuer à satisfaire aux exigences de tels programmes, notamment en ce qui concerne la viabilité de la dette et les assurances de financement.

Source : rapport de Surveillance multilatérale 2019 et perspectives pour 2020 et 2021

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