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Archives des Tchad - Page 2 sur 9 - Journal Intégration

Journal Intégration

Étiquette : Tchad

  • Autoroute Yaoundé-Nsimalen (Meyo) : les activités sportives font de la résistance

    Autoroute Yaoundé-Nsimalen (Meyo) : les activités sportives font de la résistance

    Faute d’infrastructures, plusieurs personnes bravent l’interdiction de la ministre de l’Habitat et du Développement urbain, et continuent de pratiquer des exercices physiques sur la chaussée.

    Activités sportives sur l’autoroute Yaoundé-Nsimalen

    À Meyo sur le tracée de l’autoroute Yaoundé-Nsimalen, les riverains continuent d’ignorer le communiqué de Célestine Ketcha Courtès. La ministre de l’Habitat et du Développement urbain (Minhdu) a signé le 5 mai 2022 un texte interdisant la pratique des activités physiques aux abords de l’autoroute Yaoundé-Nsimalen. Pour s’en assurer, un poste de vidéosurveillance y a été installé. Sauf que, cela ne semble pas avoir changé grand-chose. Tous les matins, l’on voit des dizaines d’hommes et de femmes faire du sport le long de la route. Footing, marche sportive, exercices sur les rambardes de sécurité, tout y passe. Dans cette ambiance d’insouciance, certains n’hésitent pas à se coucher sur le trottoir, obligeant les véhicules et les motos à ralentir à leur niveau.

    Le week-end est la période de la semaine où cette pratique est plus intense. L’on y trouve des groupes de personnes venues faire toutes sortes d’exercices physiques. Le dimanche l’est encore plus, avec l’entrée en scène des associations de football pour vétérans (deux zéros). Entre 5h et 9h, ils transforment les espaces libres de l’échangeur de Meyo en terrain de football, indique notre interlocuteur.

    Rendus sur les lieux, les faits parlent d’eux-mêmes. Plusieurs personnes se livrent à la pratique du sport. Parmi ceux-ci, se trouvent une grande partie de fonctionnaires et employés des grandes structures et sociétés privées. Certains d’entre eux occupent des postes de responsabilité: universitaires, ingénieurs, officiers de l’armée et agents de police…

    Mea culpa
    Lors des échanges, la plupart de ces camerounais reconnaissent être en infraction totale. Pourtant, ils ne manquent pas de brandir des justificatifs. «Avec l’absence des espaces de jeux, nous sommes obligés de venir ici. Nous savons que c’est interdit et nous sommes conscient du danger que cela représente. Mais nous n’avons pas de choix», argumente un cadre sous anonymat rencontré sur les lieux.

    Non loin de là, une autre riveraine confie qu’elle a besoin de pratiquer du sport pour se maintenir en bonne santé. «Je suis diabétique depuis 2 ans et mon médecin m’a prescrit le sport, surtout la marche pour une meilleure santé. Le seul espace où je peux me livrer à de telles pratiques c’est à cet endroit», confesse Angeline.
    Ces derniers sont conscients du risque encouru sur le plan sécuritaire et juridique. Ils demandent au gouvernement de leur trouver des espaces appropriés pour faire du sport. Ils se disent d’ailleurs prêts à apporter une contribution financière pour accompagner l’élan de l’État dans la mise en place de ces installations.

    André Gromyko Balla

  • Présidence de l’Assemblée générale de l’Onu : Graal diplomatique pour Paul Biya en 2024

    Présidence de l’Assemblée générale de l’Onu : Graal diplomatique pour Paul Biya en 2024

    Le discours devant le corps diplomatique, le 5 janvier dernier au Palais de l’Unité, l’a rappelé avec emphase. L’ancien Premier ministre, Philemon Yang, est plus que jamais au-devant de la scène internationale.

     

     

    À Yaoundé le 5 janvier dernier, les membres du corps diplomatique et des corps constitués nationaux ont présenté leurs meilleurs vœux au président de la République du Cameroun, Paul Biya. Le moment solennel n’était pas qu’un vain bal de poignées de main.

    Candidature
    Paul Biya déplore dans son discours de circonstance la multiplication des conflits et des activités criminelles des groupes terroristes de part et d’autre. Celles-ci ont des conséquences négatives sur le développement de nombreux pays et, partant, sur le bien-être de leurs populations. Dans cette lancée, le «mendiant de la paix» ne cache pas son souhait. Celui de voir la voie du dialogue et de la conciliation prendre le pas sur celles de la confrontation et de l’affrontement pour le bien de l’humanité.

    C’est dans la même perspective qu’en marge des vœux habituels, le chef de l’État camerounais a dévoilé son vœu ultime pour l’année 2024. Il s’agit de «la candidature du Cameroun à la présidence de la 79e session de l’Assemblée générale des Nations unies. Candidature pour laquelle je sollicite votre soutien à tous», insiste Paul Biya.
    Si le corps diplomatique n’affirme pas clairement son soutien à la candidature camerounaise, il se dit tout de même prêt à l’accompagner dans la lutte contre l’insécurité. «Le corps diplomatique est disposé à coopérer et à consolider ses efforts aux côtés du gouvernement pour promouvoir la paix et la stabilité dans ces régions», a indiqué le doyen du corps diplomatique. Pour le moment, la candidature camerounaise bénéficie officiellement du soutien de l’Afrique centrale qui a marqué son accord.

    Toujours le Gabon…
    Au nom du corps diplomatique, Paul Patrick Biffot s’est adressé au président camerounais. Le doyen du corps diplomatique accrédité par Etoudi, par ailleurs Haut-commissaire du Gabon au Cameroun, en a profité pour faire une lecture de la situation du Cameroun sur divers plans.

    Sur le plan international, a-t-il indiqué, le corps diplomatique salue les efforts qu’a fournis le Cameroun au sein de la communauté internationale. Notamment sa participation au sommet Russie-Afrique, l’accueil par le Cameroun de la 5e Conférence des chefs d’État et de gouvernements de la Cemac, la 44e Conférence ministérielle de la Francophonie… Dans le même sens, il encourage le pays à continuer d’œuvrer pour des avancées en matière de transformation des énergies fossiles.

    Sur le plan sécuritaire, a-t-il observé, le Cameroun n’est pas épargné par le vent de conflits que connait le continent noir depuis des décennies, notamment avec la secte islamiste Boko Haram. Sur le plan humanitaire, salue-t-il, le pays œuvre au quotidien en faveur des réfugiés nigérians et autres. Des engagements qui laissent penser que le Cameroun est le modèle de résilience, puisqu’il a également fait face à un lot de problèmes liés à d’autres crises.

    Joseph Julien Ondoua Owona

  • Sécurité alimentaire : sombres perspectives pour le Cameroun

    Sécurité alimentaire : sombres perspectives pour le Cameroun

    Du fait d’une insécurité persistante, certaines régions risquent le pire à partir de janvier/ février.

     

    La situation a tout à voir avec l’insécurité qui paralyse les régions de l’Extrême-Nord, du Nord-Ouest et du Sud-Ouest depuis plusieurs années. L’impact pluridimensionnel se fait ressentir de manière accrue sur l’alimentation et la nutrition des populations. Soit 2,9 millions de personnes en insécurité alimentaire dans le pays à fin 2023. Concrètement, la situation correspond à la classification de deux départements de l’Extrême-Nord comme étant en phase de crise pour la période octobre-décembre 2023. Le Nord-Ouest et le Sud-Ouest sont à des stades similaires, révèle deux rapports de situation du Bureau de coordination de l’action humanitaire des Nations unies (Ocha) ces 2 et 4 janvier 2024. «En raison de l’insécurité et des conflits, de nombreux ménages pauvres de ces zones ont désormais épuisé les réserves de céréales de base de la campagne principale 2023 et les récoltes de la contre-saison en cours restent inférieures à la moyenne. Cette situation devrait conduire à une soudure précoce à partir de janvier/février au lieu de mars [de l’année en cours, Ndlr], les ménages devant recourir davantage aux achats de céréales de base sur le marché dans un contexte de prix en hausse et supérieurs à la moyenne», lit-on.

    Stratégies d’adaptation négatives
    Le scénario subséquent à cette crise prévoit: une réduction du pouvoir d’achat des populations, une augmentation des prix des denrées alimentaires, le recours à la mendicité; l’adoption de stratégies d’adaptation négatives telles que la réduction de la fréquence et de la taille des repas et une dépendance accrue à l’endettement. Plusieurs pourraient se voir contraints d’«envoyer les membres de la famille manger ailleurs, réduire les portions de nourriture des adultes en faveur des enfants et réduire leurs besoins alimentaires minimum», alerte l’Ocha; ajoutant qu’une partie de la population impactée par ces conflits devrait se retrouver confrontée à une situation d’urgence.
    Les prévisions tablent aussi pour une dégradation de la situation dans la région de l’Adamaoua, hôte d’une forte population de réfugiés centrafricains et de déplacés internes. Notamment les départements du Mbéré (Adamaoua), du Kadey et du Lom-et-Djerem (Est). Même son de cloche pour les zones urbaines de Yaoundé et Douala. Les zones épargnées par les conflits connaîtront à l’opposé un bien meilleur sort. «Les niveaux moyens de production propre au cours de la saison 2023/2024 devraient favoriser l’accès à la nourriture, tandis que les revenus tirés de la vente des cultures et de la main d’œuvre agricole faciliteront l’achat de denrées et de produits non alimentaires de base importés». Le pays peut cependant compter sur ses niveaux de pluviométrie acceptables.

    Louise Nsana

  • Crise sécuritaire au Noso : les signaux bientôt au vert ?

    Crise sécuritaire au Noso : les signaux bientôt au vert ?

    La réduction du nombre d’affrontements entre forces gouvernementales et combattants séparatistes augure des lendemains meilleurs.

    Noso: les armes se taisent d’une année à l’autre

    «Entre janvier et août 2023, l’intensité des combats entre séparatistes anglophones et forces gouvernementales dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest a connu une diminution d’une année sur l’autre, agrémentée d’augmentations sporadiques». Cette déclaration du Bureau de coordination de l’action humanitaire des Nations unies (Ocha) est de bon ton. Ce d’autant plus qu’elle s’accompagne de chiffres évocateurs. «L’ACLED (en français, Projet de données sur la localisation et les événements des conflits armés, Ndlr) a signalé quelque 69 événements liés au conflit et 118 décès associés au cours de cette période, ce qui représente une diminution de 59% des incidents et une diminution de 64% des décès par rapport à la même période en 2022. Ces niveaux sont nettement inférieurs au pic d’intensité observé fin 2021», souligne l’Ocha.

    Un tel exposé de faits donne sens aux déclarations du président de la République du Cameroun, Paul Biya. Lors de son adresse à la nation le 31 décembre 2023, le «mendiant de la paix» évoquait une amélioration de la situation sécuritaire dans les zones dites anglophones. «Grâce à la collaboration active des populations avec nos forces de défense et de sécurité, la situation dans les régions du Nord-Ouest, du Sud-Ouest et de l’Extrême-Nord s’est significativement améliorée. Elle permet désormais la mise en œuvre sereine des plans de reconstruction et de développement desdites régions», a-t-il déclaré.

    Vent en poupe pour la PAOEI
    La Province d’Afrique de l’Ouest de l’État islamique (PAOEI, branche de Boko Haram bénéficiant du soutien de l’État islamique) a fait souffler un vent de terreur sur la région de l’Extrême-Nord entre janvier et août 2023. En particulier dans les départements du Mayo-Sava, du Mayo-Tsanaga et du Logone-et-Chari. Le groupe djihadiste y a procédé à des incursions dans des villages, des pillages, des enlèvements et des déplacements forcés. Les données de l’Ocha font état de 154 attaques contre des civils (soit une augmentation de 69% d’une année sur l’autre). Lesquels ont conduit à la mort de 148 civils (soit une augmentation de 5% d’une année sur l’autre). À cela s’ajoute 101 affrontements entre la PAOEI et les forces de sécurité, entraînant 92 morts. Ce qui, souligne l’institution, représente une augmentation de 46% par rapport à la même période l’année précédente, et une diminution de 30% du nombre de décès. «Ce sont les districts de Kolofata et Mora dans le Mayo-Sava et les districts de Mayo-Moskota et Koza dans le Mayo-Tsanaga qui ont été les plus concernés par le récent conflit. L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) rapporte qu’entre juillet et septembre 2023, près de 3 200 personnes ont dû fuir les attaques des insurgés et se réinstaller dans d’autres zones du district de Mokolo».

    Louise Nsana

  • Droits humains au Cameroun : des avancées dans l’accès aux sources d’informations

    Droits humains au Cameroun : des avancées dans l’accès aux sources d’informations

    D’après l’ONG Jade (Journalistes en Afrique pour le Développement), les médias ont produit de plus en plus d’articles sources, malgré la persistance des difficultés à accéder aux informations.

    Atelier de restitution du projet « presse libre » décembre, Douala 28 2023

    Au Cameroun, l’année 2023 aura été particulièrement chargée d’informations en lien avec les droits de l’Homme. À l’exemple des assassinats de journalistes, dont le plus parlant demeure celui du chef de chaîne de la radio Amplitude FM, Martinez Zogo, en janvier. Mais à chaque fois, les difficultés dans l’accès aux sources d’informations notamment auprès des autorités judiciaires, policières, administratives, ont souvent constitué une barrière pour plusieurs journalistes.

    Et au bout d’une année, il faut bien évaluer ces obstacles et identifier ce que l’on aura gagné en termes d’expérience. « Le projet mis en œuvre par Jade nous a permis, d’avoir non seulement les informations sur les différents éléments qui encadrent la profession, mais aussi des éléments sur le respect et la promotion des droits humains. Je pense que c’est des avancées qu’il faut saluer», souligne Jules Elobo, chef de chaîne de la Radio Magic Fm participant à cet atelier.

    « Dans le cadre du projet Jade, ce sont des articles bien complexes, bien denses, et bien détaillés. Il ne suffit pas d’écrire, de dénoncer tout simplement dans un article la violation des droits humains, mais il est question d’expliquer les dispositions bien précises des textes réglementaires nationaux ou internationaux», fait observateur pour sa part Lindovi Ndjio du tabloïd l ‘oeil l du Sahel.

    Avancées
    Outre des articles produits, le projet Jade, selon son coordinateur Etienne Tasse aura permis aux journalistes de s’outiller en matière de droit de l’Homme. « L’enquête a démontré, qu’il y a de plus en plus d’informations « sources », équilibrées sur les violations des droits humains dans nos différents médias. Qu’il s’agisse de la presse écrite, radio ou télévision. Ce qui pour nous est une avancée formidable que nous devons saluer. Et cela grâce à toutes les parties participent. Qu’ils s’agissent des journalistes, des défenseurs des droits humains, des responsables de la police, de la gendarmerie et même des autorités administratives. C’est grâce à eux qu’on a obtenu ces résultats», se réjouit-il.

    Au terme de la troisième année de mise en œuvre du projet, Etienne Tasse se dit plutôt satisfait des résultats engrangés. «En plus de trois ans de mise en œuvre de ce projet, pour être précis 42 mois exactement, nous avons produit près de 1000 articles d’enquêtes de reportages, mais aucun journaliste de ce projet n’a été inquiété pour des articles écrits. Pourtant, nous savons que ces informations sont des informations sensibles qui peuvent facilement conduire le journaliste devant des tribunaux pour diffamation, pour divulgation de fausse nouvelle. Mais aucun journaliste jusqu’ici n’a été inquiété».

    Financée par l’Union européenne, Jade Cameroun, a pour objectif entre autres, de promouvoir le journalisme d’investigation, axé sur le traitement de l’information sur les droits humains.

    Joseph Ndzie Effa (Stagiaire)

  • Perspective : la Fotrac aux frontières du Tchad

    Perspective : la Fotrac aux frontières du Tchad

    C’est peut-être la grande innovation de la 15ème édition déjà annoncée du 8 au 21 juillet prochain dans la zone des trois frontières Cameroun, Gabon, Guinée Équatoriale.

     

    La présidente du Réseau des femmes actives d’Afrique centrale (Refac), Danielle Nlate, est déjà au four et au moulin. C’est à l’effet d’entamer et de poursuivre les préparatifs de la 15eme édition de la Foire transfrontalière annuelle de l’Afrique centrale. Elle se tient du 8 au 21 juillet prochain dans la zone des trois frontières entre le Cameroun, la Guinée Équatoriale et le Gabon. Pour la réussite de cet évènement intégrateur, la première réunion préparatoire se déroule le 11 janvier prochain à Yaoundé dès 11 heures dans la salle de conférence du ministère du Commerce (Mincommerce). Il s’agira pour les acteurs de faire les comptes de l’édition 2023, et de peaufiner les conditions de participation de l’édition 2024.

    Au-delà de ces différentes articulations Danielle Nlate, promotrice de la Fotrac, voit les choses en grand. Pour cette 15ème édition, elle envisage faire vivre l’évènement à la frontière Cameroun-Tchad. «Nous souhaitons sensibiliser les uns et les autres pour obtenir un forum Cameroun-Tchad, nous verrons la faisabilité avec nos partenaires», déclare-t-elle. Il est question pour le Réseau des Femmes actives de l’Afrique centrale (Refac) et ses partenaires, de «se déployer dans les autres frontières par les mini-Fotrac afin de plus sensibiliser les acteurs sur tout ce qui concerne la libre circulation et même les mauvaises pratiques qui entravent l’essor économique. Étant donné que la fluidification des échanges connaît un problème réel, il faut sensibiliser les acteurs pour qu’ils connaissent leurs droits et qu’ils s’imprègnent des textes de la Communauté qui régissent cette libre circulation. Il faut en outre les informer sur les formalités à remplir en ce qui concerne les étudiants, les commerçants et autres qui se déplacent au sein de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac)», conclut Danielle Nlate.

    Olivier Mbessité

  • Le professeur Joseph OWONA « .. mon long  voyage s’achève et se termine aujourd’hui »  parole dite…

    Le professeur Joseph OWONA « .. mon long voyage s’achève et se termine aujourd’hui » parole dite…

    Il n’est guère utile de s’étendre sur la stupeur qui a parcouru notre pays à l’annonce du  décès du professeur Joseph Owona.  

    « Je ne suis ce que j’ai été et je ne suis ce que je fus que grâce à l’Etat du  Cameroun. » Parole dite. 

    Bossuet s’étonnait que l’on s’étonnât de la mort d’un mortel – rien pourtant ne  témoigne mieux que cet étonnement de la condition humaine. Un poète japonais du  Moyen Âge l’a dit une fois pour toutes : « Qu’il y ait un chemin qu’il faut suivre, je le  savais, mais je ne pensais pas que ce serait aujourd’hui ou demain ». Est-ce moins  vrai de la mort des autres, quand elle n’est pas annoncée ? Ceci étant, « nous  n’abattrons la bête de l’événement qu’en consacrant toutes nos forces à la défense de  notre culture, de la poésie, des arts (non dégénérés), de la langue, de nos paysages,  de la beauté, de la gastronomie, de la courtoisie, de la galanterie et du charme, des  traditions populaires… » disait Camus. 

    On ne peut, comme le relève Michel Maffesoli, « s’élancer vers l’avenir avec justesse  qu’à partir d’un enracinement dynamique dans notre passé, nos traditions et notre  histoire. 

    Savoir voir, savoir entendre, savoir dire sont les préalables à pouvoir agir. » Telle fut  la tache, la mission de Yosep Owon ‘Ntsama de sa maman Elizabeth Ntsama une  noble Yanda cette tribu cousine des Etoudi, des Ngoé, des Mvële, des Fong, des Etenga et des Ntsinga lignée de ceux qu’on attendait mais aussi ceux qui attendent, primauté  des guérisseurs parce que fin connaisseurs du terroir et de ses ressources, certainement  aussi tribu des anciens propriétaires ou prêtres de la terre qu’ils ont le pouvoir de  rendre infertile en la maudissant. Yosep Owon’Ntsama le savait voilà pourquoi il avait  la consanguinité c’est-à-dire l’avuman chevillé au corps. 

    Il avait choisi le droit en général et le droit constitutionnel en particulier qui est  « l’étude des règles qui régissent le fonctionnement de l’Etat et qui organisent les  rapports entre les pouvoirs publics ainsi que celles qui garantissent les droits et  libertés des citoyens. » Il a donc fallu construire, penser, créer, forger. Ce ne sont pas  des synonymes. En précurseur telle a été sa mission telle que nous l’entendons dans les  disciplines nôtres. Ce fut un gros morceau, il a su le dompter. 

    Dans les mélanges qui lui ont été consacrés au mois de mars 2020, il a été  unanimement reconnu qu’il a su cultiver tout au long de ses 50 ans de carrière une  liberté que d’aucuns jugeraient atypique, il est devenu l’une des figures les plus  emblématiques du monde universitaire camerounais et de notre espace public et  politique tout court.  

    Yosep Owon’Ntsama incarnait le professeur de droit. Pour ses étudiants, dont il avait  « le souci supérieur de la réussite, par estime d’eux. » Parole dite.

    Faire le pari de leur intelligence, c’était leur raconter et leur rendre vivant ce pays et sa  relation au droit dont il était l’un des plus fins connaisseurs. Il incarnait le professeur  de droit dans les sphères du pouvoir. Son influence y a été considérable. Il habitait, il  était enfin le professeur de droit pour le grand public. Il se prêtait au jeu des interviews  et éclairait les débats politiques par l’étendue de sa science qu’il savait rendre simple  et concise. Habitude prise chez son maitre Charles Rousseau « champion du dire  simple et de la clarté dans un monde où le parler hermétique et compliqué prolifère. »  Parole dite. 

    Dans chacune de ses activités, dans les murs ou hors les murs de l’Université, il était  un Professeur par nature. Il exerçait l’art de transmettre, qui est transmettre avec  passion. Je l’ai écouté aux obsèques d’abord de l’Abbé Lucien Manga à Nkoabe par  Ngomedzap puis de l’Abbé Louis Paul Ngongo en la basilique Marie Reine des Apôtres  à Mvolyé il y a quelques années. Yosep Owon’Ntsama a témoigné de lui-même au mois  de mars 2020 comme un soldat qui fait ses adieux aux armes , il est à ma connaissance  le premier enseignant camerounais à léguer sa robe de Professeur, à un autre dans  notre pays. À vous honneur et respect pour ce geste de transmission. 

    Penser et convaincre, comme si la fin ultime de la pensée était d’œuvrer à la chose  publique, tel j’ai connu le professeur Josep Owon’Ntsama dans nos villages car ce sont  les Mvog Fouda qui firent de lui un patriarche en 2004. 

    Il est arrivé que je sois assis une chaise derrière lui, les Ntsoung Mballa étant nos aînés  et la sagesse Ekang recouvre le devoir de transmission des ainés et l’obligation de  soumission, en même temps que de fidélité des cadets « Moan ya ndingui kë ai essia a  mekpa me zam, nye abi mvoé a soag » ! 

    Owon’Ntsama fut un vir dans le sens latin du terme : 

    rusticanus vir, sed plane vir — (Cicéron, Tusc. 2. 34) 

    un homme rustique mais vraiment un homme 

    En Ekang, comme nous le léga l’Abbé Léon Messi, il l’assuma jusqu’au bout, portant  l’amour portant le fer, sans reculer et toujours vainqueur. Alors pour lui qui était vie, il  ne pouvait y avoir de place pour l’ennui, pour les attitudes empruntées, les propos  convenus ou les idées corsetées. Il avait « la passion du droit » et la rendait  communicative. Il avait la passion de la vie et il la transmettait. Il m’est arrivé d’assister  à ses joutes verbales avec le très regretté l’Abbé Tsila Ottou Mon Zamba son alter ego. 

    La clairière est habitée ! Tes ancêtres y sont de part et d’autres du Yom, 

    Avance, avance droit devant toi, comme le 23 octobre 2023 dernier quand nous nous  retrouvâmes à l’aéroport de Nsimalen pour la dernière fois, oui droit avance. 

     

    Ekang bëse bisso’o bisso’o elang elang ééé! 

    Ééé éee! 

    Ekang bëse bisso’o elang elang ééé! 

    Ééé ééé!  

    Beti benanga m’asug Ekang éée!  

    Eée éée ééé ééé  

    Melo’o m’eba’a 

    Meba yi fo’o

    Ekang mbolo’o  

    Essagom  

    Medzo nna’a Ekang mbolo’o Essagom  Mëne Ekang mbolo  

    Esagom 

    Esangom mbo betoa ba’a 

    Yaaaaaaaaaa! 

    Le vieux maitre s’en est allé 

    Le vieux maitre s’en va, Adieux 

    Vincent-Sosthène FOUDA MENYU M’EWONDO

  • Cop 28: les six principales priorités de l’Afrique centrale connues

    Cop 28: les six principales priorités de l’Afrique centrale connues

    L’Afrique et la communauté des pays en développement ont demandé davantage de «financements adéquats et prévisibles» lors de la Cop28, le 7 décembre 2023 à Dubaï. Selon le président du Groupe africain des négociateurs sur le changement climatique (AGN), Ephraim Mwepya Shitima, le continent et l’Afrique centrale en particulier ont formulé six principales priorités lors des négociations. Elles s’articulent autour d’un financement climatique; d’un bilan mondial; du renforcement des actions d’adaptation; d’une opérationnalisation du fonds des pertes et dommages; d’une transition énergétique juste; et de l’ambition de l’Afrique d’obtenir le statut des besoins dans les circonstances particulières.

    Ces priorités sont cristallisées dans la Position commune africaine sur le changement climatique pour la Cop28. Elles ont été affinées et approuvées après une série de réunions consultatives à l’échelle du continent au cours des 10 derniers mois, notamment la Conférence ministérielle africaine sur l’environnement (CMAE); la conférence sur le changement climatique et le développement en Afrique; et le Sommet africain sur le climat.
    Des études menées par le Centre africain pour la politique en matière de climat (ACPC), basé à Addis-Abeba, indiquent que «la fréquence et la gravité croissantes des conséquences du changement climatique entraînent des effets disproportionnés sur les économies et les sociétés africaines; les pays perdent en moyenne 2 à 5% de leur PIB et de nombreux pays consacrent jusqu’à 9% de leur budget à des dépenses imprévues en réponse aux évènements météorologiques extrêmes», explique James Murombedzi , coordonnateur de l’ACPC .
    Les conclusions de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA) indiquent que pour stimuler la croissance verte sur le continent, des besoins d’investissement d’au moins 2000 milliards de dollars d’ici 2050 seront nécessaires dans le seul secteur de l’électricité.

    Pour l’économiste en chef à la CEA, Hanan Morsy, le continent dispose d’abondantes ressources en énergies renouvelables et représente 40% de l’irradiation solaire mondiale. La région est ainsi dotée d’un potentiel de 20 000 MW d’énergie géothermique, de 30 000 MW d’énergie hydroélectrique et de 110 000 MW d’énergie éolienne. «La transition énergétique juste du continent ne peut pas être identique à celle du reste du monde et nécessite des solutions pragmatiques. La transition doit être juste, inclusive et équitable», a déclaré Hanan Morsy.
    James Murombedzi affirme que même si l’Afrique exige un financement climatique amélioré et prévisible lors de la Cop28, elle devra explorer d’autres mécanismes de financement innovants, y compris les investissements du secteur privé, tels que la dette pour la nature et la dette pour les échanges climatiques pour combler le déficit financier et accélérer la mise en œuvre d’initiatives. À l’instar des grandes murailles verte et bleue et en promouvant l’action climatique, la durabilité et la création d’emplois.

    Diane Kenfack

  • Toujours sous le coup d’une suspension: libreville récupère le siège de la CEEAC

    Toujours sous le coup d’une suspension: libreville récupère le siège de la CEEAC

    «La Conférence a décidé de maintenir la décision de suspendre la participation du Gabon aux activités de la Communauté jusqu’au retour à l’ordre constitutionnel, conformément aux textes de la Communauté et de l’Union africaine». Ainsi se décline le point 14 du Communiqué final de la 5ème session extraordinaire de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC). Les travaux du 18 décembre dernier se tenaient à Djibloho en Guinée Équatoriale dans le cadre du Conseil de paix et sécurité (Copax) de l’Afrique centrale. Ils étaient essentiellement consacrés à la transition politique au Gabon. Et ils ont entre autres permis au général Brice Clotaire Oligui Nguema d’arrondir les angles et de marquer quelques points. Après sa tournée entamée quelques mois plutôt dans la sous-région et qu’il a achevée le 6 décembre dernier par une rencontre au sommet à Yaoundé avec le président camerounais, Paul Biya.

    Première victoire pour le nouvel homme fort du Gabon, le retour à Libreville du siège de l’institution sous-régionale. «S’agissant de la décision relative à la délocalisation provisoire du siège de la Communauté à Malabo, en Guinée Équatoriale, la Conférence a tenu compte de l’évolution encourageante de la situation politique et sécuritaire actuelle au Gabon». En raison de quoi, souligne le communiqué final, les chefs d’État et de gouvernement ont décidé «de surseoir à sa mise en œuvre jusqu’à nouvel ordre».

    Autre cible atteinte pour le tombeur d’Ali Bongo Ondimba, sa participation active à ce Sommet extraordinaire de la CEEAC. «La Conférence a suivi la présentation du chronogramme de transition de la République gabonaise faite par le général Brice Clotaire Oligui Nguema», est-il indiqué. L’organe suprême de la CEEAC a d’ailleurs pris acte de son «engagement à œuvrer au maintien de la durée de la transition à 24 mois fermes». Tout en «exhortant les autorités de la transition à apporter au Facilitateur de la CEEAC, (Pr Faustin Archange Touadéra, Ndlr), tous les appuis nécessaires à la poursuite de sa mission», peut-on aussi lire. En vue notamment de la mise en place d’une feuille de route. La Conférence s’est malgré tout dite «préoccupée» par l’état de santé de l’ancien président Ali Bongo Ondimba, «ainsi que des conditions des membres de sa famille».

     

    Théodore Ayissi Ayissi

  • Emprunts à la Bdeac: l’État du Cameroun en garant des entreprises publiques et privées

    Emprunts à la Bdeac: l’État du Cameroun en garant des entreprises publiques et privées

    Les entreprises publiques et privées camerounaises qui sollicitent des financements auprès de la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (Bdeac) vont désormais bénéficier de la garantie souveraine de l’État. C’est l’objet de la convention de garantie de portefeuille signée le 20 décembre 2023 à Douala, entre le ministre des Finances Louis Paul Motazé et le président de la Bdeac, Dieudonné Evou Mekou. C’était en marge de la tenue de l’Assemblée générale de cette institution sous-régionale. «Cette convention est une grande avancée parce que beaucoup d’entreprises qui nous sollicitent pour des financements sont confrontées au problème de garantie. Nous pensons qu’avec cette garantie souveraine de l’État, ce problème est résolu», se satisfait Dieudonné Evou Mekou.
    Sont éligibles à cette facilité de l’État, les prêts destinés à financer les besoins en fonds de roulement des entreprises, et surtout à l’investissement dans les filières identifiées comme prioritaires par la Stratégie nationale de développement 2020-2030 (SND30). Il s’agit notamment de l’énergie; des services financiers; de l’agro-industrie; du numérique; des filières forêt-bois; textile-confection-cuir; mines-métallurgie-sidérurgie; hydrocarbures-pétrochimie-raffinage; chimie-pharmacie; constructions; et services.
    Le montant de cette garantie souveraine, ainsi que les modalités d’accès à cet appui étatique aux financements de la Bdeac n’ont pas été précisés. Cependant, depuis la loi des finances 2021, l’État du Cameroun a mis en place une ligne de garantie d’un montant de 200 milliards de FCFA au profit des entreprises, principalement les PME en quête de financements auprès des banques et autres institutions financières.
    Ce mécanisme de garantie n’a pas obtenu les résultats escomptés à partir de sa mise en œuvre en 2022. C’est pourquoi il a été réajusté en 2023 pour plus d’efficacité, d’après le ministre des Finances.
    Selon le mécanisme reformé, sur l’enveloppe de 200 milliards de FCFA de garantie mise à disposition par l’État, 30% permettront de faciliter l’accès aux crédits aux entreprises et établissements publics, contre 70% pour les entreprises du secteur privé.

    Diane Kenfack

  • Industrie, routes et tourisme: les cibles à 120 milliards FCFA de la Bdeac

    Industrie, routes et tourisme: les cibles à 120 milliards FCFA de la Bdeac

    Les chiffres de l’insécurité alimentaire au Cameroun sont sans appel. «10,6% de la population sont en situation d’insécurité alimentaire. Soit environ 2 940 807 personnes. Mais aucune personne n’est en phase d’urgence, soit une baisse de 240 000 par rapport à octobre 2022», affirme ce lundi 11 décembre 2023, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural (Minader). Gabriel Mbaïrobé a même d’autres raisons de se réjouir, malgré le caractère «choquant des chiffres», a-t-il admis. «Aujourd’hui, il existe dans le monde 860 millions de personnes qui vivent en insécurité alimentaire. Et il y a 56 millions de personnes en crise alimentaire aiguë en Afrique. Et dans cette dernière catégorie, le Cameroun en a juste 245 000», souligne-t-il. Rien donc qui soit de nature à remettre en cause l’autosuffisance alimentaire de notre pays. Le Nigéria et le Tchad étant bien souvent le point de départ d’une insécurité alimentaire importée.

    C’est sous ce prisme qu’il faut dès lors comprendre la collaboration étroite qui existe entre le Cameroun et les experts du Comité inter-États de lutte contre la sècheresse au Sahel. Le coordonnateur du Programme national de Veille et de renforcement de la sécurité alimentaire (PNVRSA/Minader), confirme en effet que «le Plateau de Gourma dans la zone des trois frontières au Mali et le Bassin du Lac Tchad sont des zones où les populations connaissent des crises endémiques». Maina Hamadou explique notamment qu’en «période de soudure, tout ce qui se passe au Nigéria en termes de chocs, va impacter le Cameroun en termes de mouvement des personnes et des biens». L’exemple avec «l’arrêt des subventions du carburant chez le grand voisin qui a entraîné une augmentation du prix du carburant frelaté (zoa zoa) au Cameroun». Une situation qui a eu des répercussions sur l’ensemble de l’activité économique de la région de l’Extrême-Nord. Le cas aussi avec la secte islamiste Boko Haram également implantée au Tchad et dont les destructions et pillages des récoltes et du bétail, ont plongé plusieurs départements dans l’insécurité alimentaire.
    D’où, entre autres, l’appel lancé par le Minader en direction de «tous les acteurs de la sécurité alimentaire pour une mobilisation en vue de renforcer le statut du Cameroun comme grenier agricole de l’Afrique centrale». En «poursuivant la transition écologique par la mise en œuvre de pratiques agricoles innovantes afin d’accompagner l’agriculture dans son adaptation aux changements climatiques», a-t-il indiqué à l’adresse du PAM, de la Banque mondiale et de l’Union européenne remerciés dans la foulée.

    Diane Kenfack

  • Hommage : Qui était le Professeur Joseph Owona

    Hommage : Qui était le Professeur Joseph Owona

    Le constitutionnaliste émérite et ancien membre du gouvernement est décédé le 6 janvier dernier en France. Il laisse derrière lui une longue et riche carrière, ainsi que de nombreux faits d’armes. Les intertitres sont de la rédaction.

     

    Joseph Owona est né le 25 janvier 1945 à Akom dans le département de l’Océan, dans la région du Sud Cameroun. Il fait ses études supérieures à l’université de Yaoundé, puis en France à l’université Panthéon-Sorbonne. Il est titulaire d’une licence en droit, du DES en droit public, du DESS en sciences politiques, du doctorat d’État en droit public[1]. Il est lauréat du concours français d’agrégation en droit public et en science politique.

    Carrière académique
    Il commence sa carrière académique en tant qu’assistant à l’université Panthéon-Sorbonne de 1969 à 1972 puis à l’université de Yaoundé de 1972 à 1977 en qualité de chargé de cours au sein la faculté de droit et sciences économiques[2]. Il occupe au même moment plusieurs postes de responsabilité dont celui de membre de l’Académie des sciences de la république du Cameroun, et régulièrement reçu comme professeur visiteur à l’Institut d’Afrique de l’Académie des sciences de l’URSS[3].
    Il a enseigné durant plus d’une quarantaine d’années dans plusieurs universités africaines et du monde.
    Il assure la fonction de chef du service enseignement et recherche à l’université de Yaoundé en 1973, puis chef du département de droit public en 1976. Il est nommé directeur de l’Institut des relations internationales du Cameroun le 9 septembre 1976 et occupe la fonction jusqu’au 22 août 1983[2]. Il devient ensuite chancelier de l’université de Yaoundé du 22 août 1983 au 13 septembre 1985. Joseph Owona est considéré comme le père du constitutionnalisme au Cameroun, et a été de la première génération des juristes et jurisconsultes ayant essaimé la science du droit au Cameroun et en Afrique.

    Répression
    Ayant eu maille à partir avec le président Ahidjo du fait de ses positions intellectuelles progressistes proches du socialisme, et d’un article scientifique retentissant considéré comme une critique à l’endroit du pouvoir intitulé « L’institutionnalisation de la légalité d’exception dans le droit public camerounais » paru en 1974[5], le jeune Juriste Owona fait partie des personnes observées de près par le pouvoir et les services de sécurité notamment à cause de sa liberté de ton. Mais ayant comme protecteur Paul Biya, alors secrétaire général de la présidence de la République, cette proximité qui lui vaut d’échapper de peu à la répression[6].

    Sapeur-pompier
    Avec l’avènement de son mentor et protecteur Paul Biya au Pouvoir en 1982, Joseph Owona gravit les échelons du pouvoir. Il a plusieurs fois été ministre, et est surnommé à un moment donné par l’opinion Camerounaise « le sapeur-pompier », puisqu’en ce moment il semble bénéficier de la toute confiance du président Camerounais Paul Biya qui lui confie les dossiers les plus sensibles à gérer et en fait un baron clé de son système. Réputé très légaliste et surtout rigide, il apparait toutefois comme un fidèle de Paul Biya[7] qui lui a évité les geôles du président Ahidjo qui voit d’un mauvais œil cet intellectuel libre et clairement à gauche dans un contexte où ce dernier est proche du pouvoir de droite du général de Gaulle et de ses héritiers.

    SGPR
    Il occupe la prestigieuse fonction de secrétaire général de la présidence de la République du 9 avril 1992 au 21 juillet 1994, ayant été avant cette promotion secrétaire général adjoint. Il a laissé l’image d’un homme rigoureux et intègre, même s’il lui a été à un moment donné reproché son tropisme identitaire, par des accusations de Seme Ndzana, philosophe Camerounais, jamais prouvées. Dans les années 1990, il joue un rôle très remarqué dans le renforcement du pouvoir du président Paul Biya, bousculé par l’ouverture au multipartisme avec la montée en puissance de Ni John Fru Ndi, et la percée de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP) dans la partie septentrionale. Owona est alors mis à contribution par son mentor pour sélectionner les jeunes élites du septentrion favorables au président Paul Biya et lui conforter la reconquête de cet espace qui lui tient à cœur, mission qu’il réussira et qui ramènera dans le giron du pouvoir cette partie du pays nostalgique de l’ère du président Ahmadou Ahidjo. Bien qu’étant un soutien de Paul Biya, il jouit d’une certaine crédibilité auprès de toute la classe politique, notamment celle de l’opposition qui le considère davantage pour son intégrité et son rayonnement au sein du milieu universitaire où il compte des proches[8]. Il est d’ailleurs proposé par cette dernière en 2008, par le chef de l’opposition camerounaise Ni John Fru Ndi, et Cardinal Christian Tumi, premier cardinal de l’histoire du Cameroun, qui voit en lui une personnalité objective et crédible pour faire partie de la direction de la Commission électorale indépendante[9], qui verra le jour en 2006 sans lui sous le nom d’Elections Cameroon[10].

    Bakassi
    Au cours de son passage au gouvernement, il joue un rôle clé, avec d’autres personnalités telles que les gardes des Sceaux maître Douala Moutome, Amadou Ali, ou encore Maurice Kamto sous la coordination du président Paul Biya[11] dans le règlement du différend sur le tracé de la frontière terrestre et maritime qui oppose le Cameroun à la république fédérale du Nigeria avec en apothéose en 2006 la signature des accords de Greentree sous l’égide de la Cour internationale de justice (CIJ)[12].

    Sous Paul Biya
    Dans sa riche carrière gouvernementale, Joseph Owona est nommé par Paul Biya aux diverses fonctions du pouvoir. En 1985, il est nommé secrétaire général adjoint de la présidence de la République puis ministre de la Fonction publique et du Contrôle de l’État du 16 mai 1988 au 7 septembre 1990. Entre le 7 septembre 1990 au 9 avril 1992, il est ministre de l’Enseignement supérieur, de l’Informatique et de la Recherche scientifique, par ailleurs chancelier des ordres académiques de la république du Cameroun. Secrétaire général de la présidence de la République du 9 avril 1992 au 21 juillet 1994, il sera ensuite ministre de Santé publique (21 juillet 1994-19 septembre 1996), ministre délégué à la présidence de la République chargé du contrôle supérieur de l’État (19 septembre 1996 – 7décembre 1997 – 18 mars 200); ministre de l’Éducation nationale (18 mars 2000 – 8 décembre 2004)
    Il devient très impopulaire du fait de sa rigueur en tant que ministre de l’Éducation nationale, avec des résultats désastreux au baccalauréat avec un pourcentage de 21 % de réussite, dans un contexte de préparation de l’élection présidentielle, l’opinion lui sera très défavorable. À ce propos il affirmera: » «les résultats du bac sont le reflet du niveau des candidats»[14].

    RDPC et Fécafoot
    Il a été membre titulaire élu du comité central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) parti au pouvoir au Cameroun. Entre 2013 et 2015, il préside le comité de normalisation de la Fédération camerounaise de football (FECAFOOT) et fait preuve d’une intransigeance très appréciée par la FIFA, malgré une appréciation très mitigée de la part de l’opinion qui a du mal à accepter la rigueur de ce juriste chevronné, dans un pays où le football fait office de religion nationale. Il est ensuite nommé Par Paul Biya à sa sortie du gouvernement président du conseil d’administration de la Société de recouvrement des créances (SRC).

    Diplomatie
    Sur le plan diplomatique, en 2018, Joseph Owona est désigné, aux côtés de l’ancien vice-président de la transition du Mali Dioncounda Traoré[15], par la Communauté économique des États de l’Afrique centrale à l’effet de diriger la mission d’observation des premières élections présidentielles ayant conduit à l’alternance démocratique dans ce pays avec l’élection de Félix Antoine Tshisekedi
    Considéré comme l’un des fidèles du président Paul Biya, et jouissant de l’image d’une personnalité n’ayant connu aucun scandale, ni accusation de détournement dans un pays où la corruption des politiques est largement décriée.

    Conseil constitutionnel
    Le 15 avril 2020, il est nommé membre du conseil constitutionnel en remplacement de Jean Fouman Akame décédé
    Marié et polygame, Joseph Owona est patriarche de la Tribu Mvog Tsung Mballa (Zomloa), la tribu Ewondo la plus nombreuse et présente dans les régions du Centre et du Sud du Cameroun. Il est initié et choisi par le patriarche des Beti Mboudou Ngambong[18]. Cette intronisation comme patriarche, léguée par celui qui fait office de plus ancien et du plus puissant patriarche Ekang-Beti au Cameroun, en présence des notabilités traditionnelles et mystiques Etenga, Bassas en passant par les Etoudi, les Yezoum; les Etons, et tous les grands groupes de la province du Centre représentés, est considérée par certains observateurs comme le début de l’effritement de ses rapports avec son mentor, à qui il a pourtant toujours témoigné et affirmé sa fidélité[19].
    Il est le père de plusieurs enfants parmi lesquels les plus en vue sont: le politologue camerounais Eric Mathias Owona Nguini, vice-recteur de l’Université de Yaoundé I; Kourra Félicité Owona Mfegue, avocate et enseignante de droit; Ben Joseph-Wladimir Owona, médecin et capitaine de l’équipe nationale de basketball du Cameroun vice-championne d’Afrique en 2017.

  • 4000

    4000

    C’est le nombre de jeunes qui doivent bénéficier des formations dans le cadre du projet de construction de trois campus numériques. Fruit de la coopération entre le Cameroun et la Corée du Sud, les bâtisses seront construites sur les campus de l’Enam (École nationale d’administration et de Magistrature), Sup’Ptic (École nationale des postes, des télécommunications, des technologies de l’information et de la communication) et l’ISMP (Institut supérieur de management public). C’est dans ce cadre qu’une délégation d’experts coréens s’est rendue en terre camerounaise. Les compatriotes de Sangchul Kim, représentant résidant de l’Agence de coopération coréenne au Cameroun (Koïca) et chef de la délégation ont visité les différents sites sus-évoqués. Les parties camerounaise et coréenne sont sur la même longueur d’ondes. D’ailleurs, «il reste dans les tout-prochains jours, la signature du mémorandum d’entente qui devrait être visé entre le ministre de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire (Minepat) et l’ambassadeur de Corée au cours de ce mois de janvier. Mais cela n’empêche pas que les choses pratiques commencent sur le terrain», a déclaré Joseph Le, ministre camerounais de la Fonction publique et de la Réforme administrative (Minfopra).

  • Kemi Seba

    Kemi Seba

    Arrivé en terre camerounaise, l’activiste et initiateur du Front anticolonialiste français en Afrique fait le constat selon lequel, le Cameroun, comme plusieurs autres pays africains, est, d’une façon ou d’une autre, sous le joug de l’Occident. «Les peuples au 21e siècle ne sont pas encore souverains. Il y a un processus que nous avons enclenché. La jeunesse panafricaniste et d’autres mouvements vont dans la même direction, un processus visant à en finir avec le néocolonialisme puisque l’oligarchie et l’oligarchie française plus que jamais agissent encore au 21e siècle pour essayer d’asphyxier les populations économiquement en concubinage incestueux avec les oligarchies africaines», laisse-t-il entendre. Avant de poursuivre, il était important qu’il vienne communier avec les jeunes du «pays de Um Nyobe» qui, selon lui, a donné une fierté au panafricanisme dans sa globalité.

  • L’urgence de prendre un autre chemin

    L’urgence de prendre un autre chemin

    L’évangile lu dans toutes les églises catholiques, ce dimanche 7 janvier 2024, nous apprend que les mages venus d’Orient, après avoir rencontré l’enfant Jésus à Bethléhem, repartirent chez eux par un autre chemin.
    En agissant de la sorte, ils empêchèrent l’élimination de l’enfant Jésus dont la venue au monde était perçue comme une menace par Hérode. En effet, les mages avaient annoncé à ce dernier que Jésus serait roi. Or lui, Hérode, voulait demeurer le seul roi et n’avait pas l’intention de partager son pouvoir avec une autre personne.
    En 1960, nous croyions avoir pris le chemin de l’indépendance et de la prospérité pour tous. 64 ans plus tard, force est de constater que ce chemin nous a conduit dans une vraie impasse, car la plupart de nos pays continuent d’être occupés, dominés, exploités et appauvris par la France à travers les pantins qu’elle a installés à la tête de ces pays.
    Il en est ainsi parce que l’ancienne puissance coloniale a toujours vu comme un danger une Afrique unie, industrialisée, capable de transformer sur place ses matières premières et de soigner ses populations à faible coût, parce qu’elle a toujours rêvé d’être notre seule partenaire en affaires, le seul pays qui devait nous vendre livres, véhicules et armes, parce qu’elle a toujours aimé parler en notre nom à l’Onu.
    Les rares dirigeants africains qui voulaient défendre les intérêts de l’Afrique furent renversés (Modibo Keïta, Laurent Gbagbo) ou assassinés (Sylvanus Olympio, Thomas Sankara).
    Hérode se serait débarrassé de Jésus si les mages étaient revenus le voir, s’ils n’étaient pas retournés chez eux par un autre chemin.
    Si l’Afrique francophone veut en finir avec la pauvreté, l’instabilité, le terrorisme, le viol des constitutions, les présidents à vie, la jeunesse qui meurt dans la Méditerranée, elle n’a pas d’autre choix que d’emprunter un autre chemin.
    La République Centrafricaine, le Mali, le Burkina Faso et le Niger semblent l’avoir compris. Les dirigeants de ces pays ont vite réalisé que retourner chez Hérode, c’est remettre leurs populations sur la route de l’esclavage et de la mort.
    On n’a pas besoin d’être un mage pour savoir que prendre un autre chemin lorsque le premier s’est révélé désastreux relève tout simplement du bon sens.

    Jean-Claude DJÉRÉKÉ

  • Aide humanitaire: 25 millions d’enfants ciblés en Afrique de l’Ouest et du Centre

    Aide humanitaire: 25 millions d’enfants ciblés en Afrique de l’Ouest et du Centre

    Ces derniers courent le risque d’être confrontés à des problèmes de malnutrition, de déplacement, de mauvaise santé et de perte d’apprentissage, selon l’Unicef.

    Le Fond des Nations unies pour l’enfance (Unicef) table pour une enveloppe de 1,89 milliard de dollars; afin de porter une assistance humanitaire à 24,1 millions d’enfants en Afrique de l’Ouest et du Centre. Un an plus tôt, les actions de cette institution étaient portées en faveur de 23,5 millions d’enfants.

    Plus d’un tiers des besoins de financement en 2024 sont destinés à lutter contre la malnutrition dans la région, et la prévalence de l’émaciation chez les enfants de moins de cinq ans reste élevée. Il est spécifiquement question de couvrir les besoins en vaccination pour 1n6 millions d’enfants; de fournir des soins à 3,5 millions d’enfants  souffrant d’une émaciation sévère entre autres.

    « Au Cameroun, 4,7 millions de personnes (dont 2,5 millions d’enfants) ont d’urgence besoin d’une aide humanitaire en raison de crises complexes et multiformes. La violence, les mouvements de population et les catastrophes naturelles continuent de peser lourdement sur les enfants de République centrafricaine. Malgré une certaine diminution de l’insécurité et des violences liées au conflit, 2,8 millions de personnes (près de la moitié de la population du pays) auront besoin d’une aide humanitaire en 2024, dont 1,3 million d’enfants », relate le Bureau de coordination de l’action humanitaire sur la base de données de l’Unicef.

    Louise Nsana

     

  • Protéger la planète et lutter contre les inégalités, en même temps : pour un nouveau Pacte mondial face à ces défis

    Protéger la planète et lutter contre les inégalités, en même temps : pour un nouveau Pacte mondial face à ces défis

    PARIS – La poursuite de la guerre en Ukraine et la situation au Proche Orient suite à l’attaque terroriste du Hamas et les bombardements à Gaza ne doivent pas nous faire dévier des priorités qui sont les nôtres : réduire nos émissions de C02, viser la neutralité carbone en 2050, sauver notre biodiversité et lutter contre la pauvreté et les inégalités.

    C’est cette doctrine que nous déclinons à l’international, à travers le Pacte de Paris pour les Peuples et la Planète et les sommets One Planet. La clé de voûte de cette stratégie, c’est que nous devons accélérer en même temps sur le plan de la transition écologique et de la lutte contre la pauvreté, car aucun pays n’acceptera de placer sa population dans l’impasse sociale et économique pour protéger la planète.

     

    Cette stratégie repose sur 7 piliers :

     

    1) Les pays les plus avancés, qui sont aussi ceux qui ont le plus émis de C02 depuis la révolution industrielle, doivent sortir des énergies fossiles. Cet objectif n’est pas négociable si nous voulons tenir les objectifs de l’Accord de Paris. La science fixe la trajectoire : nous devons sortir du charbon en 2030, sortir du pétrole en 2045 et sortir du gaz en 2050. Dans cette catégorie, les pays du G7 ont une éminente responsabilité, mais la Chine est également concernée, parce qu’elle est désormais le deuxième pays émetteur sur le plan historique et qu’elle est dans la moyenne du G7 en termes d’émissions de C02 par habitant.

     

    2) Traiter en priorité la menace du charbon. Aujourd’hui, c’est 2000 Gigawatt de capacités installées qui émettront, à elles seules, suffisamment de C02 pour nous faire dépasser les 1.5°C. Alors que l’AIE préconise de retirer 92GW/an, c’est 500 Gigawatt de capacités additionnelles qui sont en planification. Là encore, le G7 a une responsabilité, celle de sortir du charbon dès 2030 (la France le fera, dès 2027). Les émergents ont aussi une responsabilité, car ils sont les plus grands consommateurs de charbon. Dans ces pays, nous devons accélérer le financement des énergies renouvelables mais aussi de l’énergie nucléaire dont le rôle est clé car il s’agit d’une énergie à la fois pilotable et décarbonée.

     

    3) Mettre la finance privée et le commerce au service de l’Accord de Paris. Le coût de l’investissement doit être à l’avenir plus élevé pour un acteur qui s’engage dans le secteur fossile. Nous avons besoin d’un taux d’intérêt vert et d’un taux d’intérêt brun. Cela vaut aussi pour le commerce : nous avons besoin d’une clause climatique dans nos accords commerciaux, car nous ne pouvons pas à la fois imposer le verdissement à nos industries et libéraliser les échanges de produits polluants à l’international.

     

    4) Créer les conditions d’un choc financier pour aider les pays les plus vulnérables à financer leur transition, à accéder aux technologies vertes qui sont les nouveaux facteurs de croissance, et à s’adapter au changement climatique. Cela suppose d’aller au-delà de la traditionnelle « aide publique au développement » et de faire pour les pays vulnérables ce que les pays riches ont fait pour eux-mêmes suite à la Covid19, à savoir mener une politique budgétaire et monétaire non-orthodoxe.

     

    Nous avons d’ores et déjà des résultats : en deux ans, nous avons débloqué plus de 100Mds $ de « droits de tirage spéciaux » du FMI pour les pays vulnérables, comme nous en avions pris l’initiative à Paris au printemps 2021. En activant cet « actif dormant », nous débloquons des prêts sur vingt ans à taux d’intérêt proche de zéro pour financer l’action climatique et la préparation face aux pandémies dans les pays les plus pauvres. Nous avons commencé à changer les règles de la dette pour suspendre les paiements en cas de choc climatique dans les pays les plus fragiles. Nous avons changé le mandat des banques multilatérales de développement, comme la Banque mondiale, pour qu’elles prennent plus de risques et qu’elles mobilisent davantage l’argent privé.

     

    Nous allons continuer ce travail, y compris dans le cadre du nouveau fonds sur les pertes et préjudices, où il nous faut mobiliser, au-delà des financements publics, de nouveaux mécanismes d’assurance privée face au risque climatique. Nous partirons des besoins spécifiques des pays les plus touchés : dès le premier semestre 2024, la France signera avec le Bangladesh un premier paquet pour l’adaptation au changement climatique et les pertes et préjudices, avec un investissement de l’agence française de développement de 1 milliard d’euros, et de nouveaux prêts du FMI débloqués grâce aux droits de tirage spéciaux, à hauteur de plus d’un milliard de dollars.

     

    Cela suppose d’identifier aussi des mécanismes de gouvernance à l’échelle mondiale sur les défis les plus vitaux qui vont s’imposer dans les prochaines décennies, à commencer par celui de l’accès à l’eau : la France et le Kazakhstan organiseront à ce sujet un sommet One Planet en marge de la prochaine AGNU en septembre 2024.

     

    5) Construire les bases d’une « bioéconomie » qui rémunère les services rendus par la nature. C’est clé, car la nature est notre meilleure technologie pour séquestrer le carbone à grande échelle. Les pays qui disposent des plus grandes réserves de carbone et de biodiversité, notamment dans les trois grands bassins de forêts tropicales, doivent obtenir beaucoup plus de ressources en échange de la conservation de ces réserves vitales. Cela passe par des contrats pays par pays. Nous en avons d’ores et déjà lancés trois à la COP28 avec la Papouasie Nouvelle Guinée, le Congo-Brazzaville et la République démocratique du Congo.

     

    Cela passe aussi par une réforme en profondeur du marché volontaire pour l’échange de crédits-carbone : nous avons besoin d’une bourse internationale du carbone et de la biodiversité qui permette aux acteurs publics et privés d’organiser des échanges volontaires de crédits-carbone sur la base de critères suffisamment ambitieux pour éviter le greenwashing et rémunérer les populations locales.

     

    6) Protéger l’océan, qui est notre tout premier puit de carbone. La France et le Costa-Rica organiseront conjointement à Nice en juin 2025 la troisième conférence des Nations unies sur l’Océan, avec l’objectif d’adopter un compact pour l’Océan qui actualise le droit international, notamment sur l’interdiction de la pollution plastique et la protection de la haute mer et des fonds marins, et qui permette d’obtenir des stratégies nationales sur la protection des littoraux de la part des pays qui disposent de zones économiques exclusives.

     

    7) Enfin, cette méthode ne pourra être appliquée par tous que si nous réformons la gouvernance du système de Bretton Woods, à commencer par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, qui ont un rôle éminent pour fixer les standards et pour financer la transition écologique à l’échelle globale. Or, quatre-vingt ans après sa création, cette architecture financière est sous-dimensionnée face à la taille de l’économie, de la population mondiale, et largement fragmentée, car nous n’avons pas ouvert la porte aux pays émergents et en développement dans la gouvernance de ces institutions. Or, nous ne pourrons pas nous mettre d’accord sur des objectifs et des financements si tout le monde n’est pas sur un pied d’égalité à la table de négociation. Nous devons donc revoir la gouvernance de Bretton Woods, et réciproquement, demander aux pays émergents de prendre leur part de responsabilité dans le financement des biens publics mondiaux.

    Emmanuel Macron, Président de la République française. 

    Copyright : Project Syndicate, 2023.
    www.project-syndicate.org

  • Aux Travailleurs : « Imaginez ce que nous pouvons créer ensemble »

    Aux Travailleurs : « Imaginez ce que nous pouvons créer ensemble »

    Aux Travailleurs (ancienne Maison Chanvril) est le nom d’une enseigne de magasin de vêtements et d’équipements née au début du XXème siècle. Sur un plan historique, le concept puise dans la tradition de Pierre-Esprit Radisson, explorateur et commerçant de fourrures français. Il est avec Médard Chouart des Groseilliers le fondateur de la Compagnie de la Baie d’Hudson, la plus vieille personne morale de l’Amérique du Nord et l’une des plus vieilles du monde encore en activité.

    En démarrant au 7 rue Maréchal-Joffre dans la capitale bretonne, l’établissement Aux Travailleurs est inspiré du courant apparu des deux côtés de l’Atlantique en faveur du développement de magasins de vêtements professionnels.

    Avec la création du ministère du Travail en 1900 au Canada, le gouvernement fédéral canadien s’est impliqué progressivement dans le règlement des conflits de travail. Il existe toujours au Québec, une enseigne : L’Univers du travailleur, 41 Rue Gaulin dans la ville de Québec.

    A la tête de l’établissement breton : Aux Travailleurs, les sœurs Chanvril sont une sororie commerçante de trois soeurs, Marguerite Chanvril (1901-1983), Maria Chanvril (1899-1946), et Alice Chanvril (1889-1966) qui fut marié à un avocat juif rennais, Charles Herbert. Des éléments du fonds de commerce sont conservés dans les collections du Musée de Bretagne (Champs Libres) à Rennes.

    « Sauver des vies », « Connecter des vies » et « Transformer des vies » sont les trois thèmes déclinés à l’Exposition universelle d’Osaka en 2025. Le pavillon du Canada à l’Exposition universelle de Dubaï présentait déjà une nouvelle expérience interactive pour les visiteurs : « Présent dans le futur ». Un appel à célébrer l’ingéniosité humaine et une invitation à réfléchir sur la façon de relever les défis émergents.

    Aussi, une œuvre FORWARD représentait un tunnel numérique dont la forme, le motif et la direction

    changeaient à l’infini. Pour ce faire, un logiciel calculait des probabilités chaque seconde, ce qui donnait

    lieu à des itérations audiovisuelles aléatoires qui n’étaient jamais les mêmes.

    Le tunnel était une référence à l’avenir, si instable et si fragile que le simple fait d’y penser peut en changer le cours.

    Une deuxième œuvre OMNIPRESENCE offrait une « mise en abyme » audiovisuelle interactive qui mettait en valeur la capacité de la technologie à gérer notre personnalité numérique. L’œuvre invitait les visiteurs à se déplacer autour d’un miroir numérique à débordement qui multipliait à l’infini leur réflexion grâce au retour vidéo. Avant de projeter la vidéo capturée des participants en mouvement sur l’écran, un logiciel modifiait certaines propriétés de l’image, déformant la perception du temps et de l’espace. Qu’il s’agisse d’images inversées, de projections différées, d’enregistrements inversés ou simplement de véritables reflets intacts, les images corporelles infiniment réfléchies perdaient leur symétrie et semblaient bouger à leur guise, déconnectées des spectateurs qui les déclenchaient initialement. Voyage désorientant défiant les dimensions, Omniprésence faisait perdre le contrôle de nos propres actions, provoquant des sentiments à la fois divertissants et inquiets sur notre impuissance face au monde numérique.

    Le thème du pavillon canadien à Dubaï : « L’avenir en tête », servait de plateforme pour promouvoir les opportunités de commerce, d’investissement, d’éducation, de tourisme et d’immigration, dans toutes les provinces, territoires et villes du Canada, et dans tous les secteurs de la société. La participation du Canada mettait en valeur le leadership canadien dans des secteurs clés, notamment l’intelligence artificielle (IA), la robotique, l’éducation, la numérisation, la télémédecine, les technologies propres, l’agriculture, les sciences de la santé, l’aérospatiale et bien plus encore.

    Pour la prochaine Exposition universelle 2025 Osaka, les Etats-Unis vont annoncer le design de leur pavillon prévu autour du thème : « Imaginez ce que nous pouvons créer ensemble ».

     Ce prochain rendez-vous sera l’occasion de définir, façonner et faire de progresser de nouveaux couloirs aussi bien indo-pacifiques que transatlantiques, dans un environnement mondial complexe.

     

    Kevin LOGNONÉ

  • Masra, un cas d’école?

    Masra, un cas d’école?

    Je ne cesserai jamais de me dire que « le Tchad est un mystère ».
    À l’occasion d’une mission d’observation de l’élection présidentielle en avril 2020, j’avais eu l’honneur de conduire l’équipe qui était déployée sur la ville de Moundou et ses environs. Au cours de notre séjour dans cette ville, un homme politique nous avait fait l’honneur de nous recevoir. Dans une discussion à bâtons rompus, il nous avait fait cette confiance : « Le Tchad a tout, mais le Tchadien n’a rien ».
    En quelques jours, j’avais compris à peu près ce que je voulais nous dire, notre illustre hôte. En dehors d’une ouverture sur la mer, le Tchad a tout. Sur le plan climatique, le Tchad a tout. En matière de ressources humaines, le Tchad a tout. En matière de ressources naturelles, le Tchad a tout. De N’Djaména à Moundou en passant par Kélo, j’ai eu à admirer tout ce que le Tchad possède comme potentiel pour que ce pays soit un paradis pour ces habitants, qu’ils soient nationaux ou étrangers. D’où vient alors le malheur du Tchad et des Tchadiens ? Sans être de ce que mon court séjour dans ce pays m’a permis de remarquer, je dirais que ce pays est sûrement confronté à trois problèmes :
    1- Le problème Nord-Sud lié à la géographie et aux types de populations
    2- Le problème des religions musulmane et chrétienne qui renforce celui des régions.
    3- Le problème de tutelle.
    Le destin du Tchad se joue entre deux grandes capitales occidentales qui, au gré de leurs intérêts, manipulent les hommes politiques en les opposant les uns aux autres, en les maintenant dans une belligérance sans fin.
    Conséquences :
    1- Luttes intestins pour la survie des groupes d’intérêts.
    2- Mauvaise gouvernance politique et sociale à cause de l’instinct de survie qui anime tous les protagonistes politiques.
    3- Renforcement et enrichissement des groupes qui bel an, mal an, contrôlent le pouvoir de l’État en combattant ceux qu’ils désignent du vocable de rebelle.
    4- Détournement des richesses nationales vers des investissements qui ne rapportent rien au citoyen tchadien lamda. L’exemple du pétrole qui a beaucoup plus servi aux marchands d’armes qu’au Peuple.
    À qui la faute ?
    Après les massacres du 20 octobre 2022, les mauvaises langues ont raconté que toutes les armes blanches dont s’étaient servies les militants de l’opposition étaient achetées par une Chancellerie étrangère en poste à N’Djaména. Suite à ces événements, Monsieur Succès Masra avait déclaré que le Tchad appartient à tous les Tchadiens. Qu’il rêvait d’un Tchad dans lequel tout le monde peut se sentir chez lui. Dans ce tout le monde, il avait cité des prénoms chrétiens et des prénoms musulmans, il avait cité des noms du nord tchadien et des noms du sud tchadien.
    Dans le cas contraire, le Tchad sera ingouvernable avait-il conclu !
    Qui peut rendre le Tchad gouvernable ?
    – Les hommes politiques tchadiens
    Qui peut rendre le Tchad vivable ?
    – Les hommes politiques tchadiens
    Qui peut construire ou détruire le Tchad ?
    – Les hommes politiques tchadiens
    Monsieur Succès Masra a soutenu le projet d’un État unitaire contre celui d’un État fédéré.
    Personnellement, je comprends sa vision dont l’objectif est d’éviter le morcellement du Tchad dont les régions vont tomber entre les mains et sous le contrôle des groupes anarchistes. Que peut-on attendre du Premier Ministre Succès Masra ? La nomination de Monsieur Succès Masra n’est pas un cadeau pour service rendu, mais un enjeu pour sa survie politique et pour le devenir du Tchad. Le jeune Deby est héritier d’une vieille école. Est-il conservateur ou progressiste ? Monsieur Masra porte l’espoir et l’espérance d’une nouvelle génération. Est-il visionnaire ou opportuniste et mercantiliste ? Si le jeune Deby est un visionnaire, s’il a un projet pour le Tchad, si Monsieur Succès Masra est vraiment un visionnaire qui veut rendre le Tchad aux Tchadiens, l’attelage de ces deux hommes rendra le Tchad aux Tchadiens, cet attelage fera en sorte que les Tchadiens ont tout ce que le Tchad a comme richesses qui ne servent qu’aux intérêts étrangers. Ce faisant, ils auront placé le Tchad au dessus des régions, au dessus des religions et au dessus des intérêts des Puissances qui ont toujours manipulé les hommes politiques de leur pays. Que Dieu bénisse le Tchad et les Tchadiens.
    Bodi Banche Bodelin
    Chroniqueur 
  • Insécurité alimentaire au Cameroun: la part du Tchad et du Nigéria

    Insécurité alimentaire au Cameroun: la part du Tchad et du Nigéria

    Les chiffres de l’insécurité alimentaire au Cameroun sont sans appel. «10,6% de la population sont en situation d’insécurité alimentaire. Soit environ 2 940 807 personnes. Mais aucune personne n’est en phase d’urgence, soit une baisse de 240 000 par rapport à octobre 2022», affirme ce lundi 11 décembre 2023, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural (Minader). Gabriel Mbaïrobé a même d’autres raisons de se réjouir, malgré le caractère «choquant des chiffres», a-t-il admis. «Aujourd’hui, il existe dans le monde 860 millions de personnes qui vivent en insécurité alimentaire. Et il y a 56 millions de personnes en crise alimentaire aiguë en Afrique. Et dans cette dernière catégorie, le Cameroun en a juste 245 000», souligne-t-il. Rien donc qui soit de nature à remettre en cause l’autosuffisance alimentaire de notre pays. Le Nigéria et le Tchad étant bien souvent le point de départ d’une insécurité alimentaire importée.

    C’est sous ce prisme qu’il faut dès lors comprendre la collaboration étroite qui existe entre le Cameroun et les experts du Comité inter-États de lutte contre la sècheresse au Sahel. Le coordonnateur du Programme national de Veille et de renforcement de la sécurité alimentaire (PNVRSA/Minader), confirme en effet que «le Plateau de Gourma dans la zone des trois frontières au Mali et le Bassin du Lac Tchad sont des zones où les populations connaissent des crises endémiques». Maina Hamadou explique notamment qu’en «période de soudure, tout ce qui se passe au Nigéria en termes de chocs, va impacter le Cameroun en termes de mouvement des personnes et des biens». L’exemple avec «l’arrêt des subventions du carburant chez le grand voisin qui a entraîné une augmentation du prix du carburant frelaté (zoa zoa) au Cameroun». Une situation qui a eu des répercussions sur l’ensemble de l’activité économique de la région de l’Extrême-Nord. Le cas aussi avec la secte islamiste Boko Haram également implantée au Tchad et dont les destructions et pillages des récoltes et du bétail, ont plongé plusieurs départements dans l’insécurité alimentaire.
    D’où, entre autres, l’appel lancé par le Minader en direction de «tous les acteurs de la sécurité alimentaire pour une mobilisation en vue de renforcer le statut du Cameroun comme grenier agricole de l’Afrique centrale». En «poursuivant la transition écologique par la mise en œuvre de pratiques agricoles innovantes afin d’accompagner l’agriculture dans son adaptation aux changements climatiques», a-t-il indiqué à l’adresse du PAM, de la Banque mondiale et de l’Union européenne remerciés dans la foulée.

    Théodore Ayissi Ayissi

  • Financements de la Banque mondiale : le genre contre de l’argent

    Financements de la Banque mondiale : le genre contre de l’argent

    Des appuis supplémentaires sont promis aux pays promouvant l’égalité pour tous.

     

    Le Groupe de la Banque mondiale inaugure prochainement sa nouvelle stratégie en matière de genre de 2024 à 2030. Celle-ci engage l’institution de Bretton Woods à soutenir les innovations et l’action collective en faveur «des groupes dont le genre est corrélé à d’autres caractéristiques», les «minorités sexuelles et de genre» et les «groupes marginalisés en raison de leur convergence entre genres et d’autres caractéristiques. Ces objectifs sont sous-tendus par des actions permettant d’en finir avec les violences basées sur le genre (VBG), ainsi que celles favorisant l’extension des services de soins, mobilité et de numérique et le leadership féminin, entre autres.

    C’est à ce titre que le Groupe de la Banque mondiale active d’ores et déjà des leviers de financement et de partenariat en faveur des secteurs publics et privés. Lesquels constituent la cible de la nouvelle stratégie. «La Banque mondiale a renforcé ses capacités et soutenu ses clients dans la production de données et de preuves sur le genre, et dans l’amélioration de la conception et de la mise en œuvre de politiques et programmes visant à combler les disparités spécifiques entre les genres». L’institution est engagée plus que jamais à aider «les décideurs politiques et les clients du secteur privé à renforcer leurs analyses de genre et à intégrer les dimensions du genre dans les politiques, les pratiques et les réformes institutionnelles. Elle aidera également les gouvernements à améliorer la prise en compte de la question du genre dans les systèmes budgétaires et les systèmes de passation des marchés». Elle encourage aussi la production de données et de preuves ainsi que l’analyse comportementale. Avec un accent mis sur la lutte contre les préjugés, les stéréotypes et d’autres facteurs sociaux, psychologiques et économiques qui influencent ce que les gens pensent et font. «Ces approches feront l’objet d’évaluations et bénéficieront d’un appui pendant la mise en œuvre», peut-on lire.

    Quiproquo
    Le Cameroun, comme bon nombre de ses voisins, pourrait tirer profit de ce nouveau levier de financement. En effet l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale cumulent à elles seules les deux tiers des décès maternels à l’échelle mondiale. Par ailleurs, les filles y sont moins nombreuses que les garçons à achever leurs études secondaires, apprend-on. Seulement, la loi camerounaise interdit les relations sexuelles entre personnes de même genre. Tout comme elle n’accorde pas de reconnaissance au transgénérisme. Un des points forts de la nouvelle stratégie de la Banque mondiale. «La Banque mondiale promeut l’égalité des genres et l’inclusion sociale, et s’est engagée, à ce titre, dans une démarche d’intégration globale des questions d’orientation sexuelle et d’identité de genre dans l’ensemble de ses travaux d’analyse et activités opérationnelles», avertit-elle en 2017, dans une note intitulée «orientation sexuelle et identité de genre» toujours disponible sur son site Internet.
    La question du genre vient enrichir la palette des critères auxquels doivent répondre les projets et programmes soumis au financement de la Banque mondiale. Les autres sont centrés sur la résilience au changement climatique et à l’amélioration de la gouvernance.

    Louise Nsana

  • Déclaration des biens et avoirs au Cameroun : Urgence signalée!

    Déclaration des biens et avoirs au Cameroun : Urgence signalée!

    La loi de 2006 y relative est toujours en attente de son décret d’application. Les regards de la société civile et des parlementaires se tournent plus que jamais vers le chef de l’État, afin de définitivement stopper la saignée des caisses publiques.

    Chorus de la société civile et des parlementaires

    780 milliards FCFA entre 2020 et 2030 au rythme soutenu de 78 milliards FCFA par an. Telles sont les projections du manque à gagner budgétaire du Cameroun sur la période de mise œuvre de la SND30, du fait des assauts répétés et jusque-là impunis, contre la fortune publique. Ces données de Tax justice Network datent de mai 2022. La réalité qu’elles décrivent reste cependant d’actualité et une préoccupation majeure pour les populations. Tant et si bien que le Centre régional africain pour le développement endogène et communautaire (Cradec), le Groupe de référence de la société civile pour la transparence des finances publiques (GRTFP) et le Réseau des parlementaires pour la lutte contre la corruption (Repar) lui ont consacré le 5ème Dialogue citoyen. En insistant le 12 et 13 décembre dernier à Yaoundé sur l’urgence pour le président de la République, Paul Biya, de procéder à la signature du décret d’application de la loi N° 003/2006 du 25 avril 2006. Elle est relative à la déclaration des biens et avoirs et elle cadre parfaitement avec le thème retenu: «Unis contre la corruption et pour les droits de l’Homme au Cameroun».

    Plaidoyer
    «L’enjeu est de mon point de vue unique. C’est de faire en sorte que nous montions en puissance dans la lutte contre la corruption, pour empêcher les moyens de la corruption de prendre les pouvoirs d’État, parce que ce serait la fin de l’État de droit et donc l’anarchie», a indiqué l’honorable Engelbert Alain Essomba Bengono, président du Bureau exécutif du Repar. Une position évidemment partagée par Jean Mballa Mballa. «Nous voulons que ça marche et il est important que nous fassions un peu bouger les lignes». Ce qui d’après le directeur exécutif du Cradec devrait obligatoirement se traduire par «l’application des lois qui existent. C’est dans ce sens que nous pensons que l’article 66 de la constitution qui prévoit la déclaration des biens doit être mis en œuvre. Il faut donc désormais signer le décret qui nomme les membres de la Commission de déclaration des biens».

    Ce qui va changer
    Dans le droit fil de la campagne «Arrêtons l’hémorragie», la signature du décret d’application de l’article 66 devrait permettre plusieurs évolutions. «La reddition des comptes en instaurant un climat de transparence et de responsabilité et en fournissant un cadre légal et réglementaire clair pour la déclaration, mais aussi la justification des biens; la promotion de l’éthique et de l’intégrité pour les fonctionnaires et personnes occupant des postes clés; et le renforcement de la confiance des citoyens envers leurs dirigeants». Jean Mballa Mballa fait en outre mention du «renforcement des mécanismes de prévention et de répression de la corruption; de la dissuasion des comportements illicites par la menace de la sanction; du renforcement des organes de contrôle et de l’État de droit; de la conformité aux normes internationales et de l’image positive à l’extérieur». Une pétition est signée ce 13 décembre 2023 après le lancement la veille du Citizen Lenses Report 2023. Il reste à déterminer le mécanisme par lequel le message devra parvenir à son illustre destinataire, le chef de l’État.

    Et les raisons d’accélérer le mouvement ne manquent pas. «Les feux sont au rouge et la situation n’est pas reluisante. Quelle jeunesse voulons-nous pour l’avenir de notre pays?», se demande Dave Mamenene, secrétaire général adjoint du Conseil national de la jeunesse du Cameroun (CNJC). Une interrogation qui rentre en écho avec le constat d’impunité partagé par le Repar, malgré la multitude d’institutions et de textes. Une dimension aussi à prendre en compte pour comprendre ce fléau et s’attaquer aux îlots de résistance est «l’origine coloniale de la corruption», diront notamment Thierry Ndong Owona, directeur de publication et l’honorable Célestin Tabouli.

    Théodore Ayissi Ayissi

  • S.E Christophe Charbon

    S.E Christophe Charbon

    Le représentant résidant du Pnud (Programme des Nations unies pour le développement) au Cameroun s’est rendu à l’Extrême-nord le 7 décembre dernier. C’était à l’occasion de l’inauguration de la nouvelle installation qui va produire du charbon écologique dans notre pays. Le projet entièrement financé par l’institution internationale pour le développement vise à diminuer l’usage du bois de chauffage. La mini-usine a été officiellement inaugurée le 7 décembre dernier à Maroua, en présence de Christophe Charbon et sous la présidence de William Bandibeno, représentant du gouverneur de la région de l’Extrême-Nord. Située proche du Centre de Technologies appropriées (CTA) de Maroua, la mini-usine a permis à plusieurs femmes d’acquérir des connaissances dans le domaine. La structure, apprend-on, est constituée d’un équipement de haute technologie comprenant cinq fours externes, un four de carbonisation, un broyeur semi-industriel, un mélangeur semi-industriel et une chambre de refroidissement.

  • Gouvernement et diasporas camerounaises : Amour entre guillemets

    Gouvernement et diasporas camerounaises : Amour entre guillemets

    La coopération entre les deux parties se renforce au fil des années sans que cela ne change véritablement les paradigmes dans la perception générale de ces ressortissants camerounais.

     

    Le débat sur la considération des Camerounais de l’étranger reste constant. C’est ce que rappelle à la mémoire collective la visite des élus politiques et professionnels d’origine ou de nationalité camerounaise, réunis au sein du réseau Efracam, dans le pays du 5 au 8 décembre 2023. Ces derniers y ont matérialisé leur ambition d’accompagner l’État dans sa marche vers le développement des collectivités territoriales, dans un contexte de mise en œuvre de la décentralisation. Il en résulte plusieurs actes de partenariats et de parrainage qui devraient bénéficier aux communes et aux régions camerounaises. Et pour en matérialiser la preuve, ces membres de la diaspora camerounaise de France présentent à la face du monde les résultats obtenus à l’occasion d’initiatives individuelles ou collectives. En l’occurrence, le jumelage des villes de Douala et Bordeaux; la coopération culturelle entre la ville de Saint-Denis et de celle de Bangangté au Cameroun; le renforcement de la coopération universitaire, médicale et culturelle entre leurs pays d’origine et d’accueil. À cela s’ajoute les nombreux transferts d’argents effectués par ces enfants de la nation en direction du Cameroun et qui contribuent à la réduction de la pauvreté. «Chaque élu ici a décidé de parrainer une commune. Nous nous engageons à tous les niveaux, nous mettons notre expérience et nos carnets d’adresse dans le cadre de cet accompagnement. Il faut préciser que ces parrainages n’engagent pas nos communes de tutelle en France», souligne Pierre de Gaétan Njikam, vice-président de Efracam.

    Jeu de dupes
    Les actions des diasporas camerounaises pour le développement socio-économique du pays s’accroissent. Elles constituent une réponse aux appels incessants du gouvernement à leur encontre. Lesquels ont été portés à la connaissance de l’opinion publique à l’occasion de la conférence économique «Investir au Cameroun, terre d’attractivité» en mai 2016. La visite des membres d’Efracam s’inscrit dans cette même lancée. Elle est l’aboutissement de négociations entamées sous d’autres cieux par l’Honorable Louis Henri Ngatcha, président du Réseau parlementaire pour la diaspora, la coopération décentralisée et transfrontalière (Rep-Cod). Ce dernier s’est rendu à Paris en 2022 pour mener une opération de charme auprès de cette association. C’est pourtant un personnage Mi-figue Mi-raisin qui accueille ses invités à l’Assemblée nationale le 7 décembre 2023. «Aujourd’hui nos frères et sœurs sont là afin que nous travaillions ensemble. J’ai bien dit ensemble parce que beaucoup ici ont eu l’occasion de partir mais ont choisi de rester. Certains sont partis et ils sont revenus. Vous devez respecter ceux qui sont ici. Ce n’est pas parce que vous venez de l’autre côté que vous avez la science infuse. Ils ont la maîtrise du terrain», a-t-il déclaré tout de go à l’amorce de la signature d’une convention de partenariat entre le Rep-Cod et Efracam. Le débat sur la considération accordée aux diasporas camerounaises se poursuit sur d’autres fronts. La bataille y relative a l’allure d’un plaidoyer en faveur de la consécration de la double nationalité au Cameroun.

    Louise Nsana

  • Pénurie de carburant, au-delà du récit officiel

    Pénurie de carburant, au-delà du récit officiel

    Il y a des mots qu’il est assez vain de vouloir définir, dans la mesure où la définition, dans son énoncé même, suppose implicitement que l’on saisisse déjà le sens du terme qu’on prétend expliciter. Il en va ainsi du mot «pénurie». «Pénurie», dit le dictionnaire, est le «manque de ce qui est nécessaire». Au Cameroun où le carburant manque depuis quelques jours, le gouvernement a, sous la plume de Gaston Eloundou Essomba, le 11 décembre dernier, emprisonné le sens du mot dans une curieuse formule: «perturbation dans l’approvisionnement en carburant». À cette heure où le peuple, bidons en mains, s’agglutine devant les stations-service, l’observateur attentif des évolutions de la situation ne peut s’empêcher de conclure que le sens du mot «pénurie» est obscurci par les efforts des pouvoirs publics pour l’éclaircir.
    En proposant d’articuler la «perturbation dans l’approvisionnement en carburant de type Super des principales villes du pays, notamment Yaoundé, Douala et Bafoussam» et «le retard dans l’arrivée de trois navires dû aux conditions météo-océaniques défavorables», le gouvernement a légiféré et légalisé la pénurie de carburant. Il a dénaturé et minimisé les conséquences immédiates ou ultérieures de la situation, en annonçant «un retour à la normale dès le 12 décembre».
    À rebours de ce récit officiel, une seule évidence se dresse comme une cathédrale, selon Dieudonné Essomba. Pour l’économiste-statisticien, «les pénuries du carburant s’expliquent simplement: il n’y a pas de devises». Après avoir réuni quelques réflexions sur ce thème, à la fois merveilleux et très difficile à appréhender, Dieudonné Essomba entrevoit le pire. «Les Camerounais, dit-il, doivent donc se préparer à mener une vie misérable de ver de terre pendant 20 ans encore. Contrairement à ce qu’ils croient, ils subiront l’augmentation des prix».
    «Il faut s’attendre à l’augmentation des prix à la pompe en 2024, d’une valeur ne dépassant pas les 100 FCFA par litre, le même scénario se produira en 2025. Sans nier l’importance de ces préoccupations et d’autres qui s’y rattachent, des sources au ministère de l’Eau et de l’Énergie (Minee) renseignent que le gouvernement et d’autres experts travaillent à juguler les effets d’une éventuelle pénurie de carburant en fin d’année 2023. Selon nos informations, le Cameroun envisage donc d’importer au moins 660 000 tonnes de produits pétroliers (soit 54,6% de gasoil, 36,4% de super et 9% de kérosène). Pour couvrir la demande nationale pour la période allant d’octobre à décembre 2023 et janvier 2024», écrivions-nous déjà dans notre édition N°571 du lundi 21 août 2023.
    Dès lors, la correspondance de Ferdinand Ngoh Ngoh adressée à Gaston Eloundou Essomba le 14 décembre dernier ne peut que susciter un sentiment mortifiant. En effet, si l’on sent bien qu’elle ne s’interdit pas d’aborder le sujet régalien de l’«approvisionnement national en carburants», cette correspondance se moque en permanence de la vérité. Une vérité dessinée avec finesse par le Fonds monétaire international (FMI). Depuis des lustres, ce «gendarme» glisse des notes sous l’oreiller du gouvernement. Sous forme d’abécédaire, ces notes donnent le ton de ce que le gouvernement doit faire de toute urgence. Il s’agit de supprimer complètement les dépenses ayant trait aux subventions des carburants dans l’optique de créer un espace budgétaire pour financer les investissements productifs et les dépenses sociales.

    Jean-René Meva’a Amougou

  • Il n’est pas trop tard pour…

    Il n’est pas trop tard pour…

    Le 15 décembre 2023, Jérémie David Koffi a failli être arrêté en plein culte par deux policiers.

     

    Selon certaines personnes, le pasteur Guy-Vincent Kodja pourrait avoir saisi la police pour que celle-ci mette aux arrêts le “prophète” qui l’avait traité de plaisantin il y a quelques semaines. D’autres pensent qu’il est reproché à Koffi d’avoir prédit la chute imminente du régime Ouattara. Le temps dévoilera les vrais mobiles de cette tentative d’arrestation.Pour l’heure, contentons-nous de constater qu’un autre pasteur qui régulièrement clashe et insulte les Ivoiriens qui critiquent les actions du gouvernement n’a jamais été inquiété. Lui a droit à la carotte pendant que le bâton est servi à Koffi et à d’autres.Plus que la carotte, les “Microbes” (terme employé pour désigner les enfants drogués et violents au service du pouvoir) bénéficient d’une totale impunité. En effet, bien qu’ils aient tailladé et assassiné de paisibles citoyens, ils n’ont jamais été sanctionnés.Ce deux poids, deux mesures existe en politique où les marches et meetings sont interdits aux partis d’opposition tandis que les partisans de Dramane Ouattara peuvent marcher et se réunir quand et où ils veulent. Ainsi, le 26 janvier 2020, les fidèles catholiques d’Abidjan avaient dû renoncer à une marche priante pour la paix parce que des militants du RDR avaient annoncé qu’ils feraient couler le sang de ces catholiques si la marche était maintenue. Et rien n’avait été fait contre ces derniers.Inutile de dire que ce genre de choses est loin de contribuer à la paix et à la cohésion sociales.Le congrès du PDCI, qui devait se tenir le 16 décembre, a été annulé in extremis. Pourquoi une telle fébrilité? De quoi le RDR a-t-il peur? La présence de Guillaume Soro dans les pays voisins serait-elle à l’origine de cette nervosité? On parle de Coupe d’Afrique des nations en janvier, d’élection présidentielle en 2025 mais l’ancien patron des Forces nouvelles n’a pas encore dit son dernier mot. À tout moment, il est capable de tout mélanger et de remettre le compteur à zéro. Bref, ceux qui font des plans et calculs sans tenir compte de l’équation Soro Kigbafori risquent de s’en mordre les doigts.Il n’est pas trop tard pour que tout le monde puisse s’asseoir autour de la table et arriver à un consensus sur le découpage électoral, les listes électorales, la composition de la commission électorale, la sécurisation du déplacement des candidats. Le parti au pouvoir ne gagne rien à vouloir effrayer ou intimider l’opposition. “On ne se réconcilie pas en mettant les gens en prison. Le pays a besoin de tous ses enfants pour la vraie réconciliation”, ont chanté les zougloumen Yodé et Siro en 2020 dans “Président, on dit quoi?” Toute la classe politique ivoirienne doit impérativement comprendre qu’il est encore temps pour se retrouver et se parler si elle aime vraiment la Côte d’Ivoire. Car nul n’est fort ni faible éternellement.

    Jean-Claude DJEREKE

  • Gastronomie : le «Achu» ou taro sauce jaune protégé par l’OMPI

    Gastronomie : le «Achu» ou taro sauce jaune protégé par l’OMPI

    Menu phare de la communauté Bafut, le mets traditionnel est désormais dans l’escarcelle de l’Organisation mondiale de la Propriété intellectuelle (OMPI).

     

    Le «Achu» ou taro sauce jaune, plat traditionnel du peuple Bafut du Nord-Ouest Cameroun (Bamenda), cristallise l’attention du public. C’est à la faveur de l’ouverture de la deuxième édition du Festival des saveurs du Cameroun et du monde, le 20 novembre dernier au Musée national. Il s’articule autour du thème: «Codification et standardisation de la cuisine camerounaise».
    Jacqueline Laure Etemé salue la thématique retenue. La cheffe de service de Codification et Standardisation au ministère du Tourisme et des Loisirs (Mintoul) fait savoir que le «Achu» est «inscrit à l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) et qu’elle est chargée de porter les travaux de la conférence tenue le 21 novembre pour analyse». L’oratrice poursuit que «ce mets traditionnel a atteint une notoriété nationale et internationale, et lorsque nous sommes dans la sélection des mets emblématiques que l’OMPI demande, nous avons fait une exploration dans les dix régions du Cameroun et avons retenu quatorze mets. Parmi lesquels le «Achu».

    Pour ce qui est de la codification et de la standardisation, «le ministère du Tourisme et des Loisirs a entamé la protection. C’est la raison pour laquelle, il fait partie des quatorze mets du terroir qui sont protégés», fait-elle savoir. Elle regrette cependant que la codification jusqu’à présent revête un aspect politique, alors que «cela doit aller plus loin que l’appréciation politique», renchérit-elle.
    La codification de la gastronomie, du «Achu» constitue un véritable levier de croissance et d’emploi. Pour cela, il doit obéir aux normes. L’on doit ainsi faire appel à l’Agence des normes et de la qualité (Anor) pour plus d’expertises et espérer inscrire ce mets comme patrimoine à l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco). «Ce n’est pas impossible», dit-t-elle de vive voix à la communauté Bafut.

    Achu, repas complet
    Le plat de «Achu» contient de nombreux nutriments nécessaires à la santé de l’Homme. Surtout qu’il est fait à base de produits locaux bio. Comme ingrédients qui composent ce mets il y a le taro (colocasia esculenta) et la banane. Pour ce qui est de la sauce jaune, il faut de l’huile de palme crue, des épices exotiques (oignon de campagne, poivre de brousse, poivre). Quant à la préparation des légumes, elle nécessite de jeunes feuilles de taro, jeunes pousses intérieures d’herbe à éléphant, et œufs de jardin.

    Le «Achu» est riche en nutriments. L’amidon du taro est une source excellente d’énergie, il est riche en vitamines avec des quantités élevées de bêtacarotène bien connu pour protéger contre les maladies chroniques. Le taro est source de thiamine, riboflavine, de fer, phosphore et de zinc, ainsi qu’une bonne source de vitamine B6, C, de cuivre et manganèse.

    Au regard de ses vertus, le Achu est aujourd’hui prisé et proposé dans différents restaurants du Cameroun. Sa forte consommation crée des emplois pour de nombreuses femmes qui cuisinent et commercialisent ce mets au Nord-Ouest et à Bafut en particulier. En outre, les restaurants qui en vendent emploient des jeunes. Ce qui réduit le chômage et la vague de criminalité. «Cela est vrai étant donné qu’au cours des cinq dernières années, les crises sociopolitiques en cours ont occasionnés le déplacement de nombreuses personnes qui se retrouvent dans les grandes villes sans moyens de subsistance fiables», conclut le Pr Raymond Neba’ane Asombang.

    Olivier Mbessité 

  • Qu’on laisse les Africains s’occuper d’eux-mêmes

    Qu’on laisse les Africains s’occuper d’eux-mêmes

    Pendant les cérémonies du jour des expiations (Yom Kippourim) dans le sanctuaire, Aaron, le Grand prêtre, tirait au sort deux boucs : l’un pour Yahvé et l’autre pour Azazel. Le premier était sacrifié pour le pardon des péchés. Quant au second, il était conduit, puis abandonné vivant au désert. Celui-là était symboliquement chargé de tous les péchés d’Israël (Lévitique, chap. 16, 7-23). Régulièrement, les dirigeants et médias français accusent la Russie de pillage des ressources naturelles et de violence contre les populations du Burkina, du Niger, du Mali et de Centrafrique. Même leurs propres péchés (crimes contre l’humanité, soutien à des régimes autoritaires et sanguinaires, vol des matières premières sans aucune amélioration des conditions de vie des populations, incapacité à chasser les terroristes du Sahel), ils préfèrent en faire porter le chapeau à Moscou. Ainsi, au 7e forum de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique (6 décembre 2021), Florence Parly, ministre de la Défense, déclarait que, “si la France et ses partenaires s’opposent à Wagner, c’est qu’ils ont vu, en République centrafricaine, leur potentiel déstabilisateur, leurs exactions contre les populations, la perte de souveraineté de l’État, la prédation des ressources, l’échec sur le plan opérationnel et les intérêts particuliers et pécuniaires qui sont placés au-dessus de celui des populations”. Les partenaires en question étaient la Suède, l’Angleterre, le Danemark, la République tchèque et l’Estonie qui avaient accepté de mettre à la disposition de l’opération Barkhane respectivement 150, 90, 70, 60 et 50 hommes, ce qui représente une maigre contribution à côté des 4500 militaires français. Allemands et Espagnols n’avaient offert que de la logistique. Ils avaient refusé que leurs soldats participent à cette aventure, peut-être parce qu’ils la jugeaient ambiguë.
    La France ne dit pas la vérité quand elle accuse la Russie de déstabiliser les pays où elle est engagée, de piller les ressources naturelles de ces pays, de commettre des exactions contre leurs populations et d’agir contre la souveraineté nationale. Un pays peut vieillir sans mûrir. Assumer ses fautes, demander pardon pour le mal qu’on a fait consciemment ou inconsciemment, c’est cela la maturité. La fuite en avant et le déni n’ont jamais fait la grandeur d’un peuple. Ne pas projeter sur les autres nos fantasmes, chercher à comprendre d’où vient ce sentiment anti-français qui se propage comme un feu de brousse et essayer de rectifier le tir, c’est grandir. La France n’a jamais accepté qu’elle pouvait se tromper. Or nous avons nos défauts et nous commettons chaque jour des erreurs. Les admettre, c’est grandir et favoriser des relations apaisées avec celui qu’on a offensé. Charger Poutine de tous les péchés d’Israël, faire de lui un bouc-émissaire, est non seulement contraire à la vérité mais contre-productif car ce n’est pas Wagner qui massacra les 300 tirailleurs africains à Thiaroye le 1er décembre 1944. Wagner n’est responsable ni des 64 jeunes Ivoiriens froidement assassinés le 6 novembre 2004 devant l’Hôtel Ivoire d’Abidjan, ni du bombardement de la résidence présidentielle ivoirienne en avril 2011. Ce n’est pas la Russie qui exploite depuis des années l’uranium du Niger, pays classé parmi les plus pauvres de la planète. Ce n’est pas Vladimir Poutine qui soutient les dictateurs et les 3e mandats anticonstitutionnels. Le franc CFA, qui appauvrit les Africains tout en enrichissant la France, n’est pas fabriqué en Russie.
    À écouter Thierry Breton et les autres Français, on a le sentiment que l’Afrique dite francophone est la propriété privée des Français, que la France est le père et la mère des Africains et que ces derniers doivent toujours être assistés par l’ancienne puissance colonisatrice. Or, même en famille, les parents laissent les enfants devenus majeurs voler de leurs propres ailes. Lorsqu’un père continue de faire les choses à la place de son fils de 60 ans, cela signifie que c’est lui-même qui n’a pas grandi. La France aura vraiment grandi quand il n’y aura plus de soldat français en Afrique, quand ses dirigeants ne mettront plus à mal les souverainetés politique et monétaire des États africains, quand elle arrêtera de s’ingérer de façon grossière dans nos affaires internes.
    Si la lutte contre le terrorisme est vraiment le but de la présence française dans les pays sahéliens, pourquoi la France devrait-elle s’offusquer que le groupe russe Wagner veuille, lui aussi, débarrasser cette partie du continent des terroristes? Un proverbe africain ne dit-il pas qu’abondance de viande ne gâte pas la sauce?
    On peut supposer que c’est pour notre bien que nos “amis” français s’entêtent à demeurer dans nos pays mais peut-on faire le bonheur des gens contre leur volonté? “Tout ce qui est fait pour moi, sans moi, est fait contre moi”, disait Nelson Mandela. Hitler promettait 1000 ans de paix et de bonheur. Les Juifs et les pays européens occupés par les troupes nazies se souviennent encore du coût humain de ce bonheur. Staline, Mao et les Khmers Rouges pensaient, eux aussi, détenir la clé d’un bonheur collectif. On a vu ce que cela a donné. Non, le bonheur n’est ni imposé, ni octroyé. C’est chaque homme, chaque peuple, qui choisit comment il peut être heureux. Me reviennent ici en mémoire les propos d’Alain et d’Aristote. Pour le premier, “l’homme s’ennuie du plaisir reçu et préfère de bien loin le plaisir conquis”. Le second faisait remarquer que “je ne peux être heureux sous la torture ou si l’on torture mes proches” (cf. “Éthique à Nicomaque”).
    En conclusion, je voudrais affirmer ceci : la France devrait cesser d’accuser la Russie et de mettre les Africains en garde contre cette Russie qui n’a jamais eu de colonie en Afrique. D’ailleurs, peut-elle militairement battre et déloger la Russie si cette dernière décide de rester au Sahel? Ce n’est ni en persécutant ni en menaçant les combattants panafricanistes que Paris réussira à reconquérir le cœur de la jeunesse africaine qui de plus en plus laisse entendre qu’elle est fatiguée de la duplicité, de l’arrogance, du paternalisme et de l’incompétence de la classe politique française. Cette jeunesse consciente et politisée dit une seule chose aujourd’hui: l’amitié n’est pas forcée. Ce qu’elle demande, c’est qu’on laisse les Africains écrire enfin leur propre histoire, marcher sur le chemin qu’eux-mêmes auront tracé.

    Jean-Claude DJEREKE

  • EHT-Cemac : les étudiants congolais tiennent leurs diplômes

    EHT-Cemac : les étudiants congolais tiennent leurs diplômes

    Après leur brillant passage dans cette école sous régionale basée au Cameroun, ils ont reçu le précieux sésame le 29 novembre dernier à Brazzaville.

     

    «Le Congo se réjouit de ce qu’aujourd’hui nous disposons d’un nombre important des cadres qui représentent pour nous des véritables appuis dans la transition vers une économie soutenue dans d’autres richesses que le pétrole». Ces mots ont été prononcé le 29 novembre dernier, par Lydie Pontault, ministre de l’Industrie culturelle, touristique, artistique et des Loisirs de la République du Congo.

    C’était à l’occasion de la toute première cérémonie de remise officielle des diplômes aux élèves et étudiants de l’EHT-Cemac (école de l’Hôtellerie et du Tourisme) ressortissants du Congo. Les «lauréats-finalistes» appartiennent aux promotions de 2008 à 2022.

    Courage et honneur

    A l’en croire, ces jeunes constituent une «ressource humaine» importante et bénéfique à la fois à l’Etat et aux entreprises privées. D’ailleurs, apprend-on, il leur est réservé «une place de choix» dans pour que le secteur touristique congolais connaisse de meilleurs jours. En cela, Lydie Pontault sait pouvoir compter sur ses compatriotes. « Vous connaissez le code de ce secteur et vous deviez exceller, le ministère compte énormément sur vous » leur a-t-elle martelé.

    Pour Yves Martial Boutoundou, ces récipiendaires ont tout simplement et de la plus belle des manières, fait preuve de volonté.  C’est d’ailleurs ce qui, selon lui, explique la présence du membre du gouvernement.  «C’est un véritable honneur pour vous de recevoir ces diplômes des mains de madame la ministre. L’EHT est une école d’excellence, certains de vos camarades ont abandonné, d’autres exclus au cours de leur parcours mais vous vous êtes allés jusqu’au bout pour couronner vos études par la réussite. Je ne peux que vous en féliciter car cela démontre votre mérite, votre courage, votre travail et votre discipline », a déclaré le directeur de l’EHT-Cemac.

    Intégration socio-professionnelle

    Le patron de l’école inter-Etats appelle les lauréats-finalistes à ne pas s’éloigner de l’institution qui les a façonnés et à s’inscrire au sein de l’association des anciens élèves de cette école. Ce, en vue d’actualiser sa banque de données, à l’effet de faciliter l’intégration socio-professionnelle à ceux qui rencontrent des difficultés.

    Pour Ngakosso Kolo Obangui, l’un des lauréats, «les promoteurs qui ont des établissements du tourisme pensent à chercher ou à se renseigner sur les lauréats finalistes de cette école afin de booster leurs activités». Car, conclue-t-il, les lauréats finalistes apporteront une bonne pierre à leur édifice ».

    Joseph Julien Ondoua Owona

  • Développement : la robotique, solution à double tranchant

    Développement : la robotique, solution à double tranchant

    Cette technologie était au centre des débats le 6 décembre dernier, à l’école des Sciences et Technologies de l’information et de la Communication (Esstic).

     

    «Regardez comme nos jeunes souffrent dans la rue pour creuser des rigoles pour faire passer des câbles de courant. Mais c’est un scandale ! Sous le soleil et sous la pluie, on creuse des rigoles qui sont bouchées le lendemain parce qu’il pleut et on recommence le troisième jour pour enlever la boue des caniveaux qu’on a mal creusés sous le soleil et sous la pluie, alors qu’ailleurs, les gens dorment et l’intelligence travaille pour eux.» Voici une situation de haute intensité de main d’œuvre décrite par Yves Marc Modzom le 6 décembre dernier. C’était à l’occasion de l’atelier de la filière «journalisme» baptisée «Café de ma promotion». En réalité, le directeur de l’Esstic décrie une situation encore propre à plusieurs pays en voie de développement dont le Cameroun. Laquelle met en lumière le double problème de l’absence de modernité dans l’accomplissement des tâches et de la main d’œuvre qualifiée dans notre société.

    Modèle japonais

    À cela, Pierre Ndzengue propose une solution calquée sur le modèle japonais qu’il connait mieux. L’ambassadeur du Cameroun au Japon a partagé l’expérience vécue dans le pays du « judo (art martial)» avec des étudiants de l’Esstic. Pour lui, la vie au sein de la société japonaise est aujourd’hui moins ardue, grâce à la robotique. Partie des secteurs industrielle, cette technologie fait aujourd’hui partie du quotidien des populations japonaises. La preuve, certains robots peuvent jouer le rôle de «nounou». «Si vous êtes seul chez vous, le robot peut vous assister à la maison…», indique-t-il.

    Revers

    Dans son exposé fortement apprécié par l’auditoire, l’ambassadeur camerounais présente également les revers de la robotique. Parmi eux, se trouve le chômage. Du fait de la robotique, plusieurs personnes perdent leur emploi et vont jusqu’à s’ôter la vie, raconte le diplomate. Au-delà, cela il y a le coût des recherches nécessaires à l’implémentation d’une telle technologie. Ce n’est pas tout.

    La tranche d’âge de la population camerounaise pose également problème. Au Japon, apprend-on, la robotique est implémentée dans un contexte où, la population est vieillissante. Ce qui est tout le contraire du Cameroun.

    «Est-ce que les pays comme les nôtres peuvent faire usage des robots ? Si le japon est devenu un leader en robotique aujourd’hui, c’est à cause du vieillissement de la population, le manque de main d’œuvre. Or, nous avons la main d’œuvre… Premièrement, on peut se poser la question de savoir est-ce que la robotique en tant qu’instrument de croissance peut être appliquée dans nos états ? Deuxièmement, il faut se poser la question de savoir quel est le lien qui existe entre le robot, la robotique d’une manière générale et le créateur ?», autant de question qui n’ont pas encore de réponse. C’est ce qui pousse certains étudiants pourtant édifiés sur le sujet à rester prudent. «J’ai écouté monsieur l’ambassadeur avec beaucoup d’attention et je pense que la robotique n’est pas une mauvaise chose. Elle peut servir dans certains domaines. Mais elle ne saurait devenir une solution à tout. Auquel cas, nous risquons également de connaitre une montée en puissance des cas de suicides», explique Joseph.

    Joseph Julien Ondoua Owona