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Étiquette : MRC
Mardi 22 septembre 2020 : Le jour le plus NON
Dans un contexte où persistent conjointement l’obstination à manifester dans la rue et l’annonce de vigoureuses représailles, le collectif rattaché à la bannière MRC et l’exécutif inventent des modalités de gestion opérationnelle de la journée du 22 septembre 2020 au Cameroun.
Le face à face Paul Atanga Nji – Maurice Kamto On ne saurait dire si c’est le jour le plus long ou celui de tous les possibles au Cameroun. En tout cas, le pays entier attend le 22 septembre 2020 avec inquiétude ou intérêt. S’étant acculturés au répertoire contemporain des mobilisations contestataires, le MRC (Mouvement pour la renaissance du Cameroun) et ses alliés scandent (depuis la convocation par le président de la République du corps électoral en vue du scrutin des régionales le 6 décembre 2020) l’un des éléments structurants de leur agenda politique: les manifestations de rue à l’échelle nationale et internationale.
Dans sa «note du marcheur pacifique, patriote et républicain» publiée le 16 septembre dernier, Maurice Kamto décline le corpus de la mobilisation. Pour le leader du MRC, il s’agit de «marches appelant au départ de M. Biya (…) au regard de sa démission devant toutes ses responsabilités de président de la République». Usant du vocabulaire de la résistance, le «tireur de pénalty», en posture de capitaine qu’aucune tempête ne fait plier, suggère à ses partisans et alliés de «se munir d’un foulard ou d’une écharpe et d’un flacon de vinaigre ou de jus de citron», en cas de gaz lacrymogène.
Sur les réseaux sociaux, on promet l’enfer aux policiers et aux défenseurs de l’actuel locataire du Palais d’Etoudi. Ceux qui partagent ou portent l’essentiel de ce message agrègent d’autres motifs de colère. Tisonnés par des fins de mois difficiles et pris d’un immense ras-le-bol par rapport à la longévité de Paul Biya à la tête du Cameroun, ceux-là disent marcher pour un supplément de pouvoir d’achat et une alternance politique au sommet de l’État. Et du coup, ils entendent faire face aux représailles les plus débridées, souvent utilisées (selon eux) sans complexe par l’exécutif.
«Monstre froid»
En relevant les dits et les non-dits de l’appel à la mobilisation populaire lancé par le MRC, le gouvernement se prépare à la confrontation. Sous fond de nervosité, il a pris quelques précautions avant de devoir y faire face sur le terrain. Dernier vestige de nervosité de l’exécutif, la publication, en date du 14 septembre 2020, d’un message-fax signé Paul Atanga Nji. Adressé aux gouverneurs des régions du Centre, du Littoral et de l’Ouest, le document avertit clairement que les partisans de Maurice Kamto et leurs alliés dansent sur un volcan. La nature centrale du sujet dont le ministre de l’Administration territoriale (Minat) a décidé de se saisir prioritairement est d’ailleurs révélatrice de la volonté de faire régner l’ordre «sans complaisance». Pour cela, une mécanique policière particulièrement répressive est déjà mise au point, en plus des mises en garde et avertissements qui fusent à partir du Minat.En dénonçant comme une dérive politique la démarche du MRC, René Emmanuel Sadi, le ministre de la Communication (Mincom), dans un communiqué rendu public le 15 septembre 2020, prévient: «Aucune manifestation ne saurait être considérée comme pacifique lorsque le but déclaré en est le lancement d’un mouvement insurrectionnel et le renversement d’institutions républicaines démocratiquement élues».
Dans un format interactionnel avec ceux qui cautionnent les «marches blanches», Jacques Fame Ndongo, secrétaire à la communication du RDPC (Rassemblement démocratique du peuple camerounais), est direct. «Que le 22 septembre 2020, nul ne vienne donc verser des larmes de crocodile lorsque, le cas échéant (dans l’hypothèse où des actes insurrectionnels auraient lieu), force reviendra à la loi. Le Cameroun n’est pas la cour du roi Pétaud», écrit le membre du bureau politique du parti politique de Paul Biya.Jean-René Meva’a Amougou
Crise sociopolitique au Cameroun : La diaspora camerounaise du Canada veut « chasser » Paul Biya du pouvoir
De nombreux camerounais vivant au Canada ont manifesté leur ras-le-bol le samedi 19 septembre 2020 dans les rues de Montréal pour dénoncer «le génocide anglophone au Cameroun depuis 3 ans et l’incapacité du président Biya à trouver des solutions idoines à la guerre dans les régions anglophones du pays» qui dure depuis 2016.
Des Camerounais de la diaspora canadienne sont descendus dans la rue samedi dernier à Montréal. Pancartes à la main aux messages qui en disent long sur la situation critique que traverse ce pays de l’Afrique centrale depuis bientôt quatre ans dans sa partie anglophone. «On vous tue vous regardez! Trop c’est trop» ou encore «Biya Paul, trop c’est trop, you must go. 40 ans c’est bon». Pour accompagner leurs écrits par la parole, ces manifestants ont scandé à tue-tête des slogans comme «Paul Biya doit partir. Combien de personnes vont-elles encore mourir dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest pour que vous trouviez une solution inclusive avec toutes les parties» ! Les manifestants brandissant fièrement le drapeau national, justifient leur présence en ces lieux par la montée galopante de l’insécurité au Nord-Ouest et au Sud-Ouest du pays en proie à une guerre sans fin depuis quatre ans. Une guerre en cours depuis fin 2016 et qui est à l’origine de plus de 15.000 morts et des milliers de déplacés internes et externes.
Aujourd’hui, les Camerounais de la diaspora et plusieurs activistes souhaitent que des actions soient menées pour contraindre la communauté internationale qui selon eux, continuent d’apporter son soutien au régime du président Biya, à le pousser vers la sortie. « Le peuple camerounais souffre. Comment est-il possible que des femmes soient froidement assassinées par des individus en plein jour et que cela ne soit pas suffisant pour que les uns et les autres se mobilisent pour dire non à une telle boucherie humaine dans le Noso!», s’insurge Roger un Camerounais vivant à Montréal. «Nous voulons le changement au Cameroun pour libérer le pays de la dictature de Monsieur Biya», lance un autre ressortissant du pays au drapeau vert-rouge-jaune qui a requis l’anonymat.
Parmi les manifestants, Condy, un ressortissant de Guinée Conakry est solidaire de la dynamique mise en branle par la diaspora camerounaise. «Je suis contre la dictature qui se perpétue en Afrique. Au bout de la longévité au pouvoir, s’installe une forte répression contre la population qui voit ainsi ses libertés et ses droits être restreints. Le peuple africain a besoin de démocratie et cela passe par la limitation du mandat présidentiel», soutient ce dernier.
Un vaste mouvement prend son envol
La marche pacifique de Montréal encadrée du début à la fin par une brigade de la police Montréalaise était étalée sur près de trois kilomètres et ponctuée de minutes de silence, de moments de lamentation en signe de solidarité et d’hommage aux nombreuses vies perdues dans le NOSO. Elle se déroulait simultanément dans une dizaine de ville de par le monde. Et selon les organisateurs, c’est un vaste programme qui se met ainsi en branle dès ce samedi et devra déboucher selon eux sur la chute du régime de Yaoundé. Dans cette mouvance, le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), l’un des leaders de l’opposition au Cameroun entend organiser le 22 septembre 2020 une marche silencieuse sur toute l’étendue du territoire nationale pour dénoncer la détérioration du climat sociopolitique du pays marqué par la poursuite de la guerre dans la partie anglophone du pays et la mal gouvernance.
Mais il y a également la convocation le 7 septembre 2020 des collèges électoraux en vue de la tenue des premières élections régionales du pays le dimanche 6 décembre 2020 au moment où le code électoral n’est toujours pas révisé et prête le flanc, selon l’opposition, à des élections partisanes taillées sur mesure et favorables au parti au pouvoir, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC). Face à la peur d’un risque insurrectionnel qui pourrait mettre le pays à plat, le régime de Yaoundé a interdit toute manifestation dans la rue et promet d’interpeller tout contrevenant à la loi. L’on se souvient que le 26 janvier 2019, le MRC avait organisé une manifestation similaire pour dénoncer ce qu’il avait qualifié de « victoire volée », à la suite de l’élection présidentielle du 8 octobre 2018 au Cameroun.
Laquelle manifestation fortement réprimée par les forces de sécurité avait conduit aux nombreuses arrestations des manifestants et des interpellations des journalistes. Face à ces nombreuses intimidations du régime de Yaoundé dans les médias publics ces derniers temps, et visant à empêcher la tenue des marches pacifiques du 22 septembre 2020, dont le seul but est d’empêcher, selon l’opposition, l’éclosion des libertés d’expressions et de manifester, les camerounais de la diaspora promettent «de prendre d’assaut les missions diplomatiques du Cameroun à l’étranger au cas où un seul manifestant est tué dans la rue mardi prochain par les forces de sécurité», lance avec force l’une des manifestantes très active à la marche de samedi et très remontrée contre le régime de Yaoundé.
Pour mémoire, le président Biya au pouvoir au Cameroun depuis le 6 novembre 1982 a été réélu pour un énième mandat de sept ans en octobre 2018 à l’âge de 85 ans. Aujourd’hui âgé de 87 ans, il est l’un des rares chef d’Etat au monde ayant atteint un si long record de longévité au pouvoir. Après 38 ans passés à la tête du pays, il devrait officiellement finir son mandat en cours en 2025, à l’âge de 92 ans.
Floriane Payo (correspondante)
Cameroun – Crise politique/droits de l’Homme – Réponse du ministère de l’Europe et des affaires étrangères à une question écrite à l’Assemblée nationale (Paris, 28/01/2020)
La France est profondément préoccupée par la situation dans les régions Nord-Ouest et Sud-Ouest du Cameroun, qui continue à se dégrader.
Elle condamne fermement les violences et les graves violations des droits de l’Homme dans ces régions. Le 10 septembre dernier, le président Paul Biya a annoncé la convocation d’un grand dialogue national, qui s’est tenu du 30 septembre au 4 octobre. Plusieurs recommandations ont été émises, notamment en matière de décentralisation. Elles ont été soumises au président Biya, qui s’est engagé à travailler à leur mise en œuvre. Les 3 et 4 octobre, les autorités camerounaises ont également annoncé l’arrêt des poursuites pendantes devant les tribunaux militaires contre M. Maurice Kamto et 101 sympathisants du MRC, ainsi que contre 333 personnes arrêtées et détenues pour des délits commis dans le cadre de la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
La France souhaite que ces gestes d’apaisement ouvrent la voie à une résolution pacifique de la crise. Elle demeure convaincue que l’issue ne peut être que politique et qu’elle suppose notamment la poursuite d’un dialogue inclusif, y compris avec l’opposition, et l’approfondissement de la décentralisation.
Avec d’autres partenaires internationaux, la France, attachée à la stabilité et à l’unité du Cameroun, se tient prête à soutenir tout processus de dialogue mis en place à cet effet. Elle rappelle également l’importance pour l’opposition de pouvoir s’exprimer librement, en conformité avec la loi, et participer sans entrave aux élections municipales et législatives de 2020. Ainsi que l’expriment les conclusions du Conseil affaires étrangères du 14 octobre 2019, cette position est partagée par l’ensemble des membres de l’Union européenne. Ce message a également été porté par le ministre de l’Europe et des affaires étrangères lors de son déplacement au Cameroun les 23 et 24 octobre 2019, au cours duquel il s’est entretenu avec le président Biya et a rencontré les responsables des partis politiques représentés au Parlement, ainsi que des acteurs du Grand dialogue national. Il a par ailleurs fait part de la disponibilité de la France à apporter son soutien aux autorités camerounaises pour l’approfondissement de la décentralisation et la mise en place d’un statut spécial dans les régions Nord-Ouest et Sud-Ouest./.
(Source : site Internet de l’Assemblée nationale)
Crise anglophone, affaire Kamto… Par ici le « spectacle diplomatique »
Selon les experts de questions internationales, l’actualité sociopolitique au Cameroun n’en finit pas de friser le grotesque.
Le Minrex au centre lors d’une rencontre avec le corps diplomatique Encore Jean-Yves Le Drian. Après sa sortie sur les antennes de la chaîne de télévision française France 24 en novembre dernier, le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères s’est, une nouvelle fois, prononcé sur la situation sociopolitique actuelle au Cameroun. Portant la voix du Quai d’Orsay devant la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale de son pays le 28 mai 2019, le chef de la diplomatie française s’est penché sur deux sujets: la crise anglophone et l’affaire Kamto.
Ce 30 mai 2019, rapporte le site internet de Radio France internationale, le membre du gouvernement français a estimé que « dans les régions anglophones du Cameroun, la situation continue de se dégrader. Les pertes humaines sont de plus en plus lourdes ». La même source parle d’un Jean-Yves Le Drian « très préoccupé de la situation du juriste international Maurice Kamto ». «Nous souhaitons que cette figure importante du Cameroun puisse être libérée. Nous faisons pression régulièrement, fortement. Y compris le président de la République a appelé le président Biya pour qu’on trouve des solutions », rapporte encore le média français.
Arrêts
Sur ce fil, des analystes s’arrêtent sur un segment du verbatim du patron du Quai d’Orsay (« Nous faisons pression régulièrement, fortement ») qu’ils opposent à la sortie de Lejeune Mbella Mbella, le 28 mai 2019 à Yaoundé. Selon Téclaire Wangué Lobé, « ces actualités montrent que la crise anglophone et l’affaire Kamto ouvrent la scène diplomatique internationale au spectacle ». Se servant des sorties de Tibor Nagy (Sous-secrétaire d’État américain aux Affaires africaines) début mars dernier et de la verve de remontrance répétitive du gouvernement camerounais, l’internationaliste conclut : « c’est un jeu auquel se livrent des acteurs les plus représentatifs de la sphère des affaires étrangères d’un pays autour d’une ou plusieurs questions ».À ce sujet, Florentin Noumbissi, un autre internationaliste, souligne que ce spectacle est à lire sur un double format. « Le premier, énonce l’universitaire, est bâti sur la liturgie diplomatique locale qui exalte l’unité, le consensus, la capacité à venir soi-même à bout de tout problème ». « Le second, ajoute l’enseignant associé à l’École de guerre de Yaoundé, s’emploie à théâtraliser l’affrontement et la conflictualité sur la scène internationale. Il est l’apanage des pays que l’on appelle à tort ou à raison grandes puissances».
Pour sa part, Nestor Wandji considère que, relativement à l’actualité sociopolitique camerounaise, les mots choisis par Yaoundé et par les officiels de certains pays font partie du spectacle diplomatique. «Ces mots, dit le consultant à la Fondation Paul Ango Ela de Yaoundé, sont violents. Leur médiatisation et leur publicisation amusante se substituent à l’action diplomatique même, pour n’en laisser subsister qu’une apparence trompeuse, mise en récit, propagandiste et communicationnelle, spectaculaire. D’une part, cette apparence cacherait (mal) une inaction politique, ou une action vide de sens, et d’autre part tendrait à priver les citoyens d’un accès aux enjeux politiques réels».
Sur fond de dialogue annoncé, la situation sur le terrain pourrait lever un autre rideau au « spectacle diplomatique ». Cela est à redouter tant, la semaine dernière, dans la capitale camerounaise, des citoyens désignés pro-Kamto ont tenté, une fois encore de défier la force publique. Des informations difficilement vérifiables parlent de quelques arrestations parmi les militants du MRC (Mouvement pour la renaissance du Cameroun).
Jean-René Meva’a Amougou
Ambassade du Cameroun à Paris : Alfred Nguini en mission commandée
Son parcours et son profil le conduisent vers un poste où « il aura fort à faire » pour piloter l’Épervier d’une part, et faire le monitoring de l’après-saccage de la chancellerie.
Alfred Nguini: «destination Paris» On l’a entendu et bien lu depuis le 29 mars dernier. Alfred Nguini, à la faveur d’un décret signé le jour même par Paul Biya, est désormais l’ambassadeur du Cameroun en France. La nomination du natif de la Mefou-et-Akono vient ainsi mettre un terme à la vacance de poste constatée à la tête de la chancellerie camerounaise à Paris, depuis le 2 mars 2018, avec la nomination de Samuel Mvondo Ayolo au poste de directeur du cabinet civil de la présidence de la République.
À Etoudi justement, on sait une chose : Alfred Nguini n’est pas le genre de diplomate aux allures bling-bling. Dans certains cénacles diplomatiques nationaux ou internationaux, il est dit que « cet homme joue parfois les boucliers et les lances pour le compte de son pays à l’international ». C’est probablement ce qui justifie ses relations de proximité avec Paul Biya. D’ailleurs, en mai 2017, ce dernier lui confia un pactole de 56 millions de francs CFA à remettre aux autorités ivoiriennes, comme « contribution du Cameroun au succès de la 8e édition des Jeux de la francophonie ».
Comme s’il fallait donner échos à ce «fait d’armes» sur les antennes de la chaîne de télévision privée Vision 4, Michel Zoa (autre élite de la Mefou-et-Akono) pense également que le rôle de «son frère», pour rehausser l’éclat de la présence de Paul Biya au 5e sommet Union africaine – Union européenne à Abidjan en novembre 2017, aurait été déterminant dans les arbitrages. Pour cela, l’ancien ministre des Sports et de l’Éducation physique estime que «la nomination d’Alfred Nguini est un réflexe présidentiel de bon aloi sur les petites choses invisibles à l’œil nu».
Commando
Et si l’on quitte le microscope pour la longue-vue, il est permis de décrire le nouvel ambassadeur à l’aune d’un contexte politico-stratégique global infiniment préoccupant pour Etoudi. De fait, « il aura fort à faire », prédit Jeune Afrique. Dans sa livraison du 29 mars 2019, l’hebdomadaire joue sur les symboles et les enjeux : « l’ambassade parisienne, l’une des plus importantes pour le Cameroun, n’est pas à l’abri de nouvelles révélations dans l’affaire Defex, dans laquelle est notamment cité Gervais Evengane Foumane, son attaché de défense ».Dans le fond, il est insinué qu’Alfred Nguini, réputé fin dans le renseignement diplomatique, est désigné pour prendre les avant-postes de l’opération Épervier à la mission diplomatique du Cameroun en France. La flèche acérée et l’arc tendu, le «commando» débarque à Paris pour imposer un contre-monde à celui débusqué par une mission que la Conac (Commission nationale anti-corruption du Cameroun) avait effectuée sur place en novembre 2017. Dit simplement, le nouvel homme est désigné pour continuer à déployer la cohérence du projet de traque des réseaux mafieux.
Et que dire du cru 2019 ? Entre le saccage de l’ambassade du Cameroun à Paris, la polémique sur l’implication du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) dans ces destructions et des alertes sur le front diplomatique avec la France en rapport avec la crise anglophone, Etoudi connaît sa pire séquence depuis le début du septennat. En animal politique rompu aux batailles diplomatiques, Alfred Nguini est désigné pour user de cet atout majeur.
Jean-René Meva’a Amougou
Jean de Dieu Momo : Clerc-obscur au service de Biya
Depuis l’avènement du Renouveau, jamais membre du gouvernement n’a autant été boudé par les siens et ses compagnons d’hier.
Jean de Dieu Momo Il est révolu le temps où la politique était «d’abord l’art d’empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde». Et cela enchante bien Jean de Dieu Momo. Le nouveau ministre aime parler de ce qui le regarde. À croire que c’est la raison de sa sortie à Dschang (Menoua) le 16 février dernier. A-t-il alors commis une erreur d’appréciation? Non ! Il sait que dans cette ville, et même dans une bonne partie de la région de l’Ouest, son entrée au gouvernement, le 4 janvier 2019, a suscité une vague de commentaires haineux.
On peut supposer que «Monsieur le ministre» a bien préparé sa voix de baryton, toujours prête pour un bon mot ou une engueulade. Disposant d’un bel instant pour défendre sa personnalité, ses idées et son bilan de 59 années de vie, il s’est taillé un programme : distiller, en langue Yemba, l’image d’un vétéran revenu de toutes les guerres. «Les gens ont dit que j’ai demandé que l’on abatte les Bamilékés. Est-ce possible que quelqu’un le dise?», interroge-t-il. Plus loin, on l’entend dire: «Les gens de la Menoua se détestent entre eux.
Voila qu’on a nommé un fils de la Menoua alors que vous êtes allés voter l’opposition. Paul Biya devait-il nommer un fils de la Menoua quand on a voté l’opposition en masse? Il le fait, et il y’en a qui trouvent à redire. C’est quel ministre qu’on nous donne comme ça ? Je demande aux fils de la Menoua bougrement riches d’arrêter de tromper la population. Ils l’ont trompée en demandant de voter l’opposition, parce que c’est un frère de Baham. Pourtant c’est grâce à Paul Biya qu’ils ont eu de l’argent pour s’acheter ses grosses voitures».
Polémiques
En clair, l’avocat international sait une chose : il n’est pas en odeur de sainteté avec ses congénères. Depuis son ralliement à Paul Biya à la veille de l’élection présidentielle d’octobre 2018, certains lui reprochent sa gouaille et son appétit médiatique. Au lendemain de son entretien avec Ibrahim Chérif sur le plateau de l’émission Actualités Hebdo sur la CRTV, une polémique durable régente les Grassfields. Quelques critiques concluent que les phrases ministérielles résonnent avec l’actualité entretenue par le MRC (Mouvement pour la Renaissance du Cameroun), le parti de Maurice Kamto. Les puristes estiment que leur fils a trahi le peuple Bamiléké.Au ministre Momo, ils conseillent moins de verticalité et d’arrogance, et plus de respect des corps intermédiaires, chefs traditionnels en tête. Pour protester, ces derniers ne trouvent pas mieux : bouder les festins organisés par leur ministre de fils. Ils le fustigent dans sa politique, et peut-être encore plus avec ses déclarations provocatrices. Ils jugent que Jean de Dieu Momo a poussé à l’extrême ce mépris, en oubliant son corollaire, le risque du décrochage, le risque de devenir un «déchet social» ou de n’être «rien». Ils estiment aussi qu’à travers le rapprochement fait, en mondovision, entre le peuple juif et les Bamiléké, c’est aussi le sens de la destinée de cette communauté qui s’estompe.
Cris d’orfraie
Du reste, on peut comprendre le ministre. Même s’il est difficile d’établir la frontière entre soutien à son « créateur » et performance théâtrale. Et pendant qu’on hésite encore, Jean de Dieu Momo explique à Cheta Bilé à quel point il fait bon vivre dans un bureau ministériel. Une certaine presse voit en cette sortie médiatique le trauma de l’indigène mal décolonisé. Le mot « clientélisme» n’est pas prononcé. À peine, on parle de « réussite d’un fils de tailleur ». Plus ouvertement, on met le subalterne direct de Laurent Esso soit dans la fourchette des profiteurs d’un système à la dérive, soit dans celle des profiteurs du résultat d’une élection présidentielle au terme de laquelle le taux d’abstention a été, selon eux, le plus grand gagnant.Ceux qui poussent les cris d’orfraie se recrutent parfois dans les rangs du G20. Chacun, dans cette coalition de partis politiques acquis à Paul Biya, y est selon les intérêts électoraux immédiats. De temps en temps, quelqu’un sort une affaire des limbes. À une poignée de journalistes, quelqu’un, issu de ce G20, explique que « Jean de Dieu Momo a su trouver seul les autres manières d’accéder au pouvoir quand, on ne sait pas l’exercer : l’exagération, le mensonge et le lancement d’anathèmes contre les siens ».
Visée
On comprend alors que sur le plateau de Canal Presse, le président des Patriotes démocrates pour le développement du Cameroun (PADDEC) ait renié sa propre formation politique qu’il a pourtant créée lui-même en mars 2010. Parmi les invités, il apparaît comme « porte-parole du RDPC », aidé en cela par son mètre 90 et ses 110 kilos. Un soir, à l’Arène diffusée sur les antennes de Canal 2 International, Jean de Dieu Momo se fend en une déclaration : « S’il (Biya, NDLR) me fait l’honneur de me distinguer, je serai très heureux de servir ma patrie et d’apprendre auprès d’un sage. Si vous me donnez votre plateau et la possibilité de dire au président que “parmi les 25 millions de Camerounais si vous pensez que je peux soutenir un côté, je serai ravi de le tenir”. Est-ce que moi j’ai besoin de me cacher? »Au sein du G2O, on a compris. Dans le verbe comme dans les actes, Momo roule pour lui-même et non pour le groupe. Dans sa démarche, il est conforté par le flou sur la distribution des prébendes, entretenu (selon un président de parti membre du G20) par le RDPC lui-même. La manœuvre est à grands traits assez simple : laisser prospérer les querelles d’appareils et autres obscures stratégies individuelles. Et lorsque d’aucuns appellent à sortir des sables mouvants et à profiter de l’incertitude générale pour prendre les devants, Jean de Dieu Momo est déjà bien positionné, parce qu’il ventile bien la rhétorique populiste de son « employeur ». En solo, le challenger de Paul Biya en 2011 a une marge parfumée à l’encens du cabinet civil de la présidence de la République. La suite se lit sur sa table de ministre délégué auprès du ministre d’État de la Justice, Garde des Sceaux.
Jean-René Meva’a Amougou
«Marches blanches» : En petite allure de croisière
Après une première séquence, le bras de fer entre le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) et le régime de Yaoundé est en passe connaître l’escalade.
La ville de Douala bousculée dans sa serénité, le 26 janvier 2019 Passé ce qui, sur les réseaux sociaux, est appelé «Acte I». En une journée (26 janvier 2019), le mouvement du MRC aura ressemblé à une cocotte en ébullition dans quelques localités du pays (Yaoundé, Douala, Dschang, Mbouda). La chronique retient que Me Michèle Ndoki et Célestin Njamen sont devenus des figures médiatiques du mouvement. Sur la foi des images disponibles sur la toile, la première tout comme le second ont reçu chacun une balle «réelle ?» au pied.
Ailleurs, en France et en Allemagne notamment, des images de mise à sac des représentations diplomatiques du Cameroun dans ces pays-là circulent. Pour certains analystes, le mouvement va bien au-delà de la simple com’. Tous les décryptages instantanés tiennent compte de son ampleur. Appréciant le cran et l’ardeur des marcheurs, Maurice Kamto fait valoir que «le peuple, lui, semble avoir compris la leçon des derniers mois et se déclare par conséquent prêt à une confrontation directe, nécessairement aporétique et hystérique avec l’exécutif, qui l’a bien cherché puisqu’il avait même érigé cela en méthode». «On ne s’attendait pas à un tel engouement, il y a une vraie soif de démocratie, de débat», confie le président du MRC, candidat à la dernière élection présidentielle au Cameroun. Le temps n’a pas modifié l’opinion de l’agrégé de droit sur sa «victoire» à ce scrutin. In fine ses les marches blanches sont l’expression du «droit contre le hold-up électoral».
Riposte
Secoué, le gouvernement a coupé court à cette dynamique. A Yaoundé et à Douala, au nom de l’ordre public, les forces de sécurité ont dispersé les militants, «faisant montre de maitrise et de professionnalisme, les forces de maintien de l’ordre ont dû procéder à des mises en demeure (…) non suivies d’effets de la part des manifestants», selon René Emmanuel Sadi. 124 personnes interpellées et 6 autres blessées, brandit le ministre de la Communication (Mincom) au cours d’une conférence de presse donnée conjointement avec Paul Atanga Nji, ministre de l’Administration territoriale (Minat). Devant la presse nationale et internationale, les deux membres du gouvernement sont formels: «le MRC veut inciter nos compatriotes à braver l’ordre républicain».Perspectives
Alors que «l’acte II» de sa mobilisation s’annonce pour cette semaine et qu’un grand débat national est lancé, le mouvement initié par Maurice Kamto semble se trouver à la croisée des chemins. Contre-débat sur les réseaux sociaux, nouvelles actions de terrain… comment se réinventer pour ne pas s’essouffler? Sur les plateformes numériques, les partisans s’interrogent de plus en plus : comment continuer à exister et à peser dans le débat public? Le mouvement doit-il se réinventer, se réorganiser? Et si oui, sous quelle forme? Des questions qui reçoivent pour l’heure autant de réponses que le mouvement comprend de tendances.
Les uns penchent clairement pour un tout autre rapport de force: la grève générale. Cette action doit être menée en coopération avec des syndicats de transporteurs. Le socle de leur position est l’hystérisation du langage opérée par le pouvoir lui-même. «Engagé résolument dans un traitement répressif du mouvement, ce dernier va nous trouver sur sa route», avertit un internaute-militant.A côté, les autres font le point sur les revendications et sur les modes d’action, puis réflexion sur une éventuelle restructuration du mouvement. Doit-on créer des associations départementales, régionales? Devons-nous nommer des délégués par localité pour éviter que certains s’autoproclament porte-paroles? Des questions qui laissent présager que tout n’est pas fini.
Jean-René Meva’a Amougou
Cameroun : l’opposant Maurice Kamto et ses lieutenants aux arrêts
Ils ont été arrêtés hier et à Yaoundé. Le leader du MRC a ensuite été transféré à Yaoundé.
Maurice Kamto. L’opposant camerounais Maurice Kamto, qui revendique toujours la victoire de la présidentielle d’octobre après être arrivé deuxième derrière Paul Biya, a été arrêté lundi soir à Douala, deux jours après avoir été à l’initiative d’une vague de manifestations contre le pouvoir en place.
« M. Kamto a été arrêté au domicile d’Albert Dzongang (un de ses soutiens), il a été conduit à la police judiciaire de Douala », a déclaré M. Simh, confirmant une information d’une source proche des autorités de Douala.
Contactées par l’AFP, les autorités n’ont pas donné suite lundi soir.
Le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) de Maurice Kamto avait appelé à marcher samedi dans tout le pays contre la réélection de Paul Biya, 85 ans dont 36 au pouvoir.
117 personnes ont été arrêtées lors de ces manifestations, où la police a fait usage de gaz lacrymogènes et jets d’eau pour disperser la foule.
Au moins six personnes dont l’avocate réputée Michele Ndoki, ont été blessées samedi. Le MRC a affirmé que la police avait tiré à balles réelles sur les manifestants, ce que Yaoundé a démenti.
A Paris, l’ambassade du Cameroun en France a été investie et saccagée par des manifestants samedi soir.
Le même soir, le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, avait estimé que le parti de Maurice Kamto avait « franchi la ligne rouge ». Le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi, avait pour sa part accusé le camp Kamto de « tentative de déstabilisation » du pouvoir en place.
-« Réunion de crise »-
Après l’arrestation de M. Kamto lundi soir, environ 300 personnes se sont massées autour de la maison de M. Dzongang à Douala, selon un journaliste de l’AFP sur place.
Une cinquantaine de policiers présents et des tirs en l’air ont rapidement dispersé la foule.
Une « réunion de crise » était en cours lundi soir au MRC, a encore indiqué M. Simh à l’AFP à 22H15 (21H15GMT). Plusieurs cadres et soutiens du MRC ont été arrêtés depuis samedi.
Outre M. Kamto, Albert Dzongang et Christian Penda Ekoka, un économiste réputé proche de l’ex-candidat à la présidentielle, ont été arrêtés au domicile de M. Dzongang lundi soir.
Alain Fogue, universitaire qui est l’un des principaux soutiens de M. Kamto, a également été interpellé lundi soir, selon le MRC.
Samedi, l’ex-directeur de campagne de Maurice Kamto, Paul-Eric Kingue, et le célèbre rappeur pro-Kamto Valsero avaient été arrêtés.
Depuis le scrutin, plusieurs manifestations non autorisées ont été organisées par le MRC contre ce qu’il qualifie de « hold-up électoral ».
Aucune n’a été autorisée par Yaoundé, et chacune d’entre elles a donné lieu à de nombreuses arrestations.
Peu de militants arrêtés ont toutefois été déférés, la plupart étant relâchés au terme de leur garde à vue.
Mais tous ceux arrêtés samedi « resteront en détention et répondront de leurs forfaits devant les instances judiciaires compétentes », a indiqué en conférence de presse M. Atanga Nji.
Maurice Kamto, ancien ministre de la Justice de Paul Biya, n’avait quant à lui jamais été arrêté depuis l’élection.
– « Hors-la-loi » –
Depuis octobre, Yaoundé a plusieurs fois tenté de dissuader le camp Kamto de continuer sa lutte, affirmant que le chef de file du MRC se mettait « hors-la-loi » en n’acceptant pas les résultats.
Las! Lui n’a cessé de les contester et d’appeler à manifester pacifiquement contre les autorités en place.
« Au moment où le Cameroun s’achemine résolument vers son émergence, tout doit être et sera fait pour préserver la paix et la stabilité », avait averti samedi soir M. Sadi.
En octobre, l’ex-candidat du MRC était officiellement, selon les résultats du Conseil constitutionnel, arrivé deuxième dans les urnes (14,23% des suffrages) derrière Paul Biya, réélu pour un septième mandat consécutif avec 71,2% des voix.
Depuis 1982, Paul Biya règne en maître absolu au Cameroun, où il a tout verrouillé pour assurer son maintien à la tête du pays, s’appuyant sur l’administration et sur un parti-Etat, le RDPC, qu’il a créé en 1985.
Journal Intégration, avec Afp
« Grande marche » du MRC : la colère du gouvernement contre Maurice Kamto
Le ministre de l’Administration territoriale a prévenu que cette formation politique pourrait être interdite sur l’ensemble du territoire pour trouble à l’ordre public.
Maurice Kamto, le président du MRC. Deux ministres pour montrer la colère du gouvernement. Paul Atanga Nji ministre de l’Administration territoriale (Minat) et René Emmanuel Sadi de la Communication (Mincom) sont montés au créneau, samedi 26 janvier, pour lancer un ultimatum au Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC). « Le Minat est en droit de prendre certaines mesures conservatoires. Et ces mesures conservatoires sont : l’interdiction de ce parti politique », a déclaré Paul Atanga Nji, au cours d’une conférence de presse.
Dans une posture qui se voulait ferme, le patron de la territoriale, « tutelle » des organisations et associations au Cameroun, a prévenu : « si jamais les indices concordants de perturbations de l’ordre public sont établis contre ce promoteur de parti politique, son parti politique peut être définitivement interdit sur l’ensemble du territoire national ».
« Ce promoteur de parti politique », c’est Maurice Kamto. Le président national du MRC a organisé une « grande marche » pour protester contre ce qu’il qualifie de « hold-up électoral ». Maurice Kamto se revendique en effet vainqueur de l’élection présidentielle du 7 octobre 2018. Le MRC s’insurge également contre la gestion de la crise anglophone par le gouvernement et la gestion foireuse du dossier de la Can 2019.
Les partisans et militants du MRC ont battu le pavé dans les villes de Yaoundé, Douala, Bafoussam et Dschang entre autres. Des échauffourées avec les forces ont été enregistrées à Douala, où des manifestants ont été blessés par balle.
Cependant, le gouvernement assure « les forces de l’ordre n’ont fait usage d’aucune arme à feu à Douala, toute information contraire est de la pure manipulation ». René Emmanuel Sadi, le Mincom a pour sa part déploré la « bravade des [manifestants] à l’encontre des institutions républicaines ».
En Europe, l’ambassade du Cameroun à Paris (France) a été mise à sac. Même scénario pour la représentation diplomatique du Cameroun à Berlin (Allemagne).
Bobo Ousmanou
Présidentielle 2018 au Cameroun : Résultats et controverses d’un scrutin
Le président sortant rempile pour un septième mandat, avec un principal défi politique à relever : renforcer la transparence électorale, pour éviter à l’avenir des résultats suspects provenant de 32 départements sur les 58 que compte le pays.
À 85 ans, dont bientôt 36 passées à la tête de l’État, Paul Biya entame un septième mandat, dès sa prestation de serment (qui interviendra au plus tard le 7 novembre). Un nouveau septennat qui ne sera pas de tout repos. Le président réélu devra commencer par se faire accepter par tous les Camerounais. Pourtant proclamé vainqueur de la présidentielle du 7 octobre avec 71 % des suffrages, certains de ses compatriotes ne semblent pas reconnaitre cette victoire, un peu comme en 1992. Cette année-là, le président Biya avait été déclaré élu face Ni Jonh Fru par une avance de quelques milliers de voix.
« Subversion »
Le contentieux post électoral ne semble pas avoir mis fin à la contestation. « Nous rejetons en bloc tout ce qui vient d’être fait et nous rejetterons en même temps les résultats qui vont sortir de ce Conseil constitutionnel, qui, je dis, reste une excroissance du RDPC », a déclaré Paul Éric Kingue. Le directeur de campagne de Maurice Kamto s’exprimait après le rejet de la requête du candidat du MRC. Ce vendredi 20 octobre, après la clôture du contentieux électoral, des personnes réclamant un lien avec le Cameroun manifestent en Allemagne. Elles disent dénoncer « le hold-up politico-électoral en cours au Cameroun ». Dimanche, veille de proclamation des résultats, une autre manifestation publique est étouffée à Douala.Organisée par Jean Michel Nintcheu, député du SDF, elle a pour objectif « de dénoncer les fraudes massives et honteuses ayant émaillé l’élection présidentielle du 7 octobre 2018 ». Plusieurs personnes, dont des journalistes, sont aux arrêts.
Jusqu’où ira cette défiance ? Difficile à dire. Une évidence cependant, le régime de Yaoundé prend l’affaire très au sérieux. Des SMS appelant à une manifestation le 22 octobre au centre de la ville de Yaoundé ont même provoqué une réaction du ministère de la Défense (Mindef). « Des individus mal intentionnés envoient des messages de subversion à travers vos téléphones. Cette nouvelle opération démontre que ceux qui veulent déstabiliser le Cameroun n’ont pas désemparé malgré les camouflets qui se superposent. Ne suivez aucun de ces messages », écrit colonel Didier Badjeck, chef de la division de la communication du Mindef.Intimidations
Pour étouffer la contestation, les autorités jouent à la fois la carte de la manipulation et de l’intimidation. Au lendemain de l’élection du 7 octobre, les candidats Maurice Kamto et Cabral Libii sont placés sous haute surveillance. Des unités mixtes (police et gendarmerie) campent devant leur QG de campagne. À Douala, la police entoure depuis dimanche matin le domicile de Kah Walla et l’empêche de sortir. La fondatrice du Cameroon People’s Party (CPP) n’a pourtant pas pris part à cette élection présidentielle.Au même moment, des appels au calme et à la paix se multiplient sous l’initiative distraite du pouvoir de Yaoundé. Au petit matin du 19 octobre, la photo, le passeport et la carte d’embarquement du fils de Maurice Kamto se publiés sur les réseaux sociaux. A quelle fin ? Certainement pour tenter de dissuader les jeunes de descendre dans la rue, en indiquant que le candidat du MRC met ses enfants à l’abri.
Chèque en blanc
En sollicitant ce septième mandat, Paul Biya a pris très peu d’engagements. Qu’est – ce qui attend les Camerounais dans les sept prochaines années ? Difficile de lire dans une boule de cristal. Le candidat du RDPC s’est clairement prononcé pour le statu quo actuel : un État unitaire décentralisé tel qu’on le connait aujourd’hui avec la promesse d’accélérer la décentralisation. Cela suffira-t-il à mettre un terme à la crise anglophone ? Rien n’est moins sûr. Une seule certitude : moins de cent mille inscrits dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest ont participé à la réélection de Paul Biya le 7 octobre. Ces régions ont pourtant 20 % de la population et un peu plus d’un million d’inscrits.Aboudi Ottou
Élections présidentielles au Cameroun
Même rengaine, même gangrène
I— 11 octobre 1992, vol… à la victoire
Des grésillements terribles autour des 39,98 % des suffrages engrangés par Paul Biya à cette élection présidentielle, organisée pour la première fois avec plus d’un candidat au Cameroun. Ni John Fru Ndi, le candidat du SDF (Social Democratic Front) parle, au superlatif, du « vol » de sa victoire. Il dit alors avoir percé des brèches dans la machine à frauder du président sortant. Crédité de 35,97 % seulement (selon la Cour suprême), le libraire ne peut accéder à la magistrature suprême. En bonne intelligence avec certaines chancelleries étrangères et la presse, Fru Ndi tente de s’éreinter dans un face-à-face avec Paul Biya. Cela ne change rien. Témoin actif des faits, Maître Akere Muna tranche, face à la presse à Yaoundé, le 18 octobre 2017: « En 1992, c’étaient les premières élections multipartites au Cameroun. Je gérais l’assemblage et le découpage des voix. Et je peux vous dire en 92, Fru Ndi a bel et bien gagné ».II—12 octobre 1997, adroit dans le boycott
Cette année-là, le curseur se déplace simplement vers le code électoral. Parce que celui-ci empoisonne le débat public, trois formations politiques (SDF, UNDP et UDC) décident de ne pas prendre part au scrutin. Entre temps, la durée du mandat présidentiel passe de 5 à 7 ans. Paul Biya, une fois encore, tient le haut du pavé avec…92,7 %. Même si les ferments de contestation sont présents, le RDPC préfère en rire. La preuve : le 3 novembre, dans un hémicycle déserté par les 63 députés de l’opposition radicale, Paul Biya prête serment comme président de la République.III—11 octobre 2004, l’âge d’or des faux-semblants
Le 25 octobre 2004, la Cour suprême siégeant comme Conseil constitutionnel proclame les résultats définitifs de l’élection présidentielle. Paul Biya glane 70,92 % des voix. L’opposition crie à la «fraude massive», tandis que l’Onel (Observatoire national des élections), «gendarme électoral», témoigne d’une élection régulière et transparente. Marafa Hamidou Yaya, alors ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation (Minatd) parle d’incidents mineurs qui ne sont pas susceptibles de remettre en cause la validité du scrutin. Sauf que, écrite depuis la prison centrale de Yaoundé où il purge une peine de 25 ans pour détournement de fonds publics, l’une des lettres de l’ex-Minatd dit clairement que « Paul Biya n’a jamais gagné aucune élection ».IV—9 octobre 2011, encore Biya malgré les désordres lumineux
Contre lui, 22 candidats. Paul Biya est réélu avec 77,98% devant John Fru Ndi. Les réactions de la France et des États-Unis retiennent l’attention. La première, par la voix de Bernard Valero (ex-porte-parole du Quai d’Orsay), estime que «lors du scrutin, de nombreuses défaillances et irrégularités ont été constatées. La France souhaite que des mesures soient prises pour que celles-ci ne se reproduisent pas lors des scrutins législatifs et municipaux de 2012». Une posture en rupture avec les félicitations officielles de la France. Les seconds, par le truchement de Robert Jackson, l’ambassadeur des États-Unis au Cameroun, concluent que «le jour du scrutin, nos observateurs ont noté des incohérences et des irrégularités à tous les niveaux, ainsi que des difficultés techniques de la part d’Elecam dans l’administration de l’élection». Rien n’y fait jusqu’en 2018, malgré ces avis catastrophés.V— 7 octobre 2018, gris-gris du Conseil constitutionnel
Voici venu le temps d’expérimenter l’une des matrices de la démocratie : la «publicisation» des débats. On se félicite que le Conseil constitutionnel soit enfin un espace de confrontations à ciel ouvert. Tout s’y interroge, s’y débat, s’y affronte. Sauf que lors des discussions retransmises en direct sur les antennes de la télévision nationale, tout se passe comme si le «collège des sages» s’efforçait, par un usage effréné des techniques juridiques, de susciter une surface plane. Avec une durée inédite, Clément Atangana et son équipe ont nourri un faux suspense, un vrai buzz. Au finish, tous les recours sont rejetés.Jean-René Meva’a Amougou
Présidentielle 2018
Les leçons à tirer du scrutin du 7 octobre
Le président sortant rempile pour un septième mandat, avec un principal défi politique à relever : renforcer la transparence électorale, pour éviter à l’avenir des résultats suspects provenant de 32 départements sur les 58 que compte le pays.
Tranche de vie pendant la période post-électorale au Cameroun La présidentielle du 7 octobre 2018 a-t-elle été fiable et sincère ? En vidant le contentieux post-électoral vendredi de la semaine dernière, le Conseil constitutionnel (juge de «la régularité de l’élection présidentielle», selon l’article 132 alinéa 1 du code électoral) est loin d’avoir rassuré tous les Camerounais. En rejetant les 18 recours (en annulation partielle dans certains cas et totale dans d’autres), la haute juridiction n’a pas levé les soupçons qui pèsent sur l’authenticité de 32 procès-verbaux (PV) provenant des commissions départementales de supervision (CDS). Le CDS est l’instance où l’on compile les résultats des bureaux de vote d’un département.
Ce lundi 22 octobre, le Conseil constitutionnel s’est pourtant appuyé notamment sur ces documents pour proclamer la victoire du candidat Biya Paul à ce scrutin. Au cours de l’audience solennelle de proclamation des résultats par Clément Atangana, le président sortant s’est vu attribuer 71,28 % des suffrages valablement exprimés (2 521 934 de voix), loin devant Maurice Kamto son suivant immédiat. Le candidat du Mouvement pour la renaissance (MRC) s’en tire avec 14,23 % (503 384 voix, résultats complets ci-dessous).
Irrégularités
La question de la transparence électorale est pourtant l’enjeu crucial du scrutin du 7 octobre dernier. Contrairement à l’avis des membres du Conseil, les chiffres montrent que les 32 procès-verbaux querellés auraient pu changer les résultats définitifs du scrutin. Selon les statistiques communiquées lors des débats devant la juridiction et non remises en cause, les 32 PV représenteraient plus de trois millions d’inscrits pour un total d’un peu plus de six millions, soit la moitié du corps électoral. Et dans ces unités administratives, 1,3 million de suffrages auraient été valablement exprimés et en écrasante majorité en faveur de Paul Biya, soit plus de 50 % du nombre de voix octroyées au candidat du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC).«L’examen de ces documents montre qu’il ne s’agit pas de PV dans onze départements, mais des simples tableaux sur lesquels des fiches de présence ont souvent été agrafées», soutient Me Michelle Ndoki. Et l’avocate de Maurice Kamto, l’un des requérants, d’ajouter : «sans ces PV, nous pouvons dire, en tant que juristes, que la Commission nationale de recensement général des votes n’a pas statué sur des bases légales. Et donc, elle ne vous met pas en capacité de proclamer des résultats fiables». Elle relève aussi un écart entre le nombre d’inscrits figurant dans nombre de ces PV et celui rendu public par Elecam, l’organe chargé d’organiser les élections. Dans certains documents, le nombre de suffrages valablement exprimés est aussi supérieur au nombre de votants, rajoutant à la suspicion.
Esquives
En réponse, les défenses du RDPC et d’Elecam, conduites respectivement par Me Eyango et Me Atangana Amougou, bottent en touche les griefs formulés par le candidat Maurice Kamto. Elles estiment qu’il s’agit d’un nouveau moyen non contenu dans la requête introduite par Maurice Kamto. Me Eyango et Me Atangana Amougou ne font d’ailleurs que suivre une position exprimée par le Conseil constitutionnel. Au deuxième jour de l’examen de la requête du candidat du MRC, la juridiction a refusé de statuer sur l’authenticité de ces PV et la fiabilité des données contenues dans ces documents. Elle réserve une fin de non-recevoir à la demande des conseils de l’agrégé des facultés françaises de droit. Celui-ci souhaitait la confrontation desdits documents aux listes d’émargement en vertu de l’article 107 du code électoral. «Les listes électorales émargées sont conservées par le démembrement communal d’Élections Cameroon. En cas de contestation, elles sont transmises pour consultation au Conseil constitutionnel (…) sur sa demande», dispose-t-il.Lors de l’examen de son recours, la défense de Joshua Osih, candidat du Social Democratic Front (SDF), est revenue à la charge sur cette question. En rendant sa décision, le Conseil constitutionnel semble convaincu de la pertinence de ces irrégularités. En effet, il estime que seul le premier moyen de la requête du candidat n’était «pas justifié», l’élection, de l’avis du Conseil, ayant eu lieu dans les régions du Nord-ouest et le Sud-ouest. «Sur le reste des moyens, les griefs soulevés sont sans incidence sur le résultat de l’élection, au sens de l’article 134 du code électoral, compte tenu du nombre de suffrages exprimés en faveur du requérant», poursuivit Clément Atangana. Selon l’article 134, «le Conseil constitutionnel peut rejeter les requêtes ne contenant que des griefs ne pouvant avoir aucune incidence sur les résultats de l’élection». Mais question: comment des griefs concernant notamment les suffrages exprimés par la moitié du corps électoral peuvent n’avoir aucune incidence sur les résultats de l’élection ? Le président réélu devrait sérieusement adressé une réponse fiable à cette question. A ce sujet, la réforme du système électoral en général, et du code électoral en particulier est la première voie à défricher
Aboudi Ottou
Présidentielle camerounais : la tension monte à la veille du scrutin
Le gouvernement et une partie de l’opposition sont à couteaux tirés autour des enjeux de sécurité et de gestion du vote.
«La révolution est carnivore. Elle se nourrit du sang de ceux qui l’ont créée. Personne n’est au-dessus de la loi ; tous les contrevenants à la réglementation vont assumer leurs actes ; ils sont comptables de leurs déclarations…. l’Etat, le monstre froid va réagir de façon ferme ». En écoutant tonner Paul Atanga Nji ce 5 octobre 2018 à Yaoundé, la sémantique est tout sauf anodine. Au cours d’une conférence de presse qu’il co-préside en compagnie de Issa Tchiroma Bakary (ministre de la Communication), Paul Atanga Nji (ministre de l’Administration territoriale) agite le spectre d’une riposte «jamais vue, au cas où».
Sans détour, le Minat s’en prend ainsi à Maurice Kamto et à Paul Eric Kingué. «Depuis le début de la campagne électorale, le premier et le second ont structuré l’espace public autour d’un affrontement entre l’Etat et les militants de leur parti politique. Et ce malgré la mise en place d’éléments normatifs et opératoires pour le vote de dimanche», précise Paul Atanga Nji. De concert, les deux membres du gouvernement prennent l’opinion nationale et internationale à témoin. Ils qualifient le discours du candidat du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) et son directeur de campagne de «vecteur d’instabilité».
Selon le Minat, les ressorts du point de presse animé le même jour à Yaoundé le confirment. Le ton contestataire et orné d’une outrance verbale, Paul Eric Kingué a, à cette occasion, déclaré son candidat vainqueur du scrutin. Jouant la carte du peuple en colère contre les institutions et ceux qui l’incarnent, l’ex-maire de Njombé-Penja a annoncé un agenda. «Nous allons riposter avec la dernière énergie tant qu’il y a ce type de magouilles ; nos militants vont investir les bureaux de votes avec leurs téléphones, question de filmer et partager le verdict des procès-verbaux ; nous n’allons pas prendre en compte les procès-verbaux des régions à majorité anglophones (le Nord-ouest et le Sud-ouest) s’il n’y a pas la preuve que les opérations de vote s’y sont effectivement déroulées ; nous allons publier les tendances le soir du 7 octobre», a-t-il projeté au cours d’un échange avec les journalistes à Yaoundé.
Jean René Meva’a Amougou
Élection présidentielle au Cameroun : Les intentions de vote à une semaine du scrutin
Selon un sondage du Nkafu Policy Institute, réalisé en septembre, une coalition entre deux de ces candidats «augmenterait considérablement» les chances de victoire de l’opposition à la présidentielle du 7 octobre prochain.
Le palais de l’Unité pourrait changer de locataire si et seulement si… 2018 pourrait être l’année de l’alternance au Cameroun. C’est en tout cas à cette conclusion qu’on arrive en lisant le sondage d’opinion sur la gouvernance, l’économie et l’élection présidentielle du 7 octobre publié ce 29 septembre 2018. Il est l’œuvre du Nkafu Policy Institute. Un think-tank camerounais apparenté à la fondation Denis & Lenora Foretia située dans le 6e arrondissement de Yaoundé.
Réalité
Cette enquête, réalisée avec le soutien du National Endowment for Democracy (NED) a permis d’interroger 2024 Camerounais adultes dans les dix régions. Les entretiens sont réalisés dans 54 centres urbains et 25 localités rurales du 10 au 20 septembre 2018. Toutes les interviews sont menées avant le début officiel de la campagne présidentielle. À en croire les auteurs de l’enquête, « cet échantillon représentatif a une marge d’erreur de +/-3% ». 65,36 % des personnes interrogées ont déclaré s’être inscrites pour voter avec plus d’hommes (70,10 %) que de femmes (60,44 %). En ce qui concerne la dernière élection présidentielle en 2011, 46,54 % de sondés déclarent avoir voté. Pour la prochaine élection, 54,13 % de sondés sont susceptibles de voter. En termes de probabilité de participation, les francophones sont plus susceptibles de voter que les anglophones (60,49 % contre 32,33%).
À la question de savoir pour qui ils voteraient au cours de ce scrutin, le président sortant vient en tête. Mais Paul Biya ne récolte que 29,82 % des intentions de vote. Beaucoup moins que les 35 % officiellement obtenus en 1992. Cette performance parait logique au regard du niveau d’insatisfaction de la politique actuelle mise en exergue par le sondage. Lorsqu’on leur demande de décrire la situation économique actuelle du pays, une grande majorité (79,1 %) de Camerounais la considère comme mauvaise ou très mauvaise, tandis que 16,82 % seulement la considèrent comme bonne ou très bonne. Plus surprenant encore, 90 % des personnes ayant des revenus de 500 000 francs CFA par mois pensent que la situation économique actuelle est mauvaise ou très mauvaise.
Coalition
Trois candidats d’opposition sont au coude-à-coude : Cabral Libii du parti Univers avec 11,24 % des intentions de vote ; Maurice Kamto du Mouvement de la renaissance du Cameroun (12,65 %) et Joshua Osih du Social Démocratic Front (13,10 %). Cabral Libii est en grande partie soutenu parmi les jeunes francophones où il compte près de 19,37 % de soutien parmi les Camerounais de moins de 35 ans. Les autres candidats ont été peu soutenus: Garga Haman Adji (3,89 %), Ndifor Afanwi Frankline (2,21%), Akere Muna (2,12 %), Serge Espoir Matomba (0,71 %) et Ndam Njoya (0,71%). 23,54% ont choisi de ne pas répondre à cette question.
Pour les auteurs de l’enquête, « il est aujourd’hui clair que si les partis d’opposition du Cameroun sont sérieusement intéressés à remporter l’élection présidentielle du 7 octobre 2018, une coalition est plus que nécessaire. Par exemple, une fusion entre M. Libii, M. Kamto et M. Osih, ou seulement deux des trois augmenterait considérablement leurs chances ». On doit être surtout très inquiet de savoir que 49,65% de Camerounais pensent à un risque de violence post-électorale. « Des mesures énergiques doivent être prises pour éviter cette possibilité réelle. Nous aspirons vivement à un nouveau consensus parmi les Camerounais, à un nouveau départ », recommande l’étude.
Aboudi Ottou
Campagne présidentielle 2018
Le RDPC fait profil bas dans le Nord-ouest
Un meeting du parti au pouvoir délocalisé pour une zone plus sécurisée. Et la fille de l’ancien président Ahmadou Ahidjo en renfort.
Les responsables de la campagne RDPC dans le Nord-ouest Le Social Democratic Front (SDF) entend entrer effectivement dans l’effervescence le 3 octobre prochain. En attendant, c’est dans la discrétion que la section du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) de la Mezam II a lancé la campagne présidentielle à Santa mardi 25 septembre. Ceci après le lancement au niveau régional et singulièrement dans le département de la Mezam le 22 septembre. Contrairement à la place des fêtes de Santa, lieu par excellence des grands meetings du parti au pouvoir, Jonathan Fru, président de section RDPC Mezam II, a choisi la salle des actes de la commune pour procéder au lancement de la campagne présidentielle.
« Enfant gâté »
Santa a été toujours l’enfant « gâté » du renouveau, justifient les intervenants à ce meeting. Un privilège qui se résume en la nomination des fils de cet arrondissement dans la haute administration. Ils en veulent pour preuve, la nomination du président de section Jonathan Fru au poste de secrétaire général au ministère des Mines et de Développement technologique. En ce qui concerne les infrastructures de développement, Santa a bénéficié du don japonais de la construction des salles de classe, des bornes fontaines, de l’électricité, des projets agricoles, etc. Autant de réalisations qui plaident en faveur du candidat du Rassemblement démocratique du peuple camerounais.
Aminatou Ahidjo
De son côté, Mbah Acha Rose, ministre délégué à la présidence chargé du Contrôle supérieur de l’Etat, coordinatrice de la campagne pour le candidat Paul Biya dans le département de la Momo, a procédé, mardi à la distribution du matériel de campagne aux présidents des sections RDPC. Elle a prescrit une campagne de proximité aux responsables de base du parti. Quant à Aminatou Ahidjo, fille de l’ancien président Ahmadou Ahidjo, passée sous pavillon du « Renouveau », elle est venue prêter main-forte à la candidature de Paul Biya dans le Nord-ouest. En mission de paix, elle a laissé entendre à Bamenda que le président Paul Biya a déjà diagnostiqué le problème anglophone et entend y apporter une solution définitive en temps opportun. Mais en attendant, elle suggère à la population de cette région de privilégier la paix et la réconciliation. Elle est d’avis qu’aucun développement ne peut avoir lieu sans la paix. À l’en croire, Paul Biya tient toujours parole.
Zéphirin Fotso Kamga
Kribi
Les militants du RDPC boudent un meeting
En arrière-plan de leur posture, des frustrations cumulées depuis des années.
La place des fêtes de Dombè, dans l’arrondissement de Kribi 2e, n’a pas réussi à faire le plein d’œuf le lundi 24 septembre 2018. Alors qu’à grand renfort de publicité, un meeting du RDPC avait été annoncé, seuls quelques militants ont honoré ce rendez-vous de campagne électorale. Le tableau n’a pas manqué de taper à l’œil de Grégoire Mba Mba, le sénateur RDPC de la région du Sud. Désabusé, ce dernier parle de «trahison » orchestrée par les militants de la section Océan Sud 2. L’indignation du parlementaire s’est davantage affichée lorsqu’il a promené son regard aux alentours. Partout, les commerces ont ouvert. On y percevait des propos empreints de raillerie à l’endroit des officiels assis à la tribune. « Voilà ce qu’on fait au moment où Kribi pleure et parle de son avenir », s’est désolé Grégoire Mba Mba.
Séance tenante, un appât est lancé. Guy Emmanuel Sabbikanda, le maire de la commune de Kribi 2e, annonce « le recrutement de 150 jeunes à la mairie pour une campagne spéciale d’hygiène et de salubrité qui ira jusqu’à la prestation de serment prévue le 6 novembre 2018 avec un salaire quotidien de 2 000 francs CFA ». Cette offre n’a pas l’effet attendu.
L’on a compris tout le désintérêt des militants du RDPC dans cette partie de la cité balnéaire. Leur posture trahit la somme des colères générées par le scandale des indemnisations liées au chantier du port en eau profonde de Kribi d’une part, et par le deuxième programme de contractualisation des instituteurs de l’enseignement général au ministère de l’Éducation de base (Minedub) en 2014 d’autre part. À ce jour, dans le département de l’Océan, et principalement à Kribi 2e, on continue de ruminer ces frustrations.Damien Tonyè, à Kribi
Jean Marc Bikoko Dynamique Citoyenne appelle à une mobilisation pour protéger les suffrages exprimés
Dynamique Citoyenne est en train d’offrir ses services aux différents candidats en matière de sécurisation des votes dans les régions en sécurité où le vote doit avoir lieu
Le président de Dynamique Citoyenne analyse la première semaine de campagne électorale et lève un pan de voile sur les initiatives du réseau en vue de sécuriser le vote.
La campagne électorale a effectivement débuté le 22 septembre. Comment le réseau des organisations de la société civile (Dynamique citoyenne) vit ce moment d’effervescence politique ?
Dynamique Citoyenne, en sa qualité de réseau de suivi indépendant des politiques publiques et des stratégies de coopération, vit ce moment d’effervescence non seulement en observateur averti, mais surtout en acteur engagé.En écoutant les différents candidats, quelle impression vous en gardez ?
L’impression que nous avons en écoutant les différents candidats à l’élection présidentielle du 7 octobre 2018, c’est qu’aucun d’eux n’a élaboré de manière spécifique un projet de société. Ils se sont tous exercés à présenter des promesses de campagne sous le label de programme politique, donnant alors l’impression que le projet de société est synonyme de programme politique. Alors qu’à l’évidence, c’est tout à fait le contraire, un projet de société n’est pas un programme politique, même si ce dernier en est un des aspects.Le projet de société est une offre politique globale structurée qui traduit dans les faits le rêve que son auteur formule pour la société qu’il entend transformer. C’est la vision d’un idéal, plus précisément la réponse politique à une situation que l’on entend modifier ou changer en bien. Dans cette perspective et pour Dynamique Citoyenne, le projet de société n’est rien d’autre que l’organisation d’une action à entreprendre, avec des indicateurs de résultats clairs.
Vous conviendrez alors avec moi que les candidats ont plutôt déroulé des promesses de campagne, en lieu et place d’un projet de société. Ce d’autant plus que ces promesses de campagne qui nous sont présentés comme des programmes politiques passent sous silence leur mode de financement. Il convient également de relever que tous font abstraction de ce qu’il adviendra des institutions de la République comme le Conseil Supérieur de la magistrature, le Conseil Constitutionnel, le Parlement, le Sénat, le Conseil économique et social, si jamais ils accédaient au pouvoir au lendemain du 7 octobre 2018.
Qu’est-ce que Dynamique citoyenne exige des candidats à cette présidentielle ?
La première exigence de Dynamique Citoyenne (DC) à l’endroit des différents candidats, c’est d’abord la présentation aux Camerounais d’un projet de société en bonne et due forme, réaliste et réalisable, dans l’espace et dans le temps. Ensuite, ce que DC attend des uns et des autres, c’est entre autres la manière dont chacun entend solutionner les problèmes d’actualité tels que la crise sociopolitique qui prévaut au Cameroun et à laquelle le gouvernement fait face depuis des années, l’insécurité qui prévaut dans un certain nombre de régions du pays, les problèmes liés à la cohésion sociale et au consensus national, etc. Parce que pour Dynamique Citoyenne, la résolution de la majorité des problèmes (la forme de l’État, la gouvernance politique, électorale, administrative, économique et sociale du Cameroun aujourd’hui passe par un Dialogue national inclusif.Comment se déploie DC pendant cette campagne électorale ?
Dans la suite logique des actions menées depuis 2016 (analyse du système électoral et production d’un Code électoral alternatif), Dynamique Citoyenne est en train d’offrir ses services aux différents candidats en matière de sécurisation des votes dans les régions en sécurité où le vote doit avoir lieu. Partant du constat que la plupart des partis vont être confrontés à des problèmes de représentation dans les bureaux de vote le jour du scrutin, Dynamique Citoyenne (qui est implanté et bien structuré dans les dix régions administratives du Cameroun) a déjà mobilisé les populations dans de nombreuses communes qui n’attendent que d’être sollicitées. En attendant la publication officielle du fichier électoral et de la cartographie des bureaux de vote, le partenariat avec certains partis ayant des candidats à la présidentielle est déjà formalisé.Avez-vous approché d’autres observateurs électoraux ou les scrutateurs de partis politiques pour une coalition dans la surveillance du scrutin?
Nous l’avons effectivement fait et des coalitions sont déjà mises sur pied. Nous n’attendons plus que la publication officielle du fichier électoral et de la cartographie des bureaux de vote.Comment DC entend assurer son rôle d’observation du scrutin ?
Des milliers de membres de Dynamique Citoyenne ont déjà été formés pour l’observation. Alors qu’on n’attendait plus que des accréditations, on se trouve confrontés au refus par le « Tout Puissant Minat » de valider la liste à lui soumise par une de nos organisations membres. Sur une liste de 600 personnes, le Minat a rejeté plus de 550 demandes.Quels conseils aux électeurs et aux candidats pour éviter les fraudes le jour du scrutin et partant des résultats contestés ?
Dynamique Citoyenne demande aux électeurs et aux candidats de se mobiliser et de tout mettre en œuvre pour protéger les suffrages exprimés. Nous leur conseillons donc d’être vigilants et de se disponibiliser jusqu’à la signature des procès-verbaux.Après l’élection, que produira DC? À quelles fins ?
À l’issue du scrutin du 7 Octobre 2018, Dynamique Citoyenne a prévu un rapport qui est déjà en élaboration. Ce d’autant plus que notre suivi du processus électoral se fait avant, pendant et après. Ceci dans le but de confirmer ou d’infirmer la pertinence des problèmes identifiés comme obstacles pour des élections justes et transparentes.Votre grande attente au sortir du scrutin du 7 octobre prochain ?
C’est que le résultat qui sortira des urnes le 7 octobre 2018 soit le reflet exact du choix des Camerounais. Ce qui va être compliqué, au vu des manœuvres entretenues par le ministre Paul Atanga Nji qui s’est déjà pratiquement substitué à Elecam, la structure en charge de la gestion des élections et qui se voudrait neutre.Votre mot de fin ?
Le mot de fin s’adresse particulièrement au président Paul Biya en fin de mandat et qui brigue un énième mandat à la tête de la nation. Dynamique Citoyenne, qui coordonne la coalition « Tournons La Page Cameroun » souhaite vivement que le Cameroun s’inscrive dans la logique démocratique qui consacre l’alternance à tous les niveaux de la gestion de l’État.Interview réalisée par
Thierry Ndong« Observateur d’un jour »
Le gros œil du citoyen sur le scrutin du 7 octobre
Les contours de l’initiative de Guibaï Gatama ont été exposés à la presse le 26 septembre 2018 à Yaoundé.
« Le 7 octobre 2018, tout Camerounais, dans tout bureau de vote, doit se sentir concerné par l’élection présidentielle ». Plus qu’un prérequis, Guibaï Gatama invite tout citoyen à une observation rigoureuse du scrutin. Plus simplement : « le jour du vote, chaque Camerounais est appelé à identifier la bonne pratique électorale aussi bien que les défauts de celle-ci », appuie le directeur de publication de L’œil du Sahel, au cours d’une conférence de presse au siège du journal ce 26 septembre 2018.
Acteur et non spectateur
À en croire le promoteur de « Observateur d’un jour », le numérique impose une nouvelle approche de l’actualité. Il peut également servir à l’observation anonyme d’une élection et alimenter le débat public y afférent. « C’est la raison pour laquelle les observateurs volontaires, à défaut de fournir une analyse fine de l’ensemble du tableau électoral, ils peuvent à l’aide d’une ou plusieurs photos ou vidéos, donner une vue globale du scrutin », projette Guibaï Gatama. Selon lui, cette approche permet de limiter la fraude systémique. Mieux elle la circonscrit à des questions d’irrégularités ponctuelles, à mettre sur le compte des imperfections.Sur le terrain
L’observation, celle d’un jour, doit être ramenée à sa juste mesure. Il n’est nullement question pour le simple citoyen d’interférer dans le processus et les autres mécanismes de contrôle électoral mis en place par l’État. Guibaï Gatama pense que les modalités concrètes de production des données doivent se définir sur la base d’un critère : ce qui « mérite d’être observé ». Portables ou caméras en main, photographe amateur ou professionnel, journaliste ou pigiste, tout le monde peut s’improviser reporter, « seulement sous cette condition ».Sur ce plan, un dispositif de modulation et d’orientation est mis en place. Sur la base de celui-ci, les paradoxes du « travail sur le terrain » sont encadrés. D’où la main tendue du journaliste aux autorités publiques. L’enjeu est, dit-il, de participer à « l’écriture de l’histoire positive du Cameroun ».
André Balla (Stagiaire)
Mercato : Les jeux et vœux de militants sur la scène
Mue par des situations cocasses, la presse locale ne rate plus l’occasion d’en faire écho ces derniers temps. Explications.
06 septembre 2018, Equinoxe TV, une chaîne de télévision émettant de Douala (région du Littoral) annonce qu’une faction de l’Union des populations du Cameroun (UPC) à l’Ouest s’est ralliée au Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) de Maurice Kamto. Le même jour, sur le site de l’hebdomadaire Jeune Afrique, un titre barre la Une: «Christian Penda Ekoka tourne le dos à Paul Biya»
«Sam Séverin Ango, l’ancien soutien d’Akéré Muna vient de le quitter pour devenir porte-parole et responsable de la communication de Frankline Ndifor Afanwi, l’un des neuf candidats à la présidentielle du 7 octobre prochain», apprend-on sur le site d’informations Cameroonweb ce 20 août 2018. «Les 2 951 démissionnaires, majoritairement du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) ont été accueillis samedi dernier à l’esplanade de la maison du parti RDPC de Maroua pour leur retour dans cette formation politique au cours d’une cérémonie présidée par le Très honorable Cavaye Yeguié Djibril, chef de la délégation permanente régionale du Comité central de l’Extrême-nord», relate Cameroon Tribune du 16 juillet 2018.
Quelle conjonction astrale a-t-il fallu pour qu’au Cameroun, à cette période de veille électorale, les pensionnaires de certaines écuries politiques claquent la porte de celles-ci? 2018, année de la tenue de la présidentielle au Cameroun marque le retour de cette question, que la victoire de Paul Biya en 2011 avait fait perdre de vue. Empruntant au vocabulaire pastoral, les experts parlent de «transhumance politique».Dès lors, selon les spécialistes, est propre à la période pré-électorale. «Ce à quoi nous assistons est fait de reniements, de revirements, de ralliements d’anciens opposants qui rejoignent soit la mouvance gouvernementale ou d’autres partis dits d’opposition, avec l’espoir de bénéficier de quelques avantages après le vote», explique François Tchappi, sociologue politique.
Plus nuancé, le sociopoliste Eric Mathias Owona Nguini souligne que «les partis politiques ne sont pas des casernes militaires. La transhumance est d’ailleurs pratiquée pendant toute l’année sauf qu’à la veille des élections, on zoome sur la question. Certes, avant les élections, les gens sont à la recherche des postes en raison des ambitions des uns et des autres. Mais, l’opération d’adhésion et de retrait est continue dans le temps».Bouffe
Prise comme telle, les spécialistes de la cuisine électorale mettent en avant «le langage à l’envers» des nomades. A les en croire, l’adhésion au parti ne se fait pas autour d’un projet. «C’est l’accès au pouvoir qui est une fin en soi, quand ce n’est pas l’exclusive motivation ethnique ou personnelle qui a raison sur tout. L’adhésion à un parti politique se fait davantage sur des critères d’appartenance ou de relations personnelles, ethniques et matérielles. La transhumance politique se nourrit, en partie, de ces dérives et perversions», dégage Eric Mathias Owona Nguini.
Dans cet énoncé, un brin de vérité jaillit face à ce que dit Sam Séverin Ango. Invité de l’émission «7 minutes pour convaincre» du 26 août 2018, sur la télévision en ligne Afrik-Informle journaliste déclare: «Il m’a demandé de prendre les 50% de ce montant donc 500 000 francs. Le minimum pour assurer mes charges fixes en termes de loyer et paiement de factures. Donc vous comprenez que je n’étais pas spécialement boulimique à ce niveau-là. Donc au bas mot, à minima, je pars avec 1 500 000 francs de salaire impayé. Je pars avec au minimum trois mois d’arriérés de salaire».Jean-René Meva’a Amougou