Crise sociopolitique au Cameroun : La diaspora camerounaise du Canada veut « chasser » Paul Biya du pouvoir

De nombreux camerounais vivant au Canada ont manifesté leur ras-le-bol le samedi 19 septembre 2020 dans les rues de Montréal pour dénoncer «le génocide anglophone  au Cameroun depuis 3 ans et l’incapacité du président  Biya à trouver des solutions idoines à la guerre dans les régions anglophones du pays» qui dure depuis 2016.

Des Camerounais de la diaspora canadienne sont descendus dans la rue samedi dernier à Montréal.  Pancartes à la main aux messages qui en disent long sur la situation critique que traverse ce pays de l’Afrique centrale depuis bientôt quatre ans dans sa partie anglophone. «On vous tue vous regardez! Trop c’est trop» ou encore «Biya Paul, trop c’est trop, you must go. 40 ans c’est bon». Pour accompagner leurs écrits par  la parole, ces manifestants ont scandé à tue-tête des slogans comme «Paul Biya doit partir. Combien de personnes vont-elles encore mourir dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest pour que vous trouviez une solution inclusive avec toutes les parties» !  Les manifestants brandissant fièrement le drapeau national, justifient leur présence en ces lieux par la montée galopante de l’insécurité au Nord-Ouest et au Sud-Ouest du pays en proie à une guerre sans fin depuis quatre ans. Une guerre en cours depuis fin 2016 et qui est à l’origine de plus de 15.000 morts et des milliers de déplacés internes et externes.

Aujourd’hui, les Camerounais de la diaspora et plusieurs activistes souhaitent que des actions soient menées pour contraindre la communauté internationale qui selon eux, continuent d’apporter son soutien au régime du président Biya, à le pousser vers la sortie. « Le peuple camerounais souffre. Comment est-il possible que des femmes soient froidement assassinées par des individus en plein jour et que cela ne soit pas suffisant pour que les uns et les autres se mobilisent pour dire non à une telle boucherie humaine dans le Noso!», s’insurge  Roger un Camerounais vivant  à Montréal.  «Nous voulons le changement au Cameroun pour libérer le pays de la dictature  de  Monsieur Biya», lance un autre ressortissant du pays au  drapeau vert-rouge-jaune qui a requis l’anonymat.

Parmi les manifestants, Condy, un ressortissant de Guinée Conakry est solidaire de la dynamique mise en branle par la diaspora camerounaise. «Je suis contre la dictature qui se perpétue en Afrique. Au bout de la longévité au pouvoir, s’installe une forte répression contre la population qui voit ainsi ses libertés et ses droits être restreints. Le peuple africain a besoin de démocratie et cela passe par la limitation du mandat présidentiel», soutient ce dernier.

 Un vaste mouvement prend son envol

La marche pacifique de Montréal encadrée du début à la fin par une brigade de la police Montréalaise était étalée sur près de trois kilomètres et ponctuée de minutes de silence, de moments de lamentation en signe de solidarité et d’hommage aux nombreuses vies perdues dans le NOSO. Elle se déroulait simultanément dans une dizaine de ville de par le monde. Et selon les organisateurs, c’est un vaste programme qui se met ainsi en branle dès ce samedi et devra déboucher selon eux sur la chute du régime de Yaoundé. Dans cette mouvance, le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), l’un des leaders de l’opposition au Cameroun entend organiser le 22 septembre 2020 une marche silencieuse sur toute l’étendue du territoire nationale pour dénoncer la détérioration du climat sociopolitique du pays marqué par la poursuite de la guerre dans la partie anglophone du pays et la mal gouvernance.

Mais il y a également la convocation le 7 septembre 2020 des collèges électoraux en vue de la tenue des premières élections régionales du pays le dimanche 6 décembre 2020 au moment où le code électoral n’est toujours pas révisé et prête le flanc, selon l’opposition, à des élections partisanes taillées sur mesure et favorables au parti au pouvoir, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC). Face à la peur d’un risque insurrectionnel qui pourrait mettre le pays à plat, le régime de Yaoundé a interdit toute manifestation dans la rue et promet d’interpeller tout contrevenant à la loi. L’on se souvient que le 26 janvier 2019, le MRC avait organisé une manifestation similaire pour dénoncer ce qu’il avait qualifié de « victoire volée », à la suite de l’élection présidentielle du 8 octobre 2018 au Cameroun.

Laquelle manifestation fortement réprimée par les forces de sécurité avait conduit aux nombreuses arrestations des manifestants et des interpellations des journalistes. Face  à ces nombreuses intimidations du régime de Yaoundé  dans les médias publics ces derniers temps, et visant  à empêcher la tenue des marches pacifiques du 22 septembre 2020, dont le seul but est d’empêcher, selon l’opposition, l’éclosion des libertés d’expressions et de manifester, les camerounais de la diaspora promettent «de prendre d’assaut les missions diplomatiques du Cameroun à l’étranger au cas où un seul manifestant est tué dans la rue mardi prochain par les forces de sécurité», lance avec force l’une des manifestantes très active à la marche de samedi et très remontrée contre le régime de Yaoundé.

Pour mémoire, le président Biya au pouvoir au Cameroun depuis le 6 novembre 1982 a été réélu pour un énième mandat de sept ans en octobre 2018 à l’âge de 85 ans.  Aujourd’hui âgé de 87 ans, il est l’un des rares chef d’Etat au monde ayant atteint un si long record de longévité au pouvoir. Après 38 ans passés à la tête du pays, il devrait officiellement finir son mandat en cours en 2025, à l’âge de 92 ans.

Floriane Payo (correspondante)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *