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Étiquette : Minat
Cameroun: 765 000 FCFA de plus sur le prix du Hadj 2022
Le coût du pèlerinage passe à 3 294 000 FCFA pour les fidèles musulmans camerounais, a indiqué lundi le ministre de l’Administration territoriale.
En 2019, année de la dernière édition du Hadj, le coût général qui inclut les services de transport, d’hébergement, d’assurance, de transport inter-urbain, de restauration, etc, étaient de 2 529 000 FCFA. Ce qui marque une augmentation de 1 000 200 FCFA par rapport aux 3 294 000 FCFA communiqués ce 30 mai par le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji.
Au chapitre des motifs ayant conduit à cette augmentation du cout du pèlerinage, l’on évoque le coût élevé du dollar suite à la guerre opposant depuis plusieurs semaines l’Ukraine à la Russie. A cela s’ajoute la hausse des prix des services Moassassa décidée par les autorités d’Arabie Saoudite et l’augmentation de la TVA qui passe de 5% à 15%.
Deux ans après la suspension du Hadj, la reprise des activités autour de la tombe de Mahomed se fera du 7 au 12 juillet sous fond de restriction du nombre de participations suite à la pandémie du Covid-19. Un certificat de vaccination est attendu de la part des pèlerins. Selon le ministre Paul Atanga Nji, les inscriptions au pèlerinage se déroulent auprès du guichet unique du Hadj jusqu’au 08 juin prochain.
Budget 2021 : Le gouvernement fait le pari de la relance
Pour assurer des perspectives brillantes à son économie l’État mise cette année sur certaines mesures fiscales et douanières.
L’État croit avoir trouvé le comprimé qui évitera de paralyser l’économie camerounaise cette année. Ce budget s’exécute «dans un contexte difficile marqué par la persistance de la crise sanitaire», a indiqué Louis Paul Motazé mardi dernier lors du lancement du budget de l’État, à Ebolowa. En 2021, pour tenter d’améliorer les conditions de vie de ses populations, le gouvernement annonce plusieurs priorités accordées dans le domaine de la santé, les infrastructures, la paix, l’eau, l’industrie, entre autres.
Crise épidémique oblige, le gouvernement s’engage cette année à mettre en place un train de mesures d’accompagnement destiné à soutenir les producteurs. «Il est prévu à cet effet dans la loi de finances 2021, en plus de la provision de 100 milliards de FCFA retenue au titre du Fonds de solidarité nationale pour la lutte contre le coronavirus et ses répercussions économiques et sociales, une dotation additionnelle de 50 milliards de FCFA pour l’amorce de la mise en œuvre du Plan de soutien à la production et à la transformation locale des produits de grande consommation», a promis le ministre des Finances. Dans un environnement où les PME constituent 90% du tissu économique du pays, la pandémie contraint le gouvernement a effectué «l’allègement de la charge fiscale de toutes les entreprises et secteur directement touchés par la COVID-19». Il est également prévu la suspension de la taxe de séjour afin d’améliorer le taux de fréquentation des établissements d’hébergement fortement touchés par le coronavirus.
Il est prévu dans la loi finance 2021 une exonération des droits et taxes de douane l’essentiel des équipements et entrants destinés l’agriculture, la pêche, l’élevage et l’industrie pharmaceutique.Cette loi soumet aux droits d’assises certains biens importés qui peuvent être produits sans entraves au Cameroun. Par ailleurs, en plus d’être confronté par des défis sécuritaires, l’État espère à fin 2021 obtenir un taux de croissance de 3,3 %, ceci sous l’hypothèse d’une reprise progressive de l’activité économique. Pour atteindre cette prévision, il compte par exemple injecter 1352 milliards de FCFA destinés à la réalisation des infrastructures et l’acquisition des équipements de longue durée (routes, ponts, hôpitaux et écoles, etc.). Ou encore collecter des recettes propres à hauteur de 3 349,7 milliards de FCFA soit 71,7% du budget général.
Rappelons que le budget de l’État pour l’année 2021 est de 4865,2 milliards de FCFA en recettes et en dépenses, dont 4670 de FCFA pour le budget général et 195,2 milliards de FCFA pour les 12 comptes d’affection spéciale. Il augmente ainsi de 232,5 milliards de FCFA par rapport à l’exercice de 2020 qui était 4 632 milliards FCFA. Pour avoir l’enveloppe souhaitée, le gouvernement espère enregistrer en 2021 une production de pétrole de 24,8 millions de barils avec un prix de baril de 40,3 dollars américains ; une production de gaz de 82 milliards d’unités avec un prix de 4,4 dollars américains le baril ; un dollar américain estimé à 579,8 FCFA ; une augmentation des prix à la consommation de 2,5% et un déficit budgétaire de 2,8% du PIB.
Landry Kamdem, envoyé spécial à Ebolowa
Les gagnants et les perdants parmi les ministères
L’enveloppe budgétaire de l’exercice 2021 est en hausse de 232,5 milliards de FCFA par rapport au montant de la loi de finances rectificative de 2020. Paradoxalement, peu de gagnants et beaucoup de perdants dans la répartition des dépenses par ministère.
Le budget de l’État pour l’année 2021 est de 4 865,2 milliards de FCFA en recettes et en dépenses, dont 4 670 milliards de FCFA pour le budget général (dépenses courantes, investissements, dette publique) et 195,2 milliards de FCFA pour les 12 comptes d’affection spéciale. Il augmente ainsi de 232,5 milliards de FCFA (5%) par rapport au montant de la loi de finances 2020 qui était de 4632,7 milliards de FCFA. Malgré cette hausse, il y a beaucoup de perdants cette année et très peu de gagnants.
Les gagnants
En valeur, le budget qui grimpe le plus, c’est celui du ministère des Transports. Privé de 60% de son budget en 2020 (pour financer la lutte contre la COVID-19), il voit son enveloppe augmenter de 77,6%. Il passe de 10,713 milliards de FCFA (budget révisé exercice 2020) à 47,944 milliards pour l’exercice en cours. La Défense. Ses ressources sont passées de 230,257 milliards en 2020 à 245,913 milliards de FCFA en 2021, soit une hausse de 15,656 milliards de FCFA. Ce qui en fait toujours le premier poste budgétaire de l’État. Cet effort supplémentaire se traduira notamment en 2021 par la poursuite des missions régaliennes de l’armée et des engagements en cours. Surtout de mettre en œuvre de nouvelles actions comme la densification de la présence des forces de l’ordre sur le territoire ou encore l’acquisition des équipements pour les hôpitaux militaires. Autre rare gagnant du budget, le ministère des Travaux publics avec une augmentation de 5,233 milliards de FCFA, et un budget total qui touche les 464,842 milliards de FCFA.Avec ces fonds, le Mintp envisage de poursuivre des actions en cours dans la perspective de la : mise en œuvre des missions qui lui sont assignées par le Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (Dsce) ; la mise en œuvre du volet routier du Plan d’urgence triennal pour l’accélération de la croissance (Planut) ; la mise à niveau de certaines infrastructures interurbaines dans le cadre des préparatifs du Chan 2020 et de la Can 2021 ; la mise en œuvre des recommandations du Grand dialogue national, notamment en ce qui concerne la reconstruction des infrastructures du Nord-ouest et du Sud-ouest. Contrairement à l’exercice2020, le ministère de la Décentralisation et du développement local reçoit pour le compte de 2021 1,7 milliards de FCFA supplémentaires. L’État va notamment augmenter son soutien au ministère de l’administration Territoriale (Minat), qui passe de 30,547 milliards de FCFA en 2020 à 34,785 milliards en 2021. Le ministère du Commerce voit aussi son plafond grimper de 709 millions de FCFA. Il quitte un budget de 6,786 milliards en 2020 à 7,496 milliards de FCFA en 2021.
Les perdants
La Santé. Malgré la crise sanitaire liée au coronavirus, le département ministériel de Manaouda Malachie est abaissé de 16,529 milliards de FCFA. Il est passé de 213,651 milliards de FCFA en 2020 à 197,122 milliards en 2021. Des économies que souhaite réaliser l’État dans un contexte de maîtrise de la pandémie. Le ministère des Sports (Minsep) devra aussi se serrer la ceinture. Alors que le Cameroun abrite le CHAN2020 et prépare la CAN2022, le département ministériel de Narcisse Mouelle Kombi voit son budget réduit de 72,436 milliards de FCFA en 2020 à 42,317 milliards en 2021, soit une baisse de 22,911. L’Eau et l’Énergie devra faire avec 8,126 milliards de moins qu’en 2020. Mais le Minee occupe la 5e position en termes de poids dans le budget (226,084 milliards de FCFA en 2021). Les ressources financières allouées au ministère des Postes et Télécommunications diminuent elles aussi de 39,193 milliards de FCFA en 2020 à 21,496 milliards cette année. L’Éducation de Base, les enseignements Secondaires perdent respectivement 2,5 milliards de FCFA et 18,046 milliards de FCFA chacun.Ni gagnants, ni perdants
Le Contrôle supérieur de l’État figure parmi les départements ministériels de « seconde zone » possédant de petites dotations. Les données n’ont presque pas changé par rapport à 2019 avec seulement 5,091 milliards FCFA. Le tiercé des petits poucets est complété par le ministère du Travail et de la sécurité sociale qui possède 5,492 milliards FCFA. Une position où elle remplace le ministère Arts et de la Culture, désormais avant-dernier avec 4,727 milliards FCFA. Le plus petit budget de l’État revient au ministère de la Communication qui se contente de ses 4,6 milliards de FCFA.LK
Le corridor Douala-Bangui: victime collatérale de la crise en RCA
Les villes voisines de la capitale centrafricaine, Bangui, font l’objet d’assauts répétés de la part de groupes armés ayant promis de s’en emparer.
C’est dans ce contexte que le 13 janvier dernier, on a appris du représentant spécial du secrétaire général des Nations unies, une perte dans les rangs de la Minusca. Par la voix de Vladimir Monteiro, son porte-parole, Mankeur Ndiaye a alors condamné «dans les termes les plus forts l’attaque lancée mercredi matin par les éléments armés dans la périphérie de la ville de Bangui. La Minusca déplore la perte d’un casque bleu, tandis qu’un autre a été blessé», a indiqué un communiqué de la Force internationale.
Cette situation déjà difficile pour les populations civiles, affecte de plus en plus le Cameroun, compliquant davantage le trafic sur le corridor Douala-Bangui. Le 10 janvier dernier, on dénombrait déjà «4500 nouveaux réfugiés et plus de 500 gros porteurs stationnés au parc à camions de Garoua-Boulaï», rapporte le quotidien Mutations du 13 janvier 2021. Une configuration, en somme, qui a justifié non seulement un renforcement de la présence militaire camerounaise à la frontière désormais fermée, mais aussi une descente sur le terrain du ministre de l’Administration territoriale (Minat). Et à Garoua-Boulaï dans la région de l’Est où il s’est rendu, Paul Atanga Nji a pu se rendre compte de ce que «1500 camions transportant des marchandises à destination de la RCA sont actuellement immobilisés sur le corridor Douala-Bangui», et qu’«il y a des chauffeurs qui sont en colère parce qu’ils n’arrivent plus à payer les frais de parc», fait encore savoir Mutations.
Ce n’est certes pas la première fois que la frontière entre le Cameroun et la RCA est fermée. On se souvient qu’au déclenchement de la pandémie de Covid-19, les autorités camerounaises avaient, dans un premier temps, pris l’option de fermer toutes les frontières, y compris celles avec la RCA, avant de se raviser. Il se trouve que la Centrafrique comme le Tchad, fait partie des pays de l’hinterland sans façade maritime. La fermeture des frontières, quel que soit le motif, a donc un impact direct sur le trafic le long du corridor, mais surtout sur le niveau d’approvisionnement et de sécurité alimentaire de ce pays.
Seulement, la fermeture de la frontière a été commandée cette fois par le débordement à l’ouest de la crise. Et c’est depuis les élections du 27 décembre dernier que la RCA est entrée dans un nouveau cycle de violences et d’attaques quotidiennes. Cela dit, 150 Chinois et 150 militaires centrafricains ont pu depuis lors se réfugier au Cameroun.
Théodore Ayissi Ayissi
Le corridor Douala-Bangui : victime collatérale de la crise en RCA
Les villes voisines de la capitale centrafricaine, Bangui, font l’objet d’assauts répétés de la part de groupes armés ayant promis de s’en emparer. C’est dans ce contexte que le 13 janvier dernier, on a appris du représentant spécial du secrétaire général des Nations unies, une perte dans les rangs de la Minusca. Par la voix de Vladimir Monteiro, son porte-parole, Mankeur Ndiaye a alors condamné «dans les termes les plus forts l’attaque lancée mercredi matin par les éléments armés dans la périphérie de la ville de Bangui. La Minusca déplore la perte d’un casque bleu, tandis qu’un autre a été blessé», a indiqué un communiqué de la Force internationale.
Cette situation déjà difficile pour les populations civiles, affecte de plus en plus le Cameroun, compliquant davantage le trafic sur le corridor Douala-Bangui. Le 10 janvier dernier, on dénombrait déjà «4500 nouveaux réfugiés et plus de 500 gros porteurs stationnés au parc à camions de Garoua-Boulaï», rapporte le quotidien Mutations du 13 janvier 2021. Une configuration, en somme, qui a justifié non seulement un renforcement de la présence militaire camerounaise à la frontière désormais fermée, mais aussi une descente sur le terrain du ministre de l’Administration territoriale (Minat). Et à Garoua-Boulaï dans la région de l’Est où il s’est rendu, Paul Atanga Nji a pu se rendre compte de ce que «1500 camions transportant des marchandises à destination de la RCA sont actuellement immobilisés sur le corridor Douala-Bangui», et qu’«il y a des chauffeurs qui sont en colère parce qu’ils n’arrivent plus à payer les frais de parc», fait encore savoir Mutations.
Ce n’est certes pas la première fois que la frontière entre le Cameroun et la RCA est fermée. On se souvient qu’au déclenchement de la pandémie de Covid-19, les autorités camerounaises avaient, dans un premier temps, pris l’option de fermer toutes les frontières, y compris celles avec la RCA, avant de se raviser. Il se trouve que la Centrafrique comme le Tchad, fait partie des pays de l’hinterland sans façade maritime. La fermeture des frontières, quel que soit le motif, a donc un impact direct sur le trafic le long du corridor, mais surtout sur le niveau d’approvisionnement et de sécurité alimentaire de ce pays.
Seulement, la fermeture de la frontière a été commandée cette fois par le débordement à l’ouest de la crise. Et c’est depuis les élections du 27 décembre dernier que la RCA est entrée dans un nouveau cycle de violences et d’attaques quotidiennes. Cela dit, 150 Chinois et 150 militaires centrafricains ont pu depuis lors se réfugier au Cameroun.
Théodore Ayissi Ayissi
Gouvernance : Les dessous de l’interdiction du ‘‘Mouvement 10 millions de Nordistes’’
La version officielle accuse ce mouvement d’agir contre l’unité et l’intégration nationales. En réalité, ses actions de revendications gênaient le sérail jusqu’aux entournures.
Paul Atanga Nji Guibaï Gatama Visiblement, il a secoué la République. Et officiellement, le ministre de l’Administration territoriale (Minat) a suspendu de toute activité le ‘‘Mouvement 10 millions de Nordistes’’ par arrêté pris le 18 novembre 2020 pour son «caractère belliqueux et illégal». En plus de cette interdiction, Paul Atanga Nji menace son porte-parole, Guibaï Gatama, de poursuites judiciaires pour ses «initiatives antirépublicaines» visant «à diviser les Camerounais, en les appelant de manière insidieuse et sournoise à se dresser les uns contre les autres». Le Minat soutient enfin que les objectifs de ce mouvement «vont à l’encontre des idéaux de paix, d’unité et d’intégration nationales inscrits dans la constitution».
Repli identitaire
Cette version officielle trouve des partisans au sein de l’opinion, qui notent que le positionnement du ‘‘Mouvement 10 millions de Nordistes’’ en tant que porte-voix des intérêts des ressortissants des régions de l’Adamaoua, de l’Extrême-Nord et du Nord fait de lui le chantre du repli identitaire et du communautarisme. Paul Atanga Nji n’a pas aussi tout faux en révélant que de nombreux ressortissants de ces trois régions septentrionales l’ont saisi «pour dénoncer ces manœuvres obscures auxquelles ils ne sont ni de près ni de loin associés et dans lesquelles ils ne se reconnaissent pas».
La démarche du fumeux ‘‘Collectif des chefs de délégation permanent régionale du Grand-Nord’’ pourrait corroborer le propos du Minat. Celui-ci a effectué une mission supposément dépêchée par le président de l’Assemblée nationale auprès de El Hadj Mohamadou Abbo Ousmanou et Aboubakari Abdoulalaye, comme lui chefs de délégations permanentes régionales du Comité central du RDPC (au pouvoir) respectivement pour l’Adamaoua et le Nord.Dans son rapport, le coordonnateur du secrétariat technique, Yaouba Abdoulaye, par ailleurs membre du gouvernement, souligne : «la profondeur des frustrations et des revendications liées à l’étendue des demandes sociales non satisfaites et exploitées et instrumentalisées par des mouvements contestataires non violents tels que ‘‘Opération 10 millions des nordistes’’, ‘’Communautés du Grand-Nord’’ et autres pourrait amener les populations à se soulever contre le régime en place».
Il s’agit donc, à travers ce fameux collectif, de mobiliser les pontes du pouvoir originaires des trois régions septentrionales afin de «relancer l’exhortation des populations du septentrion à se remobiliser et à renforcer leur cohésion et l’union sacrée autour du président de la République».
En réalité, souffle une source se targuant d’une parfaite connaissance de la scène politique locale, Yaouba Abdoulaye s’est entiché du directeur de cabinet du président de l’Assemblée nationale et à l’insu de la 3è personnalité de l’Etat dans une démarche guidée par des calculs personnels. «Le premier souhaite se maintenir au gouvernement qu’il a intégré grâce à l’entregent du président de l’Assemblée nationale et le second espère y faire son entrée si d’aventure son patron n’est pas maintenu en mars prochain au Perchoir», susurre-t-elle.
Problèmes
Des sources dans l’entourage du président de l’Assemblée nationale, comme pour corroborer cette thèse, confessent que ce dernier a reconnu la pertinence des problèmes posés par le ‘‘Mouvement 10 millions de Nordistes’’, et n’a jamais eu la dent aussi dure contre le président de la République, coupable à ses yeux de s’intéresser au Grand-Nord davantage pour son vivier électoral que pour apporter des solutions à sa pauvreté criante.Caciques
A en croire les mêmes sources, la plupart des caciques du pouvoir dans les régions de l’Adamaoua, de l’Extrême-Nord et du Nord sont officieusement de tout cœur avec le ‘‘Mouvement 10 millions de Nordistes’’. Il suffit de se rappeler qu’il y a 16 ans, le mémorandum du Grand-Nord posait déjà les problèmes de cette partie du pays. Et Guibaï Gatama, le porte-parole du mouvement dissous, était au cœur de cette revendication dont la plupart des meneurs ont ensuite rejoint le camp du pouvoir.D’aucuns sont donc convaincus que Paul Atanga Nji a juste succombé à des pressions du sérail. Lequel, à leur avis, était gêné jusqu’aux entournures par les dénonciations du mouvement démontrant effectivement que les régions septentrionales sont lésées dans la mise en œuvre des politiques publiques.
Parmi ceux qui avaient intérêt à décapiter le ‘‘Mouvement 10 millions de Nordistes’’, figure en bonne place le ministre de la Fonction publique et de la Réforme administre (Minfopra). Joseph Le a, en effet, été mis en difficulté par ce mouvement lors de la publication des derniers résultats d’entrée à l’École nationale d’administration et de magistrature (ENAM).Statistiques à l’appui, le mouvement a démontré que les quotas réglementaires réservant 30% des places aux concours administratifs au Grand-Nord n’ont pas été respectés. Après des recours gracieux, le mouvement a saisi la justice en vue de la suspension des résultats. Une source, pour convaincre qu’il tire les ficelles dans l’ombre, souligne la rapidité avec laquelle le Minfopra a relayé sur les réseaux sociaux la décision du Minat.
Mais, se convainc une élite du Grand-Nord, «l’interdiction complexifie la tâche du pouvoir. La cote de sympathie est aussitôt montée en flèche, se traduisant par la création de près de 200 groupes WhatsApp dédiés à la cause défendue par le mouvement». Elle croit ferme que la décision du Minat renforce l’ancrage de cette démarche dans les cœurs des jeunes de cette partie du Cameroun. Comme en son temps un communiqué du Minfopra lu au journal parlé de 13 h de la radio nationale a accru de manière inespérée la visibilité du mouvement.
Bobo Ousmanou
RDPC-Equinoxe TV : Chouette divorce
Des cadres du parti de Paul Biya s’insurgent contre les choix éditoriaux de la chaine de Sévérin Tchounkeu.
Au moment où nous allions sous presse, aucune réaction officielle du comité central du RDPC n’avait clairement instruit à ses militants de boycotter la chaine de télévision du groupe de presse Equinoxe. Silence radio également du côté du promoteur de cette dernière. Se targuant de parler au nom de leur parti, quelques militants habitués des plateaux de la chaine de Sévérin Tchounkeu disent que c’est pour de vrai. Au soir du 12 novembre dernier, Serge Alain Ottou, présentateur du programme Equinoxe Soir diffusé sur la chaine de télévision émettant à partir de Bonakouamoung (Douala) le faisait savoir. «Cette chaise devait être occupée par Jacqueline Koyock du RDPC. 5 minutes avant le début de l’émission, elle me fait dire que le professeur Laurent Charles Boyomo Assala a décidé de la suspension des interventions du RDPC chez nous. Je vous reprends ce qu’elle m’a dit», dixit Serge Alain Ottou.
Avant, les téléspectateurs avaient eu droit à des plages houleuses entre les militants du RDPC et Equinoxe TV. Le 9 novembre 2020, Samuel Dieudonné Moth se montrait très amer en direct. «Votre chaine de télé a fait passer un entretien avec une femme qui, manifestement, a été payée dans Paroles de femmes (…). Des propos tendancieux, dégradants pour nos forces de défenses. (…) La direction de notre parti a souhaité qu’Equinoxe puisse présenter ses excuses aux forces de défense. Si nous ne recevons pas des explications, des excuses de la part de votre chaine, nous aurons du mal à revenir chez Equinoxe», avait alors dégainé le député RDPC du département du Nkam (région du Littoral).
Dans ce clash, une ligne d’interprétation allie et le boycott de toutes les émissions par des cadres du parti de Paul Biya et la récente mise en demeure d’Equinoxe Tv par René Sadi, le ministre de la Communication (Mincom). Motif évoqué: au cours de l’émission «Parole de femmes», diffusée le 3 novembre 2020 sur cette chaine, l’une des panélistes, Stéphanie Djomo, a indiqué qu’elle a perdu ses jumeaux au début de la crise anglophone. Le 9 mars dernier, Sévérin Tchounkeu et son équipe essuyaient l’ire de Paul Atanga Nji, ministre de l’Administration territoriale (Minat) et fervent militant du RDPC. Ce membre du gouvernement accusait alors la chaine privée (et deux autres médias) d’être à la solde de certaines organisations aux desseins mafieux. Sévérin Tchounkeu, le PDG de l’entreprise incriminée, avait brandi le professionnalisme de ses journalistes.
Jean-René Meva’a Amougou
Paul Atanga Nji : L’art de s’emballer
À force de théoriser sur la prééminence d’un Paul Biya «maitre des horloges», le ministre de l’Administration territoriale (Minat) est perçu comme «brouilleur» de la parole gouvernementale sur le terrain.
Le Minat lors d’une de ses sorties médiatiques Cela restera comme l’une des images fortes de Paul Atanga Nji dans la région du Sud-Ouest. Interrompu par une dame très remontée, le Minat n’a pas pu déployer efficacement sa communication à Kumba, le 27 octobre 2020. Dans sa forme et son intensité, le charivari a bien montré que l’heure est effectivement à la gravité et que certains politiques en visite en zone anglophone du pays doivent des comptes aux populations. «Cela est d’autant plus vrai qu’au début de la crise, Paul Atanga Nji avait déclaré qu’il n’existe pas de problème anglophone au Cameroun», se rappelle Lewis Abongwa. Du point de vue du sociologue politique, cette posture du Minat a davantage cadenassé les esprits au point de les rendre plus enclins à la violence qu’au dialogue, parce que vulnérables au bon vouloir des aiguilleurs du ciel séparatiste.
Culte
Malgré cette «bourde», le secrétaire permanent du Conseil national de sécurité est toujours envoyé en première ligne pour affronter les populations. La semaine dernière, en débarquant dans la région du Sud-Ouest à la tête d’une importante délégation interministérielle, il savait parfaitement où il mettait les pieds. Comme d’habitude, Paul Atanga Nji a renoué avec l’exercice du culte à Paul Biya dans un contexte troublé par le drame survenu le 24 octobre 2020 au groupe scolaire bilingue Mother Francisca International à Fiango, un quartier de Kumba. Comme s’il était descendu du ciel, le Minat s’est lancé, s’écartant allègrement du sujet qui occupe ses interlocuteurs. Sur le vif, le divorce avec ces derniers est vite signé. Le tollé immédiat. Le tout pour alimenter encore le procès en «arrogance» déjà instruit de longue date contre sa personne. Et du coup, son discours, qui s’est voulu pédagogue, n’a pas eu l’effet escompté.Savoir se taire
Au sein de l’opinion publique, l’on pense que l’accumulation de telles maladresses est à la fois dommageable et dangereuse pour le retour à la paix dans la partie anglophone du pays. «Pour éviter un autre travers de trop sur le chaudron du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, émet André-Michel Bessong, un des fondamentaux est de faire taire le plus de personnes possibles: pour être maitrisée quand la tempête est là, la communication sur le terrain doit reposer sur un nombre très restreint de personnes habiles». La réalité qu’observe ce spécialiste de la communication politique est que «ces derniers temps, nombre d’erreurs sont commises, desservent la perception du gouvernement et renvoient une image peu rassurante aux populations du Nord-Ouest et du Sud-Ouest».«Il est étrange de voir un ministre s’entêter parfois à jouer au maitre de la situation quand il faut être humble et à l’écoute, pour avoir la main qui tremble quand le peuple est prêt à jouer la carte de l’union sacrée au nom du malheur commun», peste Jean-Marc Bikoko. De son point de vue, il y a un gros risque d’allier coups de menton verbaux et irrésolution de la crise. Dans un autre développement, le syndicaliste reste constant. «Il est temps d’évacuer de la scène les acteurs non indispensables et qui accumulent les erreurs; il faut aussi que notre président incarne dans sa chair ce que le pays traverse. Jamais ils ne doivent prendre la parole sans que l’on ne sente dans leurs yeux, leurs gestes et leur verbe qu’ils portent la douleur des familles qui ont vu mourir un de leurs proches», avance-t-il.
Bobo Ousmanou
Mardi 22 septembre 2020 : Le jour le plus NON
Dans un contexte où persistent conjointement l’obstination à manifester dans la rue et l’annonce de vigoureuses représailles, le collectif rattaché à la bannière MRC et l’exécutif inventent des modalités de gestion opérationnelle de la journée du 22 septembre 2020 au Cameroun.
Le face à face Paul Atanga Nji – Maurice Kamto On ne saurait dire si c’est le jour le plus long ou celui de tous les possibles au Cameroun. En tout cas, le pays entier attend le 22 septembre 2020 avec inquiétude ou intérêt. S’étant acculturés au répertoire contemporain des mobilisations contestataires, le MRC (Mouvement pour la renaissance du Cameroun) et ses alliés scandent (depuis la convocation par le président de la République du corps électoral en vue du scrutin des régionales le 6 décembre 2020) l’un des éléments structurants de leur agenda politique: les manifestations de rue à l’échelle nationale et internationale.
Dans sa «note du marcheur pacifique, patriote et républicain» publiée le 16 septembre dernier, Maurice Kamto décline le corpus de la mobilisation. Pour le leader du MRC, il s’agit de «marches appelant au départ de M. Biya (…) au regard de sa démission devant toutes ses responsabilités de président de la République». Usant du vocabulaire de la résistance, le «tireur de pénalty», en posture de capitaine qu’aucune tempête ne fait plier, suggère à ses partisans et alliés de «se munir d’un foulard ou d’une écharpe et d’un flacon de vinaigre ou de jus de citron», en cas de gaz lacrymogène.
Sur les réseaux sociaux, on promet l’enfer aux policiers et aux défenseurs de l’actuel locataire du Palais d’Etoudi. Ceux qui partagent ou portent l’essentiel de ce message agrègent d’autres motifs de colère. Tisonnés par des fins de mois difficiles et pris d’un immense ras-le-bol par rapport à la longévité de Paul Biya à la tête du Cameroun, ceux-là disent marcher pour un supplément de pouvoir d’achat et une alternance politique au sommet de l’État. Et du coup, ils entendent faire face aux représailles les plus débridées, souvent utilisées (selon eux) sans complexe par l’exécutif.
«Monstre froid»
En relevant les dits et les non-dits de l’appel à la mobilisation populaire lancé par le MRC, le gouvernement se prépare à la confrontation. Sous fond de nervosité, il a pris quelques précautions avant de devoir y faire face sur le terrain. Dernier vestige de nervosité de l’exécutif, la publication, en date du 14 septembre 2020, d’un message-fax signé Paul Atanga Nji. Adressé aux gouverneurs des régions du Centre, du Littoral et de l’Ouest, le document avertit clairement que les partisans de Maurice Kamto et leurs alliés dansent sur un volcan. La nature centrale du sujet dont le ministre de l’Administration territoriale (Minat) a décidé de se saisir prioritairement est d’ailleurs révélatrice de la volonté de faire régner l’ordre «sans complaisance». Pour cela, une mécanique policière particulièrement répressive est déjà mise au point, en plus des mises en garde et avertissements qui fusent à partir du Minat.En dénonçant comme une dérive politique la démarche du MRC, René Emmanuel Sadi, le ministre de la Communication (Mincom), dans un communiqué rendu public le 15 septembre 2020, prévient: «Aucune manifestation ne saurait être considérée comme pacifique lorsque le but déclaré en est le lancement d’un mouvement insurrectionnel et le renversement d’institutions républicaines démocratiquement élues».
Dans un format interactionnel avec ceux qui cautionnent les «marches blanches», Jacques Fame Ndongo, secrétaire à la communication du RDPC (Rassemblement démocratique du peuple camerounais), est direct. «Que le 22 septembre 2020, nul ne vienne donc verser des larmes de crocodile lorsque, le cas échéant (dans l’hypothèse où des actes insurrectionnels auraient lieu), force reviendra à la loi. Le Cameroun n’est pas la cour du roi Pétaud», écrit le membre du bureau politique du parti politique de Paul Biya.Jean-René Meva’a Amougou
Crise sanitaire : L’enchantement du présent
En cette période marquée par la pandémie du coronavirus, divers gadgets et autres sont offerts aux instances impliquées dans la lutte contre le coronavirus.
Des dons pour aider à lutter contre le Covid-19 Des donations à n’en point finir depuis la survenue de la maladie à coronavirus au Cameroun. Dans un élan de générosité, politiciens, entreprises, ONG et autres s’activent. En offrant des dons aussi diversifiés que leurs moyens, ils disent apporter leur contribution dans la bataille contre la maladie.
Kits d’hygiène
L’une des personnalités à avoir réagi est le président de la République. Face à la pandémie qui décime ses «chers compatriotes», Paul Biya a débloqué une importante somme d’argent pour équiper les 360 communes du pays de kits d’hygiène. Il s’agit précisément des sceaux, des cartons de savons, des gels désinfectants et des masques de protection. Comme lui, plusieurs membres de la classe politique lui ont emboité le pas. Sans oublier les entrepreneurs et entreprises et les ONG qui se sont attelées au même exercice.
Voitures
La lutte contre la maladie à coronavirus ne se limite pas qu’aux kits. C’est le rappel qu’a fait l’Organisation mondiale de la santé (OMS). L’institution Onusienne a offert 14 véhicules flambants neufs au gouvernement camerounais. Selon nos sources, ces voitures 4×4 servent à renforcer le processus de décentralisation du dispositif de lutte contre le virus mis en place par l’instance gouvernementale. Une dotation nécessaire selon Nasri Paul Bea, gouverneur de la région du Centre.
Denrées alimentaires
En pleine pandémie, la nutrition est un volet tout aussi important, surtout pour les malades de Covid-19 dont la prise en charge est assurée par l’État camerounais. Fort de cela, la société Orca a offert 4000 sacs de riz au ministère de la Santé publique (Minsanté) directement impliqué dans cette lutte. Les 4 tonnes de céréales ont été réceptionnées le 9 avril 2020 par Dr Manaouda Malachie, Minsanté, en présence de son homologue du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana.
Comme cette entreprise, certaines organisations ont apporté un soutien nutritif, cette fois aux populations vulnérables, frappées par les ravages socioéconomiques du Covid-19. C’est le cas de la fondation Eto’o. À l’initiative de Samule Eto’o Fils, ancien capitaine de l’équipe fanion de football, cette ONG a distribué des denrées alimentaires de première nécessité à 50 000 foyers dans les villes de Douala, Buea, Yaoundé et Bafoussam.
Matériels médicaux
Face à cette crise sanitaire, la défaillance des plateaux techniques des hôpitaux s’est accentuée. Pour tenter de résorber cette situation, des âmes de bonne volonté ont entrepris d’équiper des centres hospitaliers en matériels d’intervention. L’une des plus récentes dotations date du 15 mai 2020. La sénatrice Din Bell Armande a offert matelas, sceaux, savons, gants médicaux et autres à l’hôpital de Bonassama. Ce n’est pas un cas isolé. Le 8 mai de la même année, la Croix-Rouge camerounaise (CRC) a offert des dons à l’Hôpital central de Yaoundé, pavillon de prise en charge dédié aux malades atteints de Covid-19. C’était à l’occasion de la commémoration de la 73e édition de la fête à elle dédié.
Réductions des coûts des transactions
Les entreprises de téléphonie mobile ne sont pas en reste. Comme contribution à la lutte anti-Covid-19, elles ont suspendu les couts des transactions financières électroniques allant jusqu’à 20 000 FCFA pour MTN Cameroon. Orange Cameroun quant à elle a instauré la gratuité dans les transferts et le paiement des factures via ses services. L’objectif est de privilégier les transactions électroniques en vue de limiter les contacts entre les populations et éviter la propagation du virus.
Mégaphones
La sensibilisation semble être un atout important dans la lutte contre la pandémie. Ainsi, Jacques Boyer, représentant de l’Unicef (Fonds des Nations unies pour l’enfance), a offert 400 mégaphones de trois dimensions au ministère de la Communication. Le matériel, réceptionné le 18 mai 2020 à Yaoundé, servira à la mobilisation des caravanes sonores motorisées à travers les rues des villes et des campagnes.
Pactole
Dans la même lancée, l’on enregistre plusieurs appuis financiers. L’une des plus récentes est celle du groupe Congelcam. Via son président-directeur général, l’entreprise a remis un chèque de 250 millions FCFA au Minsanté. Dans la même veine, la banque UBA et le groupe Alliances ont remis 150 millions de FCFA. Autre donateur, le gouvernement français. Le 18 mai dernier, Paris a octroyé 6,5 milliards FCFA au Cameroun en guise de soutien dans la lutte contre le virus. La convention y relative a été signée entre l’Agence française de développement (AFD) et le ministère camerounais de l’Économie (Minepat). Tout cet argent est domicilié dans un compte à BGFI-Bank, qui abrite le fonds de solidarité contre le Covid-19.
Joseph Julien Ondoua Owona, stagiaire
À la traversée des mercis
En recevant les kits d’hygiène et autres des mains de leurs donateurs, les récipiendaires promettent un usage codifié selon les canons de la lutte anti-Covid-19.
Les actes de générosité posés par les uns et les autres pour soutenir les entités impliquées dans la bataille contre le virus ne sont pas anodins. Pour les bénéficiaires, ils sont la preuve d’une certaine union par ces temps de crise sanitaire. C’est tout le sens des messages de remerciement qu’ils adressent à ces personnes bien généreuses.
Centres hospitaliers
À l’hôpital de district de Bonassama? Le 15 mai 2020, le docteur Alphonse Bayiha, médecin en chef, a remercié la sénatrice Din Bell Armandine. Le soldat anti-Covid-19 a révélé que le matériel (gants, gels hydroalcooliques…) reçu contribuera grandement à «renforcer» les mesures barrières et à assurer le confort des malades atteints par cette pandémie.
Populations vulnérables
Même son de cloche à Mokolo dans le Mayo Tsanaga. Dans cette partie du pays, Chimène Manaouda a offert des kits d’hygiène et autres. Et les populations ont su lui dire «merci». C’est par, exemple le cas du Centre des aveugles de Mokolo. «C’est un don qui est arrivé à point nommé, particulièrement pour les personnes handicapées qui ne pouvaient pas bénéficier de ce genre de dons», a déclaré le directeur du centre, Emmanuel Magwa, parlant au nom des pensionnaires de cet institut.
Institutions gouvernementales
Directement impliqué dans la riposte contre la Covid-19, le ministère de la Santé publique (Minsanté) se hisse aux premières loges des bénéficiaires. Il reçoit principalement les aides adressées au gouvernement camerounais. Conscient de ce que ces dons profitent à sa politique de lutte, Manaouda Malachie accorde beaucoup d’importance aux actes de générosité de ses concitoyens. Alors qu’il recevait un chèque de 50 millions FCFA du groupe Saham Assurance il y a quelques jours, le ministre de la Santé s’est une fois de plus montré satisfait de cet acte. «Cela nous réjouit, d’autant plus que ce que nous recevons comme étant la contribution de nos compatriotes et des entreprises citoyennes comme Saham vise à permettre à nos équipes sur le terrain de bien se mouvoir».
Parmi les instances publiques ayant reçu des matériels dans le cadre de l’éradication de la pandémie, il y a le ministère de la Communication (Mincom). L’institution gouvernementale a reçu 400 mégaphones le 18 mai dernier de la part du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef). Au nom du Mincom, Félix Zogo, secrétaire général de ce département ministériel, a salué la «réponse de l’Unicef» vis-à-vis du gouvernement. Selon lui, cette aide permettra d’optimiser l’opérationnalisation des caravanes mobiles dans les villes de Yaoundé et Douala, ainsi que dans d’autres coins du pays.
Autre récipiendaire, la région du Centre. Lors de la cérémonie de réception des véhicules offerts par l’OMS, Nasri Paul Bea a dit l’opportunité de ce don. «Le Centre avait besoin de ces véhicules. Nous avons des départements éloignés et enclavés comme Ngambe Tikar, comme Yoko et autres. Ce qui fait que le besoin était énorme pour nous. Nous voulons dire merci à l’OMS. En bon observateur et bon accompagnateur, qui nous sont venus en aide avec 14 véhicules et autant de chauffeurs et l’appui en carburant», a-t-il déclaré.
JJOO
Covid-19
Les mouvements de dépouilles sous haute surveillance
Les tentatives d’exhumer clandestinement les corps des personnes décédées des suites de la Covid-19 sont à l’origine de cette vigilance accrue au Cameroun.
«Je n’arrive pas à comprendre le fait que quelqu’un décède et qu’on l’enterre aussi tôt, sans que tous les membres de la famille soient présents». En s’exprimant ainsi, Éric s’insurge contre la «nouvelle» pratique qui consiste à inhumer les corps des personnes décédées du Covid-19, quelques heures seulement après la survenue du décès. Il n’est pas le seul à penser ainsi. Beaucoup de ses concitoyens rencontrés dans la ville de Yaoundé trouvent que cette façon de faire «porte atteinte aux rites et coutumes traditionnels». En marge de ce dispositif visant à éviter la propagation du virus, plusieurs familles se livrent à des exhumations clandestines de leurs défunts parents. «Des comportements irresponsables» selon Cyrille Yvan Abondo. Pour le préfet de la Sanaga maritime, ceux qui posent ces actes sont simplement «des personnes encore inconscientes, qui mettent en danger leur vie, celle de leurs familles et de leur entourage».
Dans son édition numérique du 6 mai 2020, le quotidien national Cameroon Tribune indique que «les corps des personnes décédées de maladies infectieuses comme le Covid-19 sont enterrés au plus tard 12 heures après le constat du décès». L’hypothèse est davantage confortée par l’avis d’un expert du corps médical contacté par le journal. «Pour les corps déclarés Covid-19, la procédure veut qu’ils ne soient pas déplacés et qu’ils soient enterrés dans les heures qui suivent. Cela est fait avec la collaboration des hygiénistes de la mairie, qui vont procéder à l’inhumation du corps. Avec une épidémie comme celle-ci, on ne peut pas autoriser un enterrement normal.
Parce qu’on ne sait pas quel est le degré de contagion du corps. Les maladies extrêmement contagieuses comme celles-ci, il vaut mieux ne pas déplacer le corps. Généralement les corps sont plus contagieux que lorsque le sujet est vivant». Les médecins exhortent les familles à faire montre de compréhension dans cette situation. Car le corps d’une personne déclarée Covid-19 doit être rapidement traité et enterré en présence de quelques membres de la famille, sous l’encadrement d’une équipe médicale.»
Face à cette dérive et pour le bien du plus grand nombre, les autorités administratives envisagent de durcir le ton. «Le ministre de l’Administration nous a saisis pour nous demander de faire très attention et qu’on contrôle les mouvements de dépouille mortuaires», a expliqué le chef de terre de la Sanaga maritime. Ainsi, Cyrille Yvan Abondo a mis en place une stratégie. «Désormais, nous allons vérifier les certificats de genre de mort pour vérifier exactement de quoi est morte la personne. La règlementation prévoit qu’un corps qui voyage d’un département à un autre devrait avoir un document de transfert de corps signé par le préfet, qui désigne le trajet», a-t-il indiqué.
JJOO
Fonds spécial contre le Coronavirus
Plus de 3,5 milliards FCFA au compteur
Les contributeurs ayant répondu favorablement à l’appel du chef de l’État se recrutent parmi plusieurs catégories juridiques.
La chaine de solidarité contre le coronavirus ne cesse de s’allonger au Cameroun. Depuis la création par Paul Biya, le 31 mars dernier, d’un fonds spécial dédié à la lutte contre cette pandémie, plusieurs actes de générosité ont déjà été recensés. Au dernier pointage le 14 mai dernier, les contributions enregistrées se situaient autour de 3,5 milliards FCFA. C’est au cours de la réunion hebdomadaire d’évaluation du plan de riposte contre la pandémie que le ministre de la Santé publique (Minsanté) a fait cette révélation. Manaouda Malachie faisait ainsi vœu de «transparence».
Toutefois, celui qui est par ailleurs l’ordonnateur principal dudit fonds n’a pas donné de précisions, ni sur l’identité des contributeurs ni sur le montant de chaque contribution. C’est finalement de la voix la plus autorisée qu’un pan de voile a été levé sur cet aspect des choses. «Nous avons eu également la satisfaction de recevoir l’aide et les encouragements des pays amis, des organisations internationales, des dirigeants d’entreprises nationales et étrangères, ainsi que de diverses personnalités» ont noté pour s’en féliciter le président de la République. Paul Biya s’adressait ainsi à la nation, le 19 mai dernier.
Honneur aux entreprises
Au moment de la création du Fonds spécial de solidarité nationale pour la lutte contre le coronavirus, le chef de l’État l’a doté d’un montant d’appoint d’un milliard FCFA. Autrement dit, les plus 2,5 milliards supplémentaires sont le fruit de la générosité de différents donateurs. Et parmi les premiers à avoir répondu favorablement à l’appel du président de la République se trouvent en bonne place les chefs d’entreprise. Ces unités de production ont déjà apporté au Fonds plus de 1,37 milliard FCFA. Et dès le 1er avril, c’est Baba Ahmadou Danpoullo qui ouvre le bal.
L’homme d’affaires offre un chèque de 100 millions FCFA et est imité deux jours plus tard par le sénateur Sylvestre Ngounchinghe. Le président-directeur général de Congelcam va injecter dans le Fonds spécial 250 millions de nos francs. On retrouve également parmi les entreprises la SABC, avec 250 millions FCFA; le métallurgiste français Prometal, avec 100 millions FCFA; la société de fabrication d’huile raffinée et de savon de ménage SRC Maya, avec un apport de 150 millions; l’entreprise de BTP Alliance construction Cameroun à hauteur de 150 millions FCFA et le Groupe Socfin (Socapalm, Safacam et SPFS-Paml-Or) et ses 50 millions d’apports.
Cette liste serait cependant incomplète si l’on ne mettait pas également en musique la partition exceptionnelle jouée par les entreprises du secteur bancaire et des assurances. Ont en effet pris place dans la chaine de solidarité, UBA-Cameroun pour une participation à hauteur de 150 millions; Saham Life Insurance et Saham Assurance pour une enveloppe de 50 millions.
L’Association des sociétés d’assurance du Cameroun (Asac) a aussi donné de la voix le 8 mai dernier en mettant dans la cagnotte 120 millions FCFA. À date, la dernière contribution est celle d’Expression Union. Le représentant de l’établissement de microfinance était, le 18 mai dernier, chez le Minsanté, muni d’un chèque de 25 millions FCFA. Mais ce montant n’est pas compris dans les 3,5 milliards FCFA vantés le 14 mai dernier par Manaouda Malachie.
Belle portion pour les institutions
Qu’elles soient nationales ou étrangères, qu’il s’agisse d’États ou d’organisations internationales, les institutions ne sont pas en reste dans la contribution à la lutte contre la pandémie de Covid-19. Et déjà, deux institutions camerounaises se sont illustrées par leur élan de solidarité. Il s’agit de la chambre haute du parlement, le Sénat, dont les membres ont destiné, en avril dernier, 100 millions FCFA au Fonds spécial. Au cours du même mois et à l’initiative du Premier ministre, Joseph Dion Nguté, les membres du gouvernement ont eux aussi mis la main à la poche.
La somme de 165 millions FCFA a alors été collectée et reversée au Fonds. Mais c’est un autre acteur étatique qui a la palme d’or des contributions. À l’occasion d’une audience à la primature, le haut-commissaire de Grande-Bretagne au Cameroun a fait une annonce forte. Rowan James Laxton a en effet fait savoir le 8 mai dernier que la Couronne britannique entendait injecter 1 milliard FCFA dans le fonds créé par le chef de l’État camerounais. Ce qui porte la contribution financière des institutions à 1,265 milliard FCFA. Au total, les bailleurs de fonds, entreprises ou institutions, ont déjà apporté 2,66 milliards au milliard initial, portant le total global des contributions à 3,66 milliards FCFA.
Équipements et matériels
Plusieurs organisations nationales et internationales, dont le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), ont apporté des dons en matériels et en équipements. Le 18 avril dernier, un premier lot de matériels d’une valeur de 3,9 millions de dollars a été reçu de la part de cette institution par le gouvernement camerounais. Le 19 mai dernier, c’est l’Unicef qui offrait également des équipements de protection, une autre partie de ce don étant attendue dans les prochains jours.
Des pays comme les États-Unis, la France, la Suisse, la Chine, voire même l’Union européenne, se sont également montrés très proactifs dans ce sens, au travers notamment de leurs missions ou représentations diplomatiques. Toujours à l’international, le milliardaire chinois Jack Ma a, à plusieurs reprises, fait preuve de générosité à l’égard du Cameroun. Le 26 mars dernier, Yaoundé a ainsi reçu de la part du PDG d’Alibaba 36 tonnes d’équipements et matériels.
Le chef de l’État, Paul Biya, l’en a d’ailleurs remercié lors de sa dernière adresse à la Nation. Au plan local, et sans être exhaustif, on peut citer la Sabc, Orange-Cameroun ou encore Orca Cameroun, une société spécialisée dans l’ameublement. Cette dernière a remis, le 9 avril dernier, 4000 sacs de riz de 25 kg chacun aux autorités camerounaises.
Au demeurant, et ce jusqu’au 15 avril dernier, les modalités de contribution au Fonds spécial de solidarité nationale de lutte contre le coronavirus n’étaient pas encore définies. C’est seulement depuis lors que le ministre des Finances a communiqué sur la question. Louis Paul Motaze a alors indiqué que lesdites contributions pouvaient être faites «soit en numéraire ou par chèque bancaire ou par virement, soit au guichet des postes comptables du trésor à la Trésorerie générale, soit encore auprès des missions diplomatiques dans le compte n° 470 542». D’ailleurs selon le ministre, «un autre compte n°8000 57 25 011/73 a été ouvert dans les livres comptables de la BGFI». Autrement dit, même si le compte est bon, il n’est pas à exclure qu’il y ait aussi eu des contributeurs anonymes.
Théodore Ayissi Ayissi (stagiaire)
Fonds de soutien/Fonds spécial
Un champ de couverture à redéfinir
Le service minimum offert par la direction de la Protection civile contraste avec la nécessité d’une intervention plus musclée contre la pandémie de coronavirus.
La pandémie de Covid-19 gagne du terrain au Cameroun. Alors que tous les acteurs de la lutte contre ce fléau se mobilisent pour conjuguer leurs efforts, un maillon essentiel de la chaine se fait plutôt discret: la Protection civile. Tout se passe en réalité comme si elle n’était pas concernée au premier chef. La direction logée au ministère de l’Administration territoriale (Minat) est pourtant en charge de la gestion d’un compte d’affectation spécial. Baptisé «Fonds de soutien aux populations victimes de cataclysmes naturels» le 20 septembre 2012 à Garoua (région du Nord) par Paul Biya, le compte en question n’est évidemment pas à confondre avec «le Fonds spécial de solidarité nationale pour la lutte contre le coronavirus», également créé par Paul Biya.
Tout de même, les ressources qui lui sont affectées sont inscrites chaque année au budget de l’État. D’ailleurs, au moment de sa création en novembre 2012, le Fonds avait été pourvu d’un montant de 2 milliards. C’était pour le compte de l’exercice budgétaire 2013, selon la loi de finances de cette année-là.
Dans sa conception, le Fonds de soutien aux populations victimes de cataclysmes naturels est destiné à apporter des réponses d’urgence aux situations de catastrophes et de calamités naturelles. Il reste donc simplement à savoir si la pandémie de Covid-19 rentre dans l’une de ces deux catégories. Le contraire serait, pour dire le moins, étonnant, au vu du rythme de propagation du fléau sur l’étendue du territoire national et au vu du nombre de morts déjà enregistrés.
La direction de la protection civile a bien été associée à une ou deux actions d’importance. Ainsi en est-il par exemple de la distribution des dons aux 360 arrondissements que compte le pays. Les équipes de cette administration étaient alors censées apporter un appui aux autorités administratives et municipales pour l’acheminement, mais surtout pour la distribution du matériel ainsi mis à la disposition des populations.
Mais là où le bât blesse, c’est que cette direction n’est pas encore à l’initiative. Elle est simplement prise à la remorque. Au moment où l’État est à la recherche de ressources pour lutter efficacement contre le coronavirus, il serait bon d’élargir son champ d’intervention à cette pandémie. De la sorte, elle pourra agir de son propre chef ou alors, les ressources qui lui sont affectées pourront venir utilement renflouer le Fonds spécial dédié à la lutte contre la pandémie.
TAA
Frontière Cameroun-Guinée Équatoriale : Déjà une affaire de forces spéciales
Le long de la ligne de séparation des deux pays, Yaoundé comme Malabo ont impliqué leurs armées respectives.
Le Mindef sur le terrain. À la frontière entre le Cameroun et la Guinée Équatoriale, le brouillard de la guerre ne cesse de s’épaissir. Depuis quelque temps, la tension y est autrement plus aiguë. D’un côté comme de l’autre, l’agencement des bataillons et des chaînes de commandement révèle chaque jour un paysage stratégique qui pourrait aller jusqu’à l’ouverture du feu. Si l’on en croit des sources militaires camerounaises, des généraux et des maîtres-espions équato-guinéens ont parfois orchestré des face-à-face fortuits, mais sans débordement tragique. Les mêmes sources dénoncent les coups de boutoir quotidiens de Malabo en territoire camerounais, à Kye-Ossi (Vallée du Ntem) notamment.
Ce «rituel», bien connu des autochtones, donne du sens aux manœuvres militaires observées ces derniers temps. «Le scénario le plus récent est le déploiement des forces spéciales équato-guinéennes le long de la frontière» renseigne Jean Marie Zue Zue, le nouveau maire de Kye-Ossi. L’édile parle d’«une mobilisation renforcée du dispositif pour sécuriser quelques portions de leur route construite abusivement l’année dernière en territoire camerounais».
À Yaoundé, où l’on suit de près les événements, l’affaire est prise très au sérieux. Sur instructions de Paul Biya, des troupes d’élite ont été déployées depuis quelques semaines à Kye-Ossi. Ne s’abstenant pas de désigner clairement Malabo comme l’adversaire visé par les manœuvres militaires camerounaises, le haut commandement assure vouloir produire des effets psychologiques. Dans le même temps, Yaoundé compte ainsi éloigner le spectre de l’enlisement et, autant que faire se peut, rassurer des popula tions riveraines face à l’agression d’un adversaire d’autant plus zélé qu’il est plus proche. Aussi parle-t-on d’une «vigilance accrue à travers une mission de surveillance de la frontière». Selon Cameroon Tribune du 3 avril 2020, cette mission est assurée par le 11e bataillon d’infanterie motorisée.
«Task force»
«C’est une première mesure que nous prenons en réponse à ces attaques», a déclaré Joseph Beti Assomo, en visite sur la rocade frontalière le 2 avril dernier. Aux côtés du ministre délégué à la présidence de la République en charge de la Défense (Mindef), il y avait son collègue de l’Administration territoriale (Minat), Paul Atanga Nji. Conçue par Paul Biya, cette «task force» est allée apprécier le site qui concentre les tensions entre le Cameroun et la Guinée Équatoriale. Ensemble, les deux membres du gouvernement ont écouté les riverains et les chefs militaires. Ensemble, le Mindef et le Minat ont constaté que Malabo ne joue pas seulement la montre, mais met la pression sur le Cameroun à travers un vaste chantier de construction, de manière unilatérale et asymétrique, d’un mur («Pared de integracion», voir Intégration N° 377 du lundi 15 juillet 2019) et d’une route bitumée.Il est à relever que cette flambée des tensions s’inscrit en réalité dans le contexte d’une longue escalade diplomatique entre les deux pays. L’on se souvient que le 10 juin 2019, le président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo avait dépêché son ministre d’État chargé de l’Intégration régionale au palais de l’Unité. L’entretien entre Paul Biya et Baltasar Engonga Edjo’o avait duré près d’une heure. Face à la presse locale, le visiteur s’était obstiné à polariser sa déclaration sur l’esthétique (réjouissante) des relations entre la Guinée Équatoriale et ses voisins, restant soigneusement aphone sur le chantier évoqué supra.
Jean-René Meva’a Amougou
Le Minat aime la presse
Depuis le 9 mars 2020, entre Paul Atanga Nji et quelques médias locaux (Le Jour, STV, Équinoxe télévision et Radio Balafon notamment), c’est une histoire de désamour. On peut l’entendre comme ça, après la phrase du ministre de l’Administration territoriale (Minat) comparant ces organes de presse à la très tristement célèbre «Radio mille collines» du Rwanda.
C’était on ne peut plus clair. Le pic de cette ère glaciaire, c’est que Paul Atanga Nji est désormais convaincu que ces médias sont contre la paix au Cameroun. Aux yeux du Minat, l’ultime preuve de la mauvaise foi de ces supports se lit dans la façon dont ils ont traité certaines actualités relatives à la crise anglophone. Quant à l’avenir de ces quatre entreprises médiatiques «désobéissantes», Paul Atanga Nji l’imagine sombre.
En tout état de cause, le Minat aime la presse. Il la lit, la décortique. Il a dit aussi que c’est un signe de vitalité démocratique que la presse critique le pouvoir.Souvent, il se montre satisfait du niveau des journalistes qui n’entourent pas leurs questions de guet-apens. Souvent aussi, lors des conférences de presse, quelques privilégiés ont droit à des bribes de «off», car aux yeux du ministre, les journalistes ne sont jamais meilleurs que quand on leur dicte leurs articles. Souvent aussi, le ministre, droit comme un «i» devant son pupitre, tient ses «troupes médiatiques».
Et celles-ci le lui rendent bien. Par l’activisme du ministre, sa capacité à surprendre, son tempérament, son impudeur, ces troupes-là se glorifient de disposer d’un bon client. Elles se glorifient surtout d’avoir un ministre qui, de temps en temps, vole à leur secours tout en se félicitant de l’indépendance de la presse. Jalouses de tout cela, certaines mauvaises langues disent qu’au Minat, il y a un entre-soi des chroniqueurs de cour et des directeurs de publication qui ne sauraient être dérangés par un journalisme d’information et d’enquête.
Selon les mêmes mauvaises langues, il s’agit d’une horde de petits fous du roi. Ceux-là, dit-on, détestent l’enquête journalistique et ont fait de l’impertinence de salon leur fonds de commerce. En tout cas, assument encore d’autres mauvaises langues, les relations entre Paul Atanga Nji et quelques patrons d’entreprises de presse sont plus passionnelles qu’elles ne l’ont jamais été avec ses prédécesseurs. Ces derniers, regrette-t-on, s’échinaient à distinguer ceux qui sont journalistes de ceux qui ne le sont pas. Passons!
Le Minat aime la presse. Sauf qu’il n’aime pas trop quand l’hostilité d’une certaine presse envers Yaoundé atteint des niveaux quasi pathologiques.Comme un amoureux déçu, il est dépité lorsque la presse se montre dure avec le prince. Alors, il enrage. Il disserte des lignes éditoriales contre lesquelles il délivre quelques haïkus incandescents. Et là, des voix s’élèvent pour dire non à celui qui tape sur les doigts comme un maître d’école. Tchounkeu, Bojiko et Mana qualifient la démarche du Minat d’attentatoire à la liberté d’informer.
Véhéments, ils disent que Paul Atanga Nji signifie à lui tout seul l’ordre juste du monde. Véhéments aussi, Tchounkeu, Bojiko et Mana accusent le ministre de vouloir être tout à la fois: la clef de voûte du régime Biya, et l’architecte performatif d’un monde meilleur qui est aussi à ses yeux «le meilleur des mondes».
Jean-René Meva’a Amougou
Marché central de Maroua : Les reliques de Boko Haram retentissent
Constitués en collectif, les commerçants victimes de l’explosion survenue le 22 juillet 2015 hurlent pour la concrétisation des mesures d’accompagnement annoncées par l’État.
Instant de visite du gouverneur de l’Extrême-nord après l’attentat au marché central de Maroua «On est fatigué d’attendre!» C’est ainsi que Lawan Madi, résume, auprès d’Intégration, l’ambiance au sein de ce qui est désormais connu comme le «Collectif des victimes des attentats du marché de Maroua». L’objet de la colère de ce groupe de commerçants: le manque général de vigueur et d’élan dans l’application des mesures d’accompagnement annoncées par les pouvoirs publics au lendemain de l’attentat survenu le 22 juillet 2015. «Ce jour-là, en plus des collaborateurs décédés ou gravement blessés, nous avions perdu toutes nos boutiques dans l’explosion», raconte Oumarou Adamou. Joint au téléphone par nos soins ce 1er février 2020, le porte-parole du Collectif explique aussi que «par la suite, le gouvernement avait promis de venir à notre secours dans la reconstitution de notre patrimoine». Toujours en puisant dans ses souvenirs, il évoque un groupe de travail mis en place et chargé de plancher sur l’application, le calendrier et certains détails techniques (recensement des commerçants et leurs rapports avec l’administration fiscale, nature des biens perdus notamment). «Tout ça semble s’embourber depuis 5 ans!» fulmine Oumarou Adamou.
Visions croisées
Las du silence des autorités régionales en charge du dossier, le Collectif a décidé de changer de méthode, d’accélérer et, surtout, de monter au front pour se faire entendre. Dans un mémorandum dont nous avons reçu copie, les commerçants s’adressent au ministre de l’Administration territoriale (Minat). Aux oreilles et aux yeux de Paul Atanga Nji, les «plaignants» expriment leur principal vœu: «des réponses et des actes concrets en faveur des 15 boutiques impactés par l’explosion de la bombe».
«C’est justement ce à quoi l’on s’active!», rétorque-t-on à la direction de la protection civile du Minat à Yaoundé, où l’on affirme avoir reçu le mémorandum daté du 14 novembre 2019. Dans la même institution, un agent fait observer le «caractère fourre-tout» du document tiré sur 4 pages. «À la fois, on a des noms des personnes décédées ou blessées à côté des noms des commerçants qui réclament de l’aide», argue-t-il, n’excluant pas un toilettage de la liste dans un délai que notre interlocuteur peine à préciser. Sur la foi des remontées d’informations, il indique cependant qu’à Maroua, sur la place du marché central, «tout travail avec les propriétaires des boutiques sinistrées et reconnues comme tels, c’est toujours un flot presque ininterrompu et par moment incohérent».Au moins, les activités ont repris dans cet espace commercial classé parmi les plus fréquentés de l’Afrique sahélienne. Mais ce qui reste ancré dans les esprits des uns et des autres, c’est la date du 22 juillet 2015. En début d’après-midi, deux femmes kamikazes avaient tué 13 personnes en se faisant exploser au marché central de Maroua et dans un quartier voisin. Les autorités avaient attribué l’attentat aux adeptes du groupe terroriste nigérian Boko Haram. «Le 22 juillet, j’ai entendu une explosion alors que je me trouvais au restaurant. Mon petit-frère m’a appelé quelques minutes plus tard: c’est lui qui m’a dit qu’elle avait été causée par un attentat. Il travaillait au Marché central, et l’explosion s’était produite à une vingtaine de mètres de sa boutique, dont le toit a été soufflé. Par chance, il n’a pas été blessé. Il a rouvert sa boutique, comme la plupart des autres commerçants du Marché central», relate Lawan Madi cinq ans après.
Jean-René Meva’a Amougou
Législatives et Municipales 2020 : Jeux parallèles et calibrés
Le double scrutin, dont la tenue est prévue pour le 9 février 2020, n’en finit pas d’opposer deux camps.
Comme lors de la présidentielle d’octobre 2018, entre le gouvernement et certaines formations politiques de l’opposition, l’enjeu a été dramatisé. Dans les rangs de ces dernières, l’on dénonce des calculs politiques ourdis par le premier. La ligne de fracture a pour socle le contexte sociopolitique actuel du pays. Et les arguments ne manquent pas. «Le pays gronde en raison du double échec -politique et économique- du pouvoir» évacue Maurice Kamto, dans une interview accordée à la chaine de télévision privée Équinoxe, en fin de semaine dernière.
Un discours similaire est entendu du côté du SDF (Social Democratic Front) où l’on s’affiche pédagogue. «Nous lui (à Paul Biya) conseillons sincèrement d’envisager un report de ces élections… parce que nous ne voulons pas que cet exercice se transforme en un bain de sang», prévient Joshua Osih, le premier vice-président du parti de Ni John Fru Ndi, repris par RFI (Radio France Internationale) le 29 novembre 2019.
À la conférence de presse qu’il donne le 4 décembre 2019 au siège de Dynamique citoyenne (DC) à Yaoundé, Jean-Marc Bikoko estime que la tenue des élections dans un environnement précaire constitue un ressort de nouvelles exaspérations populaires, notamment dans les régions anglophones du pays.
Constance
Il ne manque à Paul Biya qu’une longue cape et une petite baguette, car, pour le reste, le «magicien politique» dose. Le 10 novembre dernier, il a sorti de son chapeau le double scrutin (municipales et législatives) du 9 février 2020. «Au Cameroun, ce dimanche-là ne sera pas tant le jour du Seigneur que celui du vote», a assuré Paul Atanga Nji au sortir d’une conférence de presse donnée à Yaoundé le 2 décembre 2019. Aux côtés du ministre de l’Administration territoriale (Minat), René Emmanuel Sadi a dit attendre un autre gri-gri politique de Paul Biya. «Il saura prescrire toutes les mesures nécessaires pour garantir le bon déroulement des élections dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest», a affirmé le ministre de la Communication (Mincom). En tout cas, le crédo gouvernemental est passé: les élections auront bel et bien lieu.Jean-René Meva’a Amougou
Réfugiés et demandeurs d’asile : Le Cameroun dans un vaste programme
Au titre des prolongations de la 56e Journée de l’Afrique, le pays a exposé sa palette de solutions durables à la problématique des flux humains nationaux et étrangers.
Réfugiés centrafricains à Garoua Boulaï Les chiffres que dévoile le ministère de l’Administration territoriale (Minat) ce 28 mai 2019 parlent d’eux-mêmes. En territoire camerounais se trouvent près de 350 000réfugiés (dont 100 000 Nigérians fuyant les exactions de la secte Boko-Haram, regroupés essentiellement dans les zones du Mayo-Sava, du Mayo-Tsanaga, Logone et Chari dans la région de l’Extrême-Nord) et 250 000 Centrafricains regroupés dans les régions de l’Est et de l’Adamaoua. Les statistiques du Minat font également état de prés de 152 000 déplacés internes dans le contexte de la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
Solutions
À ces situations préoccupantes, le gouvernement apporte une réponse multisectorielle, reconnait le Haut-commissariat pour les réfugiés (HCR).L’organisme onusien se félicite des efforts des autorités locales dans la mise sur pied de plusieurs instruments de gestions des flux humains issus des pays voisins. L’on cite par exemple, le Comité interministériel ad hoc. Mis en place depuis le 13 mars 2014, il est placé sous la supervision du Minat. Il y a également la gestion politique des réfugiés sous la tutelle du ministère des Relations extérieures ; la signature des accords tripartites de rapatriement, dont celui signé avec l’État du Nigéria le 2 mars 2017 ; la signature prochaine de l’accord avec la Centrafrique. Pour la question des déplacés internes dans la crise anglophone, les efforts du gouvernement vont avec le plan d’assistance humanitaire, lancé le 20 juin 2018.Engagement
De l’avis des observateurs, ces actions témoignent de son engagement au respect des conventions internationales relatives aux réfugiés dont le Cameroun est signataire. Il s’agit de la Convention de Vienne de 1951 et de la Convention de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) de 1969. Ces deux instruments juridiques internationaux sont confortés par la loi de 2005 sur le statut des réfugiés et le décret d’application portant organisation et fonctionnement des organes de gestion du statut de réfugiés au Cameroun.C’est d’ailleurs une précision que la représentante du Haut-commissariat pour les réfugiés (HCR) des Nations unies au Cameroun apportera dans les échanges. Elle insistera sur la signature de l’accord de siège par le Cameroun, habilitant le HCR sur son territoire. Elle rappellera aussi le strict rôle de supervision qui est celui du HCR dans l’administration des camps de réfugiés et dans les modalités liées à leur rapatriement ou leur réinstallation.
Reste une question centrale : l’Afrique d’aujourd’hui est-elle encore hospitalière comme celle d’hier ? Selon certains, « l’ère où l’étranger était un hôte est révolue ». L’étranger est devenu un ennemi, un objet de tous les soupçons, de toutes les politiques de tri et de classification à la frontière. L’hôte n’est plus la bienvenue. Et si cet hôte fait désormais problème, c’est à cause de la massification du phénomène dû aux conflits et crises sociopolitiques internes aux États, aux persécutions, à l’insécurité alimentaire et aux changements climatiques ».
Benoît Arsène Abéga (stagiaire)
Gilbert Tsimi Evouna (GTE)
Selon nos informations, le délégué du gouvernement auprès de la Communauté urbaine de Yaoundé n’a pas été très à l’aise, à l’ouverture de la récente conférence des gouverneurs tenue à l’Hôtel de Ville de la capitale. Le « super maire » de la capitale, apprend-on, a été approché par Paul Atanga Nji, le ministre de l’Administration territoriale (Minat) pour s’expliquer sur les agissements décriés de la police municipale, lesquels sont survenus le 13 février 2019 à Yaoundé. « GTE », alias « Jack Bauer » a, révèlent des sources concordantes, dit se plier à la décision préfectorale d’interdire « Awara » pendant un mois. Durant cette période, les alinéas 1 et 2 de l’article 119 la loi N02004/003 du 21 avril 2004 qui donne les pouvoirs de police municipale en matière d’urbanisme aux maires seront mis entre parenthèses.
«Marches blanches» : En petite allure de croisière
Après une première séquence, le bras de fer entre le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) et le régime de Yaoundé est en passe connaître l’escalade.
La ville de Douala bousculée dans sa serénité, le 26 janvier 2019 Passé ce qui, sur les réseaux sociaux, est appelé «Acte I». En une journée (26 janvier 2019), le mouvement du MRC aura ressemblé à une cocotte en ébullition dans quelques localités du pays (Yaoundé, Douala, Dschang, Mbouda). La chronique retient que Me Michèle Ndoki et Célestin Njamen sont devenus des figures médiatiques du mouvement. Sur la foi des images disponibles sur la toile, la première tout comme le second ont reçu chacun une balle «réelle ?» au pied.
Ailleurs, en France et en Allemagne notamment, des images de mise à sac des représentations diplomatiques du Cameroun dans ces pays-là circulent. Pour certains analystes, le mouvement va bien au-delà de la simple com’. Tous les décryptages instantanés tiennent compte de son ampleur. Appréciant le cran et l’ardeur des marcheurs, Maurice Kamto fait valoir que «le peuple, lui, semble avoir compris la leçon des derniers mois et se déclare par conséquent prêt à une confrontation directe, nécessairement aporétique et hystérique avec l’exécutif, qui l’a bien cherché puisqu’il avait même érigé cela en méthode». «On ne s’attendait pas à un tel engouement, il y a une vraie soif de démocratie, de débat», confie le président du MRC, candidat à la dernière élection présidentielle au Cameroun. Le temps n’a pas modifié l’opinion de l’agrégé de droit sur sa «victoire» à ce scrutin. In fine ses les marches blanches sont l’expression du «droit contre le hold-up électoral».
Riposte
Secoué, le gouvernement a coupé court à cette dynamique. A Yaoundé et à Douala, au nom de l’ordre public, les forces de sécurité ont dispersé les militants, «faisant montre de maitrise et de professionnalisme, les forces de maintien de l’ordre ont dû procéder à des mises en demeure (…) non suivies d’effets de la part des manifestants», selon René Emmanuel Sadi. 124 personnes interpellées et 6 autres blessées, brandit le ministre de la Communication (Mincom) au cours d’une conférence de presse donnée conjointement avec Paul Atanga Nji, ministre de l’Administration territoriale (Minat). Devant la presse nationale et internationale, les deux membres du gouvernement sont formels: «le MRC veut inciter nos compatriotes à braver l’ordre républicain».Perspectives
Alors que «l’acte II» de sa mobilisation s’annonce pour cette semaine et qu’un grand débat national est lancé, le mouvement initié par Maurice Kamto semble se trouver à la croisée des chemins. Contre-débat sur les réseaux sociaux, nouvelles actions de terrain… comment se réinventer pour ne pas s’essouffler? Sur les plateformes numériques, les partisans s’interrogent de plus en plus : comment continuer à exister et à peser dans le débat public? Le mouvement doit-il se réinventer, se réorganiser? Et si oui, sous quelle forme? Des questions qui reçoivent pour l’heure autant de réponses que le mouvement comprend de tendances.
Les uns penchent clairement pour un tout autre rapport de force: la grève générale. Cette action doit être menée en coopération avec des syndicats de transporteurs. Le socle de leur position est l’hystérisation du langage opérée par le pouvoir lui-même. «Engagé résolument dans un traitement répressif du mouvement, ce dernier va nous trouver sur sa route», avertit un internaute-militant.A côté, les autres font le point sur les revendications et sur les modes d’action, puis réflexion sur une éventuelle restructuration du mouvement. Doit-on créer des associations départementales, régionales? Devons-nous nommer des délégués par localité pour éviter que certains s’autoproclament porte-paroles? Des questions qui laissent présager que tout n’est pas fini.
Jean-René Meva’a Amougou
All Anglophone Conference: Here we are !
Face aux enjeux stratégiques, sécuritaires et symboliques de l’événement, les autorités se font une idée claire des axes du conclave porté par Mgr Christian Tumi et compagnies.
Christian cardinal Tumi, pour le retour de la paix en zone anglophone Au ministère de l’Administration territoriale (Minat) où sa silhouette apparaît en cet après-midi du 15 novembre 2018, Bernard Okalia Bilaï ne dit aucun mot sur sa présence à Yaoundé. Bien servi par l’octroi d’une cinquantaine de véhicules aux autorités administratives du pays, le gouverneur de la région du Sud-ouest distille plutôt une ode à la gloire de Paul Biya. À l’orée d’un long descriptif du geste présidentiel, Paul Atanga Nji indique, dans un format resserré, que l’administrateur civil est dans la capitale «pour une réunion».
«All Anglophone Conference»
Si l’on peut tirer un trait sur sa forme, le fond de ce propos que sert le Minat à la presse dessine un fait inhabituel. Évitant de s’affranchir totalement de l’obligation de réserve, une source dans l’entourage protocolaire de Bernard Okalia Bilaï permet de picorer quelques miettes d’informations. «Il y a cette affaire de la conférence», souffle vaguement cette source à une poignée de journalistes.À l’interprétation, il s’agit bien de la Conférence générale anglophone, la «All Anglophone Conference», une initiative scandée par quatre religieux camerounais (le cardinal Tumi, l’imam de la mosquée centrale de Bamenda, l’imam de la mosquée centrale de Buéa et le rapporteur de l’Assemblée presbytérienne du Cameroun) en vue de trouver une solution durable à la crise sociopolitique dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest du pays. Avec sa hiérarchie, Bernard Okalia Bilaï est venu faire le point, eu égard aux enjeux stratégiques, sécuritaires et symboliques de cet événement étalé sur deux jours (21 et 22 novembre 2018), selon le programme décliné par le comité d’organisation. Même si la tenue de cet événement n’a pas encore été formellement validée par les autorités de Yaoundé, il reste qu’un programme global d’actions à mener à court, moyen et long termes a été discuté.
Sur ce point, il y a lieu de croire qu’un point d’honneur est mis sur le profil des invités. Sur la foi des déclarations du cardinal Christian Tumi, sur le site internet de Radio France internationale (RFI) le 4 août 2018, il s’agit de tous «les anglophones, de toutes les tendances, unionistes, fédéralistes et séparatistes». Le prélat a même élargi cette « fourchette » le 14 novembre dernier au cours d’une conférence de presse à Douala. De lui, l’on a appris que «la conférence générale des anglophones réunira toutes les personnes désireuses de participer à ces assises, à la seule condition que celles-ci aient des ancêtres issues du Nord-ouest et du Sud-ouest, ou même que leurs familles s’y soient installées avant 1961».
Il est également autorisé de croire que des craintes ont été évoquées au cours de la «réunion» regroupant le Minat et le gouverneur du Sud-ouest. Ces craintes se situeraient autour des effets à court terme de la «All Anglophone Conference». Les séparatistes ayant déjà formulé des menaces de mort à l’endroit de l’un des architectes des rouages de l’événement, le Dr Simon Munzu. Comme celle de beaucoup d’autres citoyens, la position fédéraliste de l’ancien secrétaire général adjoint des Nations unies en tant que solution à la crise anglophone a été vivement critiquée par une section de militants prônant la sécession.
Parmi les craintes, il y aurait aussi celle liée au lieu de la conférence. On se souvient qu’en fin juillet dernier, Patrick Ekema avait appelé le gouvernement à interdire les assises. Le maire de Buea serait-il revenu à de meilleurs sentiments ? Rien ne filtre. Toutefois, selon un agenda ficelé par le cardinal Christian Tumi le 14 novembre 2018 à Douala, les conclusions de Buea seront soumises aux autorités de Yaoundé.
Jean-René Meva’a Amougou
73ème journée des Nations unies à Yaoundé : L’alter écho d’une célébration
Les 10 agences onusiennes menant des activités au Cameroun attendent le quitus des autorités locales sur les modalités de déploiement dans la partie anglophone du pays.
Une minute de silence en mémoire de Kofi Annan, était inévitable le 24 octobre dernier au ministère camerounais des Relations extérieures (Minrex). Au moins pour l’ancien secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU) décédé le 18 août 2018 à Berne (Suisse), entre autorités locales et le gratin onusien, il n’y a pas de dissonance de voix. Accord parfait également des deux parties sur le thème choisi cette année: «L’énergie comme moteur des objectifs de développement durable au Cameroun».
Chiens de faïence
Seulement, pour qui a franchi l’hinterland de cette 73e journée des Nations unies à Yaoundé, on a sans doute mesuré qu’un vent fort souffle entre le système que coordonne Allegra Maria Del Pilar Baiocchi et le gouvernement local, au sujet du déploiement de 10 agences onusiennes au Nord-ouest et au Sud-ouest. C’est d’ailleurs ce qui justifie la tenue, le 23 octobre 2018, au ministère de l’Administration territoriale (Minat), d’une réunion. Autour de la table, Paul Atanga Nji (le Minat) et une délégation conduite par Allegra Maria Del Pilar Baiocchi. À l’ordre du jour : les axes d’intervention des démembrements de l’ONU en zone anglophone.Cité par le quotidien Cameroon Tribune le lendemain, Paul Atanga Nji est plus précis. «Il est question de s’asseoir, de mettre en place un document qui sera soumis au gouvernement pour approbation. Ainsi, ils pourront se déployer sur le terrain sur la base d’un document consensuel», détaille le Minat.
Garde-fou
«Par-delà les mots, un autre facteur structure cette position», fait remarquer Françoise Mouyenga. Saluant la posture prudente du gouvernement, la consultante du Centre de recherche et d’Études politiques et stratégiques (CREPS) de l’Université de Yaoundé II convoque l’Histoire. De son point de vue, «le prétexte du déploiement humanitaire, on l’a vu ailleurs, permet aux gens de s’immiscer dans les rapports humains et fractionner davantage la société». Pour elle, «une feuille de route préalablement élaborée et approuvée par les deux parties reste un gage pour ne pas subir, et être en capacité de prévoir».
Concrètement, le gouvernement camerounais veut comprendre l’offre du système des Nations unies au Cameroun dans le cadre de la crise anglophone.Surtout que dans un communiqué diffusé le 25 juillet 2018, l’ONU avait clairement souligné que les territoires anglophones font face à des violences fondées sur une «discrimination structurelle» qui va croissant depuis 2006. L’organisation planétaire touchait ainsi au délicat sujet des droits de l’Homme, objet de plusieurs controverses dans la zone. D’ailleurs, à la faveur de cette 73ème journée des Nations unies, Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU, a réitéré l’obsession de l’organisation qu’il dirige face à cette thématique. «Les droits de l’homme sont violés dans de nombreux endroits. Mais nous ne baissons pas les bras, car nous savons que le respect des droits de l’homme et de la dignité humaine est une condition fondamentale de la paix. Les conflits se multiplient. Les populations souffrent, mais nous ne baissons pas les bras parce que nous savons que chaque homme, chaque femme et chaque enfant méritent une vie de paix», a-t-il dit.
Jean-René Meva’a Amougou
En attendant la proclamation officielle des résultats de la présidentielle : Le Cameroun retient son souffle
Le pays est en attente de la publication des résultats de la présidentielle du 7 octobre. En cas de défaite, Paul Biya est-il disposé à quitter le pouvoir? «Nous assistons à une compétition très disputée avec une saine émulation, mais le président sera réélu largement», clamait déjà Grégoire Owona au soir de ce scrutin. Interrogé par la version en ligne du journal français Le Monde, le ministre du travail et secrétaire général adjoint du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) ajoute : «ce sont les Occidentaux qui se lassent rapidement de leurs présidents, mais la chefferie dans la culture bantoue, c’est pour toute la vie. Le chef meurt au pouvoir».
Le message est clair : Paul Biya restera au pouvoir tant que Dieu lui prête vie. Son entourage fait tout pour l’y maintenir : instrumentalisation de la haine tribale, fraudes, intimidations, manipulations autour de l’observation du scrutin… Le régime Biya ne recule devant rien. Maurice Kamto en fait l’amère expérience depuis quelques jours. Le candidat du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) est mangé à toutes les sauces depuis qu’il a revendiqué «sa victoire» le 8 octobre dernier à travers une conférence de presse donnée au siège de son parti à Yaoundé.
Elections
Les autorités de Yaoundé et l’omerta sur les résultats
Pourtant rendus publics à la suite du dépouillement dans chaque bureau de vote, les autorités laissent passer dans l’opinion publique que leur publication est interdite par le code électoral.
Le ministre de l’Administration territoriale Maurice Kamto a relancé le débat sur la légalité de la publication des résultats issus des bureaux de vote au Cameroun. Dès le 8 octobre, le candidat du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) a convoqué la presse et fait cette déclaration: «J’ai reçu mission de tirer le penalty, je l’ai tiré et je l’ai marqué. J’ai reçu du peuple un mandat clair que j’entends défendre jusqu’au bout». Au sein du gouvernement et du Rassemblement démocratique du peuple camerounais et des partis politique alliés, c’est le tollé. Issa Tchiroma Bakary, Paul Atanga Nji et jean Nkuete sont tous sortis pour indiquer que l’agrégé des facultés françaises de droit s’est mis hors la loi.
Pour les ministres de la Communication et de l’Administration territoriale, autant que pour le secrétaire général du comité central du RDPC (parti au pouvoir), l’ancien ministre délégué auprès du ministre de la Justice aurait violé l’article 137 du code électoral. «Le Conseil constitutionnel arrête et proclame les résultats de l’élection présidentielle dans un délai maximum de quinze (15) jours à compter de la date de clôture du scrutin», indique, laconique, cet article. «Se déclarer président élu, c’est s’autoproclamer président de la République en contravention de la loi électorale», estime le politologue Mathias Owona Nguini.
Black-out
Durant pratiquement toute la semaine dernière, c’est ce discours que certains médias ont relayé, obligeant le MRC à réagir. «La sortie récente de Maurice Kamto reste en accord avec la loi», défend Bibou Bibou Nissack. Pour étayer sa position, le porte-parole de Maurice Kamto s’appuie lui aussi sur le code électoral, précisément sur l’article 113. «Immédiatement après le dépouillement, le résultat acquis dans chaque bureau de vote est rendu public», indique cette disposition. Pour le MRC, «revendiquer ces résultats rendus publics n’est pas s’auto proclamer président de la République». «Personne n’est dupe. Et ceux qui essayent de monter cela en épingle savent dans quel dessein ils le font», commente le porte-parole de Maurice Kamto.
Depuis l’élection présidentielle de 2011, le pouvoir de Yaoundé essaie d’imposer un black-out sur les résultats pourtant rendus publics après le dépouillement dans chaque bureau de vote.Quelques mois avant cette élection, la loi portant création d’Election Cameroon (Elecam), l’organe chargé de l’organisation des élections, avait été modifiée. L’article 6 alinéa 2 de cette loi qui disposait que le Conseil électoral «rend public les tendances enregistrées à l’issue du scrutin» avait été supprimé. Depuis, les autorités somment les médias à s’abstenir de publier les résultats, afin de mettre les citoyens devant le fait accompli. Ce d’autant plus que les décisions du Conseil constitutionnel ne sont pas susceptibles de recours.
Nombre d’experts soutiennent pourtant que la publication des résultats ou la revendication de sa victoire ne sont en rien interdites par la loi. «Selon la loi en la matière, c’est le Conseil constitutionnel qui est l’organe chargé de proclamer les résultats d’une élection présidentielle. Mais il n’est pas interdit à un candidat, lorsqu’il a les résultats, de dire qu’il a gagné ou pas». Les bons usages démocratiques veulent d’ailleurs que les perdants félicitent le gagnant avant la proclamation officielle des résultats. «Si Kamto avait fait cette sortie pour reconnaitre sa défaite. Il aurait été certainement canonisé. Tout le tollé qui a suivi sa déclaration montre simplement que Paul Biya n’est pas prêt à quitter le pouvoir peu importe le verdict des urnes», commente agacé, un sociologue qui dit avoir voté pour Maurice Kamto.
Aboudi Ottou
Election présidentielle
Les chefs de la Mifi redoutent la révolte populaire
Ils ont commis une déclaration vendredi dernier à Bafoussam.
Le chef supérieur Bafoussam remettant la déclaration au préfet Y aura-t-il soulèvement après la proclamation des résultats de la présidentielle ? La question préoccupe les chefs traditionnels du département de la Mifi. Ils se sont réunis vendredi dernier 12 octobre 2018 dans la salle des actes de la Caplami, pour analyser le climat social qui règne au lendemain de la présidentielle dans le département de la Mifi. Sous la conduite de sa majesté Njitack Ngompé de bafoussam, entouré pour la circonstance de ses majestés Moumbe Fotso de Bamougoum, Tale de Baling, Dojo de Bali, Negou de Badin, les chefs traditionnels de la Mifi constatent que le scrutin du 7 octobre s’est déroulé dans la paix, la sérénité et la convivialité sur l’ensemble du territoire national et dans le département de la Mifi en particulier.
Seulement, ils sont préoccupés par le contexte sociopolitique et des déclarations associées à des attitudes de certains camerounais, qui selon eux «sont de nature à troubler notre vivre ensemble, réalité palpable dans notre Mifi, plus qu’ailleurs, et si cher au peuple camerounais». Aussi, ces chefs traditionnels commettent une déclaration qui «condamne énergiquement toute incitation au désordre, à la haine, à la rébellion et/ou à toutes formes de violence qui tendraient à déstabiliser notre pays». Ces chefs traditionnels qui associent les chefs de communautés, les notabilités coutumières et les forces vives du département dans leur démarche «invitent nos populations à dénoncer toutes manœuvres visant à troubler l’ordre public dans notre département, voire dans le Cameroun en général».
Ils en appellent aux Camerounais de garder un esprit républicain, dans l’attente des résultats qui seront proclamés par le conseil constitutionnel. Par ailleurs, ils réaffirment leur attachement à la paix, «aux institutions républicaines et ainsi qu’à ceux qui les incarnent, au sentiment du vivre ensemble afin de continuer à œuvrer pour le développement de notre nation, qui a toujours su se caractériser par sa diversité culturelle, linguistique et religieuse». Après cette rencontre de la salle des actes de la Caplami, les chefs traditionnels et certains de leurs notables et élites se sont déportés aux services du préfet de la Mifi. Ici, ils ont, après avoir dévoilé le contenu de leur déclaration remis copie au préfet. Ce dernier a promis transmettre cette déclaration à qui de droit.
Zéphirin Fotso Kamga
Crédibilisation du scrutin
Que valent les avis des observateurs électoraux
La quasi-totalité des missions d’observation nationales et à grande notoriété internationale ont salué l’organisation de la présidentielle du 7 octobre. En faisant le black-out sur les manquements dénoncés par des candidats en lice.
Les vrais-faux observateurs de Transparency International L’Union africaine, la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC), la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), l’Institut panafricain d’assistance électorale (IPAE). Voilà quelques-unes des organisations ayant envoyé des missions d’observation au Cameroun à l’occasion de l’élection présidentielle du 07 octobre 2018. Dirigée par l’ancien Premier ministre togolais Artheme Kwesi Ahoomey Zunu, la mission de l’Union africaine conclue que «l’élection s’est déroulée dans un contexte de défis opérationnels, sécuritaires et politiques».
Dans sa déclaration préliminaire du 9 octobre, la mission donne le verdict d’une élection calme, aux procédures pour l’essentiel respectées. Toutefois, les recommandations formulées à la page 9 de ladite déclaration sont de nature à inviter à une réforme de la loi électorale. Il y est proposé l’abaissement de la majorité électorale (18 ans), l’adoption du bulletin unique, l’instauration d’un dialogue politique inclusif, la clarification des circonstances de désistement… La mission exhorte par ailleurs «toute la classe politique ainsi que les candidats, à accepter le verdict des urnes librement exprimés».
Dans la région, la CEEAC et la Cemac dégagent un satisfecit global de l’ensemble du cycle, allant de la campagne au scrutin. Seul bémol au tableau : les violences dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest en proie à une crise sécuritaire depuis deux années. Aucune réaction sur les accusations supposées ou établies de coupures d’électricité et les violences subies par certains scrutateurs dans des bureaux de vote.
Société civile
Les organisations de la société civile (OSC) camerounaise se sont également investies dans l’observation de ce scrutin présidentiel. More women in politics, organisation nationale pour la réinsertion sociale ou les experts judiciaires du Cameroun sont quelques OSC à avoir fourni ce travail pas aisé. Justine Diffo Tchunkam, Coordonatrice de More Women in Politics, interviewée par le quotidien gouvernemental Cameroon Tribune, dit n’avoir «jamais vu un processus électoral aussi bien organisé». La juriste d’affaires, qui a battu campagne pour le candidat Paul Biya, lance un appel à ses «ainés» et «collègues» «qui veulent nous gouverner, en leur qualité d’éducateurs, de formateurs de consciences, à faire preuve d’un patriotisme exemplaire, gage de crédibilité de ce leadership transformationnel».Le 9 octobre 2018, l’organisation dénommée «Observatoire du développement sociétal » dépose une plainte chez le commissaire du gouvernement près le tribunal militaire de Yaoundé. Le requérant reproche à Maurice Kamto et à Paul Eric Kingue des faits de «sédition d’appel à la haine et au soulèvement populaire». Motus et bouche cousue sur les accusations de fraude électorale formulées par le parti MRC de Maurice Kamto.
Ce qui questionne finalement la crédibilité des missions d’observation. L’affaire de la vrai – fausse observation des élections par Transparency International achève d’enfoncer le clou de la suspicion. «Un récent reportage télévisé présentant des individus décrits comme travaillant pour Transparency International est faux et mensonger». Cette mise au point est apparue sur le site internet de l’organisation le mardi 9 octobre 2018. L’organisation de lutte contre la corruption affirme n’avoir aucune mission internationale d’observation des élections au Cameroun. Cette mise au point faisait suite à la diffusion d’un reportage au journal télévisé de 20h du 8 octobre sur les antennes de la CRTV, la chaine de télévision à capitaux publics.
Pareille forfaiture amène à s’interroger sur le processus d’accréditation des missions d’observation électorale au Cameroun. Sur la CRTV, Raphael Kalfon, Nurit Greenger, Amanda Benzekri, Yamina Thabet et leur compère saluent la transparence, l’afflux des électeurs et les innovations de cette élection au Cameroun. Au même moment, dénonçant de graves irrégularités, des candidats à cette élection saisissent le Conseil constitutionnel pour solliciter l’annulation soit partielle soit totale du scrutin. D’où la demande du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) portant sur «l’ouverture d’une enquête publique sur ces faux agents de Transparency».
Zacharie Roger Mbarga
Lendemains d’élection
Montée en puissance du discours va-t-en-guerre
La violence verbale rythme l’environnement post – électoral au Cameroun. Décryptage.
Au quartier Anguissa de Yaoundé, le 9 octobre 2018. Nous sommes au siège de l’Organisation non gouvernementale «Dynamique Citoyenne». Jean-Marc Bikoko et son équipe procèdent à une «évaluation citoyenne du scrutin du 7 octobre 2018». La presse nationale et internationale est toute ouïe. Face aux journalistes, le point focal du réseau des organisations de la société civile camerounaise décline son constat : «le discours va-t-en-guerre orne l’après-élection au Cameroun». «Porté par Atanga Nji, poursuit l’activiste de la société civile, ce discours est la métaphore de toutes les angoisses du pouvoir en place en proie à un doute existentiel». Vue à partir de la fenêtre de Dynamique citoyenne, cette situation est l’une des causes de la bataille post-électorale au Cameroun. «L’excès de zèle et la dérive autoritaire du ministre de l’Administration territoriale (Minat) à travers des déclarations intempestives et certaines prises de positions maladroites ne résisteront pas sur la durée», postule Jean-Marc Bikoko.
Dans le fond, la communication de ce démembrement de la coalition internationale «Tournons la page» ne s’encombre pas de nuances subtiles. D’autant plus que l’ONG s’appuie sur un élément fondamental : la séquence communicante qui a rythmé toute une soirée télévisuelle au lendemain du vote. Celle-ci montre en effet un Paul Atanga Nji dans un magistère de pédagogie obstinée. Sans concession, irréductible, le Minat déploie une rhétorique frontale, pour sermonner une opposition se revendiquant «d’acier», incarnée par Maurice Kamto et ses lieutenants politiques. Dans la foulée, on se remémore la métaphore menaçante prononcée par le secrétaire permanent du Conseil national de la sécurité le 5 octobre 2018 à Yaoundé: «la révolution est essentiellement carnivore ; elle se nourrit du sang de ceux qui l’ont organisée». Implicitement, la formule est reprise ce 12 octobre 2018 au cours d’une conférence de presse des partis alliés au RDPC (Rassemblement démocratique du peuple camerounais) dans un hôtel de Yaoundé.
Regards
«La trace du discours va-t-en-guerre se retrouve dans la résonance particulière de chaque mot du Minat», théorise Fabrice Takeudeu. Selon ce linguiste, «ce discours est construit tel que les fantassins devraient courir le plus vite possible vers l’ennemi pour arriver sur lui avant qu’il ait pu recharger». Allusion faite à la sortie du leader du MRC (Mouvement pour la renaissance du Cameroun) le 8 octobre 2018. «Nous avons eu des représentants dans presque tous les bureaux de vote du pays. Les résultats qu’ils ont collectés nous donnent largement en tête», déclare le président du MRC.Si ce n’est pas de l’appel à la guerre civile, ça y ressemble énormément, du point de vue de Paul Atanga Nji, tout au moins. Contre le «tireur de pénalty» et d’autres qui ont l’outrecuidance d’émettre des critiques publiques visant à discréditer le scrutin du 7 octobre 2018. Le langage musclé, verni de quelques formules de rappel à l’ordre, est brandi. Sur ce plan, le troupeau gouvernemental reprend en chœur les mêmes éléments de langage, n’hésitant pas à baigner dans la mauvaise foi la plus complète, comme dans le cas des «observateurs de Transparency International».
«Cette vulgate abusivement répandue donne le sentiment d’être gouvernés de haut, de trop haut», observe Jean-Marc Bikoko. Il ajoute que «prononcés par ceux qui font semblant d’être des parangons de lucidité, les mots durs ferment le ban de la paix». Sur la même veine, le politologue Belinga Zambo déplore : «le discours de domination après une élection lance inévitablement des punchlines qui retombent lourdement sur la popularité de ceux qui le tiennent ; ce discours est porteur pour des dynamiques scandaleuses ou belliqueuses».
A l’observation, un dispositif de rétorsion fait le lit de ces dynamiques. Dans les colonnes du journal français La Croix (édition du 9 octobre 2018), Maurice Kamto note une forte présence sécuritaire autour de sa maison : «il y a un rideau de policiers en civil autour de chez moi et un peu plus loin, un rideau en uniforme», décrit-il. «En érigeant partout des pare feux à la fonction plus provocatrice que dissuasive, dans le camp du gouvernement, il semble que l’heure n’est plus à l’économie comportementale», conclut Belinga Zambo.
Jean René Meva’a Amougou
Intimidations
Les QG de Kamto et Cabral Libii sous haute surveillance
Au lendemain de l’élection présidentielle, des forces de l’ordre ont pris position devant les sièges du parti MRC et du parti Univers.
Devant le QG de Maurice Kamto à Nlongkak Quartier général (QG) de Maurice Kamto à Nlongkak dans le premier arrondissement de Yaoundé. Des forces de l’ordre et des agents de renseignement campent. En tenue pour la plupart, ils intimident en se stationnant en face des bureaux où se tiennent les conférences de presse et le travail d’analyse des procès-verbaux venus des localités reculées. Ce10 octobre, ils seraient mêmes passés à l’offensive. «Hier, lors de la conférence de presse du porte-parole du candidat Maurice Kamto, le bâtiment a été pris d’assaut par la police, la gendarmerie et les services de renseignement. Et même après la conférence, ils ont encore fait plus de trois heures en bas de l’immeuble», raconte un militant ayant requis l’anonymat. Il a fallu que les militants et les autres locataires dudit immeuble sortent des arguments juridiques pour dissuader les bidasses.
Des hommes en tenue sont aussi visibles au QG de Cabral Libii à Nkoldongo, dans le quatrième arrondissement. «Cela ne nous rassures pas», commente un responsable du parti Univers. C’est cette formation qui a investi Cabral Libii comme candidat à l’élection présidentielle du 7 octobre. Afin de veiller les uns sur les autres, les militants et sympathisants qui s’engagent à aller dans les sièges de parti et les QG de leurs candidats informent régulièrement leurs proches de la situation et font un effort de rester en contact avec les autres collègues. D’autres se font tout simplement discrets en attendant la proclamation des résultats.
Dans le même registre des intimidations, le trésorier adjoint du MRC est en détention depuis quelques jours.Il est officiellement reproché à Okala Ebode d’avoir endommagé une urne. Ce que remet en cause le parti de Maurice Kamto. «Okala Ebode, se rendant le 7 octobre dans son bureau de vote à Mvolyé pour accomplir son devoir citoyen, a découvert que quelqu’un d’autre avait déjà voté en son nom. Et son crime est d’avoir protesté», explique Bibou Nissack. A en croire le porte-parole de Maurice Kamto, le MRC le considère désormais comme un prisonnier politique. «La curiosité ici c’est que Maurice Kamto a reçu une fin de non-recevoir lorsqu’il a demandé à rencontrer Okala Ebode.
Il s’est entendu dire : « nous allons référer à notre hiérarchie [entendu le délégué général à la sureté national (DGSN)] ». Le DGSN a fait savoir que lui aussi devait référer à la très haute hiérarchie, à savoir la présidence de la République… C’est la raison pour laquelle nous considérons désormais Okala Ebode comme un prisonnier politique», ajoute Bibou Nissack. Sur le web, une campagne pour sa libération est en cours.
Outre l’arrestation de leur camarade, le parti de Maurice Kamto dit également être sans nouvelles de certains de ses représentants dans les bureaux de votes envoyés dans la région de l’Extrême-Nord. «Dans le temps où les communications sont interrompues, nos représentants ont été pourchassés, retrouvés et les PV en leur possession détruits. Et au moment où nous vous parlons, nous devons avouer que nous avons perdu définitivement le contact avec certains d’entre eux. Nous sommes dans l’impossibilité de vous dire ce qu’ils sont devenus», informe, inquiet, le porte-parole de Kamto.
André Balla, stagiaire
Post scriptum
Je suis Bamiléké…
Je suis est né et j’ai grandi à Douala jusqu’à l’âge de 18 ans.
C’est à cet âge que j’ai pu me rendre au village de mon père, à Foreke-Dschang, tout seul, sans guide. D’ailleurs, mon père, le Bamiléké, n’avait jamais cessé de rappeler à ses enfants, avec ironie, qu’ils sont des Duala. Au fond, c’est ce que nous sommes, mes frères, mes sœurs et moi-même car, peu de personne nous connaissent sur les collines du village de papa et celui de maman. Là-bas, je ne peux gagner une élection. C’est pareil pour mes cousins qui ne connaissent que Bonadibong, ce quartier de Douala, qui est leur pays natal. La seule langue camerounaise qu’ils parlent est le Duala.Quant à moi, je suis un garçon de Bessengue et j’ai fait l’école primaire à Akwa. Mes camarades et amis s’appelaient Bekoko, Ndedi, Ndome, Kingue, Lobe, EbelleNgomba ou encore Ebanda Ngoko. Comment oublier l’élève Pio, qui était non seulement brillant mais aussi très bon dessinateur. Que dire de mes instituteurs, tous exceptionnels sans être des Bamilékés : mesdames Sokol et Ngabena, ainsi que de M. Wanack, pour ne citer que ceux-là. Au secondaire, j’ai été l’éternel deuxième en classe de 6e, derrière Mansourou Sinata Maliki. En cinquième, j’ai certes pris ma revanche, mais Mansourou restait un concurrent sérieux au rang de premier de la classe. Et il n’était pas seul. Il y avait tous les autres camarades non Bamilékés, à l’instar de Mbenoum Njanal ou de Njoh Engome Banimbeck était la benjamine, et de loin la plus brave.
Elle qui, depuis la classe du CM1, décrocha avec brio le concours d’entrée en 6e et le CEPE. Au cours de mes années de lycée, l’un des enseignants à qui je dois l’usage rigoureux de la langue française s’appelle Bekono Aniouzoua. Il eut aussi M. Bissohong, le prof de SVT, qui voulut m’orienter en série D. En classe de première, ma bande de joyeux copains était composée d’Atoume, de Ngo Goi, Ndobo Bassime, Tchoffa et Yemi. J’étais le seul Bamiléké. Nous formions un sacré groupe d’étude, qui obtint 100% de réussite au probatoire puis 50% au baccalauréat. L’année suivante fut la bonne pour les trois recalés. Parti poursuivre mes études à Yaoundé, je suis tombé amoureux du Bikutsi, rythme musical des peuples de la forêt. Moi, l’enfant de Douala, moulé au Makossa. Moi, qui sais peu de chose des rythmes Bamilékés.
Moi qui suis émerveillé par le talent de Charlotte Dipanda autant que par celui de KareyceFotso. Etudiant, je suis si souvent tombé amoureux des filles Bassa’a ; et j’ai fini par vivre une belle histoire. J’ai été martyrisé par plusieurs de ces «Ngo». Mais c’est sans rancune. D’ailleurs j’ai finalement vécu une belle histoire d’amour avec l’une d’elles, sur les bancs de l’université. Jeune journaliste, j’ai découvert avec émerveillement le peuple et la culture du grand Mbam ; et j’ai même secrètement nourri le fantasme d’épouser un jour une de ces « Mbamoises », belles, élancées, intelligentes, généreuses mais caractérielles. Le journaliste que je suis aujourd’hui travaille sans relâche pour tenir la compétition au moins dans ma génération. Je suis admiratif des travaux de Monique Ngo Mayag, Rita Diba, Monica Nkodo, Patricia Ngo Ngouem ou Steve Libam. Encore des non Bamilékés.
Le Bamiléké que je suis vient d’être frappe par le malheur.
Parmi les six personnes venues à domicile me donner du réconfort, il y a Ebah, Tsala, Kenembeni et Ngo Mayag.
Une certaine Nogo est venue également chez moi après mon mariage. Que de non Bamilékés. L’homme que je suis devenu se bat pour que sa progéniture porte les noms de nos héros, de nos icônes au plan national et africain : Um Nyobe, OsendeAfana, Ouandie, Moumie, Mandela, Makeba ou encore Evora. Je ne suis ni le plus intelligent, ni le plus travailleur, ni le plus méritant, ni le plus honnête. Oui je suis Bamiléké par mes origines que je n’ai pas choisies. Mais je suis un banal Camerounais, fruit d’un parcours de vie, d’une trajectoire unique parce qu’elle m’appartient et à personne d’autre.
Chaque Bamiléké est donc unique, comme tout individu l’est d’ailleurs. Il n’existe donc pas un spécimen Bamiléké aux caractéristiques définies, auquel appartiennent toutes les personnes issues ou se revendiquant de ce peuple.
Alors tu as tort Jean de Dieu Momo.Yannick Assongmo Necdem,
chef service politique
au quotidien Le Jour
Business : Atanga Nji «flingué» par les armuriers
Selon des indiscrétions glanées dans le secteur, il n’y a rien de sincère dans les compromis qui ont conduit à la levée de la mesure interdisant les ventes d’armes et des munitions dans certaines régions.
Des armes de chasse en vitrine Paul Atanga Nji vient de lever la mesure portant fermeture des armureries dans six régions du pays (Adamaoua, Centre, Littoral, Ouest, Nord-ouest et Sud-ouest). Elle était en vigueur depuis le 4 avril 2018. Après des heures de discussions avec le ministre de l’Administration territoriale (Minat), les marchands d’armes et autres accessoires de chasse ont décidé de mettre beaucoup d’eau dans leur vin, et de souscrire à certaines exigences régaliennes. Ils acceptent notamment d’obtenir préalablement une autorisation de l’administration territoriale pour toute commande d’armes et de munitions, tant à l’importation que sur le marché local.
Autre point d’accord entre les propriétaires d’armureries et Paul Atanga Nji : le quota annuel des commandes. Désormais, celui-ci sera attribué à chaque opérateur par le Minat. Bien plus, aucun importateur ne sera autorisé à ouvrir des armureries dans plus de quatre régions ni à disposer de plus de deux magasins dans une même région. Toute tentative d’ouverture d’une agence sous un prête-nom exposera le promoteur au retrait définitif de son autorisation.
Béni oui-oui
Selon l’engagement pris par les opérateurs du secteur à l’issue des réunions des 4 et 5 septembre 2018, un point d’honneur est mis sur la communication des données marchandes. En effet, les propriétaires d’armureries ou leurs agents sont tenus de communiquer, chaque semaine, à l’autorité administrative territorialement compétente (préfet et sous-préfet), la liste exhaustive des acquéreurs d’armes et de munitions, leurs identités, assorties des autorisations correspondantes.
Sur le terrain, toutes ces bonnes intentions sont consacrées par la réouverture des points de vente d’armes dans les régions citées supra. D’où une motion de soutien adressée au président de la République. Dans ce document dressé le 5 septembre 2018 à Yaoundé, le Collectif des armuriers du Cameroun (CAC) écrit : « Considérant la magnanimité, la longanimité, l’esprit de tolérance et de clairvoyance qui vous ont amené à ordonner la réouverture des armureries à travers le territoire national pour accorder une nouvelle chance à leurs promoteurs, ce en dépit des dérives relevées dans ce secteur et les problèmes d’insécurité inhérents et subséquents ».Cela démontre que le «piège» a fonctionné. Il a surtout servi à refroidir la détermination de Paul Atanga Nji, porté à mieux contrôler ce business sensible. Selon nos informations, un plan doucereux a été conçu pour contrer l’intransigeance du Minat. « Tout accepter, pourvu que le business reprenne officiellement », souffle un aide-armurier basé à Yaoundé. Une autre source est plus claire: « Quand nous allions là-bas (au Minat, NDLR), il ne fallait plus vexer le ministre. Ses exigences étaient à prendre ou à laisser. On a convenu d’accepter tout pour sauver nos investissements ».
« Apaches »
Pour tout couronner, un armurier ayant fortement requis l’anonymat, précise que « le marché des armes et des munitions au Cameroun est régulé par deux personnes qui fonctionnent avec de faux papiers ». À l’en croire, l’un de ces «barons» a, le 15 mai 2018 au quartier Nkondongo (Yaoundé IV) convoqué une réunion restreinte des vendeurs d’armes des régions du Centre et du Littoral. Au cours de ladite rencontre, « c’est là où ils ont tout arrêté. Faire baisser la tension du ministre pour permettre aux autres clandestins d’écouler leurs stocks ».
Si cela est à prendre avec beaucoup de mesure, il convient d’admettre que le secteur fourmille d’«apaches » (nom donné aux armuriers sans autorisation ou qui ont de faux papiers) de grands ou de petits gabarits. « Autour des plus distingués, ces clandestins constituent un puissant lobby aux énormes tentacules». Du matériau pour expliquer la circulation illégale de plus 23 000 armes de divers calibres sur l’étendue du territoire national.
Jean-René Meva’a Amougou
Présidentielle camerounais : la tension monte à la veille du scrutin
Le gouvernement et une partie de l’opposition sont à couteaux tirés autour des enjeux de sécurité et de gestion du vote.
«La révolution est carnivore. Elle se nourrit du sang de ceux qui l’ont créée. Personne n’est au-dessus de la loi ; tous les contrevenants à la réglementation vont assumer leurs actes ; ils sont comptables de leurs déclarations…. l’Etat, le monstre froid va réagir de façon ferme ». En écoutant tonner Paul Atanga Nji ce 5 octobre 2018 à Yaoundé, la sémantique est tout sauf anodine. Au cours d’une conférence de presse qu’il co-préside en compagnie de Issa Tchiroma Bakary (ministre de la Communication), Paul Atanga Nji (ministre de l’Administration territoriale) agite le spectre d’une riposte «jamais vue, au cas où».
Sans détour, le Minat s’en prend ainsi à Maurice Kamto et à Paul Eric Kingué. «Depuis le début de la campagne électorale, le premier et le second ont structuré l’espace public autour d’un affrontement entre l’Etat et les militants de leur parti politique. Et ce malgré la mise en place d’éléments normatifs et opératoires pour le vote de dimanche», précise Paul Atanga Nji. De concert, les deux membres du gouvernement prennent l’opinion nationale et internationale à témoin. Ils qualifient le discours du candidat du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) et son directeur de campagne de «vecteur d’instabilité».
Selon le Minat, les ressorts du point de presse animé le même jour à Yaoundé le confirment. Le ton contestataire et orné d’une outrance verbale, Paul Eric Kingué a, à cette occasion, déclaré son candidat vainqueur du scrutin. Jouant la carte du peuple en colère contre les institutions et ceux qui l’incarnent, l’ex-maire de Njombé-Penja a annoncé un agenda. «Nous allons riposter avec la dernière énergie tant qu’il y a ce type de magouilles ; nos militants vont investir les bureaux de votes avec leurs téléphones, question de filmer et partager le verdict des procès-verbaux ; nous n’allons pas prendre en compte les procès-verbaux des régions à majorité anglophones (le Nord-ouest et le Sud-ouest) s’il n’y a pas la preuve que les opérations de vote s’y sont effectivement déroulées ; nous allons publier les tendances le soir du 7 octobre», a-t-il projeté au cours d’un échange avec les journalistes à Yaoundé.
Jean René Meva’a Amougou
Crise anglophone: Aphonie totale sur le sort des Camerounais enlevés
Rien ne filtre sur le sort des fonctionnaires capturés par des bandes armées dans le Sud-ouest et le Nord-ouest.
Des ex-otages reçus par le Mindef Sept chefs traditionnels Bakweri ont été libérés le 30 juillet 2018. Le faste et la solennité liés à la bonne nouvelle ont autorisé Paul Atanga Nji à dérouler le tapis rouge aux anciens captifs des bandes armées qui sévissent dans la région du Sud-ouest. Le cabinet du ministre de l’Administration territoriale (Minat) a servi de cadre à la cérémonie. Pour l’occasion, le récit de la remise en liberté des dignitaires Bakweri a été soigneusement construit par des communications et urgentistes de marque. En posture d’invité du 13 heures de la CRTV, le Minat a révélé que l’on doit la libération des chefs à l’implication personnelle du chef de l’Etat, Paul Biya. Le Minat Paul AtangaNji n’a pas manqué de susciter un climat éditorialement positif autour du comportement du président de la République.
A quelques nuances près, on parlerait d’un remake de la scène vécue en début avril à Yaoundé. En ces temps-là, Issa Tchiroma Bakary, ministre de la Communication (Mincom) saluait, au nom du peuple camerounais, le happy end de l’infortune d’une vingtaine de touristes italiens et suisses enlevés dans la localité du Moungo – Ndor (Kupe Manengumba).
Entre temps, l’opinion guette les contradictions et soupçonne tout geste du gouvernement dans le cadre de la gestion de crise anglophone. Avec la libération des chefs Bakweri, la question de fond se pose d’autant plus que la série des kidnappings tend à se banaliser. Dans cette ambiance, certains enlèvements ont vite fait d’être ensevelis, bien qu’ils aient écœuré la nation entière. Dans cette fourchette, l’on tient le cas de certains fonctionnaires : Marcel Namata Diteng (sous-préfet de Batibo, région anglophone du Nord-Ouest enlevé le 11 février 2018), Nimbom Arong Yong (délégué régional du ministère des Affaires sociales (Minas) dans le Nord-Ouest.
Enlisement
En février 2018, l’organisation International Crisis Group, évaluait à au moins 23 gendarmes et policiers camerounais tués ces trois derniers mois, 75 civils tués par les forces de sécurité depuis septembre de l’année dernière. Sur les ondes de RFI (Radio France internationale), Hans de Marie Heungounp, chercheur à International Crisis Group, parlait d’une insurrection tentant de prendre pied depuis. «Cette insurrection s’articule pour l’instant autour de groupes d’autodéfense. Il y en a plus d’une dizaine présents dans les deux régions, mais aussi deux ou trois principales milices, en particulier l’Ambazonia Defense Forces (ADF) et les Southern Cameroon Defense Forces (SCDF). Il y en a deux avec des acronymes différents. Ce sont ces milices principales, qui, de concert avec les groupes d’autodéfense, organisent des attaques de basse intensité contre les postes militaires, les postes de gendarmerie et les postes de police».
Il est difficile de savoir avec précision quel est le nombre de combattants dans chacune de ces milices ou groupes d’autodéfense, «mais au sein des différentes milices, cela tournerait autour d’une centaine de combattants. Et (…) la plupart des autres groupes d’autodéfense comportent un effectif allant de 10 à 30 membres actifs ou combattants», précise le chercheur. Toujours selon ICG, ces groupes utilisent des armes légères comme des fusils traditionnels ou des grenades pour certains. Mais ils ne disposent pas d’armement lourd.
Jean René Meva’a Amougou
Région du Nord – Ouest
Entre recensement des déplacés et enlèvement d’un commissaire de police
Tranches de vie de la semaine qui s’achève à Bamenda et ses environs.
Ce n’est pas encore la distribution du kit de survivance et du matériel de réhabilitation aux déplacés internes de la crise dite anglophone dans la région du Nord-ouest. Bien que le premier contingent des dons et autres denrées alimentaires soit déjà dans les chefs-lieux des régions concernées. En attendant, le gouverneur de la région du Nord-ouest, par délégation de pouvoir au secrétaire général auprès de ses services, vient de commettre un communiqué radio conviant les déplacés à se faire enregistrer auprès des sous-préfectures. Dans ce communiqué daté du 3 août 2018, Harry Lanyuiy, SG auprès des services du gouverneur, on peut lire: «dans le cadre l’assistance humanitaire d’urgence décidée par le président de la République pour les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest, le gouverneur de la région du Nord-ouest invite toutes les personnes déplacées dans la région à contacter l’autorité administrative la plus proche dans le but de s’inscrire».
Quant à celles vivant à Bamenda et ses environs précise ledit communiqué, elles peuvent contacter le point focal de la protection civile logé dans ses services et ce «tous les jours de 9h à 15h ou appeler le numéro 233361941». Le gouverneur dit pouvoir compter sur la collaboration et le sens de responsabilité civique de tous et de chacun pour le succès de cet exercice. Ce n’est qu’au terme de ces enregistrements que débutera la distribution. On peut lire en filigrane, à la suite de ce communiqué, un moyen d’assurer l’accountability, mais aussi de procéder au recensement de toutes les personnes qui ont fuit les affres de ce conflit qui a glissé en affrontement entre les forces de l’ordre ou de sécurité et les séparatistes.
kidnapping
Pendant qu’on sollicite l’enregistrement des personnes déplacées, les nouvelles sur le terrain ne sont guère reluisantes. En effet, le commissaire Samuel Mbiba du commissariat spécial de Bali, dans l’arrondissement hyponyme, a été enlevé en compagnie de son épouse dans la matinée du lundi 30 juillet, par des individus armés non identifiés. Ils ont été conduits loin du centre ville. L’épouse du commissaire de police a finalement été libérée. Mais les kidnappeurs ont confisqué les téléphones du couple. Vraisemblablement pour empêcher d’alerter les forces de l’ordre. Les recherches menées pour retrouver le commissaire Samuel Mbiba sont restées infructueuses. Il est toujours en captivité.
La bonne nouvelle est la libération du procureur de la République auprès les tribunaux de Fundong. Le magistrat Francis Tabufor kidnappé le 27 juillet a été libéré mardi dernier 31 juillet. Les forces de l’ordre sont allées le dénicher à Oku avant de le conduire pour de soins à l’hôpital BBH (Banso Baptist Hospital) à Kumbo.
Zéphirin Fotso Kamga
Crise anglophone: Paul Biya joue ses dernières cartes
Plan d’urgence humanitaire et nominations des anglophones à de hautes fonctions, tel est décliné le bouclier qu’utilise le chef de l’Etat pour contrer la violence dans le Nord-Ouest et le Sud – Ouest du pays.
Il a encore tiré son écritoire et sorti sa plume le 05 juillet dernier. Ce jour-là, Paul Biya a décidé de porter Mme Feh Helen Kwangan -épouse Galega- à la tête du conseil d’administration de l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (Enam) de Yaoundé. Ancienne directrice des droits de l’Homme et de la coopération internationale au ministère de la Justice, l’heureuse promue est une magistrate de 4ème grade.
A la faveur d’un décret présidentiel, cette originaire de la région du Nord-ouest élargit de fait le cercle des anglophones nommés, depuis peu, par le chef de l’Etat à des postes de poids. On cite aussi volontiers Paul AtangaNji et Pauline Nalova lyonga, respectivement propulsés ministres de l’Administration territoriale et des Enseignements secondaires. «Des anglophones titularisés à ces postes-là, c’est la première fois depuis l’indépendance», situe Elvis Ngolle Ngolle sur le plateau de «Inside the presidency», un magazine de la télévision publique camerounaise, diffusé le 02 juillet 2018. Le même jour, ce natif du Kupe Manengouba (région du Sud-Ouest) est désigné président du conseil d’administration de l’hôpital général de Douala.
A Yaoundé, au cours d’une conférence de presse qu’ils donnent le 05 juillet 2018, Issa Tchiroma Bakary et Paul Atanga Nji vantent solidement le «Plan d’urgence humanitaire» et les modalités de son financement. Le ministre de la Communication (Mincom), appuyé par son collègue de l’Administration territoriale (Minat), renseignent que ce plan budgétisé à hauteur de 12,7 milliards de francs CFA, est en train d’être mis en œuvre. Pour justifier l’opération, le site internet de la présidence de la République voit en Paul Biya un homme «soucieux du retour au calme et du bien-être des populations des régions du Nord-ouest et du Sud-ouest en proie aux troubles à causes des violences perpétrées par des terroristes depuis deux ans».
Regards
Relativement à ces actualités, la crise anglophone sert d’aiguillon à des grilles de lecture. Celles-ci s’attachent à présenter Paul Biya plaçant tout son espoir dans le bouclier construit par des nominations et le «Plan d’urgence humanitaire». D’un côté, certains qualifient cet appoint en cash «d’instrument politique». «Il (le chef de l’Etat) sait que les semaines qui s’annoncent seront fatidiques. Pour lui. Pour la présidentielle notamment. Eteindre la crise anglophone, c’est pile ou face pour lui», analyse Anemboh Monju. La communicatrice du Social Democratic Front (SDF) fait remarquer que mis sous pression par le contexte actuel, Paul Biya a missionné Philemon Yang, son Premier ministre, en parallèle d’autres tâches spécifiques pilotées sur le terrain par le Minat.
«Au-delà de toute cette agitation et autres effets de manche, il faut surtout lire le plan d’urgence humanitaire sous le prisme de l’urgence justement, c’est-à-dire celle imposée par le calendrier électoral», suggère Jean-Marc Bikoko, membre de la coalition «Tournons la page» (un consortium d’organisations de la société civile pour l’alternance pacifique). Pour lui, l’actuel locataire d’Etoudi est «suffisamment échaudé par la crise anglophone qu’il est tenu de désamorcer les tensions à l’aide de ces deux instruments». Par rapport à cela, le président exécutif de Dynamique citoyenne a des doutes. «Ce type de dispositif, dit-il, a surtout pour but d’essayer d’éteindre un incendie, mais ne traite jamais le problème à la racine. C’est juste des saupoudrages successifs au lieu de réformes profondes et utiles pour le long terme».
Sur la même veine, Josué Ngounang, le président de l’ONG «Cameroon First» croit que la pression de la crise dans la partie anglophone du pays oblige le président de la République à jouer son va-tout, en espérant obtenir des résultats immédiats. De son point de vue, le Plan d’urgence humanitaire et les nominations d’anglophones aux fonctions stratégiques se révèlent hors d’atteinte, faute d’avoir établi une stratégie de longue haleine.
Jean-René Meva’a Amougou
Plan humanitaire d’urgence
10 milliards à mobiliser en un trimestre
Le gouvernement annonce pour cette semaine le début des premières actions de son plan d’assistance aux populations des régions anglophones.
Pour financer son plan d’assistance humanitaire d’urgence, d’un montant de 12,7 milliards de francs CFA, en faveur des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, le gouvernement a prévu des contributions des particuliers. Dès son annonce, des quêtes ont donc commencé à travers le pays. Du pointage fait au 08 juillet 2018, 1,2 milliard de francs CFA avaient déjà été collectés repartis ainsi qu’il suit: 236 millions mobilisés par le Nord-ouest et le Sud-ouest; 21 millions collectés dans l’Adamaoua ; 120 millions atteints dans le Sud ; 152 millions récoltés par le Centre; le Littoral culmine à 230 millions; le Nord rassemble 40 millions et l’Ouest culmine à plus de 400 millions. Cette enveloppe devrait augmenter dans les prochains jours avec les collectes dans les deux régions restantes. Il faut donc mobiliser environ de 9 milliards de francs CFA pour avoir les 10,2 milliards de francs CFA nécessaires pour «les actions à mener en urgence dans les trois premiers mois». Les 2,5 milliards restants sont à dépenser pendant les cinq derniers moins.
Ce plan, conçu pour une durée de huit mois, vise à rétablir un cadre de vie propice à l’épanouissement et au développement des communautés affectées par la situation sociopolitique dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest ; apporter une assistance humanitaire d’urgence aux populations en détresse ; assurer la réinsertion socio-économique des populations affectées ; promouvoir la cohésion sociale et le vivre-ensemble ; réhabiliter les infrastructures détruites. L’accès au logement, la fourniture des denrées alimentaires et des produits de première nécessité, l’éducation, le logement, la protection et la reconstitution des documents individuels sont d’autres domaines couverts par cette initiative qui intègre également des visites d’assistance et de réconfort aux populations réfugiées au Nigeria.
«Toutes ces activités seront précédées par les descentes sur le terrain auprès des populations directement concernées et des leaders d’influence communautaire, afin de leur permettre de s’approprier à la fois la consistance et le bien-fondé de ce programme d’assistance», explique le ministre de la Communication Issa Tchiroma Bakary. Ces décentes sur le terrain devraient débuter cette semaine, précise pour sa part Paul Atanga Nji. «Les activités du comité vont débuter dès la semaine prochaine sur le terrain. Il s’agit des instructions du chef de l’Etat en vue de la concrétisation du plan d’assistance humanitaire d’urgence», indique le ministre de l’Administration territoriale, au sortir de la première réunion du comité interministériel ad-hoc en charge de la mise en œuvre du plan gouvernemental d’assistance humanitaire d’urgence, le 04 juillet dernier.
Bobo Ousmanou
2 242 000 Francs cfa
C’est le coût de la participation au Hadj 2018, selon une note publiée le 17 mai dernier par le ministre de l’Administration territoriale (Minat), président de la Commission du Hadj.
Les billets de banque Malgré le relèvement de 10% de la taxe sur la valeur ajoutée sur tous les services saoudiens, les fidèles musulmans candidats au pèlerinage à la Mecque dépenseront plutôt moins que les 2 342 000 de francs CFA déboursés l’année dernière. C’est que le gouvernement camerounais a décidé de supporter une partie des coûts.
Selon les indications de Paul Atanga Nji, ledit montant couvre le transport international des candidats au Hadj jusqu’à la Mecque, et les différents besoins sur place : hébergement, restauration et autres services supplémentaires. Autres bonnes nouvelles, les fidèles musulmans vont désormais passer un maximum de 26 jours sur la terre sainte au lieu des 40 jours souvent enregistrés du fait de l’indisponibilité des avions.
Sénat:Les candidatures à la succession de Niat se profilent
Quatre régions, à travers leurs élites politiques ou traditionnelles, manœuvrent en coulisses. Objectif: faire élire un des leurs à la présidence de la chambre haute.
Marcel Niat Njifenji, partira, partira pas? Le décret du 12 avril 2018 est venu porter à cent, le nombre de personnalités qui siègeront à la chambre haute du parlement camerounais pour les cinq prochaines années. Malgré cette diligence présidentielle, la chronique électorale n’est pas totalement close. En effet, en application de l’article 15 de la loi du 27 octobre 2016 modifiant le règlement intérieur du Sénat, le président et les autres membres du bureau de cette chambre devraient être élus par leurs pairs dans les prochains jours.
Dans cette perspective, la posture du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) ne l’oblige pas à inventer une nouvelle grammaire politique. Conforté par une solide majorité, le parti de Paul Biya est assuré d’occuper le perchoir. Mais, selon nos informations, ce qui peut apparaitre comme une formalité ne l’est vraiment pas. L’élan de cette formation politique, murmure-t-on en interne, est brisé par le contexte sociopolitique actuel jonché de revendications qui n’en finissent pas de rabattre les cartes.
Désireuse d’être «représentée», chaque région avance doucement ses pions en coulisses, dans l’attente du jour de l’élection des membres du bureau du Sénat. Sur la foi des sources bien informées, la région du Littoral soigne ses réseaux. Face au ministre de l’Administration territoriale (Minat) le 11 avril dernier, les chefs traditionnels sawa n’ont pas uniquement appelé Paul Biya «à briguer un autre mandat à la tête du pays».
La rencontre avec Paul Atanga Nji a également servi à la revendication. Pour les dignitaires Sawa, «le Littoral souffre d’un déficit de représentativité au plus haut niveau, par exemple au Sénat». Sur ce point, les chefs Sawa n’ont pas vu d’un bon œil le départ du Sénat de Peter Mafany Musongue, «pris comme fils du Grand Sawa» pour appuyer leur doléance devant le Minat.
Crise anglophone
Autre région qui lorgne le fauteuil présidentiel au Sénat, c’est le Nord-ouest. Là-bas, on fait remarquer que «les résultats du 25 mars 2018 offrent une occasion au RDPC de reprendre la main à travers une élection d’un fils du terroir au perchoir». Là-bas aussi, les désignations de Simon Achidi Achu et de Philemon Yang au poste de Premier ministre n’apparaissent jusqu’ici que comme des palliatifs provisoires, incapables de résoudre la question anglophone.
«La présidence du Sénat ouvrirait une large zone de consensus entre l’opinion locale ; elle pourrait permettre d’imprimer à la vie politique un rythme apaisé, tranchant avec l’atmosphère de guerre civile larvée ou ouverte qui caractérise le Nord-ouest depuis près de deux ans», pense Neba Zacharias, un militant du Social Democratic Front (SDF).
Dans l’Adamaoua où les conseillers municipaux ont, pour la plupart, voté pour les listes du RDPC lors des récentes sénatoriales, l’on pense que le perchoir attribué à cette région serait le premier acte d’un processus conduisant à l’«unité véritable du Cameroun». «Nous attendons que le Comité central nous appelle pour la communication des noms des représentants de notre parti politique au bureau du Sénat. C’est comme cela que ça se fait et nous l’avons toujours respecté parce que cela fait partie de la discipline du parti».
L’élu RDPC qui a choisi de s’exprimer ainsi veut le faire sous le couvert de l’anonymat. Il souligne par ailleurs que les personnes proposées le sont sur instruction de la hiérarchie du parti. A l’Ouest, les élites politiques (RDPC) locales ne sont pas favorables au «jeu de chamboule tout».
Au cours d’une réunion qu’elles ont tenue au quartier Tsela (Bafoussam), immédiatement après la nomination, par le chef de l’Etat, des 30 sénateurs restants, ces élites ont, pour la plupart, choisi de réaffirmer leur soutien à Paul Biya. Les coulisses révèlent que les noms de Marcel Niat Njifenji et d’Ibrahim Mbombo Njoya sont en voie d’être proposés au secrétariat général du RDPC. Avec en bonus le CV de chacun traduisant une expérience qui n’est pas seulement celle des honneurs.
Mais «ce sont des figures politiques que ne tenaille pas ou plus l’ambition d’être ministre. Mais du haut de leur bonne connaissance des dossiers du pays, ils sont à même de tenir tête aux ministres», a fait savoir Mathurin Donfack sur les ondes de Radio Equinoxe le 14 avril dernier. Du point de vue de ce «militant engagé du RDPC», Paul Biya, son président, doit prendre cette lecture en compte au moment des arbitrages.
Jean-René Meva’a Amougou