Budget 2021 : Le gouvernement fait le pari de la relance

Pour assurer des perspectives brillantes à son économie l’État mise cette année sur certaines mesures fiscales et douanières.

 

L’État croit avoir trouvé le comprimé qui évitera de paralyser l’économie camerounaise cette année. Ce budget s’exécute «dans un contexte difficile marqué par la persistance de la crise sanitaire», a indiqué Louis Paul Motazé mardi dernier lors du lancement du budget de l’État, à Ebolowa. En 2021, pour tenter d’améliorer les conditions de vie de ses populations, le gouvernement annonce plusieurs priorités accordées dans le domaine de la santé, les infrastructures, la paix, l’eau, l’industrie, entre autres.

Crise épidémique oblige, le gouvernement s’engage cette année à mettre en place un train de mesures d’accompagnement destiné à soutenir les producteurs. «Il est prévu à cet effet dans la loi de finances 2021, en plus de la provision de 100 milliards de FCFA retenue au titre du Fonds de solidarité nationale pour la lutte contre le coronavirus et ses répercussions économiques et sociales, une dotation additionnelle de 50 milliards de FCFA pour l’amorce de la mise en œuvre du Plan de soutien à la production et à la transformation locale des produits de grande consommation», a promis le ministre des Finances. Dans un environnement où les PME constituent 90% du tissu économique du pays, la pandémie contraint le gouvernement a effectué «l’allègement de la charge fiscale de toutes les entreprises et secteur directement touchés par la COVID-19».  Il est également prévu la suspension de la taxe de séjour afin d’améliorer le taux de fréquentation des établissements d’hébergement fortement touchés par le coronavirus.
Il est prévu dans la loi finance 2021 une exonération des droits et taxes de douane l’essentiel des équipements et entrants destinés l’agriculture, la pêche, l’élevage et l’industrie pharmaceutique.

Cette loi soumet aux droits d’assises certains biens importés qui peuvent être produits sans entraves au Cameroun. Par ailleurs, en plus d’être confronté par des défis sécuritaires, l’État espère à fin 2021 obtenir un taux de croissance de 3,3 %, ceci sous l’hypothèse d’une reprise progressive de l’activité économique. Pour atteindre cette prévision, il compte par exemple injecter 1352 milliards de FCFA destinés à la réalisation des infrastructures et l’acquisition des équipements de longue durée (routes, ponts, hôpitaux et écoles, etc.). Ou encore collecter des recettes propres à hauteur de 3 349,7 milliards de FCFA soit 71,7% du budget général.

Rappelons que le budget de l’État pour l’année 2021 est de 4865,2 milliards de FCFA en recettes et en dépenses, dont 4670 de FCFA pour le budget général et 195,2 milliards de FCFA pour les 12 comptes d’affection spéciale. Il augmente ainsi de 232,5 milliards de FCFA par rapport à l’exercice de 2020 qui était 4 632 milliards FCFA. Pour avoir l’enveloppe souhaitée, le gouvernement espère enregistrer en 2021 une production de pétrole de 24,8 millions de barils avec un prix de baril de 40,3 dollars américains ; une production de gaz de 82 milliards d’unités avec un prix de 4,4 dollars américains le baril ; un dollar américain estimé à 579,8 FCFA ; une augmentation des prix à la consommation de 2,5% et un déficit budgétaire de 2,8% du PIB.

Landry Kamdem, envoyé spécial à Ebolowa

 

 

Les gagnants et les perdants parmi les ministères

L’enveloppe budgétaire de l’exercice 2021 est en hausse de 232,5 milliards de FCFA par rapport au montant de la loi de finances rectificative de 2020. Paradoxalement, peu de gagnants et beaucoup de perdants dans la répartition des dépenses par ministère.

 

Le budget de l’État pour l’année 2021 est de 4 865,2 milliards de FCFA en recettes et en dépenses, dont 4 670 milliards de FCFA pour le budget général (dépenses courantes, investissements, dette publique) et 195,2 milliards de FCFA pour les 12 comptes d’affection spéciale. Il augmente ainsi de 232,5 milliards de FCFA (5%) par rapport au montant de la loi de finances 2020 qui était de 4632,7 milliards de FCFA. Malgré cette hausse, il y a beaucoup de perdants cette année et très peu de gagnants.

Les gagnants
En valeur, le budget qui grimpe le plus, c’est celui du ministère des Transports. Privé de 60% de son budget en 2020 (pour financer la lutte contre la COVID-19), il voit son enveloppe augmenter de 77,6%. Il passe de 10,713 milliards de FCFA (budget révisé exercice 2020) à 47,944 milliards pour l’exercice en cours. La Défense. Ses ressources sont passées de 230,257 milliards en 2020 à 245,913 milliards de FCFA en 2021, soit une hausse de 15,656 milliards de FCFA. Ce qui en fait toujours le premier poste budgétaire de l’État. Cet effort supplémentaire se traduira notamment en 2021 par la poursuite des missions régaliennes de l’armée et des engagements en cours. Surtout de mettre en œuvre de nouvelles actions comme la densification de la présence des forces de l’ordre sur le territoire ou encore l’acquisition des équipements pour les hôpitaux militaires. Autre rare gagnant du budget, le ministère des Travaux publics avec une augmentation de 5,233 milliards de FCFA, et un budget total qui touche les 464,842 milliards de FCFA.

Avec ces fonds, le Mintp envisage de poursuivre des actions en cours dans la perspective de la : mise en œuvre des missions qui lui sont assignées par le Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (Dsce) ; la mise en œuvre du volet routier du Plan d’urgence triennal pour l’accélération de la croissance (Planut) ; la mise à niveau de certaines infrastructures interurbaines dans le cadre des préparatifs du Chan 2020 et de la Can 2021 ; la mise en œuvre des recommandations du Grand dialogue national, notamment en ce qui concerne la reconstruction des infrastructures du Nord-ouest et du Sud-ouest. Contrairement à l’exercice2020, le ministère de la Décentralisation et du développement local reçoit pour le compte de 2021 1,7 milliards de FCFA supplémentaires. L’État va notamment augmenter son soutien au ministère de l’administration Territoriale (Minat), qui passe de 30,547 milliards de FCFA en 2020 à 34,785 milliards en 2021. Le ministère du Commerce voit aussi son plafond grimper de 709 millions de FCFA. Il quitte un budget de 6,786 milliards en 2020 à 7,496 milliards de FCFA en 2021.

Les perdants
La Santé. Malgré la crise sanitaire liée au coronavirus, le département ministériel de Manaouda Malachie est abaissé de 16,529 milliards de FCFA. Il est passé de 213,651 milliards de FCFA en 2020 à 197,122 milliards en 2021. Des économies que souhaite réaliser l’État dans un contexte de maîtrise de la pandémie. Le ministère des Sports (Minsep) devra aussi se serrer la ceinture. Alors que le Cameroun abrite le CHAN2020 et prépare la CAN2022, le département ministériel de Narcisse Mouelle Kombi voit son budget réduit de 72,436 milliards de FCFA en 2020 à 42,317 milliards en 2021, soit une baisse de 22,911. L’Eau et l’Énergie devra faire avec 8,126 milliards de moins qu’en 2020. Mais le Minee occupe la 5e position en termes de poids dans le budget (226,084 milliards de FCFA en 2021). Les ressources financières allouées au ministère des Postes et Télécommunications diminuent elles aussi de 39,193 milliards de FCFA en 2020 à 21,496 milliards cette année. L’Éducation de Base, les enseignements Secondaires perdent respectivement 2,5 milliards de FCFA et 18,046 milliards de FCFA chacun.

Ni gagnants, ni perdants
Le Contrôle supérieur de l’État figure parmi les départements ministériels de « seconde zone » possédant de petites dotations. Les données n’ont presque pas changé par rapport à 2019 avec seulement 5,091 milliards FCFA. Le tiercé des petits poucets est complété par le ministère du Travail et de la sécurité sociale qui possède 5,492 milliards FCFA. Une position où elle remplace le ministère Arts et de la Culture, désormais avant-dernier avec 4,727 milliards FCFA. Le plus petit budget de l’État revient au ministère de la Communication qui se contente de ses 4,6 milliards de FCFA.

LK

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