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Journal Intégration

Étiquette : Joshua Osih

  • Joshua Osih : Trop proche d’Etoudi  pour réussir…

    Joshua Osih : Trop proche d’Etoudi pour réussir…

    Porté à bout de bras par Ni John Fru Ndi, leader du Social Democratic Front, l’homme d’affaires rêve de réussir où son mentor bute depuis plus de 25 ans. Mais sa proximité supposée avec les arcanes du pouvoir est un véritable boulet.

    Il veut faire d’un coup d’essai un coup de maître. Joshua Osih, candidat élu du Social Democratic Front (SDF) au scrutin présidentiel du 7 octobre prochain caresse le rêve de récompenser 26 ans de lutte du « parti de la balance». Après une vingtaine d’années à jouer les seconds rôles derrière le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) au pouvoir, le SDF est aujourd’hui affaibli. Il ne compte que 18 députés à l’Assemblée nationale, 07 sénateurs à la chambre haute du Parlement, 826 conseillers municipaux ; pour un total de 851 représentants au niveau local. Soit un taux de représentation de 10 % selon les experts.

    En choisissant, en février 2018, un jeune loup en lieu et place du vieux renard, Ni John Fru Ndi, pour la course à la magistrature suprême, le SDF ne rêve pas seulement d’un rajeunissement par l’image, mais également d’une renaissance sur l’échiquier politique.

    Le « Suisse »

    Âgé de 50 ans (il est né le 9 décembre 1968), Joshua Osih est jeune, au sens des réalités sociales du Cameroun. Il représente donc pour beaucoup ce désir de renouvellement de la classe politique. Ambitieux, il l’est également. Né à Kumba, dans la région du Sud-Ouest, Joshua Nambangi Osih se présente lui-même comme « le fils d’un révérend pasteur de Madie Ngolo dans le département du Ndian, et d’une mère d’origine suisse ». Ce double héritage, Joshua le revendique : « [cela] m’a appris très tôt à accepter la différence, être tolérant et m’a ouvert les yeux sur les réalités internationales», déclare-t-il.

    Pourtant, l’homme a longtemps été taclé sur ce double héritage. S’appuyant sur la législation camerounaise (qui ne reconnait pas la double nationalité), certains ont même parié que Joshua Osih sera disqualifié de la course à la présidence de la République. « Je vis au Cameroun. Ma nationalité est camerounaise. Mon passeport est camerounais. J’ai deux passeports dont l’un est de service. Je paie mes impôts au Cameroun et je suis député de la nation», se défend-il encore sur un plateau de télévision ce mardi 21 août. « Je n’ai pas de passeport suisse », tranche-t-il finalement.

    Le candidat à la présidentielle défend sa « camerounité » bec et ongle, lui qui se voit déjà vainqueur au soir du 7 octobre 2018. Là où ses concurrents parlent avec prudence, Joshua Osih ne se fait aucune illusion sur l’issue du scrutin et utilise presque comme une allitération le « dès le 8 octobre je ferai…». Au sein du SDF, on reconnait volontiers que le premier vice-président est un homme ambitieux.

    Ascension

    Il s’engage dans cette formation politique dès sa création en 1991. Il apparait dès lors comme l’un des premiers soutiens de celui qui devient plus tard l’opposant historique. Malgré la défaite, toujours non reconnue par le SDF, à la présidentielle de 1992, Joshua Osih reste militant. Dans son Ndian natal, il œuvre à implanter le parti avec un certain succès. Le RDPC recule dans un de ses bastions. Ce qui lui vaudra une récompense de la hiérarchie du parti.

    Après un mandat bref comme conseiller municipal à la commune rurale de Toko, non loin de Kumba, Joshua trouve le Sud-ouest trop étroit pour ses ambitions. Il décide de faire de Douala, la grande métropole économique où il a ses entreprises, sa base politique. « Au sein du parti, je suis passé de militant et assistant administratif après avoir rejoint le parti en 1991 à délégué régional dans ce qui s’appelait encore la province du Sud-ouest, pour être élu au poste de 2e vice-président national à la convention de 2006 et 1er vice-président national lors des conventions de 2012 et 2018. En 2013, les populations du Wouri-centre (arrondissements de Douala 1er et Douala 6e) m’ont élu comme leur représentant à l’Assemblée nationale du Cameroun », affiche-t-il dans sa biographie officielle.

    Fils politique

    Dans le parti, il se murmure, à souhait et à loisir, que la fortune de Joshua n’est pas étrangère à cette ascension. Néanmoins, on lui reconnait également une grande intelligence, un amour pour le travail, mais davantage de bénéficier d’une attention particulière de la part du président national Ni John FruNdi. « Joshua est le fils politique du chairman. Le président a de nombreux enfants qu’il a formés ; mais vous savez, tous les parents ont des préférences parmi leurs enfants », commente un militant du SDF. Cette préférence pour son jeune cadre se manifeste, une fois de plus, après le scrutin législatif de septembre 2013. Joshua Osih, à sa première expérience comme député, est choisi par le chairman pour occuper le poste de vice-président de la Commission des finances et du budget à l’Assemblée nationale. Et ceci au détriment de Simon Fobi Nchinda, cador du parti, jusque-là titulaire du poste.

    En février, ces deux hommes s’affrontent pour l’investiture du candidat du SDF à la présidentielle. Au cours de cette primaire, le chairman est officiellement neutre, mais l’un de ses fils est le directeur de campagne de Joshua. Pour de nombreux observateurs, le député est devenu « un candidat sous tutelle ».

    Avant d’arriver à être le deuxième candidat du SDF à une élection présidentielle, l’ancien élève du lycée bilingue de Yaoundé, au quartier Essos, dit avoir été obligé de quitter le Cameroun à cause de ses « fortes opinions politiques au lendemain de l’élection présidentielle de 1992 ». Mais l’homme revient quelques années plus tard, plus déterminé que jamais.

    Et comme quasiment tous les candidats à l’élection présidentielle du 7 octobre 2018, qui battent campagne sur le thème de la rupture, Joshua Osih vante son « courage politique à s’attaquer au symbole ». « Il ne faut pas avoir peur de toucher aux symboles », clame-t-il. Au rang de ces symboles, l’entrepreneur veut « dès le 8 octobre » dissoudre la prestigieuse École nationale d’administration et de magistrature (Enam), réformer le franc CFA afin d’« établir la souveraineté monétaire » du Cameroun, ou déplacer la capitale régionale du Centre.

    Boulets

    Mais, problème : Joshua Osih est au goût de certains un peu trop audacieux. Nombre de ses compatriotes sont en effet sceptiques sur le réalisme du programme politique avec lequel il conduit le SDF à cette présidentielle. Le candidat du SDF a, par ailleurs, du mal à convaincre une partie de l’opinion de la sincérité de sa démarche. Elle qui pointe sa trop grande proximité avec les réseaux d’Etoudi. La société de maintenance aéronautique qu’il a montée à Douala après avoir été agent des opérations à la Lufthansa (compagnie aérienne allemande) est, par exemple, soupçonnée d’offrir ses services au président de la République sortant. Sur un plateau de la télévision Équinoxe, Joshua avoue à demi-mot : oui, il gère une société qui fait dans la maintenance des aéronefs. Mais, ajoute-t-il, quand des avions viennent, il ne s’occupe pas de leur provenance. Il s’est trouvé, reconnait le chef d’entreprise, que certains avions dont il a eu en charge la maintenance ont servi aux déplacements du chef de l’État.

    Toutefois, ce passionné d’aviation dit ne jamais avoir bénéficié de la commande publique. Il rejette aussi une quelconque proximité avec la famille présidentielle. Mais, en même temps, revendique des liens étroits avec les premiers enfants de Chantal Biya, épouse du chef de l’État.

    Aboudi Ottou et Ifeli Amara (stagiaire)

    Intégration N° 336

    Bio-Express

    Nom : Joshua Nambangi Osih
    Age : 50 ans
    Expérience : Il commence sa carrière en 1988 à Douala à l’âge de 20 ans comme agent des opérations à Lufthansa German Airlines. En 1994, il fait escale chez Trans World Airlines Inc à Genève avant de rejoindre un an plus tard le géant Swissair/Swissport. En 1998, il crée l’entreprise Africain Travel management au Cameroun. En 2002, il crée Camport PLC, représentant exclusif de la multinationale Swissport.
    Niveau académique : Titulaire d’un MBA (Master en Business Administration)
    Situation matrimoniale : marié et père de trois enfants.
    Trait particulier : parle couramment français, anglais et allemand

     

    Réformes institutionnelles

    Une République réinventée 

    Supprimer l’Enam, délocaliser la capitale régionale du Centre, passer à un État fédéral… Autant de chantiers institutionnels contenus dans le programme que compte mettre en œuvre le candidat du SDF.

     

    Joshua Osih en campagne

    « Je suis convaincu, comme la majorité des Camerounais aujourd’hui, que notre diversité nous impose un État de forme fédérale, avec une préférence pour 10 États fédérés dans le contour des régions actuelles ». Joshua Osih reprend une des ambitions contenues dans le manifeste du SDF depuis 1992. Le sujet est d’autant plus actuel que la crise anglophone a imposé un débat sur la forme de l’État. Depuis, chaque candidat y va de sa proposition.

    À cette réforme constitutionnelle, le député SDF propose « un régime présidentiel au niveau fédéral et parlementaire dans les États fédérés, avec des gouverneurs élus. Le président de la République sera assisté d’un vice-président élu sur le même ticket». Avec cet attelage calqué sur le modèle américain, le candidat pense « garantir un rééquilibrage des pouvoirs en renforçant l’indépendance de la Justice et le rôle du Parlement en matière du contrôle de l’exécutif ». Cette réforme va permettre de maintenir, au niveau du gouvernement fédéral, les secteurs de souveraineté ainsi que les secteurs d’importance nationale tels que l’enseignement supérieur, le curriculum scolaire, les ressources naturelles, la diplomatie, l’armée, la sécurité nationale, la monnaie, etc., le reste revenant aux états fédérés. Yaoundé sera la capitale fédérale et la capitale du Centre sera délocalisée dans une autre ville de la région.

    20 ministères

    Le Parlement pourra ainsi exercer « l’impeachment » sur le président de la République. Le gouvernement soumettra au Parlement les projets de nominations des hauts cadres de la République. « Je supprimerai le Sénat, le Conseil économique et social de même que toutes les chambres et les organismes budgétivores et inefficaces. J’élaborerai un statut officiel de l’opposition et introduirai un certain nombre de réformes constitutionnelles et institutionnelles», propose Joshua Osih.
    Les institutions citées supra ne seront pas les seules à disparaître du paysage républicain. Le SDF va supprimer celle de délégué du gouvernement ainsi que toute référence ethnique ou régionale dans les documents d’état civil et administratif. L’École nationale d’administration et de magistrature (Enam) va également en prendre pour son grade. L’Enam sera supprimée et ses filières intégrées dans les facultés au sein des universités. L’administration pourra dès lors trouver du personnel formé auprès des universités. Réduire la taille du gouvernement à un maximum de 20 départements est également un des chantiers du candidat.

    Article 66

    Les autres chantiers institutionnels concernent Elecam qui va être transformée en « une commission électorale indépendante chargée de la gestion du processus électoral et de l’agrément des partis politiques. Les membres de la commission électorale indépendante seront désignés de manière paritaire par la société civile, les partis politiques et l’administration ». Le mandat présidentiel sera de 5 ans renouvelables une fois et le processus électoral va comporter un scrutin présidentiel à 2 tours, un bulletin unique et la mise en place d’une commission électorale véritablement indépendante.

    Il s’agira par ailleurs de mettre en place une Haute autorité pour la bonne gouvernance et la transparence chargée entre autres, de l’application de l’article 66 de la constitution, relative à la déclaration des biens, de créer une Assemblée de chefs traditionnels…

    Ifeli Amara, (stagiaire)

    Politique sociale

    De plein fouet dans le social

    Concrètement, le candidat du Social Democratic Front (SDF) dit s’en tenir à « un programme d’action, à des idées concrètes, ce que les gens attendent d’un président en exercice. Une société qui recrée de l’espoir, des perspectives à partir de certaines mesures »

     

    Comme un préambule, les mots sont écrits sur sa plate-forme (www.osih2018.com): « Mon contrat avec la Nation, Bâtir un Cameroun nouveau par la force de la volonté, le devoir d’agir et l’innovation ! » Sur le plan social, le projet politique de Josuah Osih intègre plusieurs thématiques : emploi, éducation, santé, habitat, genre.

    I-Emploi
    « Dès mon élection, je prendrai un certain nombre de mesures pour relancer l’emploi, surtout l’emploi jeune ainsi que le pouvoir d’achat des Camerounais ». Il s’agit, dit le présidentiable, de mettre en place une double stratégie : renforcer la compétitivité et rétablir la confiance des investisseurs afin de stimuler la demande de main-d’œuvre, encourager les entreprises à engager de nouveaux travailleurs, souvent inexpérimentés. Cela, pense-t-il, passe par l’introduction des mesures incitatives pour promouvoir la création de places d’apprentissages professionnels dans les entreprises.

    II— Éducation
    Josuah Osih pense que le système éducatif doit fournir les compétences professionnelles et personnelles nécessaires pour démarrer une carrière ; y compris une formation professionnelle plus adaptée aux besoins du marché du travail et promouvoir un esprit d’entreprise.
    Pour cela, il promet d’investir 200 milliards de FCFA supplémentaires par an dans l’éducation et ceci, dès notre deuxième année, afin de financer notre programme très ambitieux pour l’éducation. Le candidat du SDF annonce aussi des gains budgétaires assez importants en introduisant le programme Éducation 2.0 qui consacre la dématérialisation du système éducatif, ainsi qu’en réorganisant l’éducation pour répondre aux impératifs du fédéralisme.

    III— Santé et sécurité sociale
    Dans ce domaine, Josuah Osih promet, entre autres, l’introduction de l’assurance maladie universelle ainsi que les gains occasionnés par l’organisation fédérale de l’État ; un meilleur contrôle de la commande publique en matière de médicaments et la promotion de la production des médicaments génériques au Cameroun, la dotation du secteur santé d’environ 10 % du budget représentant 400 milliards. L’Assurance maladie universelle de base coûtera environ FCFA 25 milliards par an lors de son lancement pour se stabiliser autour de FCFA 250 milliards par an à la fin du septennat en prenant en compte l’augmentation de la prime de l’ordre de 5 % par an pour parvenir à une efficacité optimale.

    IV— Habitat
    Josuah Oshi s’engage, dès son élection, à développer les logements sains, sûrs et abordables ; développer une urbanisation inclusive et durable avec des espaces verts et des aires de jeux dans toutes nos communes ; donner accès à des espaces verts sûrs et disponibles ; promouvoir un système de transit urbain abordable et efficace ; encourager l’assemblage des équipements de transit urbain au Cameroun ; promouvoir l’utilisation des matériaux locaux : mettre en place une véritable politique des logements sociaux en milieu rural et urbain : amener les communes à développer des plans d’occupation des sols, afin de freiner l’expansion horizontale des villes ; mettre sur pied une Banque de l’Habitat pour faciliter l’octroi du crédit à tous les travailleurs de tous les secteurs en début de carrière pour s’offrir un logement, en fonction de leur statut ; s’assurer que tous les Camerounais ont accès aux toilettes convenables et modernes ; donner le monopole de la production et de la distribution de l’eau aux communes.

    Jean René Meva’a Amougou

    Politique économique

    Priorité à l’amélioration des conditions de vie

    Pouvoir d’achat, emploi et entrepreneuriat jeune, accès aux services sociaux de base… tels sont les chantiers que Joshua Osih promet d’entreprendre dès les premiers jours de son accession au pouvoir.

    Au contact des populations

    Il suffit de lire le programme de Joshua Osih pour savoir qu’il est le candidat du Social Democratic Front (SDF). Il se dégage en effet des propositions du député du Wouri Centre une forte envie de réduire les inégalités sociales. «Mon premier chantier sera de donner l’occasion à chaque Camerounais de voir sa situation changer », indique-t-il avant d’expliquer : « il s’agira pour le gouvernement de se pencher, dès son installation, sur les préoccupations fondamentales des populations, notamment l’absence d’emploi décent». Et de préciser : « En attendant la relance globale de notre économie qui fait l’objet de mon programme économique, dès mon élection je prendrai un certain nombre de mesures pour relancer l’emploi, surtout l’emploi jeune ainsi que le pouvoir d’achat des Camerounais ». Arrêtons-nous sur les plus emblématiques.

    Rêves
    Pour revaloriser le pouvoir d’achat, Joshua Osih prévoit l’institution d’un salaire minimum interprofessionnel de croissance (SMIC) en lieu et place du SMIG (salaire minimum interprofessionnel garanti) et de le faire passer de 36 270 à 160 000 francs CFA sur 5 ans. Les salaires des fonctionnaires seront doublés sur la même période. Il envisage également de faciliter l’accès aux soins de santé, en mettant en place une assurance maladie universelle (AMU). Elle débutera par un investissement annuel de base de 25 milliards et devrait coûter 250 milliards à l’État dès la septième année du mandat. Il est par ailleurs question de rendre l’école gratuite et obligatoire jusqu’à la fin du premier cycle du secondaire. Décision dont l’impact budgétaire n’a pas été évalué.

    Afin de relancer l’emploi décent, le candidat se propose de mettre en place un nouveau code du travail « pour mettre fin aux injustices contre les travailleurs », d’investir annuellement dès la 2e année, 10 milliards par région dans un plan pour l’emploi décent, de réserver 35 % des postes de responsabilité dans les entreprises et administrations publiques aux personnes âgées d’au plus 35 ans, d’insérer les instituteurs vacataires et infirmiers dans la Fonction publique. Il est aussi question de promouvoir l’entrepreneuriat jeune en facilitant l’accès à la propriété foncière par une réforme de la législation, en obligeant les établissements de crédit à octroyer au moins 10 % des crédits d’investissements aux jeunes de moins de 30 ans et/ou aux entreprises dont 51 % de l’actionnariat est détenu par des jeunes (le mode opératoir n’a pas été expliqué), en mettant en place un plan de révolution numérique et un fond doté chaque année de 50 milliards pour garantir les prêts des entreprises promues par des jeunes.

    Craintes

    Le candidat du SDF promet de réaliser son programme sur la base du cadrage budgétaire actuel. Il mise sur les économies et les réallocations budgétaires. Promesse est d’ailleurs faite de maintenir le déficit public sous la barre des 3 % durant tout le septennat. Mais beaucoup restent sceptiques. Surtout que Joshua Osih a pris d’autres engagements importants notamment en termes de construction des infrastructures de transport.

    Dans une économie extravertie comme celle du Cameroun
    (1 089,5 milliards de francs CFA de déficit commercial en 2017), il est par ailleurs à craindre que le relèvement du revenu des ménages ne grève davantage le déficit. Un tel scénario aurait un effet négatif sur les réserves de change et pourrait aggraver la crise économique qui a poussé le pays à conclure un programme d’ajustement avec le Fonds monétaire international en juin 2017. « C’est pour cela que nous mettrons en place une loi d’orientation sur le contenu local, et l’imposerons dès la première année, dans la commande publique », répond le député SDF. Son pari est de relancer l’investissement national en boostant la consommation. Mais déjà certains chefs d’entreprise redoutent que l’augmentation du SMIC à 160 mille francs CFA ne renchérisse les charges salariales, obérant ainsi la compétitivité des produits et services locaux.

    Aboudi Ottou

    Politique étrangère et intégration régionale

    La diplomatie pluraliste 

    L’expansion et la conquête internationales de Joshua Osih seront nourries par une promotion matérielle et une multiplication de la représentation bilatérale.

    « Un esprit de conquête nouveau pour un Cameroun fort et rayonnant » voilà l’ambition de la politique étrangère du candidat du Social Democratic Front (SDF). Foncièrement social-libéral, membre de l’international socialiste, les piliers de sa politique étrangère sont : l’inclusion, la diversification et l’affirmation. Le remplaçant du chairman souhaite valoriser les atouts matériels du Cameroun pour intensifier la visibilité et l’attractivité.

    Panafricaniste d’éducation, il aspire à une confédération africaine incarnée par une unité politique forte, puissante et prospère. « Pour y arriver, notre génération a l’impératif devoir de faire renaitre l’Afrique à travers l’union de ses enfants » juge le candidat.

    Diplomatie

    La diplomatie de Joshua Osih est sous le régime de l’influence à travers les frontières terrestres, l’élargissement de la carte diplomatique et la permanence de la promotion de l’image du Cameroun.

    Le candidat veut animer les frontières terrestres du Cameroun comme des hubs concentriques économiques et culturels. C’est un moyen d’aménagement des villes frontières, de captation des valeurs des pays voisins, mais aussi une stratégie pour formaliser les échanges transfrontaliers. Cela passe par la création d’un statut spécial des frontaliers pour permettre plus de fluidité dans le commerce transfrontalier.

    Pour impulser un leadership de présence internationale, Joshua Osih veut densifier l’infrastructure diplomatique. Il entend ouvrir 37 nouvelles représentations diplomatiques dont 19 en Afrique, 5 en Europe, 2 au Moyen-Orient, 8 en Asie et Océanie et 3 aux Amériques. Pour promouvoir la destination Cameroun, le candidat souhaite développer des Maisons du Cameroun dans le monde, avec un rôle de foyer d’accueil, de représentation commerciale et touristique, de centre culturel et d’agence diplomatique. Le clou de ce branding est la candidature du Cameroun pour la co-organisation avec d’autres pays d’Afrique subsaharienne de la coupe du monde 2030.

    Intégration régionale

    En matière d’intégration, Joshua Osih est un opportuniste. Pour lui, l’intégration régionale est au service de la compétitivité des créateurs de richesse et la prolifération des services. C’est à ce titre qu’il veut densifier l’intégration dans la Cemac. Il veut conclure un accord de partenariat économique avec le Nigéria.

    Pour intensifier la mobilité et générer une conscience communautaire portée par les jeunes, Joshua va motiver la mise en place d’un programme de mobilité universitaire, en suivant le modèle ERASMUS de l’UE, qui va permettre l’échange d’étudiants et de jeunes des pays membres. Le candidat du SDF veut capitaliser sur la coopération régionale afin d’ élargir la représentation diplomatique par la méthode du « Foreign Interest Sections » permettant à certains États de la CEEAC de pallier à l’absence de leurs homologues de la région, en assurant la fonction de protection.

    Diaspora

    La diaspora est un pont économique et diplomatique avec leur pays de résidence. C’est aussi une force d’investissement et un atout technologique et humain. À cet effet, Osih veut un statut de la diaspora encadré par l’ouverture d’un fichier national et un registre du statut civil de la diaspora pour faciliter leur suivi, une agence nationale de la diaspora, des représentants de la diaspora au Parlement dans le but de garantir leur participation à la vie politique. Pour attirer l’épargne de la diaspora, Osih veut engager la négociation pour la réduction des coûts d’envoi d’argent de l’étranger vers le Cameroun.

    Questionnements

    Pour une région comme la CEEAC, le visa unique regorge de nombreux atouts dont l’attractivité touristique et le suivi à l’étranger des ressortissants par l’enregistrement. La zone continentale de libre – échange de l’union africaine garantit déjà un mécanisme préférentiel d’échange avec le Nigéria. La pertinence d’un accord de partenariat économique parait davantage comme un double emploi.

    Zacharie Roger Mbarga

  • Joshua Osih : trop proche d’Etoudi pour réussir…

    Joshua Osih : trop proche d’Etoudi pour réussir…

    Porté à bout de bras par Ni John Fru Ndi, leader du Social Democratic Front, l’homme d’affaires rêve de réussir où son mentor bute depuis plus de 25 ans. Mais sa proximité supposée avec les arcanes du pouvoir est un véritable boulet.

    Il veut faire d’un coup d’essai un coup de maître. Joshua Osih, candidat élu du Social Democratic Front (SDF) au scrutin présidentiel du 7 octobre prochain caresse le rêve de récompenser 26 ans de lutte du «parti de la balance». Après une vingtaine d’années à jouer les seconds rôles derrière le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) au pouvoir, le SDF est aujourd’hui affaibli. Il ne compte que 18 députés à l’Assemblée nationale, 07 sénateurs à la chambre haute du Parlement, 826 conseillers municipaux ; pour un total de 851 représentants au niveau local. Soit un taux de représentation de 10 % selon les experts.

    En choisissant, en février 2018, un jeune loup en lieu et place du vieux renard Ni John FruNdi, pour la course à la magistrature suprême, le SDF ne rêve pas seulement d’un rajeunissement par l’image, mais également d’une renaissance sur l’échiquier politique.

    Le «Suisse»

    Agé de 50 ans (il est né le 9 décembre 1968), Joshua Osih est jeune, au sens des réalités sociales du Cameroun. Il représente donc pour beaucoup ce désir de renouvellement de la classe politique. Ambitieux, il l’est également. Né à Kumba, dans la région du Sud-Ouest, Joshua Nambangi Osih se présente lui-même comme « le fils d’un révérend pasteur de Madie Ngolo dans le département du Ndian, et d’une mère d’origine suisse ». Ce double héritage, Joshua le revendique : « [cela] m’a appris très tôt à accepter la différence, être tolérant et m’a ouvert les yeux sur les réalités internationales », déclare-t-il.

    Pourtant, l’homme a longtemps été taclé sur ce double héritage. S’appuyant sur la législation camerounaise (qui ne reconnait pas la double nationalité), certains ont même parié que Joshua Osih sera disqualifié de la course à la présidence de la République. « Je vis au Cameroun. Ma nationalité est camerounaise. Mon passeport est camerounais. J’ai deux passeports dont l’un est de service. Je paie mes impôts au Cameroun et je suis député de la nation », se défend-il encore sur un plateau de télévision ce mardi 21 août. « Je n’ai pas de passeport suisse », tranche-t-il finalement.

    Le candidat à la présidentielle défend sa « camerounité » bec et ongle, lui qui se voit déjà vainqueur au soir du 7 octobre 2018. Là où ses concurrents parlent avec prudence, Joshua Osih ne se fait aucune illusion sur l’issue du scrutin et utilise presque comme une allitération le « dès le 08 octobre je ferai… ». Au sein du SDF, on reconnait volontiers que le premier vice-président est un homme ambitieux.

    Ascension

    Il s’engage dans cette formation politique dès sa création en 1991. Il apparait dès lors comme l’un des premiers soutiens de celui qui devient plus tard l’opposant historique. Malgré la défaite, toujours non reconnue par le SDF, à la présidentielle de 1992, Joshua Osih reste militant. Dans son Ndian natal, il œuvre à implanter le parti avec un certain succès. Le RDPC recule dans un de ses bastions. Ce qui lui vaudra une récompense de la hiérarchie du parti.

    Après un mandat bref comme conseiller municipal à la commune rurale de Toko, non loin de Kumba, Joshua trouve le Sud-ouest trop étroit pour ses ambitions. Il décide de faire de Douala, la grande métropole économique où il a ses entreprises, sa base politique. «Au sein du parti, je suis passé de militant et assistant administratif après avoir rejoint le parti en 1991 à délégué régional dans ce qui s’appelait encore la province du Sud-ouest, pour être élu au poste de 2ème vice-président national à la convention de 2006 et 1er vice-président national lors des conventions de 2012 et 2018. En 2013, les populations du Wouri-centre (arrondissements de Douala 1er et Douala 6e) m’ont élu comme leur représentant à l’Assemblée nationale du Cameroun», affiche-t-il dans sa biographie officielle.

    Fils politique

    Dans le parti, il se murmure, à souhait et à loisir, que la fortune de Joshua n’est pas étrangère à cette ascension. Néanmoins, on lui reconnait également une grande intelligence, un amour pour le travail, mais davantage de bénéficier d’une attention particulière de la part du président national Ni John FruNdi. « Joshua est le fils politique du chairman. Le président a de nombreux enfants qu’il a formés; mais vous savez, tous les parents ont des préférences parmi leurs enfants », commente un militant du SDF. Cette préférence pour son jeune cadre se manifeste, une fois de plus, après le scrutin législatif de septembre 2013. Joshua Osih, à sa première expérience comme député, est choisi par le chairman pour occuper le poste de vice-président de la Commission des finances et du budget à l’Assemblée nationale. Et ceci au détriment de Simon Fobi Nchinda, cador du parti, jusque-là titulaire du poste.

    En février, ces deux hommes s’affrontent pour l’investiture du candidat du SDF à la présidentielle. Au cours de cette primaire, le chairman est officiellement neutre, mais l’un de ses fils est le directeur de campagne de Joshua. Pour de nombreux observateurs, le député est devenu «un candidat sous tutelle».

    Avant d’arriver à être le deuxième candidat du SDF à une élection présidentielle, l’ancien élève du lycée bilingue de Yaoundé, au quartier Essos, dit avoir été obligé de quitter le Cameroun à cause de ses «fortes opinions politiques au lendemain de l’élection présidentielle de 1992». Mais l’homme revient quelques années plus tard, plus déterminé que jamais.

    Et comme quasiment tous les candidats à l’élection présidentielle du 07 octobre 2018, qui battent campagne sur le thème de la rupture, Joshua Osih vante son «courage politique à s’attaquer au symbole». « Il ne faut pas avoir peur de toucher aux symboles», clame-t-il. Au rang de ces symboles, l’entrepreneur veut « dès le 8 octobre » dissoudre la prestigieuse Ecole nationale d’administration et de magistrature (Enam), réformer le franc CFA afin d’«établir la souveraineté monétaire» du Cameroun, ou déplacer la capitale régionale du Centre.

    Boulets

    Mais, problème : Joshua Osih est au goût de certains un peu trop audacieux. Nombre de ses compatriotes sont en effet sceptiques sur le réalisme du programme politique avec lequel il conduit le SDF à cette présidentielle. Le candidat du SDF a, par ailleurs, du mal à convaincre une partie de l’opinion de la sincérité de sa démarche. Elle qui pointe sa trop grande proximité avec les réseaux d’Etoudi. La société de maintenance aéronautique qu’il a montée à Douala après avoir été agent des opérations à la Lufthansa (compagnie aérienne allemande) est, par exemple, soupçonnée d’offrir ses services au président de la République sortant et candidat à sa propre succession. Sur un plateau de la télévision Equinoxe, Joshua avoue à demi-mot: oui, il gère une société qui fait dans la maintenance des aéronefs. Mais, ajoute-t-il, quand des avions viennent, il ne s’occupe pas de leur provenance. Il s’est trouvé, reconnait le chef d’entreprise, que certains avions dont il a eu en charge la maintenance ont servi aux déplacements du chef de l’Etat.

    Toutefois, ce passionné d’aviation, dit ne jamais avoir bénéficié de la commande publique. Il rejette aussi une quelconque proximité avec la famille présidentielle. Mais, en même temps, revendique des liens étroits avec les premiers enfants de Chantal Biya, épouse du chef de l’Etat.

    Aboudi Ottou et Ifeli Amara (stagiaire)

     

    Intégration régionale : se tourner vers l’Afrique de l’ouest

    Comme la plupart des candidats à l’élection présidentielle du 7 octobre 2018, le programme du porte-fanion du SDF ne comporte pas un chapitre sur la politique étrangère en général ; et les questions d’intégration régionale ne sont évoquées qu’au détour d’une réponse sur d’autres problématiques. Aussi apprend-on que pour le SDF, «le Cameroun doit reprendre sa place de leader dans la sous-région».

    «Avoir une intégration réelle, c’est-à-dire qu’il faut se donner les instruments nécessaires pour que cette intégration existe véritablement, surtout pour les Camerounais ; mais également pour les autres populations de l’Afrique centrale», développe Joshua Osih. Cependant, précise le candidat, «il ne faudrait pas que cela s’arrête à des sommets ». Aussi, avertit-il : «si je constate que ce sont les autres pays qui bloquent l’intégration, je n’hésiterai pas à aller vers d’autres arrangements».

    Et de préciser sa vision : «je pense par exemple que les autres pays veulent être un frein pour le développement et la croissance du Cameroun ; il serait utile peut-être de commencer à explorer d’autres arrangements comme celui avec le Nigéria et la communauté ouest-africaine». Pour le député du Wouri centre, «cela ne doit pas être une fatalité que d’être dans un arrangement pour lequel nous ne voyons pas beaucoup de dividendes aujourd’hui».

    Ifeli Amara (stagiaire)

    Bio-Express

    • Noms: Joshua Nambangi Osih
    • Age: 50 ans
    • Expérience: Il commence sa carrière en 1988 à Douala à l’âge de 20 ans comme agent des opérations à Lufthansa German Airlines. En 1994, il fait escale chez Trans World Airlines Inc à Genève avant de rejoindre un an plus tard le géant Swissair/Swissport. En 1998, il crée l’entreprise Africain Travel management au Cameroun. En 2002, il crée Camport PLC, représentant exclusif de la multinationale Swissport.
    • Niveau académique: Titulaire d’un MBA (Master en Business Administration)
    • Situation matrimoniale: marié et père de trois enfants
    • Trait particulier: parle couramment français, anglais et allemand
  • Benjamin Ombe: Election présidentielle 2018: les médias sociaux joueront un rôle fondamental !

    Benjamin Ombe: Election présidentielle 2018: les médias sociaux joueront un rôle fondamental !

    Le Cameroun compte de nos jours près de 2,9 millions d’utilisateurs actifs sur les réseaux sociaux

    Journaliste et expert en communication digitale estime que les medias sociaux seront un outil déterminant pour le scrutin présidentiel du 07 octobre. Celui qui est par ailleurs CEO-Knowledge Consulting explique comment et pourquoi. 

    «Chers compatriotes du Cameroun et de la Diaspora, conscient des défis que nous devons ensemble relever pour un Cameroun encore plus uni, stable et prospère, j’accepte de répondre favorablement à vos appels pressants. Je serai votre candidat à la prochaine élection présidentielle», a annoncé le Président sortant, son Excellence Paul Biya et candidat du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) sur son compte Twitter le vendredi 13 juillet 2018. Cette annonce intervient cinq (05) jours après la convocation du corps électoral pour la tenue de l’élection présidentielle le 07 Octobre 2018. Une candidature tant attendue. Le ton est donc donné. Option de communication choisie: les réseaux sociaux. Avant le candidat Paul Biya, d’autres candidats déclarés à l’instar de Cabral Libii, candidat du parti Univers ; Joshua Osih pour le Social Democratic Front (SDF), Maurice Kamto, du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), Akere Muna avec le Front Populaire pour le Développement (FPD).

    Plus qu’un outil, les réseaux sociaux et notamment Facebook, Twitter et YouTube sont devenus une arme numérique de persuasion massive qui donne accès à des centaines de milliers de personnes connectées alors qu’un meeting en rassemble moins de 50 000 dans notre contexte. Pas question pour les candidats d’être absents des médias sociaux où chacun déploie une stratégie maîtrisée. Plus que jamais, s’imposer sur ces plateformes est un enjeu déterminant pour accroître sa notoriété et atteindre une communauté d’électeurs plus jeunes.
    Quel candidat maîtrise le mieux les réseaux sociaux ? Quel est le favori de ces plateformes ? Lequel est le plus populaire ? La course aux followers bat son plein… Qui en sortira vainqueur ?

    Le porte-à-porte 2.0
    En 2008, Barack Obama, 44ᵉ président des États-Unis, remportait l’élection présidentielle aux États-Unis, après une campagne extrêmement bien menée, notamment sur les réseaux sociaux où il avait réussi avec l’aide de Chris Hugues, l’un des cofondateurs de Facebook à rassembler plus d’un demi-million de militants. Le même scénario va se reproduire avec son successeur, Donald Trump, dont la stratégie de mobilisation des électeurs via les médias sociaux a même été dénoncée d’usage de pratique « d’influence » et de « manipulation de l’opinion ». Les faits sont là. Par ces deux exemples, les réseaux sociaux ont fortement contribué à leur élection. Pourquoi pas au Cameroun ?
    La guerre à l’électorat 2.0 est donc lancée pour la présidentielle d’octobre 2018. Les statistiques sur les réseaux sociaux des leaders des principaux candidats à la présidentielle en démontrent à suffisance que ces derniers ont intégré la communication digitale dans leur stratégie.

    • Akere Muna
    En date du vendredi 13 juillet 2018, Akere Muna, candidat du Front Populaire pour le Développement (FPD) enregistrait 24 388 millions d’abonnés sur sa page officielle Facebook avec 21,2 millions de followers sur Twitter. Par ailleurs, le candidat dispose, d’un site web dédié à sa candidature : https://akeremuna2018.com. Outre cette modeste popularité sur les réseaux sociaux, le bâtonnier, à travers son mouvement NOW communique largement sur sa plateforme web interactive et dynamique, https://www.237now.com, où il partage son quotidien avec les internautes. Au lendemain du dépôt de son dossier de candidature, le 17 juillet 2018, le bâtonnier a posté une vidéo sur sa page Facebook pour appeler l’opposition à une coalition. « …J’invite de ce fait tous les acteurs du changement à s’unir pour sauver le Cameroun. Notre pays souffre énormément. Les atrocités se multiplient au point où nous finissons par nous en accommoder. La coalition est nécessaire pour venir à bout de ce système. Nous, candidats et autres leaders d’opinion, devons ouvrir la voie de la réconciliation et de l’unité… » Peut-on lire sur sa page Facebook. Loin de la communication traditionnelle matérialisée par une conférence de presse ou un communiqué classique, avec les médias sociaux, le message passe vite et à faible coût.

    •Joshua Osih
    C’est la même dynamique observée chez Joshua Osih, candidat du SDF. Comme à «l’américaine», Joshua Osih à créer un site web spéciale pour sa campagne dénommée «OSIH 2018»: https://www.osih2018.com/. Via cette plateforme digitale, le candidat déploie sa stratégie, expose sa vision, sollicite les adhérents, les volontaires… sa popularité sur les réseaux est également remarquable : 51 647 millions d’abonnés sur sa page Facebook et 14 millions sur son compte Twitter (données du vendredi 13 juillet 2018). Conscient de l’impact et de l’importance du numérique, le candidat du SDF a opté pour une stratégie plus virale en utilisant les «big data». En date du 16 juillet 2018, son équipe de campagne a entamé sa campagne numérique en envoyant des mails marketing aux internautes. Un e-mail avec pour objet : OSIH 2018 JOIN THE MOVEMENT FOR CHANGE.

    • Cabral Libii
    Le leader du Mouvement 11 millions de citoyens sur les listes électorales, dont la « révélation » d’une ambition politique s’est faite manifester sur le réseau social Facebook à travers sa page officielle suite aux « appels » de nombreux « sympathisants virtuels » n’oublie pas le facteur catalyseur de son engagement politique. Cabral Libii, pas très habile sur Twitter contrairement à son principal challenger son Excellence Paul Biya, est relativement populaire sur Facebook. Au 13 juillet 2018, le candidat du parti UNIVERS ne comptait que 5 273 millions d’abonnés sur sa page Facebook. Le potentiel candidat y partage son quotidien. Pour mobiliser les fonds demandés comme caution (30 millions) pour le dépôt des candidatures, le «bleu» à poster une vidéo pour solliciter l’élan de cœur de ses sympathisants du Cameroun et de la diaspora.
    «Je suis comme beaucoup d’entre vous. Seul, je ne peux y arriver. Je n’en ai pas les moyens. Mais ensemble, nous allons confondre ceux qui nous méprisent.
    C’est un défi collectif. Nous avons 5 jours pour le relever! Aidez-moi!», Écrivait-il le 10 juillet 2018 à 14 : 08 sur sa page Facebook. Si le mouvement 11 millions de citoyens sur les listes électorales dispose d’un site web http://11millioncitizens.com/, Cabral LIBII, absent sur Twitter, plateforme de communication privilégiée des hommes politiques, n’est pas encore très avancé sur les outils de communication digitale comparativement à ses adversaires.

    • Maurice Kamto
    Il fait partie des principaux challengers du candidat sortant. Le leader du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) est dans l’air du temps. Son usage des réseaux sociaux et autres outils digitaux de communication illustre à suffisance qu’il est un candidat 2.0. Le MRC possède un site web riche en contenu, mis à jour au quotidien et dynamique: https:// www.mrcparty.org/. Avec une communauté de 8 975 millions abonnés sur sa page Facebook au 13 juillet 2018, le candidat du MRC est actif sur Twitter et enregistrait 10 008 millions de followers à la même date.

    •Pau Biya
    Il est certes le plus âgé de tous les candidats déclarés pour la présidentielle d’octobre 2018, mais aussi le plus populaire sur les réseaux sociaux. Cette popularité vient-elle de son passif de Président de la République ? Pas totalement. Même si on doit reconnaître que le statut actuel de son Excellence Paul Biya, constitue un tout à sa e-reputation, l’on doit avoir l’honnêteté intellectuelle de reconnaître la parfaite maîtrise des outils digitaux de communication par ce « vieux » de 85 ans. Il a donc su s’adapter à l’évolution de la société avec toutes ses mutations azimuts. Le candidat du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) est une «guest star» sur les réseaux sociaux. Il enregistrait 329 millions d’abonnés sur Twitter et 858 470 millions sur sa page Facebook avant l’annonce de sa candidature pour la présidentielle d’octobre 2018. Des chiffres qui ont explosé quelques heures après cette annonce sur ses différentes plateformes. Selon le panafricain « Jeune Afrique », son équipe de communication française a affirmé avoir obtenu le nom de domaine www.paulbiya2018.com «de façon préventive». Le nom de domaine paulbiya2018.com n’est plus disponible sur internet mais pas encore accessible.
    Cependant, si le RDPC n’a pas de rival sur la représentativité territoriale et sa capacité à mobiliser sur le terrain, le numérique reste encore un luxe pour le parti du flambeau ardent. Et pourtant, son leader «androïd», en maîtrise les contours. Le parti dispose d’un site web : http://www.rdpcpdm.rdpcpdm.cm/ d’une conception pas très récente et une présence médiocre sur les réseaux sociaux. Les stratèges du RDPC devraient se réveiller sur ce point…

    Halte à la manipulation 2.0
    À la guerre comme à la guerre. Chaque candidat utilise tous les moyens à sa disposition pour atteindre ses objectifs. L’on observe sur la toile camerounaise des discours haineux et tribalistes provenant des sympathisants des différents leaders des partis politiques en course pour la présidentielle. Ces discours, objet de manœuvre politique et manipulation, risquent, si les internautes ne sont pas avisés, influencer leur choix dans les urnes au détriment de l’avenir de la République. Des scénarios similaires, mais différents dans la pratique ont été observé dans d’autres pays (France, USA…). Cette présence active des politiciens sur les réseaux sociaux contribue à changer à la fois l’image de la politique, mais modifie aussi le web en profondeur. Tim Berners-Lee, co-fondateur du World Wide Web il y a trente ans, a récemment publié une tribune qui met en garde contre les nouvelles dérives d’Internet. En effet, le web se voit d’après lui menacé par l’ampleur considérable que prennent la désinformation ciblée et la publicité politique en ligne : «On soupçonne que certaines publicités politiques, aux États-Unis et dans le reste du monde, sont utilisées sans éthique pour diriger des internautes vers des sites de fausses informations, par exemple ou pour en dissuader d’autres d’aller voter. La publicité politique ciblée permet à une même campagne de présenter des messages radicalement différents, voire contradictoires, à différents groupes de personnes», Alertait-il.

    La jeunesse et l’électeur 2.0
    Le Cameroun compte 06 millions d’internautes en 2018. C’est la substance du rapport annuel sur l’usage d’internet dans le monde rendu public par les plateformes digitales américaines Hootsuite et We are social.Au Cameroun spécifiquement, Hootsuite et We are social révèlent que le nombre d’utilisateurs tournent autour de 6,10 millions de personnes (25% de la population). Un chiffre obtenu en croisant les statistiques de l’Internet World Stat, de l’International télécommunication union et de la CIA. Les Camerounais se connectent sur internet majoritairement par téléphone, au détriment des desktops. Ce qui représente 74% du trafic web total. Selon les chiffres 2016 de l’Institut National de la Statistique (INS), 75% de la population camerounaise est âgée de moins de 25 ans. Cette jeunesse, très active sur les réseaux sociaux aura son mot à dire pour la présidentielle d’octobre prochain. Le Cameroun compte de nos jours près de 2,9 millions d’utilisateurs actifs sur les réseaux sociaux (12% de taux de pénétration). Sont-ils des «followers actifs ou passifs» ? Sont-ils des «internautes patriotes»? Réponse le 07 octobre 2018. En attendant, la campagne 2.0 bat son plein…