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Sylvestre Essono : «Nos objectifs sont liés à la valorisation du café camerounais»
Le directeur des opérations du Conseil interprofessionnel du cacao et café (CICC) donne un aperçu des innovations attendues dès 2024 dans l’optique d’améliorer les conditions d’accès à de nouveaux marchés de café.
Le Conseil interprofessionnel du cacao et du café lance dès janvier prochain la «Décennie du café camerounais». De quoi s’agit-il concrètement?
Le CICC, en partenariat avec tous les autres acteurs voudrait engager le secteur vers le grade supérieur, notamment avec l’amélioration de la qualité des produits. Il y a aujourd’hui des marchés auquel le café camerounais n’a pas accès parce qu’il ne remplit pas un certain nombre de conditions. Dès 2024, nous engageons le travail et le processus devant nous conduire vers la catégorie qu’on appelle le «café de spécialité». C’est tout un segment de marché. Et il commence dès la plantation jusqu’au moment où on va le livrer. Tout doit être tracé, les processus doivent être connus et documentés de telle sorte que, celui qui prend une tasse de ce café peut cliquer et savoir que ce café vient de la plantation d’un tel; cette plantation est étendue sur deux Hectares; au moment où le café a été récolté, il l’a été grâce aux efforts de dix personnes; il a suivi tel traitement post-récolte… C’est tout ce travail que nous allons engager avec le café camerounais dès l’année 2024.Où en sont les travaux autour de ce système de traçabilité auquel vous faites référence?
Le système de traçabilité est aujourd’hui très avancé pour ce qui est du cacao. Nous allons faire de même en ce qui concerne le café. Un premier pas est déjà fait. Une bonne partie des producteurs, et notamment tous les jeunes qui sont dans le programmes «New generation» sont déjà identifiés. C’est-à-dire que nous pouvons leur produire des cartes aujourd’hui et nous pouvons vous dire avec exactitude où ils sont situés.La 2e phase du système de traçabilité c’est de géolocaliser leurs plantations. À ce niveau, il s’agira de mesurer les superficies de plantation de manière à améliorer la productivité. En mesurant les superficies, cela va nous permettre de rationaliser les interventions et d’améliorer la productivité. Et toutes ces données vont entrer dans le système. À partir de là, on pourra connaitre le lieu et la superficie des plantations; ainsi que le profil du planteur en peu de temps. Si c’est une femme, est-ce qu’elle est veuve? Est-ce qu’elle est allée à l’école? Si c’est un homme, est-ce qu’il travaille en groupe dans une coopérative? Maintenant il faut savoir qui achète le café auprès des producteurs. La personne revend à qui avant que le produit parvienne jusqu’en Europe. En Europe on veut savoir quel est l’itinéraire que le café va suivre. On ira même jusqu’à préciser les différents produits qui auront été utilisés pour les traitements de ces plantations. Voilà un peu le dessin du système de traçabilité qui va être lancé pour le café, dans les prochains mois. Pour ce qui est du cacao, il reste juste à finaliser mais on a déjà les chiffres. Actuellement, nous comptons près de 90 000 producteurs identifiés. Dans le même sens, on a près de 60 000 parcelles géolocalisées.
Cette décennie qui commence doit nous conduire en 2026 vers l’essor des cafés de spécialité «made in Cameroun». À quoi doit-on s’attendre?
Ce sont des cafés de luxe et quand vous êtes reconnus dans cette catégorie, les acheteurs ne discutent pas le prix du produit. Un travail a commencé dans ce sens. Nous avons des groupes de jeunes que nous avons enrôlés dans la caféiculture. Ils produisent aujourd’hui du café de qualité. Nous continuons à travailler pour que, dans les prochains mois, ils améliorent encore la qualité. De ce fait, d’ici l’année 2026 ils seront des producteurs de café accomplis. Surtout qu’entre temps, la traçabilité et l’amélioration des traitements post-récoltes seront optimisés. Le secrétaire exécutif a parlé de tout ce que nous développons comme partenariat avec ceux qui achèteront ce café hors de nos frontières. Nous sommes en train de travailler avec les indiens, qui sont réputés pour leur expertise dans le domaine, à l’effet d’atteindre ce niveau. Entre temps, des torréfacteurs français seront dans nos murs en janvier 2024. Nos partenaires indiens aussi. Ce qu’il faut savoir c’est qu’en matière de café de spécialité, le producteur vend ce qu’il produit. Donc on entre dans un système où c’est l’offre qui conduit la demande.Interview menée par
Louise NsanaRelance de la filière café : OIC et Cameroun main dans la main
Yaoundé, la capitale politique camerounaise a accueilli les pontes de la production de café. Pendant deux jours, ils ont parlé et reparlé de ce produit très prisé dans le monde, à la faveur de la toute première édition de l’OIC coffee meet Cameroon. Un évènement qui, au-delà de sa réussite à saluer, a permis de faire le point sur la situation de production de ce précieux sésame. Le cadre d’échanges a permis aux uns et aux autres participants de trouver leur compte, avec le renforcement de la coopération et de nouveaux partenariats et des découvertes… Dans ce dernier, registre, l’on apprend justement que, depuis ses tout premiers débuts dans la culture de ce produit, le Cameroun a fait du chemin, même si, il faut le dire beaucoup reste encore à faire pour atteindre sa vitesse de croisière aux larges du monde.
Les deux parties renforcent leur collaboration dans l’optique de l’augmentation des échanges intra-OIC.
Le commerce de café entre les États membres de l’OIC est en perte de vitesse. Les marges y relatives passent de 25,7% en 2017 à 18,15% en 2022. Soit une baisse de 490 à 425 millions de dollars en six ans, selon des données actualisées du CIDC. À l’opposé, les transactions avec le reste du monde suivent une courbe positive de 2 307 millions de dollars. L’organisme veut remédier à cette situation et se tourne vers le Cameroun pour y parvenir. Et pour cause, la part de commerce de ce pays dans l’espace OIC est en baisse. Elle a chuté à 7,89% en 2022, après avoir atteint un pic de 22,24% en 2020. C’est tout l’intérêt du 1er OIC coffee meet Cameroon tenu à Yaoundé du 28 au 29 novembre 2023.
Avec des importations de café de l’ordre de 2 millions de dollars, la Turquie, l’Arabie Saoudite, la Malaisie les Émirats Arabes Unis, l’Égypte, le Maroc, l’Algérie, la Jordanie, l’Indonésie, le Liban, la Lybie, le Koweït, la Syrie, le Qatar, le Soudan, la Tunisie, le Kazakhstan, l’Iran, le Bahreïn et les Maldives constituent un marché sous exploité par les exportateurs camerounais. Ces derniers sont principalement tournés vers l’Algérie, le Sénégal, le Gabon, le Maroc, l’Albanie, les Émirats arabes unis, la Guinée, le Tchad, la Côte d’Ivoire et le Liban. Le tout pour un montant cumulé d’échanges de 6,94 millions de dollars.
Amélioration
«Nous encourageons les exportateurs de café camerounais à se tourner vers les pays du Maghreb qui sont de grands consommateurs. Mais le Cameroun doit au préalable relever quelques défis», déclare Jacqueline Salguero Huaman, chargée du programme Intelligence commerciale et du marché du Centre du commerce international. Elle cite l’amélioration du transport et des systèmes de payement; ainsi que la conformité aux normes internationales. Mais plus encore: «Il faut connaitre les besoins des différents pays pour y répondre au mieux. Le problème c’est que le Cameroun ne commercialise qu’un seul type de café et à côté de cela le café est vendu brut parce que le pays ne transforme que 5% de sa production. Donc, il faut améliorer cela si on veut conquérir le marché», déclare-t-elle de concert avec les acteurs clés de ces rencontres. Ces derniers énoncent à leurs tours des difficultés liées à la croissance rapide de l’urbanisation, l’accès difficile aux intrants agricoles de qualité et aux équipements de production, entre autres.Une opportunité pour la SND30
Cette pensée autour de l’augmentation des marges de production et d’exportation nationales de café représente une opportunité pour le gouvernement. Celui-ci en fait un des maillons essentiels de sa Stratégie nationale de développement à l’horizon 2030 (SND30). Dans cette démarche, le gouvernement cherche à faire émerger des «champions nationaux autour desquels la production, la transformation et la commercialisation de ces filières vont s’organiser et se structurer (SND30 P44, Ndlr)». Cette vision est mise en œuvre par le CICC au travers du «Programme New generation». Celui-ci vise le recrutement, la formation et l’installation de jeunes dans le domaine concerné. À côté d’eux, l’attention a été portée à Yaoundé sur les besoins en investissement des entreprises évoluant dans le secteur. «Nous avons besoin des crédits des campagnes. Ce sont des espèces de fonds de roulement. Parce que lorsque les producteurs donnent leur café aux Gic (Groupe d’initiatives communes), ces derniers n’ont pas forcément d’argent pour payer directement. Le crédit de campagne va constituer une avance sur solde en attendant que le torréfacteur vende tout son stock. Or la plupart des banques refusent de nous délivrer ce service», déclare Jean Kamdem, promoteur de la société Tobitor.Culture du café au Cameroun: «Trop beau pour être vrai»
L’idylle entre le Cameroun et le café remonte à 1884. Mais c’est en 1927 que les premiers caféiers Arabica seront mis en terre avec succès dans les plantations de l’Ouest avant de s’étendre dans la région du Sud, puis à l’Est. En 1928, 200 000; 97 000 et 17000 graines de café seront semées respectivement à Dschang, Koutaba, Lomié. Puis 110 000 à Ebolowa et 28 000 à Sangmelima. C’est au sein de la «Coopérative des planteurs de café d’Arabie du pays Bamoun» que les tout premiers tonnages de café Arabica seront décortiqués et un premier lot de six tonnes vendu comme échantillon à un marchand de café de l’époque «La maison P. Jobin». Le lot sera ensuite expédié au Havre, en France, mais l’origine camerounaise de ce café véhémentement contestée par les douanes françaises sous prétexte que cette qualité exceptionnelle de café ne pouvait pas venir d’un territoire comme le Cameroun. Une enquête s’ensuivra. Celle-ci établit que, ce désormais célèbre café de grande qualité porte l’estampille «Cameroun». Et la presse locale ne manquera pas de titrer à sa une «Trop beau pour être vrai…» Ce sera le départ d’une fantastique aventure qui conduira le Cameroun à occuper, à l’issue de la campagne 1991/1992, le troisième rang des pays producteurs de café en Afrique et le 12e rang à l’échelle mondiale, avec une qualité unique en son genre.
Exportateurs de café
Le Cameroun est aujourd’hui 5e producteur africain de ce précieux sésame. Il est classé 21e du genre à l’échelle mondiale. Grâce à des ventes de l’ordre de 42 millions de dollars (25 291 milliards FCFA), il trône à la 8e place des exportateurs de café dans le continent. C’est dire que beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis ces lointains événements que narrait ce 28 novembre 2023, le ministre du Commerce Luc Magloire Mbarga Atangana. C’était à l’occasion de la 1ère édition de l’«OIC coffee meet Cameroun»; un évènement co-organisé par son département ministériel; le centre islamique pour le développement du commerce (CIDC) et la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (Badea). Il vise à rassembler les opérateurs locaux de la filière autour des opportunités d’investissement et de commerce dans la zone de l’Organisation de la coopération islamique (OIC). Il vise aussi la promotion de la filière café du Cameroun au travers de la présentation de sa chaine de valeur et ses besoins d’investissement et de financement.C’est à ce titre que «24 projets ont été élaborés selon un canevas convenus et soumis au CIDC, qui les a transférés à ses partenaires. 1400 échanges B2B sont annoncés, dont certaines en visioconférence et jusqu’ici le plus petit besoin de financement exprimé se chiffre à 64 millions FCFA», précise Omer Gatien Maledy, secrétaire exécutif du Conseil interprofessionnel du cacao et café (CICC).
Louise Nsana
Fêtes de fin d’année à Yaoundé : la Foire syrienne de mille feux
En prélude aux fêtes de fin d’années, les Syriens exposent leur savoir-faire dans l’ameublement, et le vestimentaire.
La Foire syrienne se tient du 20 novembre 2023 au 11 janvier 2024 à Yaoundé, lieu-dit maison du parti. C’est un grand rendez-vous de business, à l’approche des fêtes de fin d’année. L’on retrouve sur le site, des salons de luxe, des costumes, des chaussures pour hommes, femmes et enfants, des parfums, des bijoux, des lustres, des rideaux, et des chaises en plastique. Tous ces objets sont liquidés à des prix «promotionnels». Par conséquent nous apprend-on, ils sont à la portée de toutes les bourses. «Pendant la période des fêtes, nous savons que des familles souhaitent donner un nouveau visage à leurs maisons. La foire est donc indiquée, car, nous faisons des efforts pour que les prix soient accessibles à tous. La personne qui souhaite décorer sa maison peut trouver ce qu’elle veut dans cette foire. Il y en a pour toutes les bourses. Au Cameroun, il y a de très beaux duplex qui valent beaucoup d’argent. Cela ne représente pas grand-chose, pour ceux qui en construisent par exemple, de débourser 4 millions pour un salon sculpté à la main et embelli par un tissu qui ne s’effiloche pas. Parce que ce sont des meubles qui ont une durée de 10 à 30 ans», rassure, Kom Nji Mfochive Moumbagna Amidou. Dans sa posture de coordonnateur de cette foire, l’homme ne manque pas de jeter des fleurs sur le savoir-faire syrien. «Les Syriens font des objets faits manuellement, à partir de la matière locale, notamment du coton. Tout est «Made in Syria». Et ceux fabriqués au Cameroun le sont à base de la matière syrienne, dans des conditions semblables à quelques détails près», vante-t-il. Et d’ajouter: «la Syrie ne peut qu’offrir aux Camerounais ce qu’elle a de bon, de meilleur, en un mot son savoir-faire. Toutefois, il faut noter que ce qui est bien fait a un coût».
Plus-value
La foire syrienne se tient à Yaoundé en fin d’année, et au milieu de l’année. Elle se déporte dans la capitale économique camerounaise. Elle s’est même déportée dans la sous-région Afrique centrale. Selon son coordonnateur, ils étaient au Gabon, Guinée Équatoriale, Congo Brazzaville, au Tchad, à l’exception de la République Centrafricaine (RCA), pour des raisons de sécurité. «Les Syriens viennent au Cameroun pour le commerce, ils viennent au Cameroun à travers une structure de la Chambre de Commerce syrienne qui les mandate pour commercialiser partout. C’est pourquoi, partout où ils vont, l’État de la République arabe syrienne les soutient, à travers leur ambassadeur qui réside à Abuja (Nigéria)», fait savoir Kom Nji Mfochive Moumbagna Amidou.Pour ce qui est de la plus-value, elle découle du fait que les conteneurs de marchandises qui arrivent paient la douane. C’est un apport indéniable pour l’économie du Cameroun. En outre, la foire syrienne constitue une niche d’emplois saisonnier pour de nombreux étudiants. «Ils viennent pour travailler et signent des contrats à court terme. Ainsi, après la foire, chacun peut payer sa chambre pour un an environ», pavoise le coordonnateur de l’exposition. Au-delà de cela, il y a ceux qui ont appris le métier aux cotés des Syriens et qui se sont installés à leur propre compte aujourd’hui. Et ce n’est pas tout. «Quand on arrive en Syrie, nous sommes considéré comme les frères de Samuel Eto’o ou de Roger Miller, parce que nous avons été au Cameroun et c’est avantageux pour le business, on peut faire beaucoup de choses», dit-il. Notons que c’est en 1996 que les Syriens s’intéressent au Cameroun comme terre d’opportunités, via la foire organisée par la Chambre du Commerce du Cameroun.
Olivier Mbéssité
Insertion professionnelle des étudiants en droit : les jeunes étudiants à l’école du Cadev
Le Centre africain pour le droit et le développement (Cadev) a présenté le 1er décembre dernier à la Fondation Muna, les opportunités d’accès à l’emploi.
Le constat est amer. Les étudiants en droit sortis des universités du Cameroun ont des difficultés à trouver de l’emploi. Nombreux sont ceux qui se ruent vers les concours d’intégration directe à l’instar de l’École nationale d’Administration et de Magistrature (Enam) et certains pour la profession d’avocat, ou d’huissier. Une fois la porte fermée à ces différentes professions, les étudiants tombent dans l’oisiveté. Or le droit est une science transversale que l’on retrouve dans les nouveaux métiers.
Pour Sadjo Ousmanou, président du Cadev, «cela se justifie par le fait que les jeunes ne sont pas bien orientés professionnellement, et par la suite, ils sont désemparés parce que ne sachant pas où aller pour bénéficier des premières expériences professionnelles ou à l’emploi».
Vu l’épineux problème d’insertion des jeunes étudiants en droit, le forum dont le thème est: «des opportunités d’accès à l’emploi pour les jeunes diplômés en droit», a toute sa pertinence. Pour les organisateurs, le Cadev met l’accent sur la formation continue. «La mission qui est la nôtre est la promotion de la fonction juridique en entreprise, parce que nous voulons valoriser les juristes, nous voulons valoriser l’apport du droit dans l’activité économique et dans la sécurisation des transactions commerciales», explique Sadjo Ousmanou, président du Cadev. Il poursuit d’ailleurs: «le droit fera davantage son effet et les jeunes seront bien formés. Nous avons assis le cœur de notre métier sur la formation professionnelle et la formation continue».Formations
«Nous offrons des formations sur toutes les expertises du droit des affaires, que ce soit en matière de droit de société, en matière de droit de contrat d’arbitrage, la médiation, les audits juridiques, le secrétariat juridique et toutes les connaissances ponctuelles en fonction de l’évolution du droit. Nous organisons des séminaires de mise à niveau, des séminaires d’actualité juridique ou alors des formations certifiantes en matière d’arbitrage, en matière de médiation, des assurances, et les audits juridiques», précise Sadjo Ousmanou.Satisfécit
Nicole Tankeu, jeune étudiante en droit, est satisfaite des échanges riches et fructueux avec les différents experts. «Le forum était très édifiant pour les étudiants fraîchement sortis des universités. J’ai retenu de nombreuses opportunités dans le domaine juridique. Les opportunités d’emploi s’accompagnent des expériences qui sont le volet pratique. À cet effet, le «Can Do Training» se présente comme un accompagnateur pour mieux nous affiner en tant que juriste, quel que soit le domaine de spécialisation», se réjouit-elle. Et pour plus de chance pour de nombreux étudiants, le président du Cadev suggère une certaine ouverture des universités d’États à la nouvelle donne, au nouveau du paradigme. «Elles sont assez conservatrices, elles gagneraient à avoir des partenariats avec les institutions de formation, des partenariats avec les organismes, des professionnels comme les patronats, parce que c’est là aussi qu’on peut effectivement gagner en relation, en réseau, pour pouvoir offrir des chances de stage, d’emploi et de collaboration avec les professionnels qui viendront former dans les universités, pour apporter leur savoir-faire, aux côtés des théoriciens qui font la base du métier», explique-t-il.Olivier Mbessité
Gouvernance : Les dessous de l’interdiction du ‘‘Mouvement 10 millions de Nordistes’’
La version officielle accuse ce mouvement d’agir contre l’unité et l’intégration nationales. En réalité, ses actions de revendications gênaient le sérail jusqu’aux entournures.
Paul Atanga Nji Guibaï Gatama Visiblement, il a secoué la République. Et officiellement, le ministre de l’Administration territoriale (Minat) a suspendu de toute activité le ‘‘Mouvement 10 millions de Nordistes’’ par arrêté pris le 18 novembre 2020 pour son «caractère belliqueux et illégal». En plus de cette interdiction, Paul Atanga Nji menace son porte-parole, Guibaï Gatama, de poursuites judiciaires pour ses «initiatives antirépublicaines» visant «à diviser les Camerounais, en les appelant de manière insidieuse et sournoise à se dresser les uns contre les autres». Le Minat soutient enfin que les objectifs de ce mouvement «vont à l’encontre des idéaux de paix, d’unité et d’intégration nationales inscrits dans la constitution».
Repli identitaire
Cette version officielle trouve des partisans au sein de l’opinion, qui notent que le positionnement du ‘‘Mouvement 10 millions de Nordistes’’ en tant que porte-voix des intérêts des ressortissants des régions de l’Adamaoua, de l’Extrême-Nord et du Nord fait de lui le chantre du repli identitaire et du communautarisme. Paul Atanga Nji n’a pas aussi tout faux en révélant que de nombreux ressortissants de ces trois régions septentrionales l’ont saisi «pour dénoncer ces manœuvres obscures auxquelles ils ne sont ni de près ni de loin associés et dans lesquelles ils ne se reconnaissent pas».
La démarche du fumeux ‘‘Collectif des chefs de délégation permanent régionale du Grand-Nord’’ pourrait corroborer le propos du Minat. Celui-ci a effectué une mission supposément dépêchée par le président de l’Assemblée nationale auprès de El Hadj Mohamadou Abbo Ousmanou et Aboubakari Abdoulalaye, comme lui chefs de délégations permanentes régionales du Comité central du RDPC (au pouvoir) respectivement pour l’Adamaoua et le Nord.Dans son rapport, le coordonnateur du secrétariat technique, Yaouba Abdoulaye, par ailleurs membre du gouvernement, souligne : «la profondeur des frustrations et des revendications liées à l’étendue des demandes sociales non satisfaites et exploitées et instrumentalisées par des mouvements contestataires non violents tels que ‘‘Opération 10 millions des nordistes’’, ‘’Communautés du Grand-Nord’’ et autres pourrait amener les populations à se soulever contre le régime en place».
Il s’agit donc, à travers ce fameux collectif, de mobiliser les pontes du pouvoir originaires des trois régions septentrionales afin de «relancer l’exhortation des populations du septentrion à se remobiliser et à renforcer leur cohésion et l’union sacrée autour du président de la République».
En réalité, souffle une source se targuant d’une parfaite connaissance de la scène politique locale, Yaouba Abdoulaye s’est entiché du directeur de cabinet du président de l’Assemblée nationale et à l’insu de la 3è personnalité de l’Etat dans une démarche guidée par des calculs personnels. «Le premier souhaite se maintenir au gouvernement qu’il a intégré grâce à l’entregent du président de l’Assemblée nationale et le second espère y faire son entrée si d’aventure son patron n’est pas maintenu en mars prochain au Perchoir», susurre-t-elle.
Problèmes
Des sources dans l’entourage du président de l’Assemblée nationale, comme pour corroborer cette thèse, confessent que ce dernier a reconnu la pertinence des problèmes posés par le ‘‘Mouvement 10 millions de Nordistes’’, et n’a jamais eu la dent aussi dure contre le président de la République, coupable à ses yeux de s’intéresser au Grand-Nord davantage pour son vivier électoral que pour apporter des solutions à sa pauvreté criante.Caciques
A en croire les mêmes sources, la plupart des caciques du pouvoir dans les régions de l’Adamaoua, de l’Extrême-Nord et du Nord sont officieusement de tout cœur avec le ‘‘Mouvement 10 millions de Nordistes’’. Il suffit de se rappeler qu’il y a 16 ans, le mémorandum du Grand-Nord posait déjà les problèmes de cette partie du pays. Et Guibaï Gatama, le porte-parole du mouvement dissous, était au cœur de cette revendication dont la plupart des meneurs ont ensuite rejoint le camp du pouvoir.D’aucuns sont donc convaincus que Paul Atanga Nji a juste succombé à des pressions du sérail. Lequel, à leur avis, était gêné jusqu’aux entournures par les dénonciations du mouvement démontrant effectivement que les régions septentrionales sont lésées dans la mise en œuvre des politiques publiques.
Parmi ceux qui avaient intérêt à décapiter le ‘‘Mouvement 10 millions de Nordistes’’, figure en bonne place le ministre de la Fonction publique et de la Réforme administre (Minfopra). Joseph Le a, en effet, été mis en difficulté par ce mouvement lors de la publication des derniers résultats d’entrée à l’École nationale d’administration et de magistrature (ENAM).Statistiques à l’appui, le mouvement a démontré que les quotas réglementaires réservant 30% des places aux concours administratifs au Grand-Nord n’ont pas été respectés. Après des recours gracieux, le mouvement a saisi la justice en vue de la suspension des résultats. Une source, pour convaincre qu’il tire les ficelles dans l’ombre, souligne la rapidité avec laquelle le Minfopra a relayé sur les réseaux sociaux la décision du Minat.
Mais, se convainc une élite du Grand-Nord, «l’interdiction complexifie la tâche du pouvoir. La cote de sympathie est aussitôt montée en flèche, se traduisant par la création de près de 200 groupes WhatsApp dédiés à la cause défendue par le mouvement». Elle croit ferme que la décision du Minat renforce l’ancrage de cette démarche dans les cœurs des jeunes de cette partie du Cameroun. Comme en son temps un communiqué du Minfopra lu au journal parlé de 13 h de la radio nationale a accru de manière inespérée la visibilité du mouvement.
Bobo Ousmanou
Jean Claude Tsila
Dans les colonnes d’un tabloïd local, l’on a parlé du «shérif de la capitale décédé dans la soirée du 12 août 2020 des suites de maladies».
L’administrateur civil principal de 64 ans s’est éteint après 10 ans de commandement dans le très sensible département du Mfoundi. Pour certains analystes, ce n’est pas tant le souvenir d’une carrure imposante dans le giron administratif de la capitale qui fait surgir des larmes dans les yeux, que le sentiment de voir disparaitre un grand commis de l’État. Sorti de l’École nationale d’administration et de magistrature (Enam) en 1982, le natif d’Oboa, village situé dans la Mefou-et-Afamba (Centre) a servi d’abord comme sous-préfet, ensuite en tant que préfet. Chef traditionnel de 3e degré, il avait atteint la limite d’âge depuis 10 ans. Malgré tout, il bénéficiait des prorogations de la part du président de la République.
Enam : Vices repetita
Cette année encore, l’embrouillamini est au rendez-vous de la publication des résultats définitifs du concours d’entrée.
Campus de l’Enam à Yaoundé Donnons acte à Joseph Anderson Le. Le 8 septembre 2019, le ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative (Minfopra) a choisi de jouer délibérément la carte de l’«apaisement» suite à l’imbroglio relatif à la publication des listes des candidats définitivement admis au concours d’entrée à l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (Enam), session 2019. «Les vérifications effectuées ont permis de confirmer l’admission définitive des intéressés auxdits concours et d’établir que la présence des mêmes noms sur les listes d’attente ne relève que d’une malencontreuse erreur matérielle», explique le ministre. Il indique que des arrêtés modificatifs visant à corriger ces erreurs ont été signés le 8 septembre par le Minfopra.
Si elle ne cache pas autre chose, l’intention ministérielle est louable. En même temps, ses explications n’arrivent pas à faire mouche auprès de l’opinion publique. Dès la publication officielle des résultats, celle-ci a vite fait de remarquer que certains candidats sont à la fois déclarés définitivement admis et sur les listes d’attente. L’on note qu’on a par exemple, une certaine Ndingha Koryn Kuttem, 4eme sur la liste des admissions, est en même temps 4ème sur la liste d’attente. Une autre lauréate, Ndialle Vanessa Eboh, 22ème sur la liste des admissions est également 2ème sur la liste d’attente. Le candidat Youmbi Wenguela Hermann est 5ème sur la liste des admissions mais également 3ème sur la liste d’attente. Quant à Mboule Ekane Christel Nadège, elle est major sur la liste des admissions mais aussi 3èmesur la liste d’attente. Ashua Singoue Véronique, elle, est 30ème sur la liste des admissions mais aussi 2ème sur la liste d’attente.
Il n’y a pas eu tripatouillage
Voilà qui fait rire certains à gorge déployée ; eux qui ont encore en mémoire quelques récents méli-mélodrames. À la session 2017 de l’Ecole du même concours, Milsaints Claude Ndjomo à été reçu dans la filière administration des affaires sociales (cycle A), alors même qu’il n’a pas passé les épreuves orales. Il est décédé le 9 octobre et a été enterré le 11 novembre 2017, quelques jours avant les épreuves orales. Alors Premier ministre, Philemon Yang avait prescrit une commission d’enquête pour comprendre comment le nom d’un mort avait pu se retrouver sur la liste définitive des admis dans cette grande école.
À la session 2016, deux listes des candidats admissibles avaient été publiées sur le site web de l’Enam en moins de 254 heures. Cette fois-là, aucune explication.À la suite des incongruités dans la gestion des résultats du concours d’entrée dans la même institution. Paul Biya signait un décret le 9 avril 2018 ; Celui-ci définissait la durée du mandat à la tête de l’Enam et les conditions de la suspension temporaire du directeur général par le Conseil d’administration. À la base, la tutelle reprochait au Dg de l’époque, Linus Toussaint Mendjana, d’avoir publié les résultats définitifs du concours, en lieu et place de l’ex-ministre, Michel Ange Angoing. Autre grief, sur les listes définitives, apparaissait le nom d’une candidate qui n’a jamais été déclarée admise par le jury.
Ongoung Zong Bella
Journée de deuil national au Cameroun : Conjurer l’insouciance et l’indifférence nationales
Le 21 juin dernier était jour de deuil national au Cameroun. C’était en hommage à la quinzaine de soldats tombés sous les balles ennemies de Boko Haram, une semaine auparavant.
Deuil national au Cameroun L’observation du deuil national -décrété par le président de la République du Cameroun et non moins chef des Armées- donne à constater plusieurs curiosités. La présidence de la République, clé de voûte des institutions, n’a pas mis en berne le drapeau du Cameroun placé sur le toit du palais de l’Unité au quartier Etoudi à Yaoundé. Simple oubli ou indifférence à l’hommage aux soldats tombés au champ d’honneur à Darak ?
Il faut constater que les populations, dans la grande majorité, ont fait comme la présidence de la République. Dans les grandes métropoles comme dans les localités secondaires du pays, la vie était à son train quotidien habituel ce vendredi 21 juin 2019. Comme si de rien était, les Camerounais n’ont pas changé leurs habitudes de début de week-end. Dans l’« insouciance nationale », le vendredi camerounais est resté égal à lui-même, précisément en matière de lucre et de fiesta. Toutes les industries du plaisir ont ouvert leurs portes et ont fonctionné à plein régime. Chaque famille endeuillée est allée dans son village porter en terre son parent tué à Darak, parfois sans tambour ni trompette, et généralement dans l’anonymat.
Pourtant, la journée de deuil national est bien comprise et appliquée par l’Armée camerounaise, le ministère de la Défense et certaines administrations sensibles dans le dispositif du commandement. En effet, vendredi dernier, il y a bel et bien eu, dans les garnisons et casernes militaires, des cérémonies sobres d’hommage aux morts. Des offices religieux accompagnaient lesdites cérémonies. Mais force est de remarquer que ces cérémonies ô combien louables sont restées sans impact ou effet d’entrainement sur la population camerounaise. Déficit de patriotisme face aux causes nationales ? Indifférence à la mort sur le champ d’honneur ? Inconscience face aux dangers qui guettent le pays ?
Devoir de mémoire, devoir citoyen
Les réponses à ces questionnements ne coulent pas de source. Une évidence : il y a beaucoup de travail à faire, notamment pour exacerber le sentiment national dans l’observance du deuil national. Primo : les cérémonies ne doivent pas se limiter au seul cadre des garnisons militaires. Toutes les administrations publiques (aux niveaux central et local) et les collectivités territoriales décentralisées doivent également s’impliquer, en se mobilisant de façon spécifique et populaire. Secundo : la création d’un cimetière spécialement dédié aux soldats tombés au champ d’honneur. Ce cimetière serait l’un des symboles de la reconnaissance de la patrie envers ses soldats tombés au front. La création de ce « panthéon » devrait accueillir chaque année une cérémonie d’hommages aux valeureux fils tombés en défendant la patrie. Cette cérémonie deviendrait alors un grand rendez-vous dans l’agenda officiel du Gouvernement et partant du pays.Une autre piste à suivre est l’instauration du service militaire obligatoire pour tous les étudiants des grandes écoles des universités camerounaises. Jusqu’ici, seuls les étudiants de l’École nationale d’administration et de magistrature (Enam) en bénéficient. D’autres moules de formations devraient suivre, à savoir les écoles normales supérieures, etc. En addition au service civique offert à certains jeunes camerounais, le service militaire imposé à la future élite camerounaise va disséminer et démocratiser davantage la bonne graine du patriotisme et de l’appartenance à un idéal commun. Dans la foulée, il faut aussi renforcer les cours d’éducation civique dans les programmes scolaires de la jeunesse camerounaise. Ce renforcement porterait sur le volume horaire des cours et le coefficient affecté à cette matière.
Telles sont des mesures et bien d’autres qui permettront, à coup sûr, de conjurer, à moyen et long termes, la mauvaise attitude générale observée vendredi dernier lors du deuil national en mémoire à nos vaillants soldats tombés sous les fourches caudines de Boko Haram, organisation multipolaire à la fois terroriste et mafieuse qui contrôle les routes de la criminalité dans le bassin du Lac Tchad.
Thierry Ndong Owona
Mairie de Yaoundé II : Yannick Ayissi prend le pouvoir
Elu le 18 janvier 2019 par 21 voix sur les 36 du conseil municipal, il devient l’un des plus jeunes maires du Cameroun.
Le maire Yannick Ayissi Le successeur du regretté Luc Assamba est connu. Yannick Ayissi (38 ans) a été porté à la tête de l’exécutif municipal de Yaoundé II au terme d’un scrutin auquel ont pris part 3 autres candidats.
Originaire de la Lékié (région du Centre), il n’est pas un inconnu dans l’administration camerounaise. Major de sa promotion à l’ENAM (section des régies financières), il est sous-directeur du budget au ministère des Enseignements secondaires.
Sur le plan social, le nouveau maire tient sa réputation des championnats et des initiatives de vacances dans l’arrondissement de Yaoundé II.
S’intéressant d’emblée au calendrier politique de cette année au Cameroun, il apparait serein et confiant. Il sait déjà ce qu’il doit faire comme travail. « Ma priorité est de rassembler tous les fils et militants de Yaoundé II, afin de préparer les échéances électorales qui arrivent », a-t-il déclaré à la presse.
André Balla
Gouvernement post-présidentielle : La grosse feinte de Paul Biya
Michel Roger Emvana avait prévenu: «le président Biya ne varie pas de stratégies et de techniques de gouvernance». L’auteur de «Paul Biya. Les secrets du pouvoir», publié en 2005 aux éditions Karthala, s’exprimait ainsi au cours d’un entretien accordé au journal Intégration à la veille de l’élection présidentielle du 7 octobre 2018. «Autant que Paul Biya ne cède pas aux pressions, il reste profondément secret, mesuré, discret, délicat, circonspect, indéchiffrable, insondable… imperturbable. Il aime prendre de court et adore les contre-pieds», ajoutait le portraitiste.
Il a vu juste. Les Camerounais qui ont mis le bulletin du président sortant dans l’urne en espérant le voir changé ont commencé à déchanter. S’appuyant sur les urgences de l’heure, nombre de ses partisans attendaient une rupture. Après avoir feint d’aller dans ce sens, «l’homme lion» leur a servi ce 4 janvier 2019 un réaménagement du gouvernement douchant au passage nombre d’espoirs.
Citoyens, hommes politiques, ministres… Ils sont nombreux qui attendaient un grand chamboulement. Mais fidèle à son habitude, le président camerounais a pris ses partisans à contre-pied.
Le discours du président de la République du Cameroun du 31 décembre 2018 a installé nombre de ses partisans dans une certitude : le gouvernement qui va conduire le septennat des «grandes opportunités», comme l’a baptisé Paul Biya, sera en rupture avec l’actuel! De l’avis de nombreux militants du Rassemblement démocratique du peuple Camerounais (RDPC, parti au pouvoir), une phrase a contribué à conforter cette position : «Le septennat qui vient de commencer devrait être décisif pour notre pays. Il pourrait même être l’un des moments les plus importants de notre histoire depuis notre indépendance», lâche, dès l’entame de son message de vœux, l’homme qui tient les rênes du pouvoir depuis 36 ans.
Dans les émissions de débriefing du discours présidentiel, certains cadres du parti se perdent en conjectures. «[Paul Biya] a voulu rester énigmatique et mystérieux tout en envoyant un message aux Camerounais : « attention le Cameroun va opérer sa forte mutation dès 2019 ». Et ça va être à notre avis une mutation à la fois institutionnelle et structurelle au niveau de gouvernance publique», se risque Gaston Komba sur un plateau de Canal 2 international.
Pour le député RDPC du Nkam, le temps inhabituellement long (les gouvernements post-présidentielles intervenant généralement en début décembre) pris par le chef de l’État camerounais pour former sa nouvelle équipe pourrait même s’expliquer par sa «volonté de tenir compte d’un environnement de changement beaucoup plus profond qui ne concerne pas seulement le gouvernement». Car explique-t-il, le septennat «peut être décisif du point de vue des hommes, de la configuration institutionnelle et même de la répartition nouvelle des cartes pour durablement refonder le vivre ensemble».
Inattendu
En plus, l’instruction formelle donnée aux membres du gouvernement de ne point commenter son discours dans les médias comme ils ont pris l’habitude a fini de convaincre qu’un tsunami se préparait. Mais c’était mal connaitre Paul Biya. Un président qui «gouverne avec une cagoule», qui «n’est pas celui qu’il parait être», selon la description de Michel Roger Emvana, l’un de ses portraitistes. Ce 4 janvier 2019, à la place du chamboulement attendu, ce fut plutôt pour les plus optimistes un remaniement. De toutes les façons, on a certes un nouveau Premier ministre mais pas de nouvel organigramme. Sur un cabinet d’une soixantaine de ministres, on compte douze nouveaux arrivants dont cinq seulement avec portefeuille. On enregistre aussi quelques changements de ministère et de promotion.Cette option laisse plus d’un sur leur faim. Dans le cabinet d’un ministre en fonction, on soutient que «Paul Biya a surpris même les membres de son propre gouvernement». Présentant un «grand nettoyage», notamment après le fiasco qui a abouti au retrait de l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations, certains ministres se sont livrés à un jeu de massacre par média interposés. Un problème que Paul Biya a ignoré pour les uns et ajourné pour les autres. Toujours est-il que le secrétaire Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général de la présidence de la République, a été non seulement reconduit, mais conforté comme ministre d’État. Louis Paul Motaze reste au ministère de Finances et Pierre Ismaël Bidoung Mkpatt a été muté du ministère des Sports et de l’Éducation physique à celui de la culture. Seuls Abba Sadou, Jean Claude Mbwentchou et Mama Fouda respectivement en charge des Marchés publics, de la Santé publique et de l’Habitat et du Développement urbain ont été écartés.
Aboudi Ottou
Le gouvernement du 4 Janvier 2019
Premier ministre, chef du gouvernement : Joseph Dion Ngute
Ministres d’Etat
Ministre d’Etat, ministre de la Justice, garde des sceaux : Laurent Esso
Ministre d’Etat, ministre du Tourisme et des Loisirs : Bello Bouba Maïgari
Ministre d’Etat, ministre de l’Enseignement supérieur : Jacques Fame Ndongo
Ministre d’Etat, ministre Secrétaire général de la présidence de la République : Ferdinand NgohNgohSecrétariat Général
de la Présidence
Secrétaire général-adjoint : Elung Paul Che
Secrétaire général-adjoint : Mohamadou MoustafaCabinet civil
Directeur : Samuel Mvondo Ayolo
Directeur-adjoint : Oswald BabokeMinistres
Ministre délégué à la présidence de la République, chargé de la Défense : Joseph Beti Assomo
Ministre délégué à la présidence de la République, chargé des Relations avec les Assemblées : Francois Wakata Bolvine
Ministre délégué à la présidence de la République, chargé du Contrôle supérieur de l’Etat : Mme Mbah Acha Fomundang Rose GwariMinistre délégué à la présidence de la République, chargé des Marchés publics : Ibrahim Talba Malla
Ministre de l’Administration territoriale : Paul Atanga Nji
Ministre des Affaires sociales: Mme Kendeck Pauline Irène née Nguene.
Ministre de l’Agriculture et du Développement rural : Gabriel Mbairobé
Ministre des Arts et de la Culture : Bidoung Kpwatt Ismaël
Ministre du Commerce: Mbarga Atangana Luc Magloire
Ministre de la Communication: René Emmanuel Sadi
Ministre de la Décentralisation et du Développement local : Georges Elanga Obam
Ministre des Domaines du Cadastre et des Affaires foncières : Henri Eyebe Ayissi
Ministre de l’Eau et de l’Énergie: Gaston Eloundou Essomba
Ministre de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire: Alamine Ousmane Mey
Ministre de l’Éducation de base: Laurent Serge Etoundi Ngoa
Ministre de l’Élevage, des Pêches et des Industries animales: Dr Taiga.
Ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle : Issa Tchiroma Bakary
Ministre des Enseignements secondaires: Pauline Egbe Nalova Lyonga
Ministre de l’Environnement, de la Protection de la nature et du Développement durable: Helé Pierre
Ministre des Finances: Louis Paul Motaze
Ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative : Joseph Anderson LE
Ministre des Forêts et de la Faune : Jules Doret Ndongo
Ministre de l’Habitat et du Développement urbain : Mme Célestine Keutcha Courtès
Ministre de la Jeunesse et de l’Éducation civique : Mounouna Foutsou.
Ministre des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique : Gabriel Dodo Ndonke
Ministre des Petites et moyennes entreprises, de l’Économie sociale et de l’Artisanat : Achille Bassilikin III
Ministre des Postes et télécommunications : Minette Libong Li Likeng.
Ministre de la Promotion de la femme et de la famille : Mme Abena Ondoa née Obama Marie-Thérèse
Ministre de la Recherche scientifique et de l’Innovation : Mme Tchuinte Madeleine
Ministre des Relations extérieures : Lejeune Mbella Mbella
Ministre de la Santé publique : Manaouda Malachie
Ministre des Sports et de l’Éducation physique : Narcisse Mouelle Kombi
Ministre des Transports : Massena Ngallé Bibehe Jean Ernest
Ministre du Travail et de la Sécurité sociale : Owona Grégoire
Ministre des Travaux publics : Nganou Djoumessi EmmanuelMinistres délégués
Ministre délégué auprès du ministre de l’Agriculture et du Développement rural chargé du Développement rural : Ananga Messina née Beyene Clémentines
Ministre délégué auprès du ministre de l’Environnement, de la Protection de la nature et du Développement durable : Nana Aboubakar Djalloh
Ministre délégué auprès du ministre de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire chargé de la Planification: Paul Tasong
Ministre délégué auprès du ministre des Finances : Yaouba Abdoulaye
Ministre délégué auprès du ministre de la Justice, garde des sceaux : Jean de Dieu Momo
Ministre délégué auprès du ministre des Relations extérieures chargé de la coopération avec le Commonwealth : Felix Mbayu
Ministre délégué auprès du ministre des Relations extérieures chargé de la coopération avec le monde islamique : Adoum Gargoum
Ministre délégué auprès du ministre des Transports : Njoya ZakariaouMinistres chargés de mission à la présidence de la République
Ghogomu Paul Mingo
Ndong Soumhet Benoit
Hamidou Moustapha
Mengot Victor Arrey Nkongho.
Mbarga Mboa PhilippeSecrétaires d’Etat
Secrétaire d’État auprès du ministre de la Défense, chargé de la Gendarmerie nationale : Yves Landry Etoga
Secrétaire d’État auprès du ministre de la Défense, chargé des Anciens combattants et victimes de guerre : Koumpa Issa.
Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Éducation de base : Mme Kilo Viviane Asheri.
Secrétaire d’État auprès du ministre des Enseignements secondaires, chargé de l’Enseignement normal : Bayola Boniface
Secrétaire d’État auprès du ministre des Forêts et de la Faune : Mme Koulsoumi Alhadj ép. Boukar.
Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Habitat et du Développement urbain, chargé de l’Habitat: Dibong née Biyong Marie Rose
Secrétaire d’État auprès du ministre de la Justice, garde des sceaux, chargé de l’Administration pénitentiaire : Dooh Jérome Penbaga
Secrétaire d’État auprès du ministre des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique: Calistus Gentry
Secrétaire d’État auprès du ministre de la Santé publique chargé de la lutte contre les épidémies et les pandémies : Alim Hayatou
Secrétaire d’État auprès du Ministre des Travaux publics chargé des routes : Armand NdjodomJoseph Dion Ngute
Premier ministre du septennat «d’opportunités»
C’est un visage pour le moins inconnu du grand public qui va diriger le premier gouvernement du septennat des « Grandes opportunités » du président Paul Biya. Celui qui était depuis mars 2018, ministre chargé de mission à la présidence de la République à la charge aujourd’hui de conduire une équipe gouvernementale réaménagée, dans la foulée ; et dans laquelle les principaux barons du régime conservent leur poste. C’est dire si le nouveau chef du gouvernement aura fort à faire pour ce qui est de la cohésion gouvernementale mise à mal ces derniers mois. Joseph Dion Ngute n’est pour autant pas un novice dans les sphères politique et administrative du pays.
Ce membre du comité central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), au pouvoir, est originaire du département du Ndian dans la région du Sud-ouest. C’est en juin 1986 que le président Paul Biya le nomme pour la première fois. Il est fait directeur adjoint du Centre national d’administration et de magistrature, puis directeur de la prestigieuse École nationale d’administration et de magistrature. Il sera ensuite ministre délégué auprès du ministre de Relations extérieures, chargé du Commonwealth de 1997 à 2018…
À l’aube de ce septennat, Joseph Dion Ngute devra s’attaquer aux grands dossiers laissés par son prédécesseur : la poursuite des chantiers de la Can, la conduite du programme économique avec le Fonds monétaire international, la crise anglophone, etc. Mais également lutter contre la corruption et améliorer le service public.
Célestine Keutcha Courtès
La pasionaria récompensée
Elle est l’une des deux entrées féminines du premier gouvernement des «Grandes opportunités». Célestine Keutcha Courtès est la nouvelle ministre de l’Habitat et du Développement urbain. Elle remplace à ce poste Jean Claude Mbwentchou, avec qui les rapports n’ont pas toujours été des plus cordiaux dans leur Nde natal. Connue jusqu’alors comme la maire de la commune de Bangangté (département du Nde, région de l’Ouest), Célestine Keutcha Courtès s’est distinguée au fil des années par la qualité du management de cette municipalité. Management qui a permis à la ville de Bangangté de remporter plusieurs prix dans les catégories de la gouvernance locale et du respect de l’environnement. Née le 13 octobre 1964, cette nomination est également une victoire politique pour la femme d’affaires prospère, par ailleurs en conflit ouvert avec le président du Sénat Marcel Niat Njifenji, pour le leadership dans le Nde.Ibrahim Talba Malla
Dans le bourbier des marchés publics
Le ministère des Marchés publics vient de décrocher la moins glorieuse première place des administrations les plus corrompues, selon l’indice de perception 2017 des usagers conduit par la Commission nationale anti-corruption (Conac). C’est ce département ministériel qui échoit désormais à Ibrahim Talba Malla, dépêché de Limbe (Sud-ouest) où il est encore Directeur général de la Société nationale de raffinage (Sonara). Originaire de Mora dans la région l’Extrême-nord, le nouveau ministre des Marchés publics aura fort à faire pour endiguer la corruption dans un ministère – ironie de l’histoire – qui a été créé pour juguler ce fléau dans la passation des marchés publics. Âgé de 65 ans, il est inspecteur principal des impôts diplômé de l’Enam (1992) et de l’Institut supérieur en management public (1986). Ibrahim Talba Malla est davantage connu pour avoir dirigé la Caisse de stabilisation des prix des hydrocarbures (CSPH) de 1988 à 2013.
Achille Bassilekin III
Un diplomate pour développer les PME
Le nouveau ministre des Petites et moyennes entreprises, de l’Économie sociale et de l’Artisanat (Minpmeesa) est un diplomate. Né le 20 mars 1969, Achille Bassilekin III est ministre plénipotentiaire de classe exceptionnelle. Avant sa nomination comme Minpmeesa, il était d’ailleurs secrétaire général du ministère des Relations extérieures (Minrex). Un poste qu’il occupe seulement depuis le 20 juillet 2018. De décembre 2015 à cette date, il était le secrétaire général du ministère du Commerce. Dans ce ministère, il initie certains chantiers pour permettre au Cameroun d’aller à l’assaut des marchés extérieurs. Il travaille notamment au renforcement des exportations du Cameroun vers l’Union européenne en tirant pleinement parti de l’Accord de partenariat économique (APE).
Ce sujet, le diplomate qui commence sa carrière en novembre 1993 à la Direction des Nations unies et de la coopération multilatérale au Minrex, le connait bien. En 2001, il rejoint en effet le secrétariat du groupe des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) comme conseiller économique à la représentation permanente de cette organisation internationale auprès de l’Organisation mondiale du commerce et de l’Office des Nations Unies à Genève. En 2008, il est promu adjoint au représentant permanent au sein de la même mission. En 2010, il deviendra sous-secrétaire général, chef du département du développement économique durable et du commerce au siège de cette institution à Bruxelles jusqu’en 2015. Pendant toutes ces années, il a contribué à la mise en place du processus des négociations des APE qui régissent les relations commerciales entre l’UE et certains pays ACP. Le nouveau Minpmeesa devrait donc mettre cette expérience à profit pour transformer l’APE en une opportunité pour les PME.
Gabriel Dodo Ndoke
Un inspecteur des impôts pour industrialiser le Cameroun
Le nouveau ministre des Mines, de l’Industrie et du Développement technologique (Minmidt) a intégré l’administration camerounaise comme inspecteurs des Impôts le 08 juillet 2002. Marié, père de sept enfants, le nouveau Minmidt a été tour à tour, sous-directeur du budget, du matériel et de la maintenance au ministère de la Fonction publique et de la Réforme administrative, inspecteur-vérificateur au Centre spécialisé des impôts des professions libérales et de l’immobilier du Mfoundi, inspecteur en service au Centre régional des impôts du Centre, chef du Centre divisionnaire des impôts de Douala 14, chef du Centre spécialisé des impôts de l’Est et inspecteur-vérificateur à la Brigade provinciale de contrôle et de vérification des entreprises de l’Est.
Diplômé de l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (Enam) de Yaoundé, il était jusqu’à sa nomination secrétaire général du ministère des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières. Originaire de la Kadey (Est), l’ancien directeur administratif et financier de la chambre d’Agriculture devrait sa nomination au rôle joué dans cette ville pour la réélection de Paul Biya. Il remplace à ce poste Ernest Gwaboubou. Originaire lui aussi du même département, l’ancien ministre est accusé de s’être ménagé pendant la campagne. Né le 13 décembre 1971 à Mokolo dans l’Extrême-Nord du pays, Gabriel Dodo Ndoke est présenté comme le fils spirituel de l’influent Mongui Sossomba, maire de Dimako, décédé le 19 mai 2018. Beaucoup y voit d’ailleurs dans son accession, la main d’Oswald Baboke, fils naturel du feu président de la chambre d’Agriculture.
Jean de Dieu Momo
Bouche d’avocat, bouche d’enfer
Le nouveau ministre délégué auprès du ministre de la Justice est celui que l’on attendait le moins à ce poste. Jean De Dieu Momo, soutien de la 25e heure de Paul Biya, risée d’une partie de l’opinion pour son spectaculaire retournement de veste ; signe l’une des entrées les plus inattendues dans le gouvernement. L’avocat, candidat malheureux à la présidentielle de 2011 et en banqueroute selon certains, était devenu depuis septembre 2018 l’un des plus grands louangeurs du chef de l’État camerounais. Celui qui aurait volontiers remporté le prix du grand bêtisier de l’année 2018 voit son retournement de veste récompensé de la plus belle des manières. Jean de Dieu Momo, né le 24 janvier 1960 à Bassa, est ministre sans portefeuille d’un département ministériel de souveraineté. Aussi bien sous les lambris dorés de la République que dans les chaumières, Jean de Dieu Momo provoquait l’hilarité à chacune de ses prises de parole.
Manouada Malachie
Pour une philosophie de la Santé publique
L’ascension de Manouada Malachie se poursuit. Après avoir été secrétaire général des ministères de la Culture (2010-2012); de l’Eau et de l’Énergie (2012-2018) ; du Commerce (juillet 2018-janvier 2019) – ce titulaire d’un doctorat en philosophie est le nouveau ministre de la Santé publique. L’un des ministères les plus importants sur l’échiquier gouvernemental camerounais. Originaire de Mokolo, (département du Mayo Tsanaga, région de l’Extrême-Nord), Manouada Malachie est diplômé de l’École nationale d’administration et de magistrature (Enam), de l’Ena de Paris, et du Centre canadien de recherche et d’appui à la gouvernance des organisations publiques (CCRAGOP) du Canada. De 2003 à 2010, ce spécialiste des relations internationales – âgé aujourd’hui de 45 ans – était attaché des affaires organiques à la présidence de la République.Njoya Zakariaou
Copilote aux transports
Originaire du département du Noum (région de l’Ouest), Njoya Zakariaou remplace numériquement Mefiro Oumarou «son frère du village» au poste de ministre délégué auprès du ministre des Transports. Titulaire d’une licence et d’une maîtrise en scoliotique politique obtenues à l’universitaire de Yaoundé I en 1997, Njoya Zakariaou est diplômé de l’Enam (2000), de l’Institut international de droit humanitaire de San Remo (Italie-2004), et de l’ENA de Paris (2018). Avant son entrée au gouvernement, celui qui a débuté sa carrière administrative comme cadre d’appui au ministère de la Fonction publique et de la Réforme administrative en novembre 2000 a été tour à tour : chef de cabinet du gouverneur de l’ex-province du Nord-ouest (2003-2004), premier adjoint préfectoral des Bamboutos à Mbouda ( 2004-2006), sous-préfet de l’arrondissement d’Isanguele – Bakassi (2006-2008), sous-préfet de l’arrondissement de Nkongsamba 3e (2008 -18 janvier 2011), sous-préfet de l’arrondissement de Douala 3e (18 janvier 2011-13 mars 2017) ; et préfet du département du Mayo-Louti depuis le 13 mars 2017. Il est âge de 49 ans et deux enfants.
Mohamadou Moustafa
La nouvelle redingote du diplomate
C’est une nouvelle vie pour celui qui était techniquement à la retraite depuis 2016. Mohamadou Moustafa
Est le nouveau secrétaire général adjoint (n°2) de la présidence de le République. Devenu ministre plénipotentiaire hors échelle en janvier 2014, il est d’abord reçu aux concours de l’Institut des relations internationales du Cameroun (Iric) et de l’École nationale d’administration et de magistrature (Enam) en 1985. Les premiers organisés après le coup d’État manqué du 6 avril 1984. Heures sombres durant lesquels Mohamadou Moustafa va préférer une carrière de diplomate à celle d’administrateur civil.Sept ans plus tard, le natif de Banyo dans la région de l’Adamaoua, sort de l’Iric nanti d’un doctorat en relations internationales et fait son entrée dans la fonction publique en janvier 1990. Après un bref passage un ministère des Relations extérieures, Mohamadou Moustafa est nommé au Haut-commissariat du Cameroun à Lagos en qualité de deuxième secrétaire (1991-1997). Il sera plus tard premier secrétaire au Haut-commissariat du Cameroun à Londres (1997-2006). De retour au Cameroun, cet expert en finances et gouvernance va diriger la sous-direction des affaires politiques et juridiques avec le Commonwealth, puis la direction des Affaires d’Asie et des Relations avec l’Organisation de la coopération islamique au ministère des Relations extérieures. Après quoi, le diplomate âgé aujourd’hui de 59 ans a assuré l’intérim du secrétariat général du ministère des Relations extérieures dès décembre 2011, après le départ de Ferdinand Ngoh Ngoh depuis lors secrétaire général de la présidence de la République.
Gabriel Mbairobé
L’agronome prend la clef des champs
Le nouveau ministre de l’Agriculture et du Développement rural (Minader) est un ingénieur agronome, diplômé de l’École nationale polytechnique de Yaoundé, option électromécanique. Après des études primaires et secondaires à Garoua (où il naît le 3 février 1958), Gabriel Mbairobé débute sa carrière professionnelle à la Société de développement du coton (Sodecoton). Au sein de cette agro-industrie, ce père de quatre enfants va occuper divers postes de responsabilités jusqu’à sa retraite en décembre 2018. Toutefois, le conseil d’administration de cette société va lui accorder une rallonge de deux ans. Gabriel Mbairobé est aussi connu pour avoir dirigé le Coton sport de Garoua, le club de football de la Sodecoton. C’est pourtant sur le terrain de l’agriculture que ce féru de football est attendu. Il devra transformer en actes un discours maintes fois rabâché sur le développement de l’agriculture de 3e génération.
Kilo Viviane Asheri
Une dramaturge au chevet des instituteurs
L’ancienne conseillère technique numéro 1 du ministère des Arts et de la Culture est désormais secrétaire d’État de l’Enseignement de base. Elle remplace à ce poste Benoit Ndong Soumhet, muté à la présidence de la République comme ministre chargé de mission. Kilo Viviane Asheri devra mettre en valeur sa longue expérience d’enseignante pour dynamiser un poste dont les titulaires sont plus connus pour inaugurer les chrysanthèmes. Titulaire d’un Phd (doctorat) en art dramatique obtenu en Angleterre, Kilo Viviane Asheri est de son retour en 1992. Elle enseigne pendant une année à l’Université de Yaoundé. Puis, elle exercera pendant plus d’une quinzaine d’années à l’Université de Buea, ou elle occupe plusieurs postes de responsabilités comme celui de chef de la division des sports et des loisirs. La nouvelle secrétaire d’État cinquantenaire et originaire de la région du Nord-ouest.
François Wakata Bolvine
De l’ombre à la lumière
Pour des analystes, c’est la juste récompense d’un travailleur acharné et discret. François Wakata Bolvine est le nouveau ministre chargé des Relations avec les Assemblées. L’enseignant-maître de conférences à l’École Supérieure des Sciences et Techniques de la Communication (ESSTIC) a été porté à cette fonction à la faveur du réaménagement ministériel du 4 janvier dernier. Ancien chargé de mission au secrétariat général des Services du premier ministre, François Wakata Bolvine est également connu dans l’opinion pour être le coordonateur de l’unité technique opérationnel du Cameroon Digital télévision (CAM-DTV), le comité national de pilotage de la migration de l’analogique vers le numérique. Considéré comme l’une des imminences grises du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), c’est à l’ancien conseiller du Premier ministre qu’incombe désormais le devoir de servir de courroie de transmission entre le Parlement et l’Exécutif. Proche collaborateur de Joseph Charles Doumba, le charismatique secrétaire général du parti de Paul Biya aujourd’hui décédé, François Wakata Bolvine est quinquagénaire originaire de la région de l’Ouest.
Ils changent de portefeuille
Jeu de chaises musicales entre Ismaël Bidoung Kpwatt et Narcisse Mouelle Kombi. Au terme du réaménagement ministériel du 4 janvier 2019, Ismaël Bidoung Kpwatt quitte le ministère des Sports et de l’Éducation physique pour le ministère des Arts et de la Culture. Là-bas, il vient remplacer Narcisse Mouelle Kombi. Ce dernier laisse le chaudron de la gestion du droit d’auteur, pour remplacer son successeur comme patron des Sports. Les deux ministres ont chacun passé trois ans au poste qu’ils quittent.
Laurent Serge Etoundi Ngoa change lui aussi change de portefeuille, après plus de 12 ans passés au ministère des Petites et moyennes entreprises, de l’Économie sociale et de l’Artisanat. Il va désormais présider aux destinées du ministère de l’Éducation de base jusque-là dévolu à Youssouf Adidja Alim.
Henri Eyebe Ayissi part du ministère de l’Agriculture et du Développement rural, pour le ministère des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières.
René Emmanuel Sadi, après un passage de10 mois comme ministre chargé de mission à la présidence de la République, l’ancien ministre des l’Administration territoriale et de la Décentralisation retrouve un ministère avec portefeuille ; celui de la Communication. Il remplace à ainsi Issa Tchiroma Bakary.
Issa Tchiroma Bakary, 10 ans comme ministre de la Communication et voici l’« opposant » à Paul Biya qui hérite d’un nouveau ministère. Issa Tchiroma Bakary est depuis le 4 janvier, ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle.
ILS PRENNENT DU GALON
Jacques Fame Ndongo
Beaucoup le pensaient sur le départ, ou tout au moins à un autre poste ministériel, au regard du temps passé à la tête du ministère de l’Enseignement supérieur (Minesup). 15 ans après sa nomination comme Minesup, le professeur voit son bail prolongé et, bonus, il ajoute un grade à son CV déjà long comme le bras. Jacques Fame Ndongo est désormais ministre d’État.
Le membre du bureau politique – le saint des Saints – du Rdpc semble avoir bénéficié du climat apaisé dans les universités, mais aussi de la conduite plus ou moins réussie de l’opération «un étudiant, un ordinateur» de 2017 à 2018.
Il rejoint ainsi le club, ô combien sélect, des super-ministres où l’on retrouve déjà le ministre de la Justice Laurent Esso, le ministre du Tourisme Bello Bouba Maïgari. Il a été promu le 4 janvier dernier aux côtés de Ferdinand Ngoh Ngoh.Ferdinand Ngoh Ngoh
Pour une partie de l’opinion, le ministre Secrétaire général de la présidence de la République ne survivrait pas un réaménagement gouvernemental. Et pour cause, l’un des plus proches collaborateurs du chef de l’État est pointé par certains comme l’artificier de l’échec de l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations (Can) 2019 au Cameroun.
Le président Paul Biya vient d’en décider autrement. Le chef de l’État a fait de Ferdinand Ngoh Ngoh un ministre d’État, secrétaire général de la présidence de la République. À charge pour le natif de la Haute-Sanaga (région du Centre), que l’on dit proche de la première Dame, de poursuivre la coordination des chantiers des infrastructures sportives en vue d’une éventuelle Can ; tout en assurant sa principale mission qui est celle de courroie de transmission entre la présidence de la République et le gouvernement.Nommé secrétaire général de présidence de la République en octobre 2011, le diplomate de formation est en passe de battre le record de longévité à ce poste. Record de 8 ans jusqu’ici détenu par Paul Biya himself, lorsqu’il occupait cette responsabilité sous l’ancien président Ahmadou Ahidjo, de 1967 à 1975.
Elung Paul Che
Le secrétaire général adjoint à la présidence de la République n°1 va seconder le nouveau ministre d’Etat Ferdinand Ngoh Ngoh. Ancien ministre délégué auprès du ministre des Finances, il s’agit davantage d’une confirmation pour Elung Paul Che qui était depuis le 2 mars 2018, secrétaire général adjoint de la présidence de la République.
Ghogomu Paul Mingo
Très souvent présenté comme l’un des meilleurs spécialistes de thermodynamique du Cameroun, Ghogomu Paul Mingo est depuis le 4 janvier dernier, ministre chargé de mission à la présidence de la République. Une récompense pour ce fidèle de l’ancien Premier ministre Philemon Yang dont il a été le directeur de Cabinet depuis 2009. Fils d’un Fon (chef traditionnel en pays anglophone), natif de Bambalang-Ndop dans le département de Nkoketunja (région du Nord-Ouest) ; Ghogomu Paul Mingo a été enseignant à l’Université de Yaoundé 1. Ceci après avoir obtenu un doctorat de 3e cycle à Nancy en France. Ghogomu Paul Mingo a également occupé plusieurs postes à l’université, dont celui de codirecteur du laboratoire de physique et de chimie théorique de 2000 à 2010 et chef de département de chimie de 2009 à 2010 à l’université de Yaoundé 1. Âgé de 57 ans, l’ancien directeur de Cabinet du Pm s’est surtout révélé en conduisant plusieurs délégations gouvernementales dans le cadre de négociations relatives à la crise anglophone dès la fin 2016.
Benoit Ndong Soumhet
L’ancien directeur général de l’ENAM et ex-secrétaire d’État auprès du ministre de l’Enseignement de base, est désormais ministre chargé de mission à la présidence de la République, aux côtés de Ghogomu Paul Mingo, lui aussi promu à ce poste.
Admis à la réserve de la République
Le réaménagement gouvernemental du 4 janvier dernier a vu le départ de 10 ministres. Dans leur nouvelle situation, les patrons d’hier sont appelés à vivre les affres du désert.
Le premier ministre remercié la semaine dernière Ils n’auront pas droit aux youyous, aux groupes de danse, aux flashes de photographes et aux ronronnements des caméras. Ils devront cependant garder le sourire ce jour, le temps d’une cérémonie de passation de service avant de rentrer dans l’anonymat de simple citoyen. Ceux-là, ce sont désormais les dix ex-ministres, victimes du coup de tête présidentiel du vendredi 4 janvier 2019.
Paul Biya a en effet remercié quelques-uns de ses ministres dont certains battaient des records de longévité au sein du gouvernement. C’est le cas d’Amadou Ali, ministre d’État, ministre chargé des Relations avec les Assemblées depuis décembre 2011. Devenu quasi invisible de l’espace public et très affaibli par la maladie, celui qui a jadis occupé les hautes fonctions de secrétaire général de la Présidence de la République, de ministre de la Défense ou de ministre de la Justice sort aujourd’hui après 36 ans sans discontinuité au sein de gouvernements successifs.
André Mama Fouda, dont l’image a été fortement liée aux scandales financiers et à une gestion des plus décriées du ministère de la Santé, est le seul des «Princes du Mfoundi» à être bouté hors du gouvernement. Ernest Gwaboubou, ministre de Mines, n’aura survécu que trois ans aux intenses batailles de positionnement qui font rage dans sa région de l’Ouest natale. Jean Claude Mbwentchou fait aussi les frais des ambitions politiques clairement affichées de Célestine Keutcha Courtès qui le remplace au ministère de l’Habitat.
Zakary Perevet, connu pour avoir très souvent défendu (avec une logique douteuse) les chiffres de l’emploi avancés par le chef de l’État, ne va cependant pas garder son poste de ministre de l’Emploi. Remplacé par un Issa Tchiroma Bakary définitivement en état de grâce. Youssouf Adidja Alim, ci-devant ministre de l’Enseignement de base, sort également par la petite porte sans avoir pu régler l’intégration des instituteurs vacataires. Quant à Jacqueline Koung à Bessike du ministère des Domaines, elle quitte le gouvernement après avoir trôné sans panache à la tête d’une des administrations les plus corrompues.
De corruption, il est également question dans le départ d’Abba Sadou du ministère des Marchés publics. De l’avis de plusieurs analystes, le dernier rapport de la Commission nationale anticorruption qui épingle ce ministère n’est pas étranger au départ du ministre. Du côté du ministère des Transports, Mefiro Oumarou, après avoir résisté à pas moins de trois ministres, est finalement remplacé au ministère délégué par Njoya Zakiriaou ; tout comme Fogui cède sa place au ministère délégué auprès du ministère de la Justice au truculent Jean de Dieu Momo.
Quoi qu’il en soit, et en l’absence de cap défini, la sortie du gouvernement n’est généralement pas admise comme une déchéance, tant de nombreuses personnalités ont souvent été rappelées plus tard aux affaires. C’est la réserve de la République du président Paul Biya.
Ifeli Amara
Amadou Ali, la fin d’un mythe
36 ans dans le gouvernement… sans discontinuer Comme Jean de la Fontaine, Charles Ateba Eyene, de son vivant, avait fait un choix : mettre en scène des animaux pour parler des qualités et des défauts des humains. «Dans le monde entier, vous trouverez toujours, dans chaque gouvernement, quelqu’un qui, comme un tigre, est chargé de dévorer des proies et qui ne se soucie pas de se curer les dents après un repas», dit-il un jour, parodiant le rôle de Amadou Ali au sein des «équipes Biya» depuis 1982. «Terminator», «bras droit du prince», «dresseur d’Epervier», le dignitaire de Kolofata a pris bien de pseudos avant sa sortie du gouvernement le 4 janvier 2019, à 76 ans. Ses proches le disent très affecté par la maladie et les remugles de l’enlèvement de son épouse par le Boko Haram dans sa résidence en 2014.
En cet ancien élève du lycée de Garoua, Paul Biya avait décelé la culture du silence et l’efficacité. A l’aide de ces «qualités», Amadou Ali s’est imposé comme l’inconditionnel lieutenant de son tuteur naturel. Pendant trois décennies, il a été l’éminence grise du président, celui qui donne son avis sur tout, celui qui a l’oreille du chef, celui qui est à la fois courtisé et redouté. De la gendarmerie nationale aux Relations avec les Assemblées, en passant par la Défense, le secrétariat général à la présidence de la République, la Justice, il a surtout donné une épaisseur narrative à son parcours. Des «affaires», il en a pilotées (Bakassi, catastrophe de Nsam, Opération Epervier). Ici comme là-bas, Amadou Ali a joué parfois des rôles clés. «Surtout pour conduire le rapace», écrit François Soudan.
En clair, du dépiautage de bestioles insuffisamment protégées de ses fringales par leur carapace jusqu’au rot final, l’ex-vice-premier ministre de la Justice, Garde des Sceaux a nourri des controverses. Bien sûr, sans offrir en spectacle ses ragoûtantes mastications. A ce sujet, certains comme Marafa Hamidou Yaya convoquent des récits dont l’énergie continue de déployer des frayeurs. «Au sein de chaque gouvernement, ce personnage attisait des peurs et distillait parfois le poison du mensonge», écrit l’ancien secrétaire général de la présidence de la République, incarcéré pour détournement de deniers publics.
A côté, et à sa décharge, d’autres vantent beaucoup d’atouts: les diplômes (Institut international de l’administration publique de France en 1959 et Ecole nationale de l’administration et la magistrature en 1971), l’amour de la République, le sens de l’État et une légendaire intuition. «Il misait sur sa capacité à lire de loin des situations», relate le Dr Lambidjeck, colonel à la retraite. A l’intersection des avis des uns et des autres, se présentent quelques handicaps sur le dos du désormais ancien ministre: sa raideur naturelle, une forme d’arrogance (éventuellement imputable à sa timidité naturelle) et le fait, peut-être, d’avoir un regard de braise.
Jean-René Meva’a Amougou
Jean Michel Nintcheu
«Il n’y a vraiment pas de nouveauté»
Bouillant député du SDF réagit au remaniement du gouvernement.
C’est l’épilogue d’un feuilleton ennuyeux, pathétique et pitoyable. Il n’y a vraiment pas de nouveauté en dehors du fait qu’on trouve, comme toujours, des gens qui acceptent de monter sur le Titanic. M. Biya nous a servi en réalité de petits arrangements de nature clanique. Même chef d’orchestre, même partition, même musique contrairement aux promesses faites aux compatriotes encore naïfs lors de son adresse à la Nation du 31 décembre dernier. Au finish, beaucoup de bruits pour rien. Des mois de suspens pour un réaménagement gouvernemental aussi insignifiant, il n’y a que M. Biya pour réaliser pareille contre-performance. Le moins que l’on puisse dire est qu’il est épuisé et asséché.
La décision de reconduire les mêmes aux postes les plus importants notamment aux postes de souveraineté signifie qu’il n’y aura aucun changement ni de politique, ni de cap ni de ligne et que M. Biya inscrit une fois de plus son action dans la continuité sur fond de bricolage et de rafistolage qui ont toujours été ses marques de fabrique trentenaires.
Le plus indigeste dans ce refus de prêter attention aux attentes des camerounais est la reconduction à leurs postes des ministres concernés par les marchés de gré à gré opérés dans le cadre des procédures d’urgence liées à la Can. C’est un mépris de trop à l’égard du peuple. Un véritable bras d’honneur adressé aux camerounais. La preuve manifeste que M. Biya est au centre de ces détournements de deniers publics.
Pour terminer, cette fin de non-recevoir immorale adressée par M. Biya aux compatriotes est une provocation. Après 36 ans de gouvernance régressive, cette indécence supplémentaire est la preuve du choix définitif de M. Biya de continuer à gouverner contre les camerounais. Ce qui est inacceptable. Il s’agit de l’argent du contribuable. Tant que la lumière n’est pas faite sur ce scandale financier du siècle à travers l’ouverture d’une information judiciaire par les parquets de la République ou la mise sur pied d’une commission d’enquête parlementaire, les manifestations prévues à partir du 20 janvier prochain sont maintenues. Même la monarchie absolue a des limites qu’elle ne franchit pas.
Ambiance : Camtel, après la minute du décret
Le texte, signé le 14 décembre 2018 par Paul Biya, a débarqué David Nkoto Emane du poste de directeur général de cette entreprise d’État. En interne, le procès a d’ores et déjà commencé.
Siège de Camtel à Yaoundé Des histoires de fin de carrière difficile, il en existe des dizaines, voire des centaines. Celle de David Nkoto Emane, le désormais ancien directeur général de la Cameroon Telecommunications (Camtel), est bien plus singulière. Depuis 2016 en effet, il est dans le viseur de la justice, avec en bonus, une interdiction de sortie du territoire camerounais, sur instruction de Paul Biya. Après la lecture du décret le limogeant, un certain clan à la Camtel a eu le regard baissé, face à une imminente descente aux enfers. Quels que soient leur parcours, leur profil ou leur situation, pour eux tous, un même cauchemar commence. En effet, il y a bientôt deux ans, le Contrôle supérieur de l’État (Consupe) et la commission anticorruption avaient enquêté et acheminé des dossiers sulfureux (irrégularités dans la gestion des fonds, perceptions de primes non justifiées, fraudes aux frais de missions…) à la présidence de la République.
Dans les causeries, on s’abstient d’insister sur le «cap» qu’il faudrait garder et le programme à mettre en œuvre, tant le limogeage du «boss» dit à lui seul la gravité de la situation. Dans la cour, l’on précise que David Nkoto Emane avait, lui-même, alerté sur la dangereuse issue des enquêtes du Consupe. Il appelait, dit-on, à lutter contre la spéculation financière et à créer des mécanismes de recomposition de la Camtel. «Le 10 décembre, raconte un cadre, au cours d’une réunion, on lui a dit notre exaspération de voir tout tomber de haut». Pendant une heure et demie, apprend-on encore, Nkoto Emane a écouté, sans dire un mot, le long catalogue des fautes dénoncées par quelques délégués du personnel.
Défense ?
À côté, d’aucuns se souviennent du temps de la splendeur de l’ex-DG et s’interrogent. «Comment la haine a-t-elle pu déborder des fenêtres de l’entreprise, quand on sait que Camtel a signé un accord avec les opérateurs MTN, Viettel et Orange ? Cet accord portait sur l’utilisation de la fibre noire, et devait générer un revenu de 15 milliards de francs CFA par an pendant dix ans», relève un cadre de l’agence commerciale et marketing de l’entreprise. S’attardant sur le parcours de David Nkoto Emane, d’autres disent que l’infortuné «est la boîte noire de la Camtel». Ceux-là allèguent que l’ancien patron paye le prix de la crise anglophone. «Sitôt qu’il est remplacé par Judith Yasonde épouse Achidi, on comprend», appuie un homme.Jean-René Meva’a Amougou
Nominations à la tête des structures publiques
• Mission de développement du Nord-Ouest (Mideno)
DG : Matoya Cletus Anye• École Nationale d’Administration et de Magistrature (Enam)
DG : Soumbou Angoula Bertrand Pierre
DGA : Harouna (Mle 689 032-R)• Société Cameroon Telecommunications (Camtel)
PCA: Mohamadou Saoudi
DG : Judith Yasonday, épouse Achidi
DGA : Olle Daniel Désiré• Société Camerounaise des Dépôts Pétroliers (SCDP)
DGA : Moampea Mbio née Manzoua VéroniqueJoshua Osih : trop proche d’Etoudi pour réussir…
Porté à bout de bras par Ni John Fru Ndi, leader du Social Democratic Front, l’homme d’affaires rêve de réussir où son mentor bute depuis plus de 25 ans. Mais sa proximité supposée avec les arcanes du pouvoir est un véritable boulet.
Il veut faire d’un coup d’essai un coup de maître. Joshua Osih, candidat élu du Social Democratic Front (SDF) au scrutin présidentiel du 7 octobre prochain caresse le rêve de récompenser 26 ans de lutte du «parti de la balance». Après une vingtaine d’années à jouer les seconds rôles derrière le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) au pouvoir, le SDF est aujourd’hui affaibli. Il ne compte que 18 députés à l’Assemblée nationale, 07 sénateurs à la chambre haute du Parlement, 826 conseillers municipaux ; pour un total de 851 représentants au niveau local. Soit un taux de représentation de 10 % selon les experts.
En choisissant, en février 2018, un jeune loup en lieu et place du vieux renard Ni John FruNdi, pour la course à la magistrature suprême, le SDF ne rêve pas seulement d’un rajeunissement par l’image, mais également d’une renaissance sur l’échiquier politique.
Le «Suisse»
Agé de 50 ans (il est né le 9 décembre 1968), Joshua Osih est jeune, au sens des réalités sociales du Cameroun. Il représente donc pour beaucoup ce désir de renouvellement de la classe politique. Ambitieux, il l’est également. Né à Kumba, dans la région du Sud-Ouest, Joshua Nambangi Osih se présente lui-même comme « le fils d’un révérend pasteur de Madie Ngolo dans le département du Ndian, et d’une mère d’origine suisse ». Ce double héritage, Joshua le revendique : « [cela] m’a appris très tôt à accepter la différence, être tolérant et m’a ouvert les yeux sur les réalités internationales », déclare-t-il.
Pourtant, l’homme a longtemps été taclé sur ce double héritage. S’appuyant sur la législation camerounaise (qui ne reconnait pas la double nationalité), certains ont même parié que Joshua Osih sera disqualifié de la course à la présidence de la République. « Je vis au Cameroun. Ma nationalité est camerounaise. Mon passeport est camerounais. J’ai deux passeports dont l’un est de service. Je paie mes impôts au Cameroun et je suis député de la nation », se défend-il encore sur un plateau de télévision ce mardi 21 août. « Je n’ai pas de passeport suisse », tranche-t-il finalement.
Le candidat à la présidentielle défend sa « camerounité » bec et ongle, lui qui se voit déjà vainqueur au soir du 7 octobre 2018. Là où ses concurrents parlent avec prudence, Joshua Osih ne se fait aucune illusion sur l’issue du scrutin et utilise presque comme une allitération le « dès le 08 octobre je ferai… ». Au sein du SDF, on reconnait volontiers que le premier vice-président est un homme ambitieux.
Ascension
Il s’engage dans cette formation politique dès sa création en 1991. Il apparait dès lors comme l’un des premiers soutiens de celui qui devient plus tard l’opposant historique. Malgré la défaite, toujours non reconnue par le SDF, à la présidentielle de 1992, Joshua Osih reste militant. Dans son Ndian natal, il œuvre à implanter le parti avec un certain succès. Le RDPC recule dans un de ses bastions. Ce qui lui vaudra une récompense de la hiérarchie du parti.
Après un mandat bref comme conseiller municipal à la commune rurale de Toko, non loin de Kumba, Joshua trouve le Sud-ouest trop étroit pour ses ambitions. Il décide de faire de Douala, la grande métropole économique où il a ses entreprises, sa base politique. «Au sein du parti, je suis passé de militant et assistant administratif après avoir rejoint le parti en 1991 à délégué régional dans ce qui s’appelait encore la province du Sud-ouest, pour être élu au poste de 2ème vice-président national à la convention de 2006 et 1er vice-président national lors des conventions de 2012 et 2018. En 2013, les populations du Wouri-centre (arrondissements de Douala 1er et Douala 6e) m’ont élu comme leur représentant à l’Assemblée nationale du Cameroun», affiche-t-il dans sa biographie officielle.
Fils politique
Dans le parti, il se murmure, à souhait et à loisir, que la fortune de Joshua n’est pas étrangère à cette ascension. Néanmoins, on lui reconnait également une grande intelligence, un amour pour le travail, mais davantage de bénéficier d’une attention particulière de la part du président national Ni John FruNdi. « Joshua est le fils politique du chairman. Le président a de nombreux enfants qu’il a formés; mais vous savez, tous les parents ont des préférences parmi leurs enfants », commente un militant du SDF. Cette préférence pour son jeune cadre se manifeste, une fois de plus, après le scrutin législatif de septembre 2013. Joshua Osih, à sa première expérience comme député, est choisi par le chairman pour occuper le poste de vice-président de la Commission des finances et du budget à l’Assemblée nationale. Et ceci au détriment de Simon Fobi Nchinda, cador du parti, jusque-là titulaire du poste.
En février, ces deux hommes s’affrontent pour l’investiture du candidat du SDF à la présidentielle. Au cours de cette primaire, le chairman est officiellement neutre, mais l’un de ses fils est le directeur de campagne de Joshua. Pour de nombreux observateurs, le député est devenu «un candidat sous tutelle».
Avant d’arriver à être le deuxième candidat du SDF à une élection présidentielle, l’ancien élève du lycée bilingue de Yaoundé, au quartier Essos, dit avoir été obligé de quitter le Cameroun à cause de ses «fortes opinions politiques au lendemain de l’élection présidentielle de 1992». Mais l’homme revient quelques années plus tard, plus déterminé que jamais.
Et comme quasiment tous les candidats à l’élection présidentielle du 07 octobre 2018, qui battent campagne sur le thème de la rupture, Joshua Osih vante son «courage politique à s’attaquer au symbole». « Il ne faut pas avoir peur de toucher aux symboles», clame-t-il. Au rang de ces symboles, l’entrepreneur veut « dès le 8 octobre » dissoudre la prestigieuse Ecole nationale d’administration et de magistrature (Enam), réformer le franc CFA afin d’«établir la souveraineté monétaire» du Cameroun, ou déplacer la capitale régionale du Centre.
Boulets
Mais, problème : Joshua Osih est au goût de certains un peu trop audacieux. Nombre de ses compatriotes sont en effet sceptiques sur le réalisme du programme politique avec lequel il conduit le SDF à cette présidentielle. Le candidat du SDF a, par ailleurs, du mal à convaincre une partie de l’opinion de la sincérité de sa démarche. Elle qui pointe sa trop grande proximité avec les réseaux d’Etoudi. La société de maintenance aéronautique qu’il a montée à Douala après avoir été agent des opérations à la Lufthansa (compagnie aérienne allemande) est, par exemple, soupçonnée d’offrir ses services au président de la République sortant et candidat à sa propre succession. Sur un plateau de la télévision Equinoxe, Joshua avoue à demi-mot: oui, il gère une société qui fait dans la maintenance des aéronefs. Mais, ajoute-t-il, quand des avions viennent, il ne s’occupe pas de leur provenance. Il s’est trouvé, reconnait le chef d’entreprise, que certains avions dont il a eu en charge la maintenance ont servi aux déplacements du chef de l’Etat.
Toutefois, ce passionné d’aviation, dit ne jamais avoir bénéficié de la commande publique. Il rejette aussi une quelconque proximité avec la famille présidentielle. Mais, en même temps, revendique des liens étroits avec les premiers enfants de Chantal Biya, épouse du chef de l’Etat.
Aboudi Ottou et Ifeli Amara (stagiaire)
Intégration régionale : se tourner vers l’Afrique de l’ouest
Comme la plupart des candidats à l’élection présidentielle du 7 octobre 2018, le programme du porte-fanion du SDF ne comporte pas un chapitre sur la politique étrangère en général ; et les questions d’intégration régionale ne sont évoquées qu’au détour d’une réponse sur d’autres problématiques. Aussi apprend-on que pour le SDF, «le Cameroun doit reprendre sa place de leader dans la sous-région».
«Avoir une intégration réelle, c’est-à-dire qu’il faut se donner les instruments nécessaires pour que cette intégration existe véritablement, surtout pour les Camerounais ; mais également pour les autres populations de l’Afrique centrale», développe Joshua Osih. Cependant, précise le candidat, «il ne faudrait pas que cela s’arrête à des sommets ». Aussi, avertit-il : «si je constate que ce sont les autres pays qui bloquent l’intégration, je n’hésiterai pas à aller vers d’autres arrangements».
Et de préciser sa vision : «je pense par exemple que les autres pays veulent être un frein pour le développement et la croissance du Cameroun ; il serait utile peut-être de commencer à explorer d’autres arrangements comme celui avec le Nigéria et la communauté ouest-africaine». Pour le député du Wouri centre, «cela ne doit pas être une fatalité que d’être dans un arrangement pour lequel nous ne voyons pas beaucoup de dividendes aujourd’hui».
Ifeli Amara (stagiaire)
Bio-Express
- Noms: Joshua Nambangi Osih
- Age: 50 ans
- Expérience: Il commence sa carrière en 1988 à Douala à l’âge de 20 ans comme agent des opérations à Lufthansa German Airlines. En 1994, il fait escale chez Trans World Airlines Inc à Genève avant de rejoindre un an plus tard le géant Swissair/Swissport. En 1998, il crée l’entreprise Africain Travel management au Cameroun. En 2002, il crée Camport PLC, représentant exclusif de la multinationale Swissport.
- Niveau académique: Titulaire d’un MBA (Master en Business Administration)
- Situation matrimoniale: marié et père de trois enfants
- Trait particulier: parle couramment français, anglais et allemand
Garga Haman Adji : De «chasseur de baleines» à «ours mal léché»
Respecté pour son action contre la corruption, l’ancien ministre de Paul Biya est entré dans la course à la magistrature suprême en fâchant une partie de l’opinion.
Mardi 14 août dans les studios de Canal 2 International à Yaoundé, l’invité de «La grande interview» feint la prudence : «je m’installe où ? Parce que je fais attention maintenant…», lance-t-il à Jean Bruno Tagne, le présentateur de l’émission. Conscient de sa boutade, Garga Haman Adji sourit et s’empresse d’ajouter: «vous commettez des bêtises et vous attribuez cela aux autres». Le président national de l’Alliance pour la démocratie et le développement (ADD) se sait attendu. Un incident sur un autre plateau de télévision l’a propulsé au-devant de la scène une semaine plus tôt. Invité de «Le grand débat : 100% présidentielle» à la CRTV, la télévision publique, le candidat fait interdire de plateau un panéliste et éconduit sans ménagement, en direct, une chroniqueuse de la chaîne. C’est le tollé !
L’opinion vient de découvrir un homme politique au caractère d’«ours mal léché», selon les commentaires qui pleuvent sur les réseaux sociaux. Et alors que l’on s’attend à voir le candidat battre sa coulpe, le président national de l’ADD reste droit dans ses bottes. Une stratégie de défense dont les arguments laissent plus d’un observateur interloqué. Celui qui a pour crédo «vérité et justice» se défend sans reculer, se justifie sans s’excuser. Mais alors que la polémique ne désenfle pas, Garga Haman Adji, qui, le 07 octobre prochain, va challenger Paul Biya pour la troisième fois à une élection présidentielle, est convaincu que cette affaire va lui faire gagner l’élection: «à cause de la bêtise de la CRTV […] je serai élu […]. Cela a déjà fait monter ma cote». «Moi, je ne m’alignerai derrière personne. D’ailleurs même si on se réunit ça ne change pas grand-chose, Paul Biya va gagner…», affirmait-t-il pourtant dans les colonnes du quotidien Mutations au lendemain de cet incident. On ne sait plus lequel des Garga croire…
Chasseur désabusé
Mais c’est bien là Garga Haman Adji, aussi fier et mystérieux que le peulh qu’il est. Originaire de Maroua, dans la région de l’Extrême-nord, c’est cette fierté qui en avril 1992, le pousse à claquer la porte du gouvernement, un peu moins de deux ans seulement après avoir été nommé ministre de la Fonction publique et du Contrôle supérieur de l’Etat. Il s’insurge alors contre le «laxisme» du gouvernement qui, à l’en croire, ne lui permet pas de lutter avec efficacité contre la corruption. «Quand on dit que j’ai démissionné parce qu’on m’a retiré le Contrôle supérieur de l’Etat c’est faux. En décembre 1991, je propose que le Contrôle supérieur de l’Etat soit détaché de la Fonction publique ; et en avril 1992 on accepte et on remet le Contrôle supérieur de l’Etat à sa place», explique-t-il.
La chronique mondaine suppute encore sur les raisons de cette démission. Une théorie, largement répandue dans les salons feutrés de la République, veut que Garga Haman, qui se décrit comme «un homme prudent de nature», ait décidé, avec d’autres ministres, de démissionner pour s’assurer une place au soleil, convaincus que l’heure de l’alternance avait sonné! Mais celui-ci se serait retrouvé seul à le faire ; les autres s’étant ravisés à la dernière minute. En tout état de cause, le passage de cet ancien sous-préfet au ministère de la Fonction publique reste marqué par son désir de lutter contre les agents véreux de l’Etat. D’où la légende du «chasseur de baleines» née de ce séjour.
«Complicité»
Né le 27 janvier 1944 à Maroua, Garga Haman Adji est recruté très tôt dans l’administration publique. A l’âge de 17 ans, il est affecté comme administrateur adjoint auxiliaire à la préfecture de Yagoua (Extrême-Nord). Nous sommes le 26 novembre 1961. Une dizaine de mois plus tard, il est nommé au secrétariat du sous-préfet de Kar Hay comme chef de service, puis sous-préfet par intérim. «Il y avait un sous-préfet à Kar Hay qu’ils ont affecté comme sous-préfet de Poli. Mais ils avaient oublié de le remplacer. J’avais 18 ans et le préfet décide, non pas par décret présidentiel mais par arrêté préfectoral, de me nommer sous-préfet par intérim de Kar Hay», se souvient-il un brin vantard. S’en suit dès lors une ascension fulgurante dans l’appareil d’Etat jusqu’à sa démission du gouvernement.
Un mois avant, rien ne présageait pourtant de cette issue. Bien qu’ayant créé l’ADD en 1991, Garga Haman Adji coordonne la campagne du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), le parti du président Paul Biya, dans l’ancienne province de l’Extrême-nord au cours des élections législatives de mars. Mais pour la présidentielle d’octobre, il fait alliance avec le pire ennemi du moment du régime Biya: le Social democratic front de Ni John Fru Ndi. Il devient même son directeur de campagne lors de cette élection. Le SDF échoue à conquérir le pouvoir. Le ministre démissionnaire se retrouve dans le décor.
Virage manqué
Malgré tout, le président de la République continue de garder une forme de «bienveillance» envers son ancien ministre. «Ce monsieur-là, je sais qu’il a de l’affection pour moi», croit savoir Garga qui revendique une relation particulière avec le chef de l’Etat. En mai dernier, il remercie Paul Biya pour l’avoir «ressuscité» : «je saisis l’occasion pour remercier Paul Biya et pour lui rester à jamais reconnaissant. Il s’était préoccupé de ma guérison au point de faire venir de Paris un avion médicalisé. Je l’ai déjà remercié par écrit et de vive voix pour m’avoir ressuscité», déclare-t-il alors devant les caméras. Plus tôt dans l’année, au sortir d’une cérémonie d’échange de vœux au palais de l’Unité, le challenger de Paul Biya à l’élection présidentielle de 2004 et 2011 déclare qu’il attend que le président lui permette de se présenter ou pas au prochain scrutin présidentiel.
Cette complicité, supposée ou réelle avec Paul Biya, Garga Haman Adji ne se prive pas de l’afficher. En 2006, le président de la République crée la Commission nationale anticorruption (Conac), comme une tentative d’endiguer le phénomène qui ronge l’Etat. Garga Haman y est nommé membre du Comité de coordination. Mais quelques années plus tard, le «chasseur de baleines» se montre dépité par la tâche et l’ampleur du fléau. Il répète donc à l’envie que «la Conac ne vaut rien après 10 ans», car l’organisme a, selon lui, échoué à combattre la corruption. Cependant, celui qui, une vingtaine d’années plus tôt, avait démissionné avec fracas pour dénoncer les entraves à la lutte contre la corruption, se garde bien cette fois-ci, de rééditer l’exercice. «J’ai promis au président [de la République] que je ne vais pas démissionner», se défend-t-il.
Garga, qui se présente comme un «homme de dimension plurielle», revendique la casquette d’écrivain. «J’écris beaucoup. Je suis à mon huitième livre», affirme-t-il. Alors qu’il part – pour la troisième fois – à l’assaut d’Etoudi, l’ancien ministre, qui rassure que c’est sa dernière tentative «sauf si le président n’achève pas son prochain septennat»; n’a pas changé son programme politique contenu dans son livre «Ainsi pourrait devenir le Cameroun», paru en 2004…
Aboudi Ottou et Ifeli Amara (stagiaire)
Le thérapeute de l’Afrique
La politique internationale que le candidat Garga Haman Adji entend mener est contenue dans un ouvrage: «Le mal Africain, diagnostic et thérapie». Dans ce livre, véritable hymne «aux Etats-Unis d’Afrique», Garga Haman Adji affiche sa préférence pour les Etats-Unis d’Afrique en lieu et place des regroupements régionaux. Il soutient que si 30 Etats du continent adhèrent à l’idée et ratifient le traité constitutionnel, les Etats-Unis d’Afrique sont nés. «Toute procédure ou cheminement qui feraient transiter les Etats-Unis d’Afrique par les regroupements régionaux sont à prohiber. Ils risquent en effet de comporter du dilatoire», écrit Garga Haman Adji.
L’homme politique se prononce par ailleurs contre le groupe Afrique -Caraïbes – Pacifiques (ACP). «Un examen attentif de la liste des Etats ACP permet d’ailleurs de constater que la quasi-totalité des Etats du continent africain en sont membres. Seuls les pays arabes de l’Afrique du Nord ont dû subodorer quelques relents de cette subtile recolonisation dont ces conventions semblent en être des socles».
Garga Haman Adji montre par la même occasion son opposition aux Accords de partenariat économique (APE). «L’évaluation de ces dernières par les parties signataires est en effet sans appel. Largement en deçà des attentes suscitées, les résultats obtenus sont officiellement déclarés ‘mitiges’», pense le candidat à la présidentielle.
Bio-Express
• Noms: Garga Haman Adji
• Age: 74 ans
• Expérience: sous-préfet de Kar Hay, commissaire spécial de l’Adamaoua, sous-directeur administratif et financier de la Sûreté nationale, directeur-adjoint à la direction générale du ministère de l’Economie et des Finances, secrétaire général du ministère de la Fonction publique, directeur comptable et financier de la Sonel, inspecteur d’Etat à l’Igera, chef de division des inspections et de la réforme à l’Igera, administrateur directeur de la Boston Bank Cameroon, ministre de la Fonction publique, membre du comité de coordination de la Conac.• Niveau académique: licence en droit et sciences politiques – diplôme d’études supérieures (Des) en Sciences politiques, administrateur civil diplômé de l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (Enam).
• Situation matrimoniale: polygame et père de plusieurs enfants.
Louis Paul Motaze
A la faveur du réaménagement du gouvernement survenu le 02 mars 2018, ce natif du Dja-et-Lobo (Sud Cameroun) est désormais le «monsieur finances» du pays.
Fort de cette nouvelle posture, ce diplômé de l’École nationale d’administration et de magistrature (Enam) a, «sous hautes instructions du président de la République», entrepris de reverser la table en pilotant la traque ou fonctionnaires fictifs. Si dans certains cénacles, cette opération est qualifiée d’«un autre grand n’importe quoi», Louis Paul Motaze y croit.
Il parle surtout de comptage physique à la caisse. Histoire de vérifier que le salarié qui perçoit de l’argent est effectivement en vie et qu’il travaille. Histoire aussi de suivre la ligne prescrite par les partenaires au développement, notamment le Fonds monétaire international (FMI), avec lequel le Cameroun est sous programme depuis l’année dernière. Ce programme vise notamment à assurer une consolidation budgétaire en assainissant la dépense publique.
Fonction publique: Comment les agents fictifs sont introduits dans le fichier solde
Cas d’école, acteurs et méthodes.
Le Minfopra à Yaoundé. «Le passé est un rétroviseur qui peut permettre d’avoir les yeux derrière la tête». Un inspecteur d’Etat en service à la présidence de la République use de cette maxime peulh pour se remémorer un scandale. Celui qui, l’année dernière, avait éclaboussé l’Enam (Ecole nationale d’administration et de magistrature) de Yaoundé.
«Des semaines d’enquête obstinée nous ont permis d’amener en pleine lumière les ressorts de cette ignoble affaire. A terme, on s’effarait de découvrir qu’avant la publication officielle des résultats de chaque concours direct ou professionnel, deux réseaux manœuvrent en coulisses pour glisser des noms fictifs et toucher les salaires, selon la catégorie», relate notre interlocuteur, avant de révéler, en guise de preuve, une autre barbouzerie survenue courant 2016.
C’était avant la publication officielle des listes des candidats définitivement admis au concours lancé en 2015, pour le recrutement de 320 élèves sous-officiers de gendarmerie, 2140 élèves-gendarmes, 420 élèves sous-officiers des armées. «Il s’est passé des choses difficiles à décrire entre deux ministères: celui de la Fonction publique et celui des Finances».
En grattant un peu, l’on ne peut garder vierges ses impressions quand s’affichent 13 noms de personnes inexistantes ou n’ayant jamais pris part audit concours. Très proche de cette affaire, un autre inspecteur d’Etat confie : «l’introduction des fonctionnaires fictifs dans le fichier solde de l’Etat commence au ministère de la Fonction publique et de la Réforme administrative (Minfopra) avant de s’achever au ministère des Finances (Minfi)».
«Monitoring »
Pour qui ne connaît pas les codes de convenance au Minfopra, ce mot reste abstrait, compliqué ou incompréhensible. Mais tout s’éclaire et devient limpide après contacts (informels) avec quelques personnels de la direction du développement des ressources humaines de l’Etat, notamment au service des concours directs et de bourse (4ème étage, portes 405 et 409). «C’est le suivi d’un dossier particulier», souffle un agent sous anonymat.
La suite caricature tous les ingrédients d’un drame grotesque. Dans le fond, c’est l’affaire de quelques acteurs organisés et tapis dans les unités informatiques de ce service. «Ici, les fonctionnaires en service s’assurent que les informations qu’ils ont introduites dans les logiciels sont prioritairement traitées», assure un inspecteur d’Etat.
L’explication qu’il en donne permet de comprendre pourquoi dans ces «cellules», les appareils informatiques utilisés par les décideurs opérationnels sont souvent sollicités en lieu place de ceux des décideurs stratégiques. Exemple : le nom d’un mort qui s’est retrouvé dans la liste des candidats définitivement admis à l’Enam: «Nous avons remonté le manège.
Pour faire glisser son nom, il suffit à un agent, très proche d’un collaborateur d’un directeur au Minfopra d’entrer en possession des fichiers ayant une réelle portée opérationnelle et le tour a été joué», avance-t-il. De ce point de vue, notre interlocuteur (par ailleurs expert en génie informatique) souligne que l’astuce met en relation secrétaires, chefs de bureau, chefs de service… «Le tout avec l’implication plus ou moins avérée du directeur».
«Veille»
Par ce terme, des sources au Minfi désignent au moins deux choses: «la prise en solde définitive d’un fonctionnaire inexistant et l’incidence pécuniaire liée aux reclassements et aux avancements». En clair, au Minfi, c’est de connivence avec la «cellule de monitoring» du Minfopra que l’on travaille. Les outils se résumant à mémoriser les données et à les soumettre aux calculs de la solde.
«C’est pour cela que les dossiers des fonctionnaires fictifs sont toujours tenus à jour là-bas», souffle l’inspecteur d’Etat. Mettant son propos en relation avec le cas du «mort de l’Enam», cet inspecteur d’Etat insiste sur le travail de certains agents de la «cellule de veille» du Minfi. «Leur participation à une telle pratique est libre de toute contrainte. Leur posture leur permet d’éviter qu’ils ne se retrouvent dans l’obligation de renseigner des informations coûte que coûte», dit notre interlocuteur.
Il ajoute qu’au Minfi, «tout nom introduit dans le fichier solde vient du Minfopra; de fait le gros du travail s’articule sur ce qui est appelé là-bas entretien du nom sur la base des informations fournies par des agents du Minfopra». Pour venir à bout, il faut retracer les responsabilités. Car, «la maîtrise de la masse salariale n’est pas une tâche qui incombe prioritairement au ministre des Finances même s’il peut en être regardant. C’est la responsabilité première du ministre de la Fonction publique qui est le responsable des ressources humaines de l’Etat», selon l’ingénieur financier Babissakana.
Jean-René Meva’a Amougou
France-Cameroun: Mariage de raison et de toutes les saisons
Phillipe Larrieu: la France ne profite pas du Cameroun. Tel est le substrat du message que Philippe Larrieu, ministre conseiller, deuxième personnalité de l’ambassade de France au Cameroun, est venu passé vendredi dernier à l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (Enam) de Yaoundé.
Après avoir été inaugurée le 13 janvier 2017, la séance d’échanges portant sur l’amitié France- Cameroun a, une fois encore, été mise en résonnance en fin de semaine dernière au campus de l’Enam. Philippe Larrieu, ministre conseiller à l’ambassade de France au Cameroun y a donné une conférence portant sur «les mythes et réalités de la relation franco-camerounaise». Un thème qui préfigurait de la qualité des discussions, pour la plupart nourries de nombreux clichés négatifs collés sur le dos de l’Hexagone par une certaine opinion camerounaise.
Pour balayer cet à priori, le conférencier du jour puise dans l’impressionnante galerie chronologique des relations entre son pays et le Cameroun. Dans une vitrine, il présente des dates qu’il qualifie de particulières dans l’axe Yaoundé-Paris, avec pour point de départ les temps coloniaux. «Il n’est pas question ici de juger l’Histoire, c’est à elle de nous juger», lance le diplomate français. A l’en croire, il est libre à chacun d’avoir ses références. Sur ce chapitre, celles qu’utilise Philippe Larrieu permettent de conclure qu’ «entre la France et le Cameroun, c’est un mariage de raison et de toutes les saisons».
Profiteur ? Non !
A l’écouter, la genèse de la relation entre les deux pays est d’une «subtilité remarquable, pas facile à discerner». Ce qu’elle insinue tout au moins, dit-il, c’est que «la France n’a pas depuis longtemps l’ambition de prendre des marges exorbitantes sur les richesses du Cameroun». «L’ambition de la France, rappelle Philippe Larrieu, est de faire du Cameroun une puissance sous régionale, un pays phare, un pôle de stabilité en Afrique centrale». Cette posture constitue, selon lui, un élément de cohésion pour les forces politiques et économiques françaises en faveur du Cameroun.
Face aux élèves de l’Enam et d’autres invités, le ministre conseiller à l’ambassade de France à Yaoundé n’a pas manqué de parler des «liens politico-diplomatiques» entre Yaoundé et Paris. «Ils sont, tout d’abord, fondés sur un passé historique commun et se renforcent au fil des ans par des rencontres permanentes entre les chefs d’Etat des deux pays», explique Philippe Larrieu. Ce premier axe s’est inspiré de l’approche globale de la sécurité, dont les bases fondatrices sont la consolidation efficace de l’appareil sécuritaire du Cameroun, l’éradication des menaces et la participation à la sécurité des biens français au Cameroun. Pour illustration, le diplomate français rappelle, outre les remises de dons en matériel militaire au profit de l’armée camerounaise, le soutien institutionnel apporté à la formation des soldats camerounais et de la sous-région. Le conférencier a souligné que dans le cadre du Contrat-Désendettement-Développement (C2D), la France apporte une contribution substantielle à l’essor des villes camerounaises.
Jean-René Meva’a Amougou
Le 7 de la dernière heure
Ils accèdent pour la première fois à un poste ministériel ou assimilé… en fin du septennat du prince. Qui sont-ils ?
Georges Elanga Obam, «Le pm»
C’est le tout premier ministre de la Décentralisation et du Développement local. Mission : parachever le processus et conférer véritablement aux collectivités locales décentralisées plus d’autonomie et de vie. Jusque-là, il était conseiller technique auprès du Premier ministre. Au-delà, il porte aussi une autre casquette puisqu’il est membre du Conseil d’administration de la Caissede stabilisation des prix des hydrocarbures (CSPH). On l’avait également vu en 2015 comme Coordonnateur du Secrétariat Technique du Comité de suivi de la mise en œuvre du plan triennal pour l’a
ccélération de la croissance. Georges Elanga Obam a participé à la rédaction du Rapport d’état du système éducatif national (RESEN). Pour le compte du RDPC, il milite dans le Dja et Lobo II (Zoetélé).
Gaston Eloundou Essomba, le dur
Les militants et militantes de la section Rdpc Mefou et Akono Sud-Ouest l’ont à cœur. «Il nous montre l’exemple à suivre», déclarait l’un d’eux au cours d’une récente conférence de section. En même temps, le nouveau ministre de l’Eau et de l’Energie est ferme. La preuve: en septembre de l’année dernière, l’ancien directeur général de la Société camerounaise des dépôts pétroliers (Scdp), a limogé son «frère du village» accusé d’extorsion de fonds à des tiers dans cette structure publique.
Nalova Lyonga Pauline, «animal politique»
02 mars 2018, ministre des enseignements secondaires ! En l’espace de 3 mois, cette dame incarne finalement l’«animal politique». Virée de l’université de Buea en juin 2017 par Paul Biya, l’ancienne Vice-Chancellor va rebondir quelques mois après comme PCA de l’Hôpital général de Douala, en novembre 2017, toujours grâce au décret du président. Auteur de plusieurs revues et
livres sur la littérature africaine sur les théories féminines, Nalova Lyonga Pauline est titulaire d’un Phd obtenu à l’université d’Ann Arbor dans l’Etat du Michigan aux Etats-Unis.Samuel Mvondo Ayolo, un benguiste au bercail
Selon Journal du Cameroun.com, sa nomination peut être lue comme une surprise quand on sait qu’il remplace Martin Belinga Eboutou, réputé fidèle ami du président. Agé de 61 ans Samuel Ayolo Mvondo est un natif de Sangmélima (région du Sud). De retour au Cameroun, le nouveau DCC, désormais ancien ambassadeur, entre dans la fonction publique en décembre 1985 en qualité
de contractuel à la direction de l’Information et passe toute sa carrière dans les services centraux du ministère des Relations extérieures jusqu’à sa nomination au poste de directeur des Nations unies et de la Coopération décentralisée en 1997.En 2008, il est nommé ambassadeur du Cameroun au Gabon. Dix ans plus tard (le 11 avril 2016 précisément), il est propulsé vers Paris comme ambassadeur du Cameroun en France. Il est titulaire d’un diplôme d’Études approfondies (DEA) de science politique obtenu à l’université Jean Moulin de Lyon en France.Mbayu Felix, dans la maison
Il est l’une des nouvelles têtes du gouvernement. Secrétaire général du ministère des Relations extérieures, il sera désormais au ministère délégué auprès du ministre des Relations extérieures, en charge de la coopération avec le Commonwealth. Né le 11 avril 1957 à Mankon (Bamenda), il s’est particulièrement insurgé contre quelques-uns de ses collaborateurs du ministère des Relationsextérieures (Minrex), où il officiait jusque-là comme secrétaire général. En effet, assurant l’intérim de Lejeune Mbella Mbella (le ministre), ce diplomate avait, en début de l’année en cours, mis en garde certains agents du Minrex enclins à la divulgation des informations stratégiques à des tiers.
galax Yves Landry Etoga, sur la galaxie des pandores
C’est le remplaçant de Jean-Baptiste Bokam au secrétariat d’Etat à la Défense en charge de la gendarmerie. Il occupait jusqu’ici le poste de chef de Division des affaires juridiques et des traités au Minrex.
Oswald Baboké, pasto à la dcc
Un diplomate pour remplacer un journaliste. A 44 ans, l’homme est, avec son épouse Crescence, pasteur d’une église de réveil basée à Yaoundé. Ceux qui le fréquentent allèguent qu’il est aussi excellent communicateurConseiller Technique à la présidence de la république, M. Baboké est un diplomate. Il est le véritable directeur de cabinet de la première dame, chargé de ses affaires
privées, de l’envoi de fleurs à la gestion de son agenda. D’aucuns interprètent sa nominations comme «une injection de sang neuf» à la DCC.Armand Djodom, contre les nids de poules
Voilà un autre secrétaire général de ministère qui a été promu. En effet, le nouveau secrétaire d’Etat auprès du ministre des Travaux publics chargé des routes, occupait le poste de Secrétaire général du ministère des Postes et Télécommunications. Il a pour mission de relever l’énorme défi de la construction et de la gestion des routes au Cameroun.
Tasong Njukang Paul, via la Cemac
Vraissemblablement, il doit sa nomination à son passage remarqué et remarquable à la Commission de la CEMAC, une structure au sein de laquelle il était chargé des infrastructures. C’est donc un capital qui lui permet de gérer les challenges qu’induisent le ministère de l’Economie, de l
a Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat) où il est chargé de la planification.
Les personnalités et leurs portefeuilles
1) Ministre de l’Administration territoriale
- Atanga Nji Paul
2) Ministre de la décentralisation et du développement local
- Elanga Obam Georges
3) Ministre de l’Eau et de l’Energie
- Eloundou Essomba Gaston
4) Ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire
- Alamine Ousmane Mey
6) Ministre des Enseignements secondaires
Mme Nalova Lyonga Pauline
7) Ministre des Finances
- Motaze Louis Paul
8) Ministre de la Fonction publique et de la Reforme administrative
- Joseph Le
9) Ministre des Forêts et de la Faune
- Ndongo Jules Doret
10) Ministre des Transports
- Ngalle Bibehe Ernest
11) Ministre délégué auprès du ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire chargé de la planification
- Tasong Tchoutang Paul
12) Ministre délégué auprès du ministre des Finances
- Yaouba Abdoulaye
13) Ministre délégué auprès du ministre des relations extérieures chargé de la coopération avec le Commonwealth
- Mbayu Felix
14) Ministres chargés de mission à la présidence de la République
- René Sadi
- Dion Ngute Joseph
15) Secrétaire d’Etat au ministère de la Défense en charge de la Gendarmerie
Etoga Galax Yves Landry
16) Secrétaire d’Etat au ministère des Travaux publics en charge des routes
Djodom Armand
17) Ministre secrétaire général adjoint à la présidence de la République
- Elung Paul Che
18) Directeur du cabinet civil de la présidence de la République
- Mvondo Ayolo Samuel
19) Directeur adjoint du cabinet civil
- Osvald Baboke
«Paix et efficacité»?
Quand Paul Biya, le président de la République a, le 02 mars dernier, décidé de reconfigurer l’équipe de Philemon Yang, l’on entendu, ce que les grands communicants de la radio publique nationale ont nommé «paix et efficacité». Il y a eu deux mots, reliés par une simple conjonction, et ils ont été martelés afin de justifier ces décrets présidentiels lus dans la nuit. «Paix et efficacité». Il suffit de parcourir les profils des heureux promus et de ceux qui ont changé de portefeuille. «Paix et efficacité», disent-ils? Nous n’y lisons que jeu de chaises musicales et gestion déguisée de la crise anglophone. En juxtaposant par un grand chambardement, «Paix et efficacité», on dit à demi-mots que l’équipe Yang IV vise surtout à panser les plaies sensibles de la sécurité, à redistribuer le gâteau national sous l’aiguillon de l’unité.
Au gouvernail de la nation, Paul Biya semble porté par la magie du changement et sa fatalité dans les démocraties des temps de crise. Porté surtout par le rejet acharné et quasi maniaque de tout ce qu’il a pu faire par rapport aux crises qui secouent le Cameroun :crise économique et crise identitaire. Ces hydres à mille têtes ne cessent de hanter la pétaudière nationale. Et il fallait peut-être aussi revoir l’équipe… en mettant certains coucous du sérail à la touche et en propulsant vers l’arène de jeu, d’autres coucous. Alternant bien sûr révélations et déceptions.
Les coucous éjectés
Avant la soirée du 02 mars 2018, ils étaient presqu’intouchables. En regardant la fiche des « bannis », on n’hésite pas à répertorier quelques causes de leur chute; du moins celles qui hantent l’imaginaire collectif abreuvé d’images cocasses.
Basile Atangana Kouna, Dans l’eau surfacturée
Lors de la conférence annuelle des services centraux et déconcentrés du Minée en janvier dernier, son œil paraissait avoir la paupière lourde, comme sous le poids d’une inquiétude. Selon des indiscrétions, une rumeur persistante d’une surfacturation de plus de 350 millions de dollars sur le projet Sanaga destiné à fournir à la ville de Yaoundé, un supplément de 300 000 m3 d’eau parjour. Vrai ou faux ? La question n’est probablement plus de savoir (de toute façon, il est trop tard !). Le vrai sujet, c’est que ce fils de Mbalelon I (Ngoumou) dans région du Centre, admirait sa joie de vivre et en faisait même la cause de son incroyable impunité au sein du gouvernement dans lequel il est entré depuis le 9 décembre 2009 comme ministre de l’Eau et de l’Énergie.
Michel Ange Angouing, le vrai recalé au concours de l’Enam
Jusqu’au 02 mars au soir, il était le vingt-troisième ministre de la Fonction publique du Cameroun. Certains pariaient que, pour lui, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, au-delà du scandale de l’Enam. Avec cette affaire-là, son cerveau a saigné aux quatre veines pour prouver que, relativement aux résultats définitifs du dernier concours d’entrée dans cette prestigieuse institution, c’est lui qui avait raison. Au lieu de qu’il nous bassine l’opinion avec des preuves de transparence dans les concours administratifs, il n’a fait qu’ajouter à la confusion, en engageant un combat amusé avec Linus Toussaint Mendjana, le directeur (actuel) de l’Enam. Certainement que ce natif de Doumaintang (Est-Cameroun) s’imaginait nouveau visage en odeur de sainteté avec Paul Biya. Que non ! Parce que la vie rêvée est moins vraie que la réalité. Il vient de sortir du gouvernement au sein duquel il a œuvré depuis le 09 décembre 2011.
Martin Belinga eboutou, le moine révoqué
« Diriger un cabinet, c’est facile », s’amusait un jour Jean-Baptiste Baleoken. L’ancien DCC insinuait ensuite que DCC c’est un drôle de métier, âpre, chronophage, dévorant, qui au mieuxempiètelargement sur la vie privée, au pire la met entre parenthèses. Plus rien n’existe, sauf le désir du président, et quand le président dit «Je veux…», le cabinet cesse de respirer et s’exécute à toute heure du jour et de la nuit. C’est comme entrer dans les ordres. Sont requises, pour prendre les habits de moine, une fidélité absolue, une disponibilité de tous les instants, une foi dans la fonction qui s’apparente à un sacerdoce. Le chef de Nkilzok (Dja-et-Lobo) n’a pas dévié cette ligne de septembre 1996 à décembre 1997, lors de son premier bail à la DCC. Son second séjour au même poste depuis le début de l’année 2010, n’a pas été différent. Seulement, il vient d’être débarqué. Sans ménagement. C’est la règle du jeu, connue à Etoudi et à contre-courant de ceux qui croient que côtoyer le pouvoir (là où se prennent les décisions, mais également les coups), flirter avec le saint des saints, c’est un passeport pour l’éternité.
Jean-Baptiste Bokam, Entre les lignes du mémorandum de l’Est
Manœuvre efficace, « réac » au regard des « pédagogistes », le « baron » de Bagbezé I (département du Haut-Nyong, région de l’Est) est plutôt « républicain » pour les défenseurs de la méritocratie. Il paraît que c’est aussi avec ce genre de profil que l’on se taille une réputation sous les lambris
du palais de l’Unité. Compréhensible donc que Jean-Baptiste Bokam
ait été tour à tourpromu ministre du Travail et de la Prévoyance Sociale (16 mai 1988 – 09 avril 1992), ministre des travaux Publics et des Transports (09 avril – 27 novembre 1992), et Ministre des Travaux publics (27 novembre 1992 – 07 décembre 1997). Quand arrive le 22 septembre 2006, il est Secrétaire d’Etat à la Gendarmerie. Ni les uns, ni les autres n’ont pas été surpris par sa nomination. D’aucuns pensent que si les portes du gouvernement lui été réouvertes à cette occasion, c’était parce qu’elle avait «bien manœuvré» pour le compte du RDPC dans son département d’origine. Là-bas, il a parfois décidé, à tous les sens du mot. Souvent pertinentes, parfois polémiques, les initiatives menées par celui que l’on surnommait, jusqu’au 02 mars 2018, « l’hyper-gendarme » connaissent, à chaque fois, un large écho dans la presse nationale. Sauf qu’on le soupçonne d’être l’un des commanditaires du « mémorandum de l’Est », un pamphlet revendiquant un quota élevé des ressortissants du Soleil levant au concours d’entrée à l’Ecole normale supérieure de Bertoua.
Edgard Alain Mebe Ngo’o, sur les rails d’Eseka
Son ascension fulgurante rend d’autant plus douloureux son départ du gouvernement ce 02 mars 2018. Ce d’autant plus qu’il se situe en plein inventaire du septennat de Paul Biya encore en cours. On se souvient que sa venue au ministère des Transports n’est pas allée sans polémiques au lendemain du réaménagement du gouvernement en octobre 2015. Portée par un nom illustre à Etoudi, Edgard Alain Mebe Ngo’o semblait, il y a peu, investi d’un instinct redoutable dont hérite parfois la descendance des «grands monstres politiques». En janvier dernier, l’homme confiait à la presse que « si tout se passe bien cette année, nous allons faire bouger les choses dans le bons sens si le chef de l’Etat nous accorde encore sa haute attention ». Cette « haute attention » a malheureusement été ruinée (à postéori) par l’émergence, au sein de l’opinion publique nationale, d’un vif débat sur la gestion « très artisanale » de l’accident ferroviaire survenu à Eseka le 21 octobre 2016. Dans cette affaire où la raison d’Etat et la raison du cœur continuent de se livrer un match sanglant, le « Zoétélé boy » se coule dans la peau d’un personnage qui l’a marquée. Parce que sur ce coup-là, il avait été d’office désigné comme l’un des symboles de cette intelligentsia « dégénérée » dénoncée à la vindicte publique. Et avec sa sortie du gouvernement, on pourrait craindre une histoire à tiroirs dans les prochains jours.
Philip Ngole Ngwese, perdu dans la forêt du Dja
On l’a vu à la peine le 05 juillet 2017 à Yaoundé, devant les sénateurs fouinant, sans retenue, dans le fait que des milliers d’hectares de forêt auraient été détruits dans la réserve du Dja (Sud-Cameroun). Les parlementaires évoquaient alors le chiffre de 42% en un an et demi seulement. « Aucune déforestation n’a eu cours ou n’est en cours actuellement dans la réserve du Dja », martelait Philip Ngolle Ngwesse qui avait à ses trousses, une ONG. Selon des sources, cette organisation-là a dominé et a finalement eu la tête du désormais ex-Minfof. Et ce malgré les félicitations nourries de l’Union européenne, au sujet de la saisie, durant la nuit du 11 au 12 décembre 2017, de 216 défenses et 81 queues d’éléphants.
Assurer les arrières
Il en va des gouvernements comme des recettes de pâtisserie. Le succès d’une préparation tient aussi bien du choix des ingrédients que de la précision des dosages. En composant son équipe (sur proposition du PM Philemon Yang), Paul Biya a mêlé quelques personnalités expérimentées à des fidèles de la première heure (Laurent Esso, Louis Paul Motaze ou encore René Sadi) et à un contingent de jeunes loups. Pour pimenter le tout, des figures des zones anglophones ont été appelées à travailler avec ceux cités plus haut, même si « le pack » venu du Nord-ouest et du Sud-ouest pâtit plus ou moins de sa faible notoriété. Mais au final, « c’est un mélange audacieux », selon Jean-Baptiste Atemengue, militant du RDPC.
Pour d’autres citoyens, ce gouvernement regorge de personnalités qui sont parvenues à imprimer leur marque sur certains dossiers. C’est le cas de Louis Paul Motaze et Alamine Ousmane Mey. «Deux voisins économiques», ironise Régine Amougou Noma, maire de Yaoundé IV. Et le reste des ministres et secrétaires d’Etat discrets (Laurent Esso) ou mal connus (à l’exemple de Dallas Yves Landry Etoga).
En tout cas, le paysage politique est planté, le gouvernement Yang IV est là. Et si possible jusqu’à la prochaine élection présidentielle puisque, selon les observateurs, ce nouvel exécutif doit «contribuer à la réussite de cette fin de septennat». Élargir la majorité. C’était l’obsession du chef de l’État, en remaniant son équipe gouvernementale. «Le président est déjà dans l’après, souligne un parlementaire qui lui est proche. Il anticipe les difficultés veut installer un duel entre les forces qui le soutiennent et les extrêmes». Au passage, il affaiblit un peu plus l’opposition. «Il faut que cette équipe, anciens et nouveaux, fasse ses preuves avant qu’on les intègre complètement», prévient un cadre du RDPC. « C’est la prime à ceux qui aideront le président à briguer un autre mandat », ajoute-t-il.
Jean-René Meva’a Amougou