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Étiquette : Cnuced
Flux financiers illicites : Une hémorragie qui éloigne l’industrialisation de l’Afrique
La fraude fiscale, l’évasion fiscale et le blanchiment d’argent en activité sur le continent causent des pertes annuelles estimées à 88,6 milliards dollars, soit l’équivalent de l’addition de l’aide publique au développement et des investissements directs étrangers.
L’Afrique aurait pu consolider le matelas financier de son développement si elle freinait efficacement les flux financiers illicites (FFI). Le rapport 2020 de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) révèle cet indicateur qualitatif.
Le secteur le plus affecté par le règne des FFI est celui de l’industrialisation. En effet, les flux financiers illicites freinent la productivité des biens et services et la productivité liée au travail. Ceci est dû à la perte des investissements productifs. Les économies africaines sont dépendantes de l’exportation des matières premières. Elles sont également dépendantes des échanges internationaux qui leur permettent de capter des taxes pour le financement du budget, mais aussi de créer de l’activité économique qui génère une part de la croissance.
Or, les FFI créent à la fois la baisse des ressources issues de l’importation et de l’exportation du fait d’une mauvaise facturation internationale due entre autres par la corruption, l’évasion et la fraude fiscales, etc. Les répercussions sont immédiates. L’État est amoindri dans ses ambitions. Pour compenser le manque d’optimalité des ressources issues du commerce international, l’État en Afrique doit élargir l’assiette fiscale. Soit c’est l’impôt sur les sociétés qui se voit renforcé soit c’est l’impôt sur la fortune privée qui entre en activité. L’impact net ici est la baisse de l’investissement privé.
Pour ce qui est de la productivité liée au travail, la CNUCED souligne l’impact de la corruption et des autres échanges de faveurs sur la formation du capital humain. Ainsi, les FFI sont un des freins au développement des compétences en Afrique.
Autre impact des FFI sur la transformation structurelle en Afrique, on la raréfaction de l’investissement public et privé d’une part et l’insuffisante formation du capital humain qui créent et accentuent la sous-exploitation des richesses du continent, comme c’est le cas de l’agriculture. Les dotations factorielles de l’Afrique sont connues: terres arables, eau d’irrigation, climat favorable, jeunesse de la population, hydrographie et nature pour le renforcement de l’offre d’électricité. Pourtant, le secteur de l’agro-industrie, secteur à fort potentiel de transformation (spill over), maintient sa sous-productivité.
Or, dans son rapport, la CNUCED indique: «les secteurs où l’accès au capital est déterminant pour renforcer la création de valeur ajoutée dans les processus productifs, comme l’agriculture et l’industrie, doivent davantage compter sur la stabilité financière, l’accès au financement et des institutions plus fortes pour gagner en efficacité économique».
Explosion de la pauvreté
L’Afrique, malgré ses ressources, n’arrive pas à gagner son combat contre l’extrême pauvreté et la pauvreté. L’une des raisons réside dans l’insuffisante lutte contre les FFI. Elles aggravent la pauvreté déjà existante. En effet, lorsque l’investissement privé est faible et les dépenses publiques sont moindres, les conséquences négatives sur le développement économique touchent le plus durement les pauvres. Pour la CNUCED, «un niveau de production plus élevé par travailleur est associé à l’atténuation de la pauvreté, en particulier dans le cas de la productivité agricole. La croissance de la productivité peut réduire les prix alimentaires, augmenter les salaires réels et permettre la diversification ainsi que, potentiellement, la croissance de l’emploi dans le secteur non agricole».
Bobo Ousmanou
IDE : à contre-courant de la tendance mondiale, les flux à destination de l’Afrique en hausse
Bonne nouvelle pour le Continent où les Investissements directs à l’étranger continuent à faire de la résistance selon l’édition 2019 du rapport annuel «World Investment Report», que vient de publier la Conférence des nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED).
Selon le rapport, les IDE à destination de l’Afrique ont cru de 11% en 2018 pour s’établir à 46 milliards de dollars, alors qu’au niveau mondial, les investissements ont baissé de 13%. Selon la CNUCED, cette bonne dynamique des IDE en Afrique s’explique par «la hausse de la demande et des prix de certains produits de base ainsi que la croissance des investissements non liés à l’exploitation des ressources naturelles dans d’autres économies africaines». En dépit des turbulences qui affectent l’économie mondiale notamment la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, les perspectives pour le Continent restent prometteuses surtout avec l’entrée en vigueur de l’accord portant instauration d’une Zone de libre échange africaine et continentale africaine (Zlecaf).
«L’accord sur la zone de libre-échange continentale africaine (AfCFTA) renforcera la coopération régionale. Ceci, conjugué aux perspectives de croissance optimistes, est de bon augure pour les flux d’IED vers le continent», a déclaré le Secrétaire général de la CNUCED, Mukhisa Kituyi.
Selon la CNUCED, bien que les multinationales des pays en développement étendent de plus en plus leurs activités en Afrique, ce sont les investisseurs des pays développés restent les principaux acteurs. D’après les données recueillies jusqu’en 2017, la France est le plus gros investisseur en Afrique, même si son stock d’investissements est resté pratiquement inchangé depuis 2013. La France est suivie par les Pays-Bas, les États-Unis, le Royaume-Uni et la Chine. «Bien que les investissements dans le secteur manufacturier et les services soient susceptibles de se maintenir, ils devraient se limiter à quelques pays d’Afrique du Nord et du Sud et aux nouveaux usines de fabrication que sont les pays d Afrique de l’Est», a estimé la CNUCED.
Aboubacar Yacouba Barma dans La Tribune Afrique du 14 juin 2019
RDC-Rwanda : un accord pour faciliter les échanges
Le 9 juin dernier, le vice-Premier ministre congolais, ministre de l’Intérieur, Henri Mova Sakanyi, et le ministre rwandais de la Défense, James Kabarebe, ont signé le procès-verbal sur la démarcation de la frontière commune entre la RDC et le Rwanda ainsi que l’accord portant création et exploitation du poste frontalier à arrêt unique. Les deux pays veulent à la fois fluidifier les échanges transfrontaliers et avoir une meilleure lisibilité sur les mouvements. Et l’exploitation commune du poste frontalier à arrêt géré par une équipe de surveillance mixte en est un gage.
Le Rwanda et la RDC partagent plus de 200 km de frontière dont 60 km terrestres. Et pourtant, les échanges économiques entre les deux pays sont très faibles. Le Rwanda, pays enclavé sans façade maritime notamment sur le golfe de Guinée, dépense deux fois plus à recevoir ses marchandises de la Tanzanie dont l’estuaire se trouve sur l’océan indien. Soit un manque à gagner est chiffré par la CNUCED à plusieurs dizaines de milliards de dollars.
Litige frontalier
Les statistiques des flux de mouvements journaliers estiment entre 60 et 90 mille, seulement, le nombre de personnes traversant chaque jour les deux villes voisines de Gama (RDC) et Gisenyi (Rwanda). Ces personnes s’y rendent pour des échanges commerciaux, le travail de manutention et d’autres activités contractuelles dument conclues. Ce faible niveau des échanges est dû aux relations de méfiance et de tension qu’entretiennent les deux pays.Le procès-verbal signé par les deux émissaires envisage donc également de mettre fin au différend relatif aux frontières héritées de la colonisation entre les deux Etats. Coïncidant avec la célébration de la journée africaine des frontières, la signature des protocoles entérine aussi la délimitation et la démarcation de la nouvelle frontière.
Les deux Etats devront recevoir dans les prochains jours vingt-deux bornes frontières récemment reconstituées, partant de Goma en RDC jusqu’au Mont Hehu, dans le territoire de Nyiragongo au Rwanda. La réception desdites bornes frontières reconstituées est le fruit de deux ans et permettra d’amenuiser les affrontements récurrents dus à des malentendus au niveau des frontières.
Zacharie Roger Mbarga
Le poids de l’économie numérique en Afrique centrale
Yaoundé accueille du 23 au 25 mai 2018 une conférence sous-régionale sur le développement de l’économie numérique pour les pays de l’Afrique centrale.
Organisée par l’Union internationale des Télécommunications (UIT), à travers son Bureau régional Afrique centrale installé à Yaoundé, et avec le soutien du Ministère camerounais des Postes et télécommunications, cette rencontre sous – régionale a pour thème: «Economie numérique en Afrique centrale, état des lieux et défis dans un monde globalisé».
Pour l’UIT, la rencontre se veut une plateforme de haut niveau visant l’amélioration, dans un monde globalisé, de la contribution de ce secteur au développement économique des pays ainsi qu’à l’intégration régionale. Elle évalue les politiques mises en œuvre et adresse les problématiques relatives au développement de l’économie numérique dans les pays de la région.
Dans tous les pays du monde, l’accès au numérique favorise une croissance du Produit intérieur brut. Les technologies numériques font évoluer l’économie et influencent le développement grâce à leur effet multiplicateur sur la création d’emplois, notamment pour les jeunes.
Valeurs
La Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) relevait, dans son rapport 2017 sur l’économie de l’information, qu’en Afrique «la numérisation affecte tous les aspects de la production et du commerce, des plus grandes entreprises aux plus petits commerçants, mais risque de conduire à une augmentation des inégalités de revenus». Le commerce électronique connait assurément une forte expansion. L’utilisation du big data ou traitement des données à grande échelle, l’intelligence artificielle (IA) et l’impression en trois dimensions (3D) en constituent des exemples.Dans plusieurs pays d’Afrique centrale, l’usage de technologies dans l’agriculture a déjà un impact sur l’augmentation de la productivité. C’est le cas des technologies fournissant de vastes séries de données sur les caractéristiques du sol. Celles-ci sont exploitées pour les besoins en engrais. Autre exemple, la multinationale américaine IBM utilise l’une de ses solutions d’intelligence artificielle, Watson, pour relever certains défis dans le domaine de l’agriculture.
Les défis sont toutefois grands pour permettre le développement des startups entre autres. On peut évoquer la faible connectivité, l’absence de véritables solutions de paiement ou la logistique commerciale défaillante, en plus des problèmes liés à la sécurité numérique et à l’absence de cadres juridiques adaptés.
ZRM
Ndjamena-Yaoundé-Bangui: axe le plus intégré de la Cemac
Dans son rapport 2017 sur l’accès à l’énergie des pays les moins avancés, la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (Cnuced) jette un regard sur la situation de la libre circulation des personnes dans l’espace Cemac.
Près de quatre mois avec la mise en œuvre de l’acte additionnel portant exemption de visa, la Cnuced observe que seuls trois pays à savoir le Tchad, le Cameroun et la République Centrafricaine (RCA) s’offrent réciproquement les préférences définies dans l’acte additionnel susmentionné. À sa page 97, le rapport indique que «rendu à ce jour, seuls Ndjamena, Yaoundé et Bangui garantissent une pleine mobilité réciproque à leurs ressortissants. Un flux important est observable entre ces trois pays». Le rapport va plus loin lorsqu’il affirme que «c’est le flux le plus important dans l’Afrique centrale CEEAC».
La Cemac est un marché de près de 45 millions d’habitants où les États souffrent d’une étroitesse des économies nationales. L’urgence d’une diversification économique est revenue au goût du jour depuis le sommet extraordinaire de Yaoundé (décembre 2016). L’intégration économique entre les 6 pays membres de la zone offre des solutions pérennes à cette situation. Les principaux piliers étant la concrétisation du marché unique sous régional (Zone de libre-échange), l’établissement durable de l’union douanière et l’institutionnalisation du marché commun pour la mobilité préférentielle des facteurs de productions. Toute chose constituant des bases solides pour une union économique renforçant et structurant davantage l’union monétaire déjà existante.
Dans son article 1er, l’Acte additionnel N°01/ 13/ CEMAC-070UCCE-SE du 25 Juin 2013 portant suppression des visas pour tous les ressortissants de la Cemac circulant dans l’espace communautaire postule que: «la circulation des ressortissants des États membres de la Cemac est libre sur l’ensemble de l’espace communautaire […] sous réserve de la présentation d’une carte nationale d’identité ou d’un passeport délivré par un État membre et en cours de validité». L’exigence du passeport biométrique ordinaire ou du passeport biométrique Cemac par certains États membres de la Cemac d’une part, l’inexistence d’une mobilité flagrante réciproque entre certains pays d’autre part et même l’absence d’infrastructures rendant onéreux les déplacements sont quelques facteurs qui achoppent la pleine opérationnalisation de l’exemption des visas en Afrique centrale.
Zacharie Roger Mbarga