Projets d’infrastructures : la solution de la Banque mondiale au problème des indemnisations
L’institution prend la main en matière d’indemnisation des populations pour limiter les blocages induits par ce processus sur l’implémentation des projets.

Pour avoir été Directrice des opérations de la Banque mondiale pour le Cameroun et d’autres pays de l’Afrique centrale (Angola, Guinée équatoriale, Gabon et Sao Tomé et Principe) entre juillet 2015 et juin 2019, Elisabeth Huybens est revenue en terrain connu. La Belge a donc une bonne connaissance des dossiers relatifs aux projets d’infrastructures au Cameroun. Et parce qu’elle occupe à nouveau le même poste, elle a de l’étoffe pour parler des lenteurs dans l’exécution de projets de développement dans son pays d’accueil. Selon elle, la Banque mondiale est en quête de solutions pour tenter de noyer l’hydre de mer. Jeudi 2 janvier 2023, Elisabeth Huybens a révélé que l’institution a décidé de prendre en main l’octroi des sommes dues à l’indemnisation des populations impactées par des projets de son portefeuille.
Cette responsabilité incombait jusqu’alors au gouvernement camerounais. «Nous avons appris à appréhender les activités de déguerpissement au Cameroun. Par le passé c’était l’État qui finançait ces processus de déguerpissement, en dehors du projet. D’ores et déjà, nous mettons ça dans le projet pour que ça ne soit pas encore un goulot d’étranglement pour le projet», indique cette dernière.
Les déguerpissements s’illustrent en la matière comme l’une des principales causes. Souvent accompagnées de pertes de biens et de droits fonciers, les expropriations sur les emprises des projets sont problématiques dans le pays. Sous-évaluation des biens, mauvaise qualification juridique des biens à indemniser, non-paiement de certaines victimes, versement des indemnisations aux personnes fictives, barème dérisoire des indemnisations, sont les griefs souvent portés aux équipes déployées pour la cause.
D’autres pesanteurs continuent de miner la bonne exécution du portefeuille du bailleur de fonds. Elles sont en grande partie liées aux lenteurs administratives, laisse entendre Elisabeth Huybens. «Il y a d’abord une période assez large entre l’approbation du projet par notre conseil et la mise en vigueur du projet. Cela comprend les procédures de délivrance du visa jusqu’au décret qui permet la signature des conventions. Il y a aussi les procédures de déguerpissement qui prennent du temps. Dans les discussions avec le Fonds monétaire international, il y a aussi certaines procédures de maitrise de la dette qui aussi freinent l’exécution des projets», liste-t-elle pêle-mêle.
Toujours en quête de gain de temps, la Banque mondiale opte dorénavant pour des missions de contrôles simultanées, apprend-on. Leurs équipes se déploient sur le terrain au même moment que les émissaires du gouvernement.
Louise Nsana