Plaidoyer pour un nouveau leadership
L’Afrique souffrirait avant tout d’un mauvais leadership, ce qui n’est pas faux mais à quoi reconnaît-on un bon leader ? Celui-ci doit avoir une vision: Qu’est-ce qui lui tient à cœur ? Quelle est son utopie ? Quel est son rêve ? La situation des Noirs aux États-Unis a commencé à changer parce qu’il y a eu “I have a dream / J’ai fait un rêve”, discours prononcé le 28 août 1963 par Martin Luther King devant le Lincoln Memorial pendant la marche pour le travail et la liberté. Souvenons-nous de Karl Marx qui rêvait d’une société où les prolétaires contrôleraient les moyens de production, de Jésus rêvant d’un monde où les hommes ne deviendraient heureux que s’ils devenaient pauvres en esprit, doux, miséricordieux, affamés et assoiffés de justice, purs de cœur, artisans de paix (Mtt 5, 3-12). Souvenons-nous enfin de Nelson Mandela qui rêvait d’une nation arc-en-ciel, c’est-à-dire d’une “société libre et démocratique dans laquelle tous les peuples vivraient en harmonie et dans l’égalité des chances”. C’était le 12 juin 1964, lors du procès de Rivonia, une banlieue de Johannesbourg, procès où il fut condamné à la prison à vie en même temps que 9 autres dirigeants de l’African National Congress (ANC) dont Walter Sisulu, Govan Mbeki et Ahmed Kathrada pour sabotage et destruction de biens. Un bon leader se distingue, premièrement, par une vision qui n’est ni confuse, ni courte. Cette vision ne change pas au gré des circonstances. Seuls les gens affamés et sans conviction sont capables d’abandonner une vision pour une autre, de passer d’un parti politique à un autre. Quand des hommes et des femmes décident de suivre un individu, c’est d’abord parce qu’il porte cette vision claire, à long terme et non changeante.
Mais suivre un individu est une chose et rester avec lui en est une autre. Qu’est-ce qui fait que les gens restent avec l’individu qui porte une vision ? L’écoute. Un bon leader est celui qui écoute les autres. L’écoute a le pouvoir de créer un climat de sécurité, de mettre les gens en confiance. Un leader n’est pas un gourou qui aurait la science infuse et qui n’attendrait de ses compagnons ou camarades qu’ils exécutent ses ordres sans broncher ou disent “amen” à toutes ses idées. Ici, il faudrait faire la distinction entre suiveurs et suivistes. Les suiveurs gardent l’esprit critique tandis que les suivistes l’ont perdu, sont dans l’idolâtrie, versent dans le culte de la personnalité. On peut aimer et respecter un leader sans le craindre, sans se prosterner devant lui. Un bon leader accepte d’être mis en minorité sur telle ou telle question, est ouvert à la contradiction, ne s’offusque pas quand ses propositions sont rejetées.
Jean-Claude DJEREKE