Parlement : session à double tranchant
Assemblée nationale et Sénat viennent de tenir ce 22 mars la première plénière de l’année, près de deux semaines après l’ouverture officielle de la session parlementaire.

Il ne reste plus qu’une dizaine de jours avant la fin de la session parlementaire ordinaire du mois de mars. Et pour la première fois, vendredi 22 mars 2024, députés et sénateurs ont commencé à éplucher les dossiers sur leurs tables. Après un retard de deux semaines dû aux indispositions physiques du sénateur Marcel Niat Njifendji, par ailleurs président du Sénat. Pour l’occasion, les présidents des deux chambres étaient au taquet. La situation n’est pas sans gêne pour l’opposition. Celle-ci craint désormais un examen à la va-vite des questions dignes d’intérêt. «On ne peut pas faire en 13 jours ce qu’on aurait dû faire en plus de temps. Il y a des questions dont on doit débattre à fond. Et qu’on ne nous dise pas qu’on va passer encore un jour sans activité ici à l’Assemblée. Nous pensons à l’organisation des questions orales aux membres du gouvernement. Et Dieu seul sait que ce qu’on observe sur le terrain nous amène à avoir beaucoup de questions à leur poser. Et la préoccupation de l’Union démocratique du Cameroun est cette problématique des chefferies traditionnelles au Cameroun. Vous savez que chez nous, la chefferie traditionnelle comme le foncier, sont des domaines qui peuvent créer du mouvement dans ce pays. Il faut donc prendre des mesures préventives», déclare Adamou Youmo Koupit, élu de l’Union démocratique du Cameroun (UDC). Comme lui, Benilde Djeumeni, député du Social democratic front (SDF), espère pouvoir atteindre ses objectifs. «J’ai une proposition de loi que je vais soumettre. J’ai des suggestions que je dois faire, j’ai mes questions orales ainsi que des prérogatives en tant que parlementaire», énonce-t-il.
La plénière du 22 mars dernier a porté sur l’élection des membres des bureaux des deux augustes chambres. La reconduction de l’équipe sortante est allée sans heurt. Et sans surprise, Marcel Niat Njifendji (90 ans) et Cavaye Yeguié Djibril (84 ans) rempilent respectivement à la tête de Sénat et de l’Assemblée nationale. Il en est de même des vice-présidents, des questeurs et des membres du secrétariat général, à l’exception de la regrettée Isabelle Silikam, remplacée par le député Julien Bara. Dans les rangs du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), parti au pouvoir couvrant la majorité des sièges, l’on célèbre cette énième victoire. Les mots se traduisent dès lors en une gratitude à l’endroit du président de la République Paul Biya. «Il m’a encore reconduit une fois de plus; depuis la mise en place du Sénat, c’est mon troisième mandat et je peux vous dire que j’ai quand-même une connaissance profonde des procédures. J’ai une connaissance du système bicamérale, c’est-à-dire que toutes les lois qui viennent de l’Assemblée nationale sont soumises au Sénat pour voir s’il y a des manquements. Moi, je dis que le système bicaméral est très important pour notre pays», indique Nfor Tabetando, 2e vice-président élu du Sénat.
Son disparate
Ces voix, associées à celles des représentants de l’opposition, donnent un son dissonant. «Nous appelons le président Paul Biya à passer à une transition politique parce qu’on ne saurait rester et demeurer avec un parti politique qui dicte ses lois. On dirait qu’on est en pleine dictature. Vous arrivez dans une salle, on a juste un seul candidat pour les postes de président, vice-président, questeur. Et ce sont eux-mêmes qui souhaitent donner quelques postes à l’opposition. Nous sommes très gênés par rapport à cela. La population entière ne doit plus permettre à ce qu’un parti soit représenté à l’Assemblée nationale à plus de 50%, c’est inadmissible parce qu’ils vont vous diriger comme ils veulent», déclare Benilde Djeumeni.
Louise Nsana