«Le réveil des internautes» : Chronique d’un rêve trop long sur la toile
Écrit par Japhet Timothée Djetabe, l’ouvrage suggère l’immensité vivante et pernicieuse d’internet. Et peut-être même, plus largement, avec tout ce qui bouleverse les habitudes plus ou moins bien rangées des jeunes africains.
«Le réveil des internautes». Ça vous explose entre les doigts? Comme un beignet ouvert en deux, le livre laisse dégouliner son contenu. Chapitres alternés, bien rythmés, cadence et souffle du récit sont de mise tout au long de 117 pages. La thématique centrale est ciselée et profonde à la fois. «Une véritable fable d’aujourd’hui. Elle pose la question à la fois simple et compliquée de la cohabitation entre la jeunesse africaine actuelle et la toile», commente Mgr Samuel Kleda. Juste en contemplant une couverture au bleu fascinant, l’archevêque métropolitain de Douala devine «un roman donné à lire au moment où, la jeunesse dite androïd en Afrique, prise dans le tourbillon de la démesure, est à un clic du pire». La tête vous tourne? Eh bien, c’est Japhet Timothée Djetabe qui est à la manœuvre de ce que l’on tient en mains. Mû par son métier de journaliste, l’actuel chef de la cellule de communication du ministère camerounais des Postes et Télécommunications (Minpostel) use de sa plume pour mettre en scène la jeunesse africaine dans le monde du net.
C’est ce qu’on retient en lisant «Le réveil des internautes», le nouveau roman du fils naturel de Paul Djetabe et de Martine Goïdje. Publié chez Ifrikiya, l’ouvrage suggère l’immensité vivante et pernicieuse de la toile. Et peut-être même, plus largement, avec tout ce qui bouleverse les habitudes plus ou moins bien rangées des jeunes africains. Ce que semble dire Japhet Timothée Djetabe pourrait se résumer en quelques phrases: Même s’il représente un formidable outil, internet à ses côtés obscurs. Il est donc urgent de reprendre le contrôle de l’usage qu’en fait la jeunesse africaine. Les enjeux sont immenses. À cette aune, «Le réveil des internautes» s’adresse au manager autant qu’au citoyen: il rappelle ce qu’il est essentiel de connaitre pour une bonne maîtrise du web, et pour devenir un acteur conscient de la révolution en cours. Le fait qu’il ait rédigé ce roman correspond bien aux deux postures fondamentales du métier de l’auteur: celle du «témoin», qui tient sa légitimité de celui qui a vu et observé sur le terrain et celle de «l’expert» dont la crédibilité repose sur les compétences et les analyses.
Bon à savoir
C’est également à Japhet Timothée Djetabe que l’on doit «La singulière histoire du lycée classique et moderne de Garoua» (2016), «Voyage au pays des Hommes cultivés» (2016), «Les chauves sourient dans la nuit» (2017), «Au feu! Le pays brûle» (2017), «Dérives de la génération «android» (2018), «Les douze blessures de la République» (2018). «Ces livres défendent l’idée d’une littérature exigeante, libre, assumant crânement son appartenance à une époque où sont privilégiés les livres conformes aux standards d’une lecture fluide, rapide et immédiatement digeste, avec des thèmes accrocheurs», selon Charles Binam Bikoï, professeur de lettres et de sciences humaines dans plusieurs universités africaines et européennes.
Diplômé de l’École supérieure des sciences et techniques de l’information et de la communication (ESSTIC) de Yaoundé en 2009, ce trentenaire est originaire de Tcholliré (Nord-Cameroun). Après la radio (la CRTV notamment) et dans les colonnes de la presse écrite (quotidiens Émergence et l’Actu), la trajectoire de producteur de discours de Japhet Timothée Djetabe s’affirme dans les livres, comme s’il a quelque chose à expier, à prouver ou à casser. Les livres, il les publie selon ses envies et non selon un plan de carrière. Vu par ses biographes comme «le plus jeune celcom de ministères, entreprises publiques et parapubliques mais aussi l’un des plus jeunes sous-directeurs dans l’administration publique au Cameroun», Japhet Timothée Djetabe, marié à Yvette Maiba, est Prix de Meilleur talent de littérature jeune, décerné par le Comité de l’Excellence africaine en mai 2018.
Jean-René Meva’a Amougou