17e dimanche ordinaire/ Année A: 1 Rois 3, 5-12; Rm 28-30 et Mt 13, 44-52. Salomon, fils de David et de Bethsabée, n’était pas un saint, tant s’en faut, car, sitôt arrivé sur le trône, il ne tarda pas à éliminer Adonias, l’un des trois fils aînés que David avait eus avec d’autres femmes (les deux autres fils avaient péri dans des luttes fratricides pour l’accession au pouvoir), puis Joab qui avait pris le parti d’Adonias. Mais diriger un peuple n’est pas aussi facile que tuer des gens qu’on n’a guère envie de voir.
Pour bien gouverner, Salomon a besoin d’une chose plus efficace que la force physique et les armes. Il se rend alors au sanctuaire de Gabaon pour adresser à Dieu la prière suivante: « Je suis un tout jeune homme ne sachant comment se comporter… Donne à ton serviteur la sagesse et un cœur attentif pour qu’il sache gouverner ton peuple et discerner le bien et le mal. Sans cela, comment gouverner ton peuple qui est si important ? »
Lorsque Salomon prie, il est entièrement centré sur le service du peuple, il ne demande rien pour lui-même. Son seul souci est le bonheur et la sécurité du peuple qui lui est confié. Pour lui, le trésor, la chose la plus importante, ce n’est ni la richesse, ni la gloire, ni les honneurs, ni la mort de ses ennemis mais le service du peuple, avoir un cœur attentif aux besoins et attentes de ce peuple. Dieu exauça la prière de Salomon. Ce dernier obtint même des choses qu’il n’avait pas demandées. Nous avons ici un premier enseignement, à savoir que notre passé, fût-il ténébreux, n’empêche pas Dieu de donner et de pardonner.
Le second enseignement concerne le pouvoir. Qu’il soit temporel ou spirituel, celui-ci n’a de sens que si ceux qui l’exercent momentanément pensent d’abord au peuple et non à leurs petits intérêts, s’ils sont soucieux du bien-être et de la sécurité des populations. Accumuler immeubles, voitures et comptes en banque, voyager en première classe, faire ripaille dans de luxueux appartements pendant que le peuple croupit dans une misère noire est une trahison et un crime. Et ce sont les présidents qui prêtent serment sur la Parole de Dieu (la Torah, la Bible ou le Coran) qui maltraitent le plus les hommes et femmes créés à l’image et à la ressemblance de Dieu, qui agissent comme si la mort était la fin de tout.
Jésus ne voit pas la mort comme la fin de tout. Pour lui, comme pour les Africains, “les morts ne sont pas morts” (Birago Diop) car il y a une vie après la vie terrestre. Dans les 4 paraboles de ce 17e dimanche, le Nazaréen enseigne que la vie avec Dieu est le trésor le plus précieux que l’homme devrait rechercher. Mais comment acquérir ce trésor? Que faire pour entrer dans le Royaume des cieux? L’ancien et le nouveau Testaments disent qu’iI y a des sacrifices à faire. Partager avec le démuni, donner de son temps à ceux qui ont besoin d’être écoutés ou aidés, prendre des risques pour qu’advienne un monde de justice, de liberté et de paix, répondre au mal par le bien, être fier de la réussite des autres font partie de ces sacrifices. Combien de chrétiens sont-ils capables d’emprunter ce chemin?
Jean-Claude DJEREKE