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La Cédéao se discrédite de jour en jour

La Communauté économique des États d’Afrique occidentale (Cédéao) a été créée par le traité de Lagos, le 28 mai 1975, pour « favoriser la croissance économique et le développement dans les quinze États de l’Afrique occidentale qui la composent.

 

Les crises politiques dans certains pays ouest-africains ont poussé l’organisation à élargir ses champs de compétence. Ainsi, dans les années 1990, une force militaire, l’Ecomog, fut mise en place. Cette force contribua à la cessation de la guerre civile au Liberia, en Sierra Leone et en Guinée-Bissau. En 2017, elle fut envoyée en Gambie afin d’obliger Yahya Jammeh à respecter le résultat de l’élection présidentielle remportée par Adama Barrow. Tels sont les deux plus grands succès de la Cédéao.
Samedi 18 février 2023, en marge du 36e sommet de l’Union Africaine à Addis-Abeba (Éthiopie), la Cédéao décida de maintenir les sanctions économiques contre le Mali, le Burkina Faso et la Guinée et d’imposer des interdictions de voyager aux dirigeants de ces pays. Le capitaine burkinabè Ibrahim Traoré répondit immédiatement que ce qui l’intéresse, ce n’est pas de faire du tourisme mais de remporter la guerre contre le terrorisme dans son pays, terrorisme que l’armée française a été incapable de combattre efficacement malgré ses drones et armements sophistiqués.

Que l’organisation ouest-africaine sévisse contre les putschs, qu’elle soit opposée à la force comme moyen d’accession au pouvoir, ce n’est pas cela qui pose problème. Ce qui est gênant et incompréhensible, c’est le deux poids, deux mesures pratiqué par ses dirigeants. Ces derniers sortirent le bâton contre le Mali, la Guinée et le Burkina Faso dès que les militaires prirent le pouvoir dans ces pays. Ils brillèrent, par contre, par leur silence quand le nouveau parti de Laurent Gbagbo fut empêché de s’adresser à ses militants au Nord, le 17 février 2023. Ce comportement anti-démocratique perçu par certains comme un avant-goût des violences que le Rhdp servira à la Côte d’Ivoire en 2025, la Cédéao ne jugea pas nécessaire de le condamner. En 2020, elle n’avait déjà pas dénoncé le 3e mandat de Condé et Ouattara. Pourquoi sanctionne-t-elle certains et reste-t-elle passive lorsque d’autres violent la constitution de leur pays ? Pourquoi ne fait-elle rien contre les dirigeants qui manipulent les Constitutions pour se maintenir au pouvoir ? De plus en plus d’Africains pensent que la Cédéao est influencée par des pays étrangers, qu’elle déroule l’agenda de la France, que Macky Sall, Ouattara et d’autres ne font qu’exécuter des ordres. Pour eux, la France et les présidents africains qui lui sont soumis devraient comprendre que, si les coups d’État militaires sont applaudis par les populations, c’est parce qu’ils sont souvent les réponses aux coups d’État civils.

Jean-Claude DJEREKE

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