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Journée de deuil national au Cameroun : Conjurer l’insouciance et l’indifférence nationales

Le 21 juin dernier était jour de deuil national au Cameroun. C’était en hommage à la quinzaine de soldats tombés sous les balles ennemies de Boko Haram, une semaine auparavant.

Deuil national au Cameroun

L’observation du deuil national -décrété par le président de la République du Cameroun et non moins chef des Armées- donne à constater plusieurs curiosités. La présidence de la République, clé de voûte des institutions, n’a pas mis en berne le drapeau du Cameroun placé sur le toit du palais de l’Unité au quartier Etoudi à Yaoundé. Simple oubli ou indifférence à l’hommage aux soldats tombés au champ d’honneur à Darak ?

Il faut constater que les populations, dans la grande majorité, ont fait comme la présidence de la République. Dans les grandes métropoles comme dans les localités secondaires du pays, la vie était à son train quotidien habituel ce vendredi 21 juin 2019. Comme si de rien était, les Camerounais n’ont pas changé leurs habitudes de début de week-end. Dans l’« insouciance nationale », le vendredi camerounais est resté égal à lui-même, précisément en matière de lucre et de fiesta. Toutes les industries du plaisir ont ouvert leurs portes et ont fonctionné à plein régime. Chaque famille endeuillée est allée dans son village porter en terre son parent tué à Darak, parfois sans tambour ni trompette, et généralement dans l’anonymat.

Pourtant, la journée de deuil national est bien comprise et appliquée par l’Armée camerounaise, le ministère de la Défense et certaines administrations sensibles dans le dispositif du commandement. En effet, vendredi dernier, il y a bel et bien eu, dans les garnisons et casernes militaires, des cérémonies sobres d’hommage aux morts. Des offices religieux accompagnaient lesdites cérémonies. Mais force est de remarquer que ces cérémonies ô combien louables sont restées sans impact ou effet d’entrainement sur la population camerounaise. Déficit de patriotisme face aux causes nationales ? Indifférence à la mort sur le champ d’honneur ? Inconscience face aux dangers qui guettent le pays ?

Devoir de mémoire, devoir citoyen
Les réponses à ces questionnements ne coulent pas de source. Une évidence : il y a beaucoup de travail à faire, notamment pour exacerber le sentiment national dans l’observance du deuil national. Primo : les cérémonies ne doivent pas se limiter au seul cadre des garnisons militaires. Toutes les administrations publiques (aux niveaux central et local) et les collectivités territoriales décentralisées doivent également s’impliquer, en se mobilisant de façon spécifique et populaire. Secundo : la création d’un cimetière spécialement dédié aux soldats tombés au champ d’honneur. Ce cimetière serait l’un des symboles de la reconnaissance de la patrie envers ses soldats tombés au front. La création de ce « panthéon » devrait accueillir chaque année une cérémonie d’hommages aux valeureux fils tombés en défendant la patrie. Cette cérémonie deviendrait alors un grand rendez-vous dans l’agenda officiel du Gouvernement et partant du pays.

Une autre piste à suivre est l’instauration du service militaire obligatoire pour tous les étudiants des grandes écoles des universités camerounaises. Jusqu’ici, seuls les étudiants de l’École nationale d’administration et de magistrature (Enam) en bénéficient. D’autres moules de formations devraient suivre, à savoir les écoles normales supérieures, etc. En addition au service civique offert à certains jeunes camerounais, le service militaire imposé à la future élite camerounaise va disséminer et démocratiser davantage la bonne graine du patriotisme et de l’appartenance à un idéal commun. Dans la foulée, il faut aussi renforcer les cours d’éducation civique dans les programmes scolaires de la jeunesse camerounaise. Ce renforcement porterait sur le volume horaire des cours et le coefficient affecté à cette matière.

Telles sont des mesures et bien d’autres qui permettront, à coup sûr, de conjurer, à moyen et long termes, la mauvaise attitude générale observée vendredi dernier lors du deuil national en mémoire à nos vaillants soldats tombés sous les fourches caudines de Boko Haram, organisation multipolaire à la fois terroriste et mafieuse qui contrôle les routes de la criminalité dans le bassin du Lac Tchad.

Thierry Ndong Owona

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